[BATAILLE] Destin scellé - end

Comprenant visiblement que la femelle n'en était pas une de discours, ou se cassant lui-même les oreilles à force de parler, Étoile du Corbeau lança l'attaque d'un coup de queue. Enfin. La meneuse laissa son visage s'orner d'un grand sourire dentelé, feignant la confiance. Il n'était pas dans ses habitudes d'avoir peur au combat, ça non. Mais elle n'avait pas dans ses habitudes de se confronter en duel avec un chef adverse. Et, surtout, de guider son propre clan au combat. C'était une chose de perdre en tant que guerrière. C'en était une complètement différente de perdre en tant que cheffe, qu'élue des Étoiles, et dans sa première bataille qui plus est. Son corps était donc parcouru d'une certaine nervosité, plutôt justifiée.

Ainsi, lorsque Étoile du Corbeau se lança contre elle, la femelle était prête à le recevoir. Certainement pas assez vive pour esquiver ses attaques, Étoile de Suie préféra ne pas tenter le coup et échouer lamentablement. Autour d'elle, le chaos avait éclaté, chaque chat s'étant trouvé un adversaire. C'était chacun pour soi, et elle avait le rôle le plus important à jouer: défaire le roi ennemi. Elle encaissa donc le coup de plein fouet, serrant les dents par orgueil plutôt que de laisser échapper un gémissement.

─ Combien de vies es-tu prête à perdre pour tes insectes ? La provoqua le mâle.
─ Autant qu'il faut pour te renvoyer avec les Étoiles, feula-t-elle en retour.

Puis, profitant qu'Étoile du Corbeau se soit mis à sa portée pour afin d'effectuer son attaque et, surtout, la provoquer, l'écaillée n'attendit pas avant de contre-attaquer. Elle plongea vers le noiraud, cherchant à lui agripper la nuque pour mettre fin au combat d'un rapide serrement de mâchoire. Mais, pour sûr, de part sa lenteur, la femelle ne parvint pas à se rendre au cou de son adversaire à temps. Cependant, elle parvint tout de même à se saisir de son oreille au passage, y plantant ses crocs sans gêne.

Le moment était venu.

Aigue-Marine se retrouva embarquée dans le flot des guerriers de la Rivière qui couraient vers ceux du Tonnerre comme un chaton se laisserait emporter par les flots d'un torrent d'eau. À peine venaient-ils d'entendre l'ordre d'Étoile du Corbeau que tous, apprenti y compris, s'étaient dirigés vers le champ de bataille sans une once d'hésitation.
Mais la guerrière brune n'était pas certaine de s'être mise à courir par réelle conviction. Alors qu'elle s'approchait de plus en plus des félins ennemis, elle ne pouvait s'empêcher de penser que c'était davantage les autres, dans leur engouement, qui l'avaient poussée à bouger elle aussi. Aussi pouvait-elle sembler se laisser porter par la foule.
Si elle ne réfléchissait pas à faire fonctionner ses pattes - celles-ci le faisaient toutes seules -, au moins réfléchissait-elle à la manœuvre à tenir. C'était son premier combat ; c'était SON combat. Un instant, ses yeux s'attardèrent sur Nuage de Saumon, l'apprenti de Rivière Sombre. Le pauvre avait à peine commencé son entraînement qu'il se retrouvait déjà embarqué dans une telle guerre. Aigue-Marine ne l'enviait pas ; mais pas plus qu'elle ne s'enviait elle, qui semblait aussi maladroite que lui alors qu'elle avait déjà plusieurs lunes d'avance.

La vue de l'adversaire qu'elle s'était choisi vida complètement ses pensées, et son esprit ne se retrouva bientôt rempli que de techniques de combat et de moyens de se défendre. Un à un, chacun de ses compagnons de Clan avait choisi son adversaire : elle en avait fait de même, et se lançait déjà sur le sien : le guerrier roux, qui semblait aussi peu imposant qu'elle, mais qui lui réserverait certainement des surprises - tout comme elle lui en réservait. Elle était déterminée à ne pas passer inaperçue dans ce combat.
Quelques jours avant, elle avait fait face à un renard assoiffé de sang avec Lapis Lazuli. Si son oreille s'en souvenait avec nostalgie - elle la sentait encore se déchirer sous les crocs du rouquin -, elle en avait tiré une force nouvelle. C'était comme une renaissance. Elle avait pris conscience de ses atouts en combat, elle avait senti en elle une détermination qui, jusqu'ici, lui faisait défaut ; ou du moins, une confiance en elle toute nouvelle.

Forte de cette expérience, Aigue-Marine se jeta sans plus hésiter sur son adversaire - lui aussi rouquin ; une coïncidence ? - et répéta l'attaque qu'elle avait menée face au goupil. C'est-à-dire qu'elle s'accrocha de toute ses forces à l'arrière-train de son adversaire, échappant au maximum à ses éventuels coups de griffes et de crocs, et se mit à le lui griffer avec fureur. Ainsi, elle espérait le déstabiliser et affaiblir ses attaques futures, l'arrière-train comportant des muscles essentiels dans la mouvance du corps.
Son entreprise ne réussit pas trop mal et, plutôt fière d'elle, elle se retira d'un saut parfaitement maîtrisé. Elle jeta un bref coup d’œil au champ de bataille : c'était le capharnaüm. Mais, rapidement, elle se concentra à nouveau sur son adversaire au poil d'écureuil, prête à continuer le combat.

