LP | Le sourire des jeunes - end

Se prenant déjà pour plus grande qu'elle ne l'était, Patte Venteuse se proposait d'aider à résoudre des affaires de grandes personnes. En l'occurence, enquêter sur les origines de son père et... manipuler un manipulateur qui avait devant lui des lunes et des lunes d'expériences.
Dis comme ça... c'était une bien mauvaise idée. Si mauvaise idée que sa mère la mit en garde avec ces quelques paroles.

- Je veux surtout que vous soyez prudente. S’il approche soyez maligne, et surtout, il ne faut pas croire à tout ce qu’il dit. Certaines choses peuvent être vraie, d’autre non. Et c’est à moi de découvrir son lien avec papa. J’ai pas envie que tu t’attires ses foudres, je n’ai pas confiance du tout en lui.

Patte Venteuse fut déçue. Elle se croyait si forte et capable de gérer la situation... mais elle n'en était pas moins obéissante en ce qui concernait les ordres des grands. Après tout si elle voulait devenir une grande guerrière, il fallait bien ça. Mais aussi savoir s'affirmer, lui avait-on dit! Un jour, les ordres, c'est elle qui les donnerait!

- D'accord, je ferai attention. Mais je te dirais ce qu'il me dit alors, si ça peut t'aider à trouver. Tu me diras si tu trouves? Dis?

En attendant, elle ne dirait rien à personne, et empêcherait ses soeurs d'aller le voir. Elle ne pourrait pas avoir les yeux partout mais malgré tout... si elle manquait de vigilance et qu'il leur arrivait quelque chose par sa faute, elle ne se pardonnerait jamais elle-même.

Patte Venteuse se mit à bailler, abasourdie par les événements, quand bien même furent-ils courts, et par le manque de sommeil dû à ses cauchemars. La mort de Plume Colorée, même si elle la connaissait mal l'avait marqué, et elle avait désormais la sensation que la mort était un prédateur qui pourrait surgir à n'importe quel moment. Et que ce pigeon pourri dévoré par les vers, c'était désormais elle.

Éblouie par les rayons du soleil qui parvenaient au sein de la pouponnière malgré les branches pour les retenir et les filtrer, elle remarqua que le soleil était malgré tout haut dans le ciel. Il serait bientôt midi. L'heure du partage, et donc du retour des patrouilles. Patte Venteuse trouvait toujours cet événement - pourtant quotidien et des plus normaux - absolument fascinant. Les guerriers étaient ses idoles: un jour elle défendrait le Clan comme eux.

- Dis maman, je peux aller voir les guerrier quand ils rentreront?

Chose étrange que de demander la permission, elle qui avait toujours pris ses propres initiatives. Mais si sa mère s'était résolue à faire des efforts, alors elle prendrait le temps d'en faire également de son côté.

D'accord, je ferai attention. Mais je te dirais ce qu'il me dit alors, si ça peut t'aider à trouver. Tu me diras si tu trouves? Dis?

Je n’étais pas rassurée à l’idée de la voir se diriger vers le guerrier, mais comment l’en empêcher à part par un non catégorique ? C’est un chaton, elle peut faire ce qu’elle veut une fois le dos tourné. Je me demandais, est-ce bien normal de n’avoir aucune confiance en un membre de son propre clan ? Mais il avait tellement de secret, il était difficile de démêler le vrai du faux.

Je ne voulais pas décevoir Patte Venteuse maintenant que je lui avais confié quelque chose de si important, et puis je ne pouvais pas revenir en arrière. Il faudra que j’essaie le plus possible de la préserver de cette manipulation.

« Si jamais il approche de vous, et que l’un de vos oncles, votre père, votre grand-mère ou moi n’est pas là tu pourras, mais je te demande de faire très très attention avec lui. Et je te dirais ce que je sais.

Un peu de chaleur se glissait dans ma voir. Je lui parlerais de nouveau de ce genre de chose quand elle sera plus grande. Ne semblant plus attendre d’autres réponses, la petite bailla, laissant apparaitre ses minuscules dents blanches. Elles sont si fragile… Puis elle se dirigea vers l’entrée pour voir le camp. L’heure du partage allait bientôt commencer. Je n’avais jamais vraiment pris par à ça. Sauf avec Crocs Nacrés une fois ou deux et ce serpent de Cobra Royal. J’aurais aimé faire ça avec mon frère. En réalité, ma famille me manquait, et je sais qu’ils ne reviendront jamais vers moi. Ciel Tempétueux semblait pourtant un peu plus présent depuis que j’avais mes chatons. Il était gentil avec elles, et il souriait. Je voyais d’ailleurs sa fourrure grise avec de légères rayures plus foncées au loin. Il allait revenir après avoir vu que ça n’allait pas, mais je lui fis signe que ça s’était arrangé. Le regard impassible il hoche la tête et va manger un morceau. Je soupirais. Jamais je ne pourrais le retrouver.  

