On connait la Chanson (Luciole) - end

hors-rp:

Comme souvent, son nom provoqua l'incompréhension. Le rire, aussi. Tonton préférait qu'on se rit de lui (avec lui?) que de se prendre un coup de griffe, aussi il accueillit ça avec un petit sourire. C'était de bonne guerre.

Et puis il comprenait d'où venait le problème - Les claniques avaient des noms très compliqués. Des noms qui, comme Luciole des Bois lui expliqua, leur venait de ce qui les entouraient. Les proies, les plantes, les choses de la forêt. C'était curieux, pour un œil extérieur, mais finalement, ça faisait sens. Les particules en plus, les 'Nuages' et le reste, servaient surtout à habiller le nom. A donner une sorte de rang, aussi.

Tonton comprenait, et pourtant il fût surpris d'entendre Luciole évoquer sa mère. Sa mère? Il ne l'avait jamais connue. Ça n'était a priori pas le cas pour tout le monde. Les chats des clans avaient le luxe de vivre tous ensembles. Les orphelins, ça n'existait peut-être pas chez eux... Et les mères donnaient un nom à leurs petits.

"Ah, je n'ai jamais vraiment eu de mère," expliqua-t-il un peu gêné. "Ce nom là, il me vient de mes enfants."

Il aurait pu repartir pour un énième épisode de quid pro-quo, en restant vague sur ce qu'il entendait par enfant, mais quelque part il n'avait plus envie d'avoir ce genre de conversations. Aussi, il ajouta, "Des petits bipèdes, qui m'avaient recueillis. Ils m’appelaient comme ça, et comme c'est le seul nom que j'ai jamais eu..."

"Retourner dans la forêt".

Tonton se força à ne pas réagir à cette formule. Le choix des mots ('préféré') aurait pu le contrarier, mais... Comment est-ce que Luciole des Bois aurait pu penser autrement? Pour elle, 'la forêt', c'était le milieu naturel des chats. L'endroit où ils naissaient et l'endroit où ils mourraient. Elle ne savait pas que la plupart de ses confrères vivaient avec les hommes. Du fouille-poubelle au chat domestique choyé, tous savaient que leur espèce vivait en harmonie avec leurs grands amis étranges depuis des temps immémoriaux. Les claniques étaient une espèce de petit point oublié de l'Histoire, des chats qui vivaient comme les Hommes tout en niant leur lien avec eux.

Et ça, Tonton n'avait pas très envie de le critiquer. Luciole n'avait pas pensé à mal une seconde, en lui posant cette question. Lui donner une réponse évasive qui la conforterait dans ses certitudes, c'était tout à fait dans ses cordes.

"Quelque chose comme ça, j'ai... Été séparé d'eux, et depuis je vis un peu plus loin, avec un ami."

L'ami en question aurait sans doute mieux défendu son bifteck - Rusty n'aurait laissé personne lui dire qu'il était mieux 'dehors' et qu'il était 'dans la forêt' par choix.

Enfin. C'était pas non plus le genre de Rusty de trop se braquer...

D'ailleurs-

"Hum. Un ami... Chat. Je veux dire. Je vis avec un autre solitaire, près du verger."

Pour Luciole des Bois, cette petite scène tenait plus de l'échange de bons procédés que d'une simple conversation. On ne pouvait quand même pas parler d'interrogatoire, mais Tonton eu une drôle d'impression quand elle mentionna la Tribu.

Il ne savait pas grand chose sur ces voisins qui étaient un Clan sans vraiment l'être. L'essentiel, c'était qu'ils ne cherchaient pas les ennuis, et que tout les membres qu'il avait rencontré jusque là s'étaient montrés amicaux. Tonton n'en demandait pas plus, et dans la mesure où la Tribu le laissait tranquille, il était ravi d'avoir ces chats là près de chez lui.

Même si il n'avait jamais vraiment échangé qu'avec des chatons comme Lune ou des invités fraichement arrivés sur les lieux comme Écarlate, Tonton avait tout de même senti que ce n'était pas franchement l'amour fou, entre les Clans 'originaux' et ce nouveau groupe. C'était... Rusty? Ou Œil Vert? Qui lui avaient dit un jour que certains 'chefs' (les chats des clans avaient des 'chefs', à ce qu'il paraissait) voyaient d'un très, très mauvais œil la création de la Tribu. Que ses membres fondateurs étaient des déserteurs desdits clans, et que le risque que les choses tournent mal était toujours bien réel...

Sur le moment, Tonton n'y avait pas trop prêté attention. Les guerres intestines ne le regardait pas trop. Mais maintenant qu'il était en face à une chatte des clans qui semblait s'intéresser à cette fameuse Tribu...

Il avait comme l'impression qu'il ne fallait pas trop lui apporter d'information.

Ce qui tombait bien, puisque les informations, Tonton n'en avait pas vraiment.

"Ah. En fait, on habite un peu plus loin. Je ne les connais pas très bien, ceux de la Tribu."

Et puis, une rare pointe de curiosité le poussa à ajouter, nonchalamment, comme si il se faisait juste à l'instant la réflexion, "J'ai cru comprendre que tout le monde chez les clans n'appréciait pas trop la Tribu..."