Un simple mouvement d'Etoile du Corbeau suffit à lancer l'offensive.
Galvanisé par les membres de son Clan, Poil de Carotte se jeta en avant avec eux, criant de peur plus que de colère.

Une guerrière adverse se jeta sur lui - ou plutôt sur ses fesses -.
Le rouquin pialla en faisant volte face. Elle lui griffait l'arrière train et il tenta tristement de se tortiller pour se sortir de cette situation inconfortable.
Son odeur de poisson lui vrillait les narine et celle de son propre sang qui s'écoulait de sa blessure toute fraîche.

La femelle se retira et Poil de Carotte pu lui faire face, le pelage hérissé.

L.. les rochers du Soleil sont à nous ! dit-il en essayant de mettre le plus de conviction possible dans ses paroles.

Le sang pulsait à ses tempes alors qu'il voyait ses semblables encore plein d'ardeur et d'énergie s'entre déchirer pour cette parcelle de territoire.
Poil de Carotte avait maintenant l'intime conviction que ce pour quoi il se battait ête juste.
Son pelage roux doubla de volume, pendant qu'il feulait oreilles rabbatues.
La guerrière de la rivière n'était pas bien imposante, il pourrait peut-être avoir l'avantage au corps à corps.
Une nouvelle fois, il se jeta en avant, son centre de gravité près du sol. Crocs découverts, tel un serpent prêt à mordre, il cherchait à lui infliger une bonne morsure à la patte.
Cela la ralentirait probablement.

Aigue-Marine : 160 / 200
Poil de Carotte : 170 / 200

Brave new world

Le cœur de Nuage de Groseille battait tellement fort dans sa poitrine. Cela lui faisait même un peu mal. C’était un mélange de peur, d’excitation, d’adrénaline et de stresse, tout cela ne faisait pas bon ménage. Elle continuait de rentrer et de sortir les griffes, attend le signal de son chef, et se mit à chercher son potentiel futur adversaire. La chef du Clan du Tonnerre semblait elle aussi avoir emmené deux apprentis. L’une était grise tandis que l’autre était calicot. Laquelle des deux serait l’adversaire de Nuage de Saumon et elle ? Peut-être les deux en même temps. Elle porta sa patte avant à son poitrail et se tapa doucement, calme toi petit cœur ! Se dit-elle intérieurement.


« Clan de la Rivière, écrasez-moi cette vermine. »


Et soudain tout s’accéléra. Le signal d’Étoile du Corbeau retentit et les guerriers se jetèrent sur les chats écureuils. La petite ne bougea pas, ses pattes ne voulaient pas bouger. Nuage de Saumon bondit à son tour, suivant les grands mais alors qu’il se dirigeait vers la novice grise, il fit demi-tour.


« Fais comme moi ! »


Faire comme lui ? C’était un jeu ! Nuage de Groseille adorait jouer ! Cette bataille était sa première, et bien qu’elle savait qu’elle n’était pas là pour rigoler, l’idée de jouer à « fais comme moi » ne lui déplut absolument pas. L’apprenti doré se dirigea vers une des pierres du Rocher et lorsque la novice argentée s’approcha un peu trop, d’un seul coup de patte, il lui envoya une envolée de cailloux. L’écureuil gris recula, surpris, et le doré en profita pour engager le combat.


« Pas trop peur de finir en chair à poisson ? J’imagine que tu dois être habituée à leur compagnie maintenant ! »


La princesse n’eut même pas le temps de se retourner que l’autre novice se jeta dans sa direction. Mais alors que Nuage de Groseille se préparait à encaisser le coup, la tricolore se vautra au sol. La petite perle aurait certainement rigolé, si l’apprentie du Tonnerre ne s’était pas mise à glisser sur l’herbe humide. Elle faucha la Groseille et alors qu’elle s’écroulait, l’écureuil lui mordit le cou. Elle voulait jouer à ça ? Elles allaient être deux. Nuage de Groseille s’affaissa de tout son poids, qui était supérieur à celui de son adversaire à cause de sa longue et épaisse fourrure perle, et l’écrasa de tout son poids. Sa fourrure suffirait à étouffer la novice adverse si elle ne se dégageait pas rapidement. Mais Nuage de Groseille n’avait pas dit son dernier mot. On venait de l’insulter de poisson, elle allait voir ce que c’était un vrai poisson. Toute griffe dehors, la princesse agrippa l’oreille de son adversaire, et mordit, en secouant la tête. Elle sentit la peau se déchirer, et le goût métallique du sang se déverser dans sa bouche. Elle lâcha prise, et d’un coup de patte, elle griffa le museau rose de la calicot.


« Chui pas un poisson d’abord ! Tu vas voir ce que je vais faire à ta sale face d’écureuil ! »


Alors qu’elle s’apprêtait à continuer l’assaut, un éclair de fourrure dorée passa dans son champ de vision. Elle espérait que tout se passait bien pour son ami. Elle aussi, elle voulait jeter des cailloux.

GALLINEA

HRP: