THE PROPHETIES BEGIN
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Thème X - Terres Inondées
 
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Cœur de Mimosa
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Cœur de Mimosa
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MessageSujet: Re: you will be found /15+   you will be found /15+ - Page 2 Empty10.12.18 6:05


Mimosa & Serge
Empires rise
Empires fall
We live or die
To take the throne
Only one will stand at the end of it all


us

Du haut de ses tissus, royaume de douceur, narguant avec une grâce angélique le prince des Enfers, sa Perséphone se jouait de lui, comme parfois les monarques s'amusaient ensemble avec Cerbère; au cœur de la nuit, elle était lumière, et l'Île des Bienheureux, loin des mornes plaines des Champs d'Asphodèles, dansait, insolente vision enchanteresse aux mille fleurs, aux cents fruits, et aux pierres précieuses par dizaines - des pierres précieuses aussi brillantes que les yeux du jeune homme qui, drapé dans les ombres et son corps se dessinant sous son seul chandail et son pantalon, se tenait là, s'élevant lentement avec elle. Mimosa plongea son regard, grands lacs chocolat, faisant fondre n'importe qui de leurs paillettes d'or, d'ambre et de soleil, dans les prunelles ensorcelantes qui se tendaient vers elle; un œil bleu, un œil noir. Et le blanc ivoire de leurs sourires, et l'orange moiré de rouge et de doré, flamboyant, des tissus, flammes les consumant, au royaume des cieux. Deux anges déchus qui se jouaient du ciel; deux divinités bannies de l'Olympe par un Zeus sans pitié, régnant sur leurs vies; deux personnes incomplètes, enfin, qui se moquaient du temps, du passé, de l'avenir, ne voyant que le présent - pour oublier. Deux plumes au milieu de la tempête, fragiles fétus de paille et pourtant, éclairs, esprits tempétueux, corps merveilleux s'offrant, s'enlaçant, se défiant. Ce n'était qu'une danse, un autre jeu de séduction et de pouvoir, un empire. Et cette nuit, Perséphone portait sa couronne de reine des Enfers en contemplant les yeux vairons de l'empereur de la nuit. Et elle riait, elle riait...

— Il est bien vil d'inviter le roi des ténèbres à se battre dans les airs !
Dis-moi, aurais-tu trop envie de gagner pour te perdre dans mes bras ♡ ?


Saphir et onyx; ciel et jais; océan et nuit. Mimosa sombra dans l'œil noir qui lui tendait les bras, petite danseuse, funambule sur un fil de lumière ténu, radieux comme un soleil, couleur de feu, et sourit une première fois: dans cette prunelle d'ombre, elle pouvait lire l'histoire d'Orphée et d'Eurydice, les deux amants séparés par la mort, avant qu'elle ne les réunisse - l'histoire d'un homme, tant attaché à celle qu'il aimait, que pour la retrouver, il s'était risqué au-delà de la vie, au royaume de l'ouest, sur la barque de Charon, sur les eaux noires du Styx, et qu'il s'était agenouillé devant Hadès, et devant Perséphone, pour supplier, mélodie déchirante, que sa douce moitié lui soit alors rendue. Une telle tendresse, qui avait ému les deux divinités; une tendresse curieuse, qui l'avait poussé à rompre le marché; une tendresse mortelle qui, finalement, avait coûté la vie et le bonheur aux deux amants, mais... Ils avaient sombré ensemble, enlacés, parce que c'était Eurydice, non pas le monde, qu'avait choisi Orphée. Puis Mimosa s'intéressa à l'œil bleuté, s'y noya un instant, aux côtés des Naïades, pour revivre l'histoire d'Éros et de Psyché: la prunelle d'océan se souvenait, bien sûr, de cette falaise en bord de mer, où la merveilleuse et sublime Psyché avait été immolée au monstre marin, puis sauvée par l'Amour, qui l'avait adorée; contre Aphrodite, jalouse, les deux s'étaient choisis, et finalement, devenus immortels, partageaient cette vie... Orphée, Éros; les hommes de ces histoires craquaient les premiers - et Hadès également, succomberait, cette fois. Alors elle riait, elle riait...

— Hadès le premier enleva Perséphone à ses prairies fleuries...
Nous sommes entre deux mondes, ici. Et d'une manière ou d'une autre, sais-tu, je ne perdrai pas.


Ils tourbillonnaient au-dessus des tourments de l'existence, sourds à tous les cris, de douleur ou de joie, aux cris des morts et aux cris des vivants, aux cris de souffrance montant du Tartare, et aux cris de liesse, là-haut, à la surface, en mille arabesques dans un brasier, deux âmes enlacées, parce que leurs cœurs et leurs corps seuls parlaient haut, en une exquise vérité, se mêlant à leurs rires. Et leurs bouches, et leurs peaux. La douceur des pétales, pour ne pas succomber aux épines des roses rouges - il y avait une sorte d'infernale gentillesse, d'angélique perfidie, dans ce jeu dont ils créaient ensemble les règles, se perdant dans l'empire où ils régnaient à deux. Cinq, dix, vingt. Le temps passait, les deux jeunes se moquant de Chronos tout autant que de Zeus, mortels si puissants mais si frêles, contre dieux et titans...

