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Thème X - Terres Inondées
 
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 [INONDATION // flashback] Fear brought me this far - solo

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Nuage de Glycine
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Nuage de Glycine
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MessageSujet: [INONDATION // flashback] Fear brought me this far - solo   [INONDATION // flashback] Fear brought me this far - solo Empty15.04.24 20:04

Hors-RP - à lire:

Trois jours.

Trois jours qu’il observait sans relâche la trajectoire du hibou dans le ciel de Cerfblanc, perché en haut d’un grand chêne. L’oiseau s’arrêtait au dessus de la forêt quelques temps, puis repartait là où il était venu – vers les montagnes, de l’autre côté des hautes-pierres. Les astres avaient du s’aligner en sa faveur, pour une fois : la trajectoire ne changeait jamais.

Une pensée le hantait malgré tout, à chaque seconde qui passait depuis que ses yeux s’étaient posés sur le corps ensanglanté de sa sœur, il y a quelques jours de cela.
Et si la bête avait des petits ? Et si elle leur apprenait à chasser ici ? Elle avait tenté par deux fois – il n’y avait aucune raison qu’elle ne retente pas sa chance une troisième fois. Peut-être était-ce même déjà arrivé dans un autre Clan, ou avec un solitaire, sans qu’il ne le sache encore. Cette seule idée lui retournait l’estomac. Lorsque ses yeux croisaient accidentellement les profondes cicatrices de sa sœur, son cœur se gelait, tout comme ses pattes, et un violent courant de dégoût et de crainte venait parcourir son échine pour le paralyser.

Il ne trouvait plus le sommeil. Ses yeux n’étaient plus que deux profondes cernes creusées dans son crane abîmé par les démangeaisons incessantes dont il ignorait la cause. En quelques jours à peine, sa crinière s’était dégarnie, lui donnant un air terne et triste. Et pourtant, il avait l’impression de ne rien ressentir – plus rien qu’une angoisse profonde, sommeillant quelque part, et n’attendant plus qu’une nouvelle catastrophe pour venir éteindre la dernière étincelle de vie qui lui restait. Il attendait le pire, comme si son arrivée était imminente, comme si, encore une fois, il ne pourrait rien faire d’autre que de regarder et penser « je n’ai rien pu faire ».

Comme d’habitude depuis ses six lunes.

Il n’en pouvait plus.

Alors Crinière de Glycine, nouvellement baptisé, avait décidé d’agir. Pour ne plus jamais avoir à se dire « je n’ai rien pu faire ». Dans l’espoir de pouvoir à nouveau poser les yeux sur son propre reflet dans la rivière. De pouvoir à nouveau regarder et approcher sa sœur sans ce sentiment d’angoisse profond pour lui enserrer la gorge comme un piège à lapins. Il en avait parlé à son père, qui soutenait la démarche – mais l’un d’entre eux devait rester auprès de Nuage de Feuille, qui aurait besoin de soutien.
Il lui avait dit de ne pas s'inquiéter. Que ça pourrait prendre du temps, même s'il ferait au plus vite. Il reviendrait.

Mais il avait besoin de faire cela seul.

Le jeune guerrier avait pris la route un soir, en direction du nord, vers les hautes montagnes. Et soudain, il vit une ombre dans le ciel. Le hibou venait de frôler une haute feuille de l’arbre, comme pour le narguer. Dans le cœur de Crinière de Glycine, il n’y avait plus rien d’autre que de la colère la plus pure. En l’absence d’odeur au sol pour le traquer, il ne le quitta pas des yeux une seule seconde, craignant que, faisant exception à ses habitudes, il ne change de direction. Naviguer entre les arbres ne fut pas très compliqué, pour lui, qui connaissait si bien la forêt. Il en oublia même où il se trouvait, sachant tout simplement d’instinct où se trouvait le prochain obstacle. Il n’y avait rien de plus important – le reste relevait du détail.

