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Thème X - Terres Inondées
 
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 You’ll never find an answer || Coup de Foudre - end

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Vent du Nord
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MessageSujet: Re: You’ll never find an answer || Coup de Foudre - end   You’ll never find an answer || Coup de Foudre - end - Page 2 Empty12.04.20 2:41

Respirer devint difficile. Inspire. Elle se força à penser. Elle pouvait sentir l’air monter et descendre le long de sa gorge difficilement, se faisant désormais bruyant pour raisonner avec l’angoisse que ses poumons contenaient. Expire.
Vent du Nord ferma les yeux pour se débarrasser de l’image de sa mère qui s’imposait à elle. Elle n’existait plus si elle ne pouvait plus voir. Le chemin du tonnerre non plus, d’une certaine manière. Alors elle se concentra.

Elle se concentra sur l’idée que de l’autre côté, son Clan l’attendait. Que Brise Argentée, Foehn Nocturne et Doux Alizée l’y attendaient toutes ensembles, et que cette nuit, elles dormiraient logées l’une contre l’autre comme à l’époque, quand leur famille n’était pas encore brisée. Non. Leur famille n’avait jamais été brisée : elles étaient encore là et ce soir, elles les retrouveraient. Et demain, elle leur raconterait comment sa route avait croisé celle de Coup de Foudre par le plus grand des hasards, et des malheurs, et pourrait se plaindre toute la journée d’avoir été forcée de supporter sa présence, de à quel point il était désagréable et effrayant — après tout, elle l’aurait mérité.

Elle fit un pas sur le goudron.

Elle ignora la sensation différente du gravier qui prenait un malin plaisir à lui rappeler sur quoi elle se trouvait. À la place, elle imagina les roches lisses qui se trouvaient dans les landes, et sur lesquelles elle aimait tant jouer quand elle était plus petites. Ces mêmes roches qu’elle n’arrivait plus à escalader après avoir perdu une oreille, et sur lesquelles se tenaient fièrement Tache d’If, qu’elle admirait d’en bas, inaccessible.

Elle fit un autre pas sur le goudron. Puis un autre. Puis un autre.

Elle remplaça la voix de ses angoisses par celle de sa mère qui l’appelait, qui se faisait rassurante même aux portes de la mort après avoir été renversée par un monstre ou après avoir été vaincue par la maladie. Elle savait que ce n’était que des illusions, mais passa outre : elle en avait besoin, se raccrochait à elles. Ce soir, quoi qu’on en dise, serait le meilleur soir qu’elle vivrait depuis des lunes, accompagnée par tous ceux qu’elle aimait. Non, elle ne retournerait pas dans son antre solitaire. Non, elle ne pleurerait pas seule la nuit. Non, elle n’attendrait pas l’aube avec encore plus d’angoisse que la veille.
Demain serait un matin normal et agréable comme elle en avait rêvé.

Vent du Nord se mit à courir malgré la fatigue et, les yeux fermés, manqua de renverser le lieutenant. Elle ouvrit les yeux haletante sur la dure réalité : oui, elle avait traversé le chemin du tonnerre, mais non, personne ne l’attendrait ce soir.
Il ferait aussi froid que les autres nuits. Elle serait aussi seule que les autres nuits. Brise Argentée et Foehn Nocturne ne serait plus jamais là. Doux Alizé serait toujours aveugle. Elle ne pourrait jamais rien réparer.

Ses yeux hétérochromes se posèrent sur ceux ambrés du bengal, puis sur les quatre chênes qui se dressaient un peu plus loin. Ils touchaient enfin au but. Bientôt, elle pourrait rentrer et enfin quitter la présence de Coup de Foudre.

Sans discuter, puisque ça ne servait à rien, elle reprit la tête de la marche. S’il y avait un avantage avec ce chat, c’est que pour une fois, elle avait hâte de retourner là où, en temps normal, elle ne voulait pas.

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MessageSujet: Re: You’ll never find an answer || Coup de Foudre - end   You’ll never find an answer || Coup de Foudre - end - Page 2 Empty12.04.20 4:00

‎Allez - allez - allez.

C'était une coureuse, elle pouvait courir. Il la vit faire un pas sur la roche noire - il fit pareil, pour l'encourager. Sa queue descendit et chassa l'air et la brume, la tête complètement tournée vers la guérisseuse sur sa bande opposée. Allez, propulse-toi avec tes postérieurs! Fend l'air! Montre de quoi tu es fière, ce qui vous honore tant dans votre Clan! Elle fit un autre pas. Le bengal pivota une oreille vers l'extérieur avant de la redresser. Toujours pas de grondement - c'était bon signe! Allez! Quelques longueurs de queue de renard - trois foulées, max,allez, Vent du Nord.

Son foutu nom lui venait d'où?!

Autant qu'il ne lui disait rien sur lui, elle ne lui disait (presque) rien sur elle. Il n'eut aucune idée de la bataille qu'elle dut faire contre sa propre peur pour se propulser sur ses postérieurs. Il n'eut aucune idée de l'étendue de la gymnastique mentale qui lui tordit la vision à lui faire croire que le goudron du Chemin du Tonnerre était un ailleurs aux Landes. Il trépida sur place lorsqu'elle détala - ses pupilles se dilatèrent dans ses yeux par réflexe prédateur, mais le déséquilibre dans la course de la guérisseuse le déséquilibra à son tour, car elle s'en alla presque lui foncer dessus ! Il n'eut pas le temps de s'écarter de son chemin - la force joint à la vitesse l'envoya bouler dans l'herbe et les brindilles des buissons d'ajoncs tandis qu'elle se freinait après avoir franchi l'obstacle.

‎Elle haletait.

Il haletait aussi.

Il avait soif, il avait mal à la patte, il en avait marre, il était fatigué, et il n'était même pas sûr d'avoir envie de rentrer. Mais, non-loin d'eux, au travers du brouillard se dessina l'ombre maîtresse des Quatre Chênes les surplombant de toute leur hauteur, et il poussa un soupir, frais, en buée, se hissant assit en se secouant en échangeant vite-fait un regard avec Vent du Nord. Elle reprit la tête, il s'efforça à se lever une énième fois, et il commençait à s'habituer à claudiquer sur trois pattes. Pas à y prendre goût, mind you, juste s'habituer. Les herbes étaient plus longues de ce côté-ci de la bande, quoique Vent du Nord coupait un peu au travers - elle lui avait dit qu'elle l'accompagnerait aux Quatre Chênes, mais il se doutait qu'elle avait hâte de partir, et de rentrer chez elle, et de retourner auprès des siens et de ceux qui l'aimaient.

‎— Des.... hufff..... destination. »

Et pas trop tôt!

‎— « Oh bordel - de l'eau !!

Il tenta de courir - culbuta sur trois-pattes, tomba le menton le premier dans un "BlERrf" sacrément élégant, arrachant l'herbe de ses griffes en tentant de se tracter vers une flaque.

Il y plongea tout son museau (c'était familier), lapant à grandes goulées en s'étouffant dessus (il avait respiré trop vite), se retrouvant à rire de lui-même et donc d'empirer la donne. L'air lui manquait, il riait, il toussait et l'eau lui échappait, et il retomba assit, vautrant négligemment sa patte blessée dans l'herbe en envoyant sa tête vers le haut pour faire taire ses hoquets, et ses esclaffées, et ses larmes. Mais comme tout se mélangeait, inutile de s'en soucier. Et puis, les larmes, la peine, la colère, la risible absurdité de toute sa vie ne lui était d'aucun réconfort. Tout ce qui lui importait n'était pas la douleur qu'il vivait en ce moment - ça passerait, il s'en remettrait, il s'en remettait toujours - tout ce qui lui importait était le futur, et ce qu'il choisirait d'en faire.

Mais en attendant, ses moustaches n'étaient pas lisses, ses poils d'oreilles en bataille, la rosée lui collait au poil et sa tête lui faisait mal, était lourde, et il la fit tomber vers l'arrière en montrant le ventre au ciel et aux Étoiles qui, par chance, étaient couvertes par le brouillard. Il versa sa tête dans l'herbe mouillée pour voir où se trouvait Vent du Nord - enfin, si elle y était encore.
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Dernière édition par Coup de Foudre le 27.05.20 21:04, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: You’ll never find an answer || Coup de Foudre - end   You’ll never find an answer || Coup de Foudre - end - Page 2 Empty12.04.20 4:29

Elle dut se retenir de ne pas foncer vers l’eau comme il l’avait fait, pour ne pas commettre un écart supplémentaire devant Coup de Foudre. Elle le regarda, presque incrédule, se précipiter vers une flaque à la manière d’un fou, d’une bête assoiffée en pleine canicule qu’on avait privé d’eau depuis des lustres. Ce soir là, enveloppée par le brouillard, Vent du Nord avait l’impression de vivre dans un mirage constant. Une sorte de mélange entre rêve et cauchemar, un monde onirique aux côtés d’un bengal dépressif et maintenant sans dessus dessous et trempé qui représentait chacune de ses peurs les plus profondes. De son nom, qui rappelait l’orage et évoquait le chemin du tonnerre, en passant par tous ces méfaits qui étaient craints par chacun des guérisseurs.

Elle le laissa faire, un peu sonnée par la confusion, la fatigue et la douleur. Quand il eut enfin fini (elle pouvait bien l’attendre, il l’avait fait pour elle), elle se remit en route toujours sans un mot, puisqu’il avait été décidé qu’il n’y aurait pas de discussion. Elle l’invita à la suivre d’un geste bref de la tête, sans aucun regard pour lui — ses yeux étaient rivés vers les quatre grands arbres.

Puis enfin, ils arrivèrent. Elle garda le silence dans la continuité de ce qui avait été fait auparavant, mais avait envie d’hurler de joie. Enfin ! Ils étaient débarrassés l’un de l’autre ! Leur pacte imaginaire prenait fin ici-même ! Après un court périple mélangeant douleur, peur, un peu de vomi et beaucoup de silence, ils avaient réussi.
En guise de célébration de victoire, elle s’écroula dans l’herbe humide, profitant du repos qui lui était accordé avant de reprendre la route vers son propre campement. C’était étrange, de voir ces quatre mastodontes végétaux se dresser là face à eux sans aucune foule ni aucun chat pour les dominer.

Vent du Nord étira ses muscles endoloris et se redressa, s’approchant du chat du tonnerre tout en gardant une certaine distance de sécurité. Elle déposa son pavot devant lui, et se recula.

« Pour Amour-en-Cage, lui dit-elle simplement. Le pavot ne manque pas chez nous. »

Enfin. Plus depuis le départ de Soleil Éclatant. Plus depuis qu’elle avait quitté le camp, et que Vent du Nord n’avait rien fait pour l’arrêter. Pas un mot, pas une phrase réconfortante, pas un au revoir... elle n’avait même pas essayé de partir à sa recherche, pensant à un simple caprice de sa part. Mais voilà plusieurs lunes maintenant que la femelle avait disparu, et ne reviendrait jamais. Son cœur se serra : encore une chose simple qui aurait pu tout changer, mais qu’elle n’avait pas été foutue de faire correctement.

La guérisseuse se détourna, et se remit en route vers le Clan du Vent. Un bref regard en arrière pour s’assurer qu’il ne la suivait pas, ou ne l’attaquerait pas, puis elle disparut dans le brouillard.

Pas d’au revoir, aucun autre mot : elle n’avait même pas été capable de l’offrir à l’une de ses sœurs adoptives, alors pourquoi le donnerait elle à l’un des chats qu’elle détestait le plus parmi toute la forêt ?

Mais voilà, en un sens, Coup de Foudre avait été sa façon à elle d’essayer de se repentir. De réparer ses erreurs. Bien sûr, ce qui était fait était fait. Il n’y avait pas de retour en arrière. Les morts resteraient morts à jamais, Alizé ne rouvrirait jamais les yeux... Tout ça parce qu’elle n’avait su agir.
Mais cette fois-ci, elle avait essayé. Elle avait surpassé ses peurs, deux fois, avait fait son devoir pour celui qui pourtant, selon elle, ne le méritait pas. Elle n’avait pas failli à la tâche, quoi qu’elle manqua de le faire plusieurs fois au cours de son périple, mais le résultat était là : elle avait tenu sa promesse.

L’aube pointait déjà le bout de son nez quand elle atteignit le camp toujours silencieux. Vent du Nord se logea dans son nid froid, dans la galerie la plus profonde et étroite de son antre. Assemblant contre elle deux tas de plumes et de feuilles pour mimer la présence de sa famille disparue, elle finit par s’endormir entre deux sanglots, attendant qu’on ait besoin d’elle dans une courte nuit sans rêves.

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MessageSujet: Re: You’ll never find an answer || Coup de Foudre - end   You’ll never find an answer || Coup de Foudre - end - Page 2 Empty12.04.20 6:53

Comme lui, Vent du Nord s'était laissée tomber dans l'herbe, et ils furent deux à juste... apprécier le silence, et la petite victoire de se quitter bientôt.

Il était soulagé qu'il ne l'ait pas poussée à vomir une seconde fois. Et il était soulagé qu'elle ait réussi à outrepasser le Chemin du Tonnerre, et d'avoir enfin pu voir un chat des Landes courir - enfin, jusqu'à ce qu'elle ne le percute et qu'il ne culbute dans l'herbe.

L'herbe...

L'herbe qui poussait près des Quatre Chênes lui était tellement familière, ainsi que tout ses creux et ses collines. Il y venait souvent, beau temps, mauvais temps... En automne quand le vent arrachait les feuilles mortes des branches, ou au printemps quand le sol se trouait de flaques sous la patte. Il y rencontrait toujours quelqu'un de différent, et souvent des chats d'autres Clans-- hmm... À bien y penser, il n'avait jamais croisé de chats du Tonnerre, en venant ici. Sans doute car en venant ici, il avait toujours cherché à les éviter.

Chaque visite avait été différente, c'est vrai, et s'il l'avait dit à Vent du Nord peut-être qu'elle aurait ri. Peut-être qu'elle lui aurait cinglé qu'il ne pensait pas aux Assemblées, mais ce qu'elle ne savait sans doute pas, c'est que le notoire Coup de Foudre y était interdit depuis... depuis... -- l'éclat dans ses yeux disparut. Il souffla un autre fantôme dans l'air du brouillard, et il entendit Vent du Nord se lever, et s'étirer, puis, marcher vers lui dans les herbes mouillées. Elle vint poser le remède qu'elle avait dans la bouche, se reculant ensuite. Coup de Foudre étira ses pattes vers le ciel avant de se rouler sur le flanc, les oreilles à l'écoute.

Pour Amour-en-Cage, elle souffla.

Elle semblait épuisée. Le peu de la nuit qu'il se rappelait avoir passé avec elle, il l'avait vu ressentir et surtout refouler toutes les émotions possibles du spectrum: il l'avait entendue grogner, feuler, il l'avait entendue exploser dans un rire hystérique et il l'avait vue gonfler tout son poil devant la terre noire du Chemin du Tonnerre. Elle avait de la peine, de la rancoeur, de la rage, de la peur, et maintenant elle était épuisée et vidée de ses forces et probablement prête à aller se coucher. Sans doute était-elle sur le pas de s'en aller.

Le pavot ne manque pas chez nous.
O.k. il répondit, radouci. Si c'est pour elle, je veux bien l'accepter.

Qui disait Amour-en-Cage, disait quelqu'un qui en aurait besoin, et mieux valait quelqu'un d'autre que lui. C'était juste une petite blessure, vraiment. Il avait déjà eu pire - d'ailleurs, il se garderait bien de lui en parler.

Amour-en-Cage non plus, n'était pas  sa  guérisseuse.

À travers le brouillard, lui et la guérisseuse s'échangèrent un dernier regard, intériorisant chacun les conclusions qu'ils tiraient eux-mêmes de cette nuit.

Mais Coup de Foudre ne rentra pas tout de suite chez lui. Il passa peut-être tout un cadran à se reposer, assez près des Quatre Chênes pour voir leur silhouette, mais assez loin pour les empêcher de trop le surplomber. Laissé à lui-même, il était laissé aussi à ses réflexions, à se ressasser les mots que les Étoiles lui avaient révélées.

Que « Secret du Firmament n'est pas parmi [Elles] ». Que le petit-ami Lunar Pod de Taupe non-plus.

Y avait-il d'autres lieux d'après-vie que les territoires des Étoiles? Ces terres qui leur promettait de retrouver tout ceux qu'ils avaient perdus afin d'amoindrir la douleur de leur manque? Pourtant, cette douleur, même ceux dignes et méritants semblaient en souffrir car tout le monde ne pouvait être valeureux. Étoile Vaillante était séparée de sa soeur, alors à quoi bonnes étaient les Terres des Étoiles si elle devait y vivre à jamais séparée de sa famille? À quoi leur servait de se casser en quatre pour Elles si la finalité était la même?