Luciole des Bois en disait, des choses, maintenant que la conversation était un peu plus détendue. Tellement que Tonton commençait un peu à perdre le fil. Oh, il était content de s'être évité de nouveaux ennuis, bien sûr, mais finalement, ces histoires de Tribu et de Clan...

Ça ne le concernait pas tant que ça.

Oui, la Tribu ne posait pas de problème, ces chats là étaient des voisins tout ce qu'il y a de plus cordial, et oui, il avait finit par connaitre le clan de l'Ombre un peu plus que prévu grâce à Grenouille, mais... Ce que l'un de ces groupes pensait de l'autre, finalement, ça n'était pas vraiment si important aux yeux du gros matou blanc.

Enfin. L'opinion somme toute assez neutre de Luciole méritait tout de même d'être applaudit. Elle avait beau dire que son propre manque d'intérêt pour la Tribu puisse être justifié par la distance qui les séparait, Tonton était convaincu que tout son clan ne devait pas voir ça de cet œil là. Des belliqueux comme Queue de Babouin, ou des monstres sanguinaires comme Branche Pâle... Quelque chose lui disait qu'ils auraient jugés bien plus sévèrement ces 'anciens guerriers' qui avaient préférés déserter.

"Honnêtement, du peu que j'en ai vu, ils ont l'air de n'aspirer à rien d'autre qu'une vie paisible. On n'a jamais eu à se plaindre d'eux, avec mon ami."

Satisfait de sa propre neutralité (parce qu'honnêtement, qui pourrait bien en vouloir à une petite clique de pacifiques repliés sur eux mêmes?), Tonton pencha la tête sur le côté quand Luciole mentionna son 'chef'.

Grenouille en avait déjà parlé (Tonton ne se souvenait pas de son nom, mais il s'agissait d'un très gros chat, très 'balèze' comme elle disait) et à chaque fois le mot avait un peu fait tiqué le solitaire. Un 'chef' c'était un concept tellement... Pas chat. Il avait du mal à imaginer un seul chat suivre des ordres d'une figure d'autorité, alors tout un groupe derrière un seul et même matou? Curieux... Même si les fouilles-poubelles de la ville avaient tendance à graviter autour de quelques caïds qui jouaient les gros bras, ils étaient plus souvent ridicules que respectés. Les chats, Tonton l'avait toujours cru, étaient naturellement peu impressionnés par l’esbroufe.

C'était peut-être ça, qui se passait chez les Clans? Luciole avait l'air de se moquer gentiment de son 'chef', c'était peut-être moins strict qu'il ne l'avait cru.

"Si il ne cherche pas à s'attaquer à un groupe qui ne lui veut pas de mal, alors c'est qu'il doit être un bon chef," fit-il sans trop oser imiter le ton un peu moqueur de la guerrière.

Peu impressionnée par les effectifs (insuffisants) de la Tribu, Luciole des Bois n'avait pas l'air de trop se faire de soucis. Visiblement, en cas de conflit, les voisins de Tonton n'avaient pas l'air d'avoir beaucoup de chance de tirer leur épingle du jeu. Maintenant, est-ce que Luciole exagérait la force de son propre clan pour faire de l’esbroufe...? Tonton ne savait pas, finalement, combien de chats vivaient près des marais. Grenouille avait tendance à mentionner les mêmes noms sans jamais trop entrer dans les détails. Si ça se trouve, ils étaient bel et bien capable d'écraser la Tribu sans trop se fatiguer...

Pas mes affaires, essaya de se convaincre Tonton, même si il s'imaginait mal rester assis sur son gros derrière pendant qu'on massacrait ses paisibles voisins. Non pas qu'il puisse y changer grand chose, il n'était qu'un chat de plus, mais...

Il valait mieux en pas trop y penser. Avec un peu de chance, le raisonnable chef du clan de l'Ombre ne ferait rien de tel. D'ailleurs, Luciole avait l'air étonnée de l'entendre complimenter son supérieur. Visiblement, elle était moins prête à chanter ses louanges que Grenouille. Parce qu'elle était plus âgée, peut-être? Tonton ne savait pas comment ça marchait, la succession, chez des chats pareils. Peut-être que Luciole avait connu d'autres chefs, plus compétent que l'actuel dirigeant de l'Ombre? Quoique, elle disait aussi ne pas savoir ce qui faisait un "bon" chef... Mis à part le fait d'être à la tête d'un groupe relativement en bon état.

Là, ils étaient d'accord, et Tonton acquiesça :

"On n'a pas vraiment de chef, là d'où je viens, mais je crois que ça m'a l'air déjà pas mal, un chat qui fait en sorte que ses amis soient protégés."

Il se sentait un peu puéril, à parler "d'amis", mais quel autre mot utiliser? "Allié", c'était trop strict et froid, et "famille", c'était peut-être trop s'avancer... Grenouille disait simplement "son clan" quand elle parlait du groupe de chat avec qui elle vivait, c'était peut-être le seul mot qui convienne...