[INONDATION] Les nénuphars, ou comment une chatte est tombée du ciel [avec Nuage Nocturne et Le Clan du Tonnerre]

Bientôt, la lune serait pleine. Bientôt, elle envelopperait le ciel tout entier, perchée haute dans le ciel, jugeant le monde des mortels comme un œil aussi immense que hideux, perçant du regard le corps et le sang impur de Nuage Nocturne. Ses poils se dressèrent sur son échine à cette idée. Il chercha le réconfort quelque part, mais n’en trouva nulle part. Privé de sa maison, il se sentait aliéné par le monde entier.

Il n’avait plus vraiment de refuge. Son nid moelleux, protégé du froid et de la vue du ciel, reposait aujourd’hui en morceaux quelque part sous l’eau. Il ne lui restait plus, aujourd’hui, qu’une couchette de fortune composée de feuilles et de plumes détrempées. Même pour un chat du Clan de la Rivière, l’eau commençait à se faire trop abondante à son goût.

Ses yeux inquiets ne parvenaient pas à décrocher du ciel. Il attendait la lune, aussi impatient qu’angoissé. Comment pouvait-il seulement prouver aux Étoiles qu’il méritait sa place au sein du Clan ? Nuage Nocturne osa des œillades discrètes vers ses camarades. Si la plupart essayaient de garder la face, le temps se faisait long, et il se faisait de plus en plus dur. La faim, le froid et le désespoir commençaient à creuser doucement, griffe après griffe, dans la patience et la santé des chats de son Clan. Cette vision lui fendit le cœur. Il pensa à sa maman, à Corail, à tous les autres. Ils méritaient tous de retrouver leur maison.

Alors il décida de partir à la recherche d’Étoile Déchirée.

Pour la première fois de sa vie, Nuage Nocturne prit son courage à deux pattes. Il fronça les sourcils, comme pour se donner un air plus sérieux et mature, et se mit en route, seul, dans le froid inquiétant de la nuit tombante.

Lors des premiers mètres, il fut prit de tremblements de peur dans tout son corps. Puis, pas après pas, voyant que ni la lune, ni aucun ennemi hypothétique ne venait attenter à sa vie, il se retrouva éventuellement à se sentir presque à son aise. Nuage Nocturne longea la rivière, descendant le courant en direction du Clan de la Rivière et du Tonnerre. Apercevoir au loin son territoire encore sous les eaux le fit se sentir vide. Son cœur, en revanche, lui semblait horriblement lourd. Il détourna le regard, préférant le plonger dans l’eau arrogante de la rivière, à la recherche du moindre indice qui pourrait lui permettre de retrouver leur cheffe disparue.



Et puis, soudain, une étoile filante.


Le reflet de l’eau lui porta la vision comme un miroir. Un corps céleste tomba du ciel, sa longue queue comme une traîne derrière lui. L’apprenti releva la tête, alerte, seulement pour voir l’étoile approcher lourdement et rapidement du lit d’eau.

Alors il se mit à foncer.

Porté par une énergie qu’il s’ignorait jusque là. Ses larges pattes trop lourdes foulaient le sol glissant sans plus s’inquiéter de rien. Un bruit sourd le laissa comprendre que l’étoile avait touché l’eau – alors, à son tour, il plongea. Sans réfléchir. Peu importe le courant, peu importe à quel point la rivière pouvait bien être enragée. Il tendit la patte pour atteindre l’étoile.

L’eau semblait toujours plus calme une fois dessous. Il s’était toujours demandé à quel point y mourir devait être paisible. Il n’y avait, autour de lui, plus rien d’autre que son propre silence. Alerte, il chercha partout, tourna la tête furieusement dans tous les sens à la recherche de ce qui était tombé. Et il la vit, là, l’étoile.

L’étoile qui n’était autre qu’un chat tombé du ciel.

La révélation lui retourna l’estomac, menaçant de le faire respirer une large gerbe d’eau – mais il n’avait pas le temps de réfléchir.
Quand bien même son cerveau lui hurlait qu’un chat du Clan des Étoiles venait de tomber du ciel (parce que de quel autre Clan pouvait bien venir un chat tombant du ciel ?). Il plongea, encore, encore, et encore, jusqu’à sentir sur ses épaules tout le poids de l’eau – plus lourd que les regards les plus acerbes des anciennes de son Clan.

Et ses crocs rencontrèrent sa chair.


Il était rare de sentir dans l’air de telles perturbations. C’était comme… un courant d’air. Une violente bourrasque qui venait déranger un ordre établi depuis trop longtemps et que rien n’osait venir troubler. Ou presque. Toujours aussi immobile, le regard figé tourné vers la Forêt Sombre, Mirage du Désert ne retrouva son mouvement que lorsqu’un souffle vint ébouriffer son pelage soyeux.

Derrière elle, la forme vague et brumeuse – pas tout à fait définie, mais suffisamment reconnaissable – d’un vivant. Un vivant qui rêvait malgré lui, suspendu dans un purgatoire improvisé. La Reine leva les yeux au ciel et claqua de la langue en reconnaissant la silhouette.

- Hoouula, non. Je ne crois pas, ma belle. C’est bien trop tôt.

Terriblement, terriblement trop tôt.

Nuage de Feuille, l’apprentie que son fils (celui qui était aussi bête et borné que son malheur de paternel) avait « prit sous son aile ». Elle l’avait observée pendant si longtemps. Non pas qu’elle ait autre chose à faire, finalement.

- C’est trooop trop tôt pour montrer ton joli minois par ici. Aller, zou, demi-tour.

Comme si elle le pouvait.

- T’as l’art de t’attirer les emmerdes, tu le sais, ça ? fit-elle, agacée par son impuissance.

Mais pourtant, il y avait, parmi les mortels, un chat de la Rivière qui venait bousculer les aiguilles du destin sans vergogne, avec son énorme carrure.

- Et une chance de cocue, en plus. Un conseil ma puce, fais en ce que tu veux, mais reste célib toute ta vie hein.


La peau du cou de la jeune chatte entre ses crocs, Nuage Nocturne entreprit de plonger encore plus profondément. La rivière était désormais un poids trop profond sur leur deux corps pour espérer pouvoir atteindre la surface à la seule force de ses pattes avant. Il avait besoin d’un élan.
Lorsque ses pattes arrières atteignirent le sol vaseux, il s’accorda deux courtes secondes, le temps de trouver sa position. Ses muscles se bandèrent, à deux doigts de le lâcher, mais précisément avant l’instant fatidique – celui qui les condamnait tous les deux à décorer le fond de la rivière et à nourrir les poissons – il se propulsa vers la surface, et vers le rebord instable de la berge.

Ses griffes se plantèrent si fort dans la terre qu’il dut s’y reprendre à trois fois pour avoir une prise suffisamment stable qui ne se briserait pas sous leurs poids cumulés. Lorsque ses poumons redécouvrirent l’air frais de la surface, il dut réaliser un effort prodigieux pour ne pas relâcher son fardeau et inspirer autant d’oxygène que son corps le lui permettait par la gueule. Poussant sur ses pattes avant, il prit soin de mettre en sécurité le corps fragile de l’étoile dans un premier temps, avant de sortir lui même de l’eau. Il la tira un peu plus loin, là où la rivière ne pourrait plus jamais venir la réclamer, sans faire attention aux trois nénuphars et à leurs racines qu’il tirait dans le même temps.

Il devait vérifier qu’elle respirait.

Son corps n’avait aucune autre odeur que celle du fer. Autour de ses flancs, de larges plaies béantes continuaient de saigner. Il plaqua sa tête contre sa poitrine, sans faire attention aux longs poils de ses joues qui se gorgeaient de sang.

Bruit bizarre. Mais bruit quand même.

Probablement de l’eau dans les poumons.

Il lui leva la tête pour lui ouvrir la gueule, comme on lui avait apprit, et appuya d’une patte forte contre ses cotes à trois reprises régulières. Enfin, une gerbe d’eau. Et un souffle, faible, mais un signe de vie.

Et c’est aussi brutalement qu’il fut saisi par la panique. Qu’était-il supposé faire, désormais ? Son Clan (ou du moins ce qu’il en restait) était soit sous l’eau, soit trop loin. Il regarda autour de lui, vers les rochers du soleil qui se trouvaient à deux pas de lui, puis baissa les yeux vers le corps saignant de l’étoile.

Le saignement. Il devait l’arrêter. Mais comment ? Sa patte rencontra une toile d’araignée ridicule, qui tenait à peine sur une griffe et arrêterait tout juste le saignement d’une plaie de chaton. Son souffle à lui se fit plus saccadé. Putain, il n’allait quand même pas laisser mourir une étoile ?
Alors il prit la première chose suffisamment grande qui lui passa par la main – les nénuphars qui s’étaient emmêlés dans le corps de l’étoile, et qu’il avait remonté par accident, et essaya d’en envelopper la blessée. Ça ne changeait strictement rien, mais ça avait au moins le mérite de lui donner l’impression d’avoir fait quelque chose. Il glissa sa tête sous elle pour la faire grimper sur son dos, et se mit à courir sans réfléchir, franchissant la frontière du Clan du Tonnerre d’un bond, non sans regretter dès l’instant où sa première griffe se posa sur leur territoire.

Et il continua de courir, plus vite qu’il n’avait jamais couru, ses poumons le brûlant comme ils ne l’avaient jamais brûlé – tout l’honneur des Étoiles sur ses épaules, l’œil terrifiant de la lune posé sur eux.

Sa respiration lui semblait plus brûlante que le soleil le plus chaud de l'été. Pourtant, il ne s'arrêta pas – pas plus qu’il ne se mit à ralentir – au contraire, même, malgré les arbres qui ne cessaient de se mettre dans son chemin, il accéléra le pas. Il entendit la jeune chatte marmonner quelque chose. « Hein ? » s’exclama-t-il, en tournant la tête vers elle quelque secondes – quelques secondes qui auraient pu lui coûter très cher, puisqu’il releva la tête un instant avant de se prendre un immense tronc en pleine face.
- Glycine ? La plante ?
Il regarda autour de lui, alors qu’il courait dans la nuit – mais ne trouva aucune glycine. Ce n’était de toute façon pas le genre d’environnement dans lequel on les trouvait, ici. La seule fois où il en avait aperçu une, c’était contre la paroi d’un nid de bipède. Mais il n’y eut, très rapidement, plus personne pour répondre à ses questions. Il sentit la tête de l’étoile retomber mollement contre son flanc, tandis que son sang chaud continuait de s’emmêler à son long pelage noir.
Son cœur se mit à battre plus vite encore. S’il ne faisait pas vite, s’il ne trouvait pas un guérisseur très rapidement, alors il finirait par la perdre.

Alors il accéléra encore le pas, quand bien même ses muscles le suppliaient d’arrêter, quand bien même les extrémités de sa vision n’étaient plus qu’un vaste néant du noir le plus sombre qui soit. Il ne savait pas comment, mais il trouva, d’une manière ou d’une autre, l’énergie pour se mettre à hurler.
- A L’AIDE !! QUELQU’UN !! puis, au cas ou le hasard lui serait favorable, pour une fois, GLYCINE !!!
Il ne savait pas où se trouvait le Clan du Tonnerre, alors, à défaut d’aller vers eux, il ferait en sorte qu’ils viennent vers lui.

Nuage Nocturne continua de crier à l’aide à tout va, poussé par l’adrénaline. Il ne sentait plus la douleur, pas plus qu’il ne sentait ses pattes (il ne savait même plus comment il faisait pour courir), pas plus qu’il ne sentit ce morceau aiguisé de métal apporté par la crue lui trancher la patte et les coussinets de son antérieur droit.