Puis le jeune homme tomba.

À trop s'approcher de la lumière, on se brûle les ailes... Entremêlé dans les soies, il semblait prisonnier, mais loin de s'en inquiéter, il s'en amusait, et malgré la douleur probable de cette chute du ciel, seul un immense sourire parsemant son regard d'étoiles illumina la pénombre, juste pour Mimosa qui, seule dans l'infini du ciel, s'était arrêtée pour le lui rendre, et le contempler. Ses cheveux d'obscurité quelques peu épars, sa peau pâle, ses lèvres rougies par les baisers, ses traits bien dessinés, ce corps tentateur... Le prince des narcisses était définitivement magnifique, et ce fut avec un mélange d'étonnante affection et d'indéniable désir, en cette étrange kermesse, que Mimosa écouta, énigmatique, la proposition de l'empereur des songes.

— Uh, j'ai presque tenu une heure sans m'écraser au sol…
Tu viens me libérer ?


Et la jeune fille plongea.

— Merci pour cet envol précieux et impossible.
Mais tu sais, je crois qu'il te faudra revoir l'atterrissage !


La malice l'emportait, lors de sa dernière phrase, tandis qu'elle l'observait, suspendue au-dessus du sol, au-dessus de son corps, à portée de la main, semblant flotter, ainsi, et se jouant de lui; mais il avait joué son jeu, et elle tenait ses promesses, parce que le Styx, frontière de leur royaume, n'était autre que le fleuve sur lequel l'on jure de tenir sa parole - et un serment sur le Styx ne peut être défait. Lentement, sa petite main effleura le visage de son compagnon, se glissa en une délicate caresse, en un doux frisson, sur ses bras, son torse, tandis que ses lèvres épousaient leurs pareilles puis, espiègles, se glissaient vers le cou où palpitait la vie de ce seigneur des morts. De l'autre main, gracieuse, elle défit lentement quelques unes de ses chaînes, avant que ne se posent ses doigts agiles au creux des reins de celui qu'elle narguait. Les yeux bruns aux mille nuances pétillaient; elle sentait les battements du cœur d'Hadès, contre le sien, tandis que le poison délicieux se glissait dans les veines de l'amant, pour y faire fleurir de toutes nouvelles plantes. Prométhée subissait peut-être encore les attaques de l'aigle, en haut du mont Caucase; pour eux, la damnation éternelle n'apportait qu'un amoureux supplice. Et ils n'avaient nul besoin de voler l'étincelle des dieux, parce qu'un tout autre feu les animait tous deux.

Puis ils s'enlacèrent, et rien d'autre ne compta.

_________________
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Merci à Fira pour le joli dessin de Mimosa :keur:


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Danse du Cerf

Danse du Cerf
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MessageSujet: Re: you will be found /15+   you will be found /15+ - Page 2 Empty11.12.18 5:48

Serge & Mimosa
I feel like
I've dragged you into my world.
I got here on my own.
But I appreciate the company.


scars

Pareil à une araignée, l'éclaté tissait des toiles de ses mains usées; de son majeur, il effleurait les cordes de soie, de son pouce les faisaient vibrer d'une douce musique - blinnnng ♫ - et récoltait les noms de ses victimes, sans même passer dans l'index ni dans l'annuaire. Il était doué, glissant comme un savon qu'on tentait de trop serrer, rire accroché à la gueule comme si le monde était sa scène -- spectacle de l'arachnide et de ses noms, ô bel Hadès qui attirait les flocons pâles de jalousie, s'aimantant à sa peau comme un phare de métal. Os de métaux, cœur de matériaux, il n'était qu'un centre de construction pour les plus avertis, et… Son esprit l'était tout aussi. Alors les anges de son enfer, angéliques démons, régnaient sur son monde dysfonctionnel aux milles fonctions; dominez, horribles, quémandez le sang de vos mains ! Lui… Prenait des vacances sous l'astre lumineux, clignant de ses yeux pour chasser la lumière nouvelle des milles vœux. Il faisait beau et c'était nouveau -- là, un papillon, et ici les fleurs de la terre d'une Perséphone qui, de sa voix, enchantait les pétales;

— Merci pour cet envol précieux et impossible.
Mais tu sais, je crois qu'il te faudra revoir l'atterrissage !


Elle était là, coincée entre deux mondes, suspendue par les fils de la mort et de la vie, un bras dans chacune des mains; parallèle à son corps qui palpitait, qui l'appelait dans un grondement de sentiments et d'ébènes qui hurlaient, petit papillon encore accroché à son concon. Serge, lui, l'avait quitté depuis trop longtemps, sortant ses couteaux rouillés pour dessiner des ailes brisées qui suivaient les veines; une ligne fine qui pourrait éclater avec une simple pression, déversant son sang noir comme le ciel le faisait sur ses enfants. Démon du tréfond, échoué au sol avec les ordures qui constituaient son espèce, innocence et incompréhension du mot amour, mais ô combien besoin d'aimer et de sentir la chaleur d'un corps contre soit -- il se parait de ses plus beaux atouts, araignée, serpent, venin, cri, tuerie.