« Dis maman, je peux aller voir les guerrier quand ils rentreront? »

Voir les guerriers ? Je ne voyais pas le problème. Elle pourrait même amener ses sœurs avec elles, une sortie toutes les trois pouvaient ne pas leur faire de mal.

« Bien sûr ! Si elles se réveillent à temps, tu pourras demander à tes sœurs ? »

Je n’allais plus les laisser seules, c’était décidé. Il faut que je prenne mon rôle de mère au sérieux. Et ça commençait aujourd’hui.

C'était un sentiment étrange. Quelque chose de nouveau dans le coeur de Patte Venteuse. Mais c'était agréable. Jusque là, elle avait toujours utilisé ses soeurs pour palier le manque d'affection de sa mère: en prenant soin d'elles, elle recevait beaucoup d'amour en retour. Et Petit Alizé était douce, tandis que Petit Foehn était calme et raisonnée. À trois, elles maintenaient un équilibre qui pouvait compenser son absence.
Mais malgré tout, Patte Venteuse en garderait des marques.
À toujours vouloir prendre les devants et tout diriger pour le bien de ses soeurs, elle avait pris la fâcheuse habitude de tout entreprendre et de se croire plus responsable qu'elle ne pouvait l'être. Cela lui avait déjà causé du tort, avec Patte Lunaire par exemple, et quand bien même elle ferait des efforts pour ne plus recommencer et s'appuyer plus sur sa mère pour la pousser à être présente, comment être sure que la situation ne lui échapperait pas un jour, et qu'elle recommencerait à nouveau?
Elle était aussi, malgré sa petite maturité, assez instable pour son âge. Son tempérament colérique et son habitude d'agir par instinct pourraient se révéler dangereux à l'avenir.
Patte Venteuse se prenait pour plus qu'elle ne l'était. S'imaginait apte à réaliser des choses qui la dépassait. Elle était clouée au sol par de lourdes pattes, mais était persuadée de savoir voler depuis des lunes.

Un jour, elle finirait par s'écraser.

Mais pour l'heure, sa seule occupation était d'aller voir les grands. C'était le moment phare de la journée, celui où elle pouvait admirer ceux qu'elle aspirer à devenir plus tard.

- Bien sûr ! lui répondit Brise Venteuse. Si elles se réveillent à temps, tu pourras demander à tes sœurs ?

Patte Venteuse observa ses deux soeurs. Apparemment, elles dormaient à poings fermés.

- Si elles dorment pas la peine de les réveiller. Et puis elles ont l'habitude, si elles se réveillent elles savent où me rejoindre. De toute façon, tu es là maintenant, non?

Sans attendre de réponse, elle détala vers la clairière, le coeur léger, attendant au beau milieu du camp ensoleillé le retour des guerriers et leurs apprentis.

[OUT POUR MOI, soit tu peux clôturer soit j'archive ]

Toutes les deux, on pose un regard sur les deux chatonnes endormies. Je me demandais si ce changement d’esprit qui s’est opéré en moi les choquera. Je montrerais mon affection à mes petites, j’espère qu’elles l’accepteront.

« Si elles dorment pas la peine de les réveiller. Et puis elles ont l'habitude, si elles se réveillent elles savent où me rejoindre. De toute façon, tu es là maintenant, non? »

Elle a raison. Je sentais mon cœur se serrer à sa dernière phrase. Elle finissait de confirmer que j’étais une mauvaise mère. Et puis sans attendre de réponse de ma part, elle s’en va pour voir les guerriers et apprentis rentrer. Je la regardais, partir au loin. C’était probablement déjà trop tard pour elle, et mon incompétence aura fait d’elle une enfant se pensant assez grand. Forte de caractère, je l’ai transformé en ce que je ne voulais pas pour elle. Maintenant, j’espérais le plus possible qu’elle ne s’éloigne pas trop qu’elle profite de son enfance et qu’elle ne tente pas de grandir trop vite. Les conséquences pourraient être terribles.

La laissant à sa nouvelle activité, je me retournai vers mes deux autres petites qui dormaient paisiblement. Je suis là maintenant, ça va aller… J’avais l’impression que, bien vite les choses m’échapperaient, que bien vite ça allait mal tourner. Et tout est de ma faute. Je me couche alors contre Petit Alizé et Petit Foehn, leur offrant ma chaleur et mon ventre confortable. Tout en douceur, je ferme les yeux, et ronronne pour les rassurer, leur dire que tout va bien, et que je suis avec elles.

« Je suis là maintenant… », chuchotai-je.

||Out pour moi aussi ! =3 ||