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Nuage de Feuille s’effaçait de plus en plus, tirée de force vers le monde des vivants. Mirage du Désert lui adressa un simple « au revoir » d’un clignement d’yeux lent, qu’elle décida finalement de ponctuer par un « tu diras de ma part à ton crétin de référent qu’il est aussi borné que son crétin de père ! »
Ce n’était pas tous les jours que l’on pouvait aussi facilement faire passer des messages dans le monde des vivants.
Elle espérait ne plus revoir la tête de la gamine avant une bonne centaine de lunes.

Toutes les lois du monde avaient pris fin. Il n'y avait plus d'endroit, pas plus qu'il n'y avait d'envers. Nuage Nocturne courait sans réfléchir, transportant son fardeau si précieux. Son corps et son esprit n'avaient plus qu'un seul but : qu'elle ne meure pas. Manger, boire et dormir semblaient désormais accessoires. Il ne fallait surtout pas laisser tomber l'étoile, laisser la petite étincelle de vie s'éteindre. Il ne sentait plus la douleur, pas plus qu'il ne sentait son corps. Sa vision se noircissait de plus en plus, son cœur comme ses tympans lui donnaient l'impression qu'ils allaient exploser. S'arrêter signerait, à ses yeux, l'arrêt de mort de la jeune chatte. Un risque qu'il ne pouvait pas se permettre de prendre.

Et, enfin, il eut une lumière dans la nuit. Ou plutôt deux. Deux chats qui s'en allaient à sa rencontre, dont il distinguait à peine la forme et l'odeur. Il en avait juste la certitude, d'une manière où d'une autre, qu'ils étaient des chats comme lui, et qu'ils pourraient l'aider.

Alors, pour la première fois depuis un temps qu'il n'avait jamais pris le soin de compter, mais qui lui semblait à la fois des secondes comme des jours, il s'arrêta. Presque net, mais pas trop non plus, pour ne pas faire tomber la blessée.

Il voyait la gueule des deux félins bouger, sans comprendre ce qu'il se disait. Dans ses oreilles, il n'y avait plus qu'un long et terrible sifflement suraigu, avec, tel un chef d'orchestre, les battements de son cœur pour donner la mesure. Le mâle avait l'air énervé, mais la jeune chatte le raisonna, alors il fit demi tour, pour repartir vers la direction dont il était venu.
L'apprenti ne comprenait rien, mais il avait la certitude qu'ils étaient là pour aider. Il baissa la tête pour laisser le corps de l'étoile et ses nénuphars glisser sur le sol, et ouvrit la gueule pour ajouter.

- Elle est-

A la seconde où le contact physique avec sa protégée s'était rompue, tout le poids de l'effort prodigieux qu'il avait fourni s'était abattu sur ses épaules.

Sa voix se fit de plus en plus suraiguë, et il le sentait bien, dans sa gorge serrée, même s'il ne pouvait pas l'entendre. Ses poumons se soulevaient dans un rythme effréné qu'on ne retrouvait même pas chez les mourants du mal vert qui s'accrochaient à la vie comme des sangsues.

- -elle est to-

Ses membres se mirent à trembler de plus belle, sa patte blessée commença à lui faire un mal de chien, et il avait si mal au crane qu'il avait l'impression qu'il allait exploser à tout moment, avec ses yeux qui sortiraient en premier de leurs orbites. Mais c'est son estomac qui réalisa le dernier effort ultime dont Nuage Nocturne se serait bien passé. Il rendit son repas, là, devant lui - un squelette à moitié digéré de souris et quelques écailles de poisson dans une marre de bile transparente.

- tombée du ciel.