Et le crépitement de ses doigts sur son torse alors qu'il souriait, se laissant embraser par l'huile de son regard; brûler sous l'intensité de deux carcasses qui se voulaient et se cherchaient n'était, après tout, pas une mauvaise mort. Le dernier instant était même plutôt bien, doigts agiles qui se promenaient sur l'exposition qui trônait devant sa demoiselle, il était merveilleux et probablement une oeuvre d'art: qui n'aimait pas aller au musée, de temps en temps ? Son corps en lui-même était une histoire, un mouvement artistique qui se créait dans le creux de ses rains qui palpitaient, expressionnisme, surréalisme, romantisme, fauvisme et arrache moi avec tes crocs pour qu'on en finisse. La vie mélangeait la peinture de ces deux êtres qui s'entrelaçaient pour définir une nouvelle couleur, explosion de beauté dans tout ce qui se touchait: il avait l'impression d'être créé par Barbeau, barbouillé et jeté d'un rire coloré sur une toile, son crâne et toutes les pensées qui baignaient dedans utilisés comme base de création.

explosion de c o u l e u r
dans la toile -- aucun leurre
rien que deux corps en apesanteur
anti dépresseur

Les bouts de ses doigts vinrent trouver les hanches crémeuses de la cannelle, effleurant d'une caresse vibrante les os qu'il ne demandait qu'à gruger; chien des enfers, bête primaire, son besoin de fauve se réveillait dans des grognements aguicheurs. Raffermissant sa prise, il laissa ses mains remonter vers des courbes plus personnelles de sa valseuse, épousant de ses paumes les formes en développement, poussant sa langue pour demander la permission d'aspirer son âme, canines dans la bouche de Perséphone alors qu'il faisait couler son sang -- tout doucement. Pensées brouillonnes et effacées par le désir qui élançait son bas ventre, il finit par la tourner d'un geste un peu trop brusque, échangeant leur rôle pour la dominer d'un regard inquisiteur; l'inquisition arrivait, le symbole spirituel et les catholiques en moins. Il sépara la fusion pendant un moment, ramenant un des bras de la guerrière vers le haut, effusion d'un plaisir qui faisait bourdonner sa tête, et…

— …

Immobile comme une statue, figé dans le temps, les yeux de Méduse l'avait transpercé comme une centaine d'épée, arrêt. Hadès n'était pas mortel; seuls ceux-ci souffraient de la pétrification de cette sœur qui n'avait pas reçu l'immortalité. Mais le roi des enfers, captivé, ne bougeait plus. Une respiration. Deux. Trois.

— Alors, alors !
Au-dessus de sa désirée, il captura son poignet dans ses serres.
Serra; si elle pensait s'échapper par le sang, lui en s'en irait pas.
— Si tu aimes tant la douleur, tu n'avais qu'à demander…

Il planta ses yeux de glaces dans les paillettes d'or, rabaissant le sourire en une moue étrange, croissant de chairs recouvert de la fine couche de sang qu'elle, nouveau point de vue, avait si l'air d'aimer faire couler. Il leva un sourcil. Question inédite.

— Hmm ?

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Cœur de Mimosa
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MessageSujet: Re: you will be found /15+   you will be found /15+ - Page 2 Empty12.12.18 4:14

Mimosa & Serge
And let it all rain down
From the blood stained clouds
Oh come out, come out, to the sea my love
And just
Just drown with me


beautiful

Au milieu des ombres projetées par les lumières vacillantes, nuances de couleurs délicates jouant sur les peaux comme sur de précieux joyaux, deux silhouettes mêlaient leurs âmes et leurs mélodies, dans la plus harmonieuse et belle des symphonies. Chaque note, chaque instrument, chaque toucher, chaque vibration, chaque souffle; tout comptait, et tandis qu'un art se formait à l'unisson, leurs mains, leurs doigts, découvraient le corps de l'autre, le caressant, le sculptant, comme le plus précieux marbre, le plus profond ébène - pour seuls outils, ils avaient la pulpe de leurs doigts, stylets, maillets, papiers de verre, papiers de soie. Et ils fondaient, se transformaient, aux creux d'autres bras, tout en laissant quelques notes s'échapper, s'envoler, leurs prunelles pierreries, et leurs peaux sublimes soieries. Sculpteurs et statues, spectateurs, musiciens, instruments, tout à la fois, ils laissaient leurs émotions et leurs désirs grandir entre eux, bulles brûlantes et colorées, fragiles et fortes, souffleurs de verre unis au milieu des ténèbres. Et Mimosa, jolie musicienne, se sentait à l'aise, livrant les clefs de ses portées à ce jeune homme qui l'ensorcelait; elle le laissait découvrir ses arrêtes et ses courbes, elle le laissait mêler son chant au sien, elle laissait son cœur de cristal libre à sa vue, pour y être admiré. Elle se montrait réelle, simplement...

pierres p r é c i e u s e s
Elle n'était pas du tout amoureuse
Lui n'était que d'humeur joueuse
Mais cette nuit, elle était heureuse

notes de m u s i q u e
Ils partageaient ainsi un moment magique
Chaque geste rendant cette soirée unique
Mais rien ne pouvait durer d'aussi fantastique

Les doigts du prince de la nuit, de l'amour, sur la princesse des rêves, la princesse des âmes; les caresses furtives et lumineuses, sur ses hanches, sur sa taille, sur ses seins; les lèvres de son inconnu cherchant les siennes, avant que le baiser ne s'intensifie en un nouveau ballet, qui se parait ainsi d'un goût enivrant de miel, de sang, et du Léthé. Le monde tourbillonnait, et elle aussi, soudainement, frêle silhouette de cannelle et de chocolat, qui fondait sous les mains trop gourmandes du souverain des enfers, tandis qu'il la décrochait de son halo flamboyant pour l'attirer dans les ombres. Il la fixait, à présent, la dominait, en un mélange de force gracieuse, et d'infinie tendresse, les yeux emplis de désir, océans d'envie, et constellations au souhait unique mais éloquent. Et les mains de l'empereur qui relevaient un des bras de son impératrice, et...

Le pouce du sculpteur effleura une veine de la pierre, du bois
Dans le silence de quelques notes cristallines qui se meurent;
Mimosa frissonna. Les souffleurs jouaient du fragile verre coloré...
Elle baissa les paupières une seconde, rouvrit les yeux, tous deux figés.

— …

Si Hadès et Perséphone n'avaient pas été des immortels, alors la jeune déesse aurait presque pensé que l'une des Parques venait de couper, du ciseau d'argent scintillant du destin, le fil chatoyant, d'un rouge et feu et or profond, de l'existence de celui qui était son amant; il ne bougeait plus, la fixait, simplement, capturant son poignet avant qu'elle ne puisse l'ôter, ses yeux se vrillant dans ceux de l'adolescente qui, malgré l'immunité des femmes contre la Gorgone, ne pouvait plus bouger. Elle aurait presque voulu pleurer... mais elle n'avait plus de larmes.

— Alors, alors !

Il ne la laisserait pas s'envoler, elle le savait, elle le sentait;
De toute façon, les anges aux ailes brisées n'allaient pas très loin.
Mais, petite fée scintillante prisonnière de sa fiole de verre,
Petite âme lovée dans une silhouette, douce prison de pierre,
Elle aurait voulu s'élever. Juste pour ne pas répondre aux questions.
Juste pour ne pas livrer à son prince cette terrible faiblesse...

— Si tu aimes tant la douleur, tu n'avais qu'à demander…

Une moue face à la jeune fille de verre, remplaçant le sourire.
Savait-il seulement, enserrant ses poignets, à quel point
Elle était proche de pouvoir se briser ? Avait-il la moindre idée ?
Yeux d'eau et d'ombre contre les poussières de soleil...
Mimosa esquissa un sourire en demi-teinte, empli d'un défi peiné.
Comme pour voir s'il oserait commenter. Mais il parla peu.

— Hmm ?

Lui demander la douleur, une douleur tout à fait différente... Quelle étrange idée que celle-ci ! Mais la jeune fille ne pouvait pas nier une chose - ça ne lui déplairait pas. Parce qu'il avait des mains enchanteresses, et sa force contre la peau tendre, et cette douceur féline, malgré tout, dans ses gestes étranges. Mais ce sortilège se romprait, à présent qu'il avait pu contempler ses cicatrices, pas vrai ? La jolie solitaire connaissait bien son royaume, de toute façon, sans besoin d'un prince. Sans en avoir besoin... Mais en avoir envie ? Elle répondit, de sa voix musicale, avec un rire espiègle, sans que le cœur n'y soit:

— Il faut bien se suffire, quand tu n'es pas là, non ?

La première larme roula dans sa chevelure aux épaisses boucles chocolat
Une perle irisée, translucide et pâle, encre de lune, sur le canevas nocturne.
Comme une étoile filante, un rêve, une illusion, qui se meurent sans un bruit;
Elle souffla simplement, retrouvant, timide, le regard bleuté, pour s'y noyer:

— Tu vois tant de souffrance, Hadès. Pourquoi la mienne serait différente.

Et sur ses lèvres rosées, étourdies de baiser, comme un invitation, un triste sourire délicat vint jouer.
Une éclosion de peine, une floraison sublime; mais toutes les fleurs fanent, et toutes les étoiles meurent.

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Danse du Cerf

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MessageSujet: Re: you will be found /15+   you will be found /15+ - Page 2 Empty13.12.18 2:45


Serge & Mimosa
Wings wouldn't help you
Wings wouldn't help you down
Down fills the ground, gravity's proud.

II

hey

Le silence des réponses, hurlé comme une chorale de trois-cent bipèdes, chantait dans la cathédrale de son crâne. Cathédrant de tous les joyaux dispersés, le vieux démon qui faisait jouer ses pensées de ses doigts agiles se retrouvait balayé par les voix des chanteurs aèdes, célébration des héros et des dieux qui ne se trouvaient évidemment point dans le corps du Serge déchu; cataclysme de peur et de remord qui le traversait dans une illumination de flèches flamboyantes, toutes groupées et parcourant le ciel noir pour le faire briller - une seconde - avant de venir se ficher dans son cœur. Boum. Celui-ci se crispait et s'évertuait à pomper le plus de ressources possibles, mais le vice des songes était parti, tout comme le bruit qui tapait dans ses oreilles à longueur de journée, faisant valser le roi des morts entre bouchons et saoulons... Rien que le silence, maintenant et à jamais.

Plus paisiblement, car il en était capable, il posa sa main droite sur les tapis qui leur créait un nid de misère, pivotant de suite pour enlever du poids à celle qui devait déjà bien assez suffoquer. Maintenant assis à côté d'elle, il s'écrasa dans un gros boum ! poussiéreux, créant des volutes de poussières qui vinrent rejoindre les deux noircis couchés, créant des lépidoptères tout gris et des valses toutes colorées. Jaune était la couleur des vielles lumières accrochées au plafond, jaune qui tentait d'attaquer les nouveaux papillons; Serge chassa les rayons d'un coup ennuyé de main, son autre étant toujours fermement occupé à tenir le vaillant poignet de sa compagne.

— Il faut bien se suffire, quand tu n'es pas là, non ?
— Pppffffff…

Sa tête vint s'écraser sur le sol, essentiellement pour l'observer et détailler les magnifiques détails de son visage sculpté. Une unique larme glissait sur la joue crémeuse, provoquée par le pied du père créateur sur la terre, descendu de son arc-en-ciel pour illuminer de la même couleur toutes les opales: pierre précieuse qui dégringolait des cils ourlées d'une déesse. La main du démon s'avança doucement vers la roche translucide, déformé par la gangrene ébène qui rongeait son bras du tréfond -- et cueillit la gouttelette de son index curieux.

— Tu vois tant de souffrance, Hadès. Pourquoi la mienne serait différente.

Il ne répondit point par des mots, bouche cousue par tant d'années d'expériences, rochers que des mers de sentiments avaient formés, vagues qui s'écrasaient contre son corps de pierre, érosion de son propre habitat. Non. Il ne leva que doucement son doigt, faisant reluire l'objet dans un simple rayon de lune; celui-ci transperça l'objet comme des lames chauffées à blanc, créant une myriade de beauté rassemblé dans une si petite chose. Douleur créait beauté.

Porte-bonheur, trésor des vieilles cours européennes
Nonis qui refusa d'offrir son précieux pour s'exiler
Sur son front, princesse grésille et tombe en poussière
Dans chaque conte, il y avait une part de vérité

— C'est pas grave, d'être triste et de souffrir. Je suis le roi des enfers, seigneur de la douleur, mais je pleure encore devant Bambi, tu sais ? La douleur ne s'en va pas parce que je suis habitué de la côtoyer, jolie fleur ! La larme scintilla une dernière fois avant de s'écraser par terre. Et la tienne est différente, mais pourquoi donc ? Va falloir qu'on le découvre ensemble !

Son coude vint frapper le sol alors qu'il se relevait à demi, affichant un sourire narquois sur son visage brillant. L'ironie, c'était qu'il ressemblait plus à un ange merveilleux qu'au roi des enfers; comme les tatouages qui parcouraient son corps, comme des taches qui prouvaient son appartenance aux tréfonds. Tout n'était que mirage, dans la planète de la beauté.

— J'te propose quelque chose. Dans approximativement un mois… Je te text une adresse et une heure. Tu me rejoins là-bas et je t'apprendrai pourquoi c'est, pourquoi tu es, différente et ! En bonus, il se pencha encore plus vers elle pour venir poser un bref baiser sur ses lèvres, tu vas t'amuser comme une folle. Par contre, tu ne traces pas tes poignets pendant le temps où je suis absent, hmmm ?

Sa main vint se tendre devant lui alors que sa tête se penchait vers la gauche, tiquant avant de se parer d'un sourire parfait. Une main tendue. Secrets. Brume. Demande.

— Sauf si tu as peur de faire une alliance avec le diable..

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MessageSujet: Re: you will be found /15+   you will be found /15+ - Page 2 Empty13.12.18 5:44


Mimosa & Serge
Mes nuits blanches ne sont pas blanches à peine claires
Semées d’étoiles
Petits trous dans la toile étanche
Tristes strates sur le voile
Et moi, envoutée de ténèbres
Je passe des heures infinies
À compter les moutons funèbres
Qui tapissent mes insomnies

II

dream

Le mutisme de la nuit accueillait l'oratoire de leurs rêves brisés, la chapelle des songes, où les deux divinités de jadis, réincarnées dans ces corps aussi beaux et tendres que frêles, que mortels, se retrouvaient, idoles oubliées, statues sublimes mais fissurées, quelques larmes aussi fragiles que la rosée s'accrochant aux aspérités de leurs âmes blessées, et aux lignes que la plus jeune portait sur ses poignets, en un nouveau culte, sombre et délicat, et triste, aussi. La peine les entourait, comme un précieux recueillement, leurs yeux se fermant puis se rouvrant, se cherchant, se trouvant, en une prière intense et mélancolique, sous les milliers d'étoiles muettes qui veillaient en secret. Eux non plus le dormaient pas... Sous les voiles, qu'ils auraient souhaité mettre très loin de leurs cauchemars, le jeune homme, l'adolescente, les deux silhouettes, quelque peu enlacées pour mieux s'adorer, et se séparant, par précaution pour un fidèle reconnaissant la grâce éphémère de sa jolie déesse, s'observaient, se jaugeaient. Fleur de lotus, croissant, étoile, menorah et croix, tous les symboles pouvaient se mêler, dans les mosquées, les temples, dans les églises et les cathédrales: leur lieu de culte à eux n'était peut-être que l'espace entre deux cœurs, un silence merveilleux et puissant, plus que tous les mots qu'ils auraient pu se dire. Les hommes de Dieu n'avaient pas compris, minuit n'amenait pas dans son sillage les cortèges de sorcières et les rites sataniques; tout au plus le prince des enfers s'était-il approché, lentement, sous la lune, pour sécher les larmes d'un petit chat noir, ronronnant sous sa paume, pour rendre le sourire à sa reine des ombres. Mais ça n'avait rien de dangereux... C'était beau, simplement. Et c'était peut-être ça, le problème: leurs regards magnétiques, aimantés l'un à l'autre, en plein interdit, avaient quelque chose d'envoûtant...

— Pppffffff…

Dans une brise d'encens, comme soufflant les chandelles, le front du souverain toucha le sol, ses yeux vairons admirant l'apparition céleste dont il tenait toujours, fermement, le poignet; elle était angélique, mais c'était bien lui qui, à cet instant, pour la jeune fille, se parait d'un halo et d'un improbable goût, parfum de miracle. Était-ce donc péché, qu'un peu de réconfort ? Certains saluaient un immense taureau d'or - lui observait une simple larme opaline, versée par sa petite déesse d'ébène et de cannelle. Et elle ? Elle trouvait, dans le temple d'Hadès, ce qui lui manquait autrement, parce que, dans ce cocon de ténèbres, éclosait la lumière. Curiosité. Tendresse. Question. Réponse. Hésitation. Évidence. Tout mourait dans les mots, renaissant en silence. Et eux, ils contemplaient, dans les rayons de lune, dans les poussières d'étoiles, dans les éclats de soleil, la larme unique qui brillait dans la nuit.

Clef de voûte pour leur cathédrale secrète
Aux mille couleurs d'un pâle vitrail
Vibrant des chants de ceux qui se prosternaient
Sur les tapis de prière chatoyants
Devant la jolie vierge que ces doigts retenaient
Parce qu'elle était trop jeune ange
Pour s'envoler, disait l'étrange prophète

— C'est pas grave, d'être triste et de souffrir. Je suis le roi des enfers, seigneur de la douleur, mais je pleure encore devant Bambi, tu sais ? La douleur ne s'en va pas parce que je suis habitué de la côtoyer, jolie fleur ! La larme scintilla une dernière fois avant de s'écraser par terre. Et la tienne est différente, mais pourquoi donc ? Va falloir qu'on le découvre ensemble !

Bambi. C'était peut-être futile, mais ce fut ce mot qui donna à celle qui laissait à peine derrière elle le monde de l'enfance le courage de rendre son sourire narquois à son conteur parfait, la belle poétesse reprenant main et plume, pour se relever. Il n'avait peut-être rien d'un prince, d'un vaillant chevalier; peut-être que les échos les plus vibrants des contes n'étaient en lui que la pomme d'une sorcière, les flammes d'un dragon, sous un sourire merveilleux, chimère de perfection; peut-être qu'elle n'avait plus grand chose d'une princesse, ses robes de soie déchirées en voile flottant dans la nuit, parlant aux papillons de nuit plutôt qu'aux oiseaux de paradis. Mais peut-être que c'était assez pour qu'ils réinventent, ensemble, leur conte de fées... La voix de son enchanteur était douce, quand il souffla les mots qui la bouleversaient, lui offrant en filigrane de leur illustration un nouveau début, un autre « Il était une fois », que les moines copieraient, posés, calmes, muets, loin des passions déchues, loin des sentiments fugaces et des émotions flamboyantes, réfugiés au milieu des couleurs, des pinceaux, des flacons d'encre et des jolies feuilles d'or. Ils parleraient de châteaux - et elle avait ses bras; ils parleraient de tempêtes - leur bateau survivait; ils parleraient d'amour - leur plus belle illusion; ils parleraient de magie - et elle l'avait lui. Sans être assez naïve pour se croire différente, elle voulait, tout du moins, l'espace de quelques nuits, se prouver quelques fois sa petite princesse...

— J'te propose quelque chose. Dans approximativement un mois… Je te text une adresse et une heure. Tu me rejoins là-bas et je t'apprendrai pourquoi c'est, pourquoi tu es, différente et ! En bonus, il effleura ses lèvres, avec la délicatesse d'un battement d'ailes, baiser papillon, tu vas t'amuser comme une folle. Par contre, tu ne traces pas tes poignets pendant le temps où je suis absent, hmmm ?

Une main tendue, pour la plus belle des propositions, Peter appelant Wendy à danser avec lui, sous les étoiles de leurs légendes et de leurs insomnies; le diable était décidément très joli. Une main tendue, pour la plus sucrée des questions, Peter sauvant Wendy de la route pour grandir et d'une trop triste vie; pas besoin de cocktails, de pilules colorées - seulement deux jeunes, ensemble. Une main tendue, pour la plus douce des interrogations, Peter emportant Wendy, vers un pays Imaginaire emplis de secrets, de désirs, de magie; peut-être était-il une sirène, lui aussi ? Elle sourit au malin, unit ses doigts aux siens. Sa dernière pique n'avait plus d'emprise... Elle s'envolait.

— Sauf si tu as peur de faire une alliance avec le diable..

Ils étaient ensemble, ceux qui rêvent. Ceux qui comptent les étoiles brillantes comme les heures d'insomnie. Ceux qui, à minuit, trouvaient leurs envols dans un conte céleste, ou dansaient dans les flammes des enfers. Ceux qui chassaient l'ennui, ceux qui se défiaient, ceux qui s'entraidaient aussi, pour vivre encore une fois. Ceux qui échangent des regards le soir, et des étreintes amantes, ferventes. Ceux qui ne dorment jamais. Ceux qui échangeaient des couleurs et des shots, des mots et des silences. Ceux qui s'unissaient pour une danse. Ceux qui, à deux, faisaient une promesse, si précieuse qu'elle valait toutes les pierreries. Juste toi et moi, à mi-voix.

— J'aime beaucoup les surprises, dit-elle simplement.

Et, sur l'autel fragile de leur relation, elle alluma la première bougie d'un arc-en-ciel.
Les fleurs venaient d'éclore, en un espoir d'enfant; et quand elle l'embrassa, ce fut en souriant.

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Merci à Fira pour le joli dessin de Mimosa :keur:


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Danse du Cerf

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MessageSujet: Re: you will be found /15+   you will be found /15+ - Page 2 Empty08.01.19 21:50


Serge & Mimosa
Fire on fire, we’re normally killers
With this much desire, together, we’re winners

II

sleep

il imaginait, du bout de ses doigts
tracer des lignes au creux de ses reins
des lèvres pour la porter aux abois
d'un crayon de désir, tracer leur dessin

Les sillons dans sa tête, c'était les griffes de son passé qui les avaient tracés. Métalliques hommes sentiments à bord de leurs charrues placides, ils avaient formé le choc indélébile dans l'esprit du fils des ténèbres, créant des rainures où seules des larmes d'acides pouvaient survivre; fente indiscrète et lacération d'un petit cœur d'enfant qui n'avait battu qu'une seconde. Boum -- ça avait duré le temps d'une explosion, le temps d'un regard et le temps même de celui-ci. Une seconde. Que pouvait-il se passer, en une seconde ? Des gens tombaient comme des mouches dans les bras de la mort, celle-ci ricanant à bord de son bateau délabré; les recueillant comme l'on recueillait les larmes du ciel dans de grands bols, sans que jamais une seules ne touche le sol, elle jubilait. On pouvait aussi tomber amoureux en battant une fois des cils, éclair qui frappait le sol dans une cacophonie de bonheur et de petits papillons qui battaient des ailes -- tonnerre grondant dans les cœurs et une vibration qui montait, appel à aller rejoindre la danse de ce cœur qui pompait l'espoir d'un amour. Et on pouvait presser une lame sur un poignet, tremper ses lèvres dans un café, courir sous la pluie, sentir une brûlure enfoncer notre peau, caresser d'un sourire la tête d'un chien, hurler, rire, pleurer, crier, manger, vivre. Une seconde suffisait.

— J'aime beaucoup les surprises.

Hadès tourna sa tête vers cette voix qui caressait son corps, posant ses deux prunelles curieuses sur le corps de sa Perséphone. Une seconde… Faisait effectivement des miracles. Tête appuyée sur le tapis poussiéreux, gangrène qui s'enroulait autour de son âme noircie par les lunes de sa vie, il ne pensait pas un jour rencontrer un regard qui ferait bousculer la maladie. L'ébène moisissure se transformait en un reptile enjôleur entre les mains d'Angitia, déesse des serpents et de la guérison qui semblait, autrefois, n'être qu'un mot qu'on disait pour rassurer les enfants cadavériques sur leur lit de mort. Mais avec Gun, avec ses amis, avec son chien, avec lui-même et maintenant, avec cette guerrière de lumière… Il avait presque envie de croire aux contes qu'on racontait aux petits bambins. Un Hadès vulnérable qu'on ne rencontrait qu'une fois dans sa vie, un monstre qui n'avait que de curiosité pour le pouvoir de la guérisseuse d'Italie, tueuse de serpents d'un simple effleurement de doigts; cicatrice sur ses flancs d'un mamba noir qui aurait pu grésiller de douleur -- immortalité avant de mourir. Voix rauque;

— Parfait…

De ses bras, il entoura la douce, mais dure demoiselle du printemps, la recouvrant de noirceur voilée pour la tirer vers son corps étendu. La dirigeant pour qu'elle pose sa tête sur sa poitrine musclée, il laissa son cœur lui chanter la berceuse de ses songes, délicate mélodie qu'il n'aurait jamais pu créer de sa voix brisée. Secret qu'il partagerait. Ainsi couché, il posa délicatement son menton sur le haut de la tête de Mimosa, humant l'odeur envoûtante des fleurs qui se dégageait de ses cheveux entortillés; sourire heureux.