Même le monstre qui déboula sur le chemin du tonnerre releva du détail. Il ne le vit pas, le regard tourné de l’autre côté, vers l’oiseau. Il ne l’entendit même pas, n’y pensa même pas. Il n’eut même pas mal, d’ailleurs, lorsque le véhicule vint lui cogner la tête. Il s’effondra sur le sol, à demi conscient, mais toujours plus proche de l’inconscience que jamais. Il pouvait sentir au dessus de lui le souffle chaud du monstre, encore réveillé, mais immobile. Le bruit sourd de son ventre qui s’ouvre puis se referme. Les braillements de deux bipèdes qui s’affolent autour de lui. Crinière de Glycine aimerait pouvoir lever la patte, ouvrir les yeux, mais il n’y parvient pas. Tiens, pourquoi voulait-il bouger, d’ailleurs ? Il doit se lever et continuer d’avancer, mais pourquoi ? Il cherche, dans ses pensées entremêlées, mais tout lui coule entre les doigts comme du sable. Il ne sait plus. Bah, ce n’était sans doute pas très important, se dit-il. Lorsqu’il soupira, las, une bulle de sang lui éclata sur le museau. Tient, il n’avait jamais réalisé que souffler dans du liquide pouvait provoquer cela. C’est marrant, se dit-il à nouveau. Il faudra qu’il en parle à… à quelqu’un à son retour. Mais qui ? Il visualise un chat roux et blanc, un chat brun, un chat gris… qu’il voit s’éloigner et disparaître à chaque seconde qui passe. Pour une raison qui lui échappe, ça l’attriste, terriblement. Mais il ne sait pas pourquoi. Alors ce sentiment de tristesse lui ramène un souvenir – à la fois proche et lointain – celui d’un regard d’ambre ferme mais rassurant, immuable même face à la--
Tempête.
Il y a Tempête, Tempête Quelque chose ou Quelque chose Tempête, il a oublié. Et un oiseau. Un oiseau brun au long bec et aux petites ailes, toujours content, toujours bruyant, mais cette fois, le nom ne lui revient pas. Pas pour le moment. Peut-être plus tard.

Pour l’heure, il voudrait… ah, il ne sait même plus ce qu’il voudrait. Tant pis.
Il sent le sol s’éloigner, tandis que les bipèdes le prennent et l’emportent dans le ventre du monstre. Ça lui donne l’impression d’être un oiseau, de voler, et cette comparaison lui semble importante. Mais ça lui échappe. Toujours ce même claquement lorsque le ventre se referme, puis, lorsqu’il se remet en marche, un vrombissement continu, mais qui raisonne avec un sentiment d’urgence. L’un des bipèdes le tient fermement contre elle, et il se sent, d’une certaine manière, comme un chaton.
- Haw, répondit-il, simplement, comme un réflexe. Il en ignore le sens, puis réalise qu’il n’y en a pas. C’est simplement… réconfortant. Comme les premiers rayons du soleil après de longs jours de pluie. Comme la chaleur des rochers l’été. Comme le rire de…

… de qui, déjà?

Ah, oui. Tempête et l’Oiseau.

Le temps passe, et Crinière de Glycine flotte entre le sommeil et l’éveil trouble, entre l’inconscience et la semi-conscience. Il ne voit rien, ne sent rien d’autre que l’odeur acre et métallique du sang. Il entend, en revanche. Le monstre qui s’arrête, son ventre qui s’ouvre et se ferme à nouveau. Il sent son corps se secouer, sa tête pendant dans le vide tandis que le bipède l’amène quelque part. Il entend des aboiements et des miaulements confus et apeurés, d’autres douloureux, d’autres fatigués. Il entend des beuglements de bipèdes, encore et toujours. Puis d’autres mains viennent les prendre, et d’autres encore, bien plus froides que les précédentes, et c’est sur une surface encore plus gelée qu’on le dépose. Une matière qui ne ressemble à rien qu’il connaisse. Il tente d’ouvrir les yeux, en vain.

On lui prend la patte, et ce sont d’un coup comme si des milliers de petits insectes en rang d’oignons venaient lui grignoter les poils. Il sent qu’il a plus froid qu’ailleurs, à cet endroit, désormais. Puis quelque chose vient le piquer, et tout est chaud, soudainement. Tout est tranquille, tout est si doux.

- Haw, comme dans un dernier souffle.

Et il sombre dans le plus long sommeil de sa vie.

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