Il s'effondra sur le sol, toujours à demi conscient, ses sens refusant toujours de lui répondre. Sa poitrine se soulevait comme s'il venait de passer trois lunes entières sous l'eau, et qu'il ne reprenait son souffle que maintenant. Il ne parvenait à penser à rien d'autre qu'à la jeune étoile. Plus rien n'avait vraiment d'importance, à côté. L'apprenti essaya de redresser la tête, en vain, alors il la fit glisser dans la terre, dans un angle inconfortable, mais rassurant, pour pouvoir garder un œil sur elle. Il avait l'impression, dans son champ de vision noirci par mille étoiles obscures, de voir son flanc se soulever dans une respiration qui s'acharnait pour survivre. Il adressa au Clan des Étoiles mille prières silencieuses, pour les supplier de la laisser vivre.

Il y avait une agitation inhabituelle, cette nuit là. Nuage de Glycine fut réveillé par un cri qui semblait appeler son nom – il leva la tête, troublé, mais en vint rapidement à la conclusion qu’il devait s’agir d’un rêve. Il reposa son menton contre sa patte, les autres tombant dans le vide depuis la branche où il avait trouvé refuge pour la nuit, juste au dessus de la tanière des apprentis. Le sommeil le regagna rapidement, mais il continuait de lui sembler entendre des cris, qu’il pensait être le seul à entendre, avant de voir Jolie Rafflésie quitter le camp accompagnée d’un guerrier. L’apprenti leva la tête, troublé, puis s’étira pour chasser la fatigue de ses membres. Il y avait un problème. La question, désormais, était de savoir lequel. Un guerrier ayant déjà été dépêché sur les lieux, et le reste du Clan semblant encore endormi pour le moment, il ne pouvait pas prendre le risque de partir à son tour. Il se posta haut sur sa branche, prenant davantage de hauteur pour mieux observer les alentours, prêt à alerter et à réveiller tout le Clan en cas de danger réel. Ils ne pouvaient pas se permettre de faire face à un chien, là, maintenant, après avoir été affaiblis par la crue. S’il en voyait un débarquer de loin, il crierait à tout le monde de grimper au plus vite dans les arbres.

Mais Griffe d’Ours revint au Clan plus rapidement qu’il ne l’aurait cru, pour crier un nom dont son cerveau traita si vite l’information qu’il ne lui laissa même pas le temps de comprendre. Sans plus réfléchir, Nuage de Glycine s’élança entre les branches des arbres.
A mesure qu’il suivait l’odeur du guerrier, l’odeur du sang se fit de plus en plus présente. Son cœur, à lui, le fit battre à toute allure dans ses tempes. Et là, il la vit.
Son corps immobile au sol, couvert de larges feuilles de nénuphars qui avaient pris une teinte rouge tant elle avait saigné. Sa patte glissa sur sa branche face à cette vision d’horreur, et il tomba lourdement sur le sol.

Pas grave – il se redressa comme si rien ne s’était passé, pour hurler, à pleins poumons, « NUAGE DE FEUILLE !!! », et il se mit à crier, crier crier et crier encore, jusqu’à s’en briser la gorge. Sa sœur était là, sur le sol, à ne plus bouger, les yeux à moitié entrouverts.

Il la voyait morte.

Pendant de longues secondes, il resta là, complètement paniqué, complètement bouleversé, les yeux rivés sur ce qu’il pensait n’être plus qu’un corps. Puis il vit un mouvement.

Il la secoua doucement d’une patte, puis se tourna vers la guérisseuse, impuissant. « JOLIE RAFFLÉSIE, JE T’EN SUPPLIE, FAIS QUELQUE CHOSE !!! »

Il ne se demandait même pas ce qui avait pu se passer. Ça, ce serait une question pour « plus tard. » Pour l’heure, ça n’avait pas d’importance. Il voulait qu’on lui rendre sa sœur, comme il voulait qu’on lui rende la vie qu’il aurait pu avoir avant ses maudites six lunes, comme il voulait simplement qu’on les laisse être heureux rien qu’une fois. Une seule petite fois.
Il maudissait le monde et son odieuse injustice.