— Tu peux baisser tes gardes… Chuchota-t-il très doucement, envoyant sa voix légère vers l'oreille de sa protégée. Je te protégerai des cauchemars, pour cette nuit-ci.

et le roi des ténèbres se tint face aux monstres
épée flambante de flammes bleues
tout seul, il la garderait de la douleur
qu'il avait dû affronter
sans personne



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MessageSujet: Re: you will be found /15+   you will be found /15+ - Page 2 Empty14.01.19 4:33


Mimosa & Serge
If this was a dream, then at least I’ve got
Memories for when morning comes

II

safe

La petite Perséphone, jolie jeune fille angélique aux ailes fissurées, dans les bras de son étrange et ténébreux seigneur, roi, chevalier, croisa le regard d'océan et de nuit de celui-ci, le laissant la caresser des yeux en un geste aussi révérencieux que doux, tendre et aimant; là, elle se sentait protégée, chez elle, elle se sentait tout à la fois bouleversée et heureuse. Et dans ce pays des Merveilles qu'Alice découvrait, elle apprenait peu à peu à le connaître, à déposer les pinceaux sanglants que la reine de cœur avait mis dans sa main pour qu'elle colore les roses, pour pouvoir, ensuite, danser en compagnie du Chapelier Fou qui lui tendait une main, avec délicatesse. Perséphone avait suivi Hadès, Alice avait accompagné le Chapelier: cette nuit, elle la passait près de son inconnu, leurs mèches sombres se mêlant, leurs peaux d'ivoire et d'ébène, de porcelaine et de café, de crème et de cannelle, contrastant en une harmonie parfaite, qui vibrait des mélodies de leurs âmes. Yin et Yang, ils étaient des contraires, se complétant parfaitement, et les émotions fleurissaient, dans ce jardin secret et dans leurs yeux muets, mais qui disaient les mots qu'ils ne pourraient jamais. Elle aurait voulu lui dire merci, lui dire ce qu'il représentait, lui dire qu'elle tenait à lui, même si c'était stupide et vain, et un peu fugace, comme moments, aux nuances des boissons, des néons, des voiles et des vêtements. Elle aurait voulu lui dire qu'elle aimait bien ce royaume là, loin des fêtes, quand il partageait ses jeux, et qu'un peu de vulnérabilité transperçait les pages de leur sombre conte de fées. Mais... Comment aurait-elle pu lui murmurer qu'il était son Pays des Merveilles ? La petite poétesse ne trouvait pas les mots; seulement les fleurs éclosant dans son cœur. Campanule, Coquelicot, Lys, Lilas, Marguerite, Mimosa, Perce-Neige et Pervenche. Le printemps reprenait ses droits, dans le palais des songes et le jardin des souvenirs, ainsi que peut-être, juste un peu, dans le cœur des deux jeunes si sombres et pourtant, si lumineux. Un sourire accompagna la floraison, sur les lèvres de l'adolescente; son compagnon souffla simplement, d'une voix rauque:

— Parfait…

Campanule: Gratitude
Coquelicot: Consolation
Lys: Douceur
Lilas: Émotions

Les bras du prince des ombres entourèrent le corps mince et frêle de sa princesse de lumière, comme on plie avec soin un origami, comme on verse un peu d'eau sur une rose, comme le Petit Prince apprivoise le renard; lentement, tout doucement, avec des précautions impossibles à décrire. Comme un cocon délicat, il l'enveloppa de ses douces ténèbres, d'une tendresse infinie: si un jour elle sortait de ses bras-chrysalides, alors elle serait sans nul doute le plus beau papillon... Mais pour l'instant, elle voulait rester avec lui. Parce qu'ils s'apprivoisaient. Il serait pour elle unique au monde. Elle serait pour lui unique au monde. Et contre l'oreille de la jeune fille, le cœur du jeune homme chantait. Un secret. Elle y mêla sa propre symphonie, tout doucement. Et elle ferma les yeux.

Marguerite: Patience
Mimosa: Sensibilité
Perce-Neige: Espoir
Pervenche: Amitié naissante

— Tu peux baisser tes gardes… Chuchota-t-il à son oreille. Je te protégerai des cauchemars, pour cette nuit-ci.

Et la princesse des jours se blottit dans ses bras
Printemps délicat, jardin de tendresse, rose fragile
Pétales de douceur et d'amour
Ensemble, ils pourraient rêver
D'un autre monde
Qu'ils créaient.

— Sois toujours avec moi... murmura-t-elle.

Ses yeux se fermaient déjà;
Sa dernière pensée fut
Qu'elle aimait cette place-là
Au creux de ses bras.

Et elle était heureuse.

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