En "mal-faisant", la punition était d'être séparé de nos proches.

Mais en faisant le "bien", la récompense était, eh bien, d'être séparé de nos proches (qui avaient mal fait).


Pas étonnant que sa vision des choses n'ait terrifié Nuage de Neige. Pas étonnant qu'on la lui reprochait tellement - qu'on le traitait d'égoïste - de sacré Coup de Foudre, de maudit Coup de Foudre. Tout ces dévots avaient tellement peur d'être séparés qu'ils n'osaient même pas mettre une patte aux frontières. Pourtant, l'herbe était la même, qu'elle pousse du côté de la Rivière ou du côté du Tonnerre. Et il marchait l'herbe des mêmes pattes. Et l'herbe d'ici, qui sait combien de pattes l'avait piétinée? Qui sait combien de pattes, et pourtant mettre ses pattes sur une seule chatte avait provoqué un émoi si fort que les guérisseurs avaient peur de lui, à en juger par les mimiques de Vent du Nord.

Y avait-il vraiment un sens à gaspiller les secondes de sa vie à se questionner sur ce qui se passerait à sa mort?

Ou alors--

Ou alors ça faisait partie du deuil?




Ce n'était pas juste Fifi.

Il aurait aimé,...

Il aurait aimé échanger ce genre de réflexions avec feue Museau Bleu, sa vieille amie de la Rivière. En fervente défenseuse du Code, elle lui aurait bien démenti ses questions! Elle lui aurait expliqué, avec une joie dans la voix, que si elle le suivait à la lettre c'était bien pour se promettre de retrouver tout ceux qui étaient partis avant elle - de s'assurer de leur rendre "ce qu'elle leur devait", en vivant plus longtemps.

Il aurait aimé entendre feu son amant Mistigris se moquer de lui. Bien sûr "les claniques" comme eux s'inventaient des Étoiles, car ils étaient complètement perdus sans la notion d'un Parent supérieur jugeant le moindre de leurs pas! Pas comme lui! il lui aurait dit. Lui, il était sans foi ni loi, lui, il était le Roi! Si ça se trouve c'était même lui ce Parent supérieur! Et Coup de Foudre l'aurait bousculé d'une patte, et peut-être qu'ils se seraient taquinés et Mistigris aurait sorti qu'il était "de toute évidence" un meilleur père que lui - une pique de trop qui les aurait chauffé à faire la course jusqu'à la renardière.

... Il aurait aimé raconter tout ça à Fifi.

Dans ce moment hors du temps et de l'espace, il ressentait cette envie immuable de rentrer au campement et s'asseoir avec elle, et partager une proie, et l'entendre parler des plantes ou des vies qu'elle avait sauvées tandis qu'il baragouinait une rhétorique quelconque pour la convaincre de l'injustice que putain de merde était-il le seul à voir?

Il s'étouffa - il ne se retrouva pas à vomir, heureusement, mais il se précipita pour aller à la flaque.

En voyant son propre reflet à la surface, il s'immobilisa complètement. Il ne sut vraiment déterminer qui était le vrai du faux - depuis le début de cette histoire il avait eu l'impression de passer au travers de la surface d'un miroir. Plus rien n'allait, et le mirage se brouilla. Il se laissa tomber assit, il se laissa aller à pleurer, son corps échappa à son contrôle en en rejetant de grosses larmes qu'il trouva ennuyantes, mais contre lesquelles il était inutile de lutter. De grosses larmes et des rires - car la tristesse était tellement émoussée que pour vivre toute son intensité, il n'avait pas le choix de la pervertir d'esclaffées. Quelle belle farce! Quelle belle farce étaient leurs ancêtres, quelle belle farce étaient leurs choix, quelle belle farce de finir tous au même endroit - à souffrir et à porter en soi la rancoeur au coeur. Était-il le seul à la voir?! Il n'était peut-être pas dans un rêve, en ce moment, mais tout son poil s'était levé, en même temps que son corps, et il applatit fermement sa patte blessée pour que la douleur lui en fasse sentir l'appui car en plus de se sentir électrisé, il se transformait en blizzard.

Et puis il inspira (en reniflant, bien sûr).

Et puis il expira (sans tousser, par chance).

Il se pencha au-dessus de la flaque, et se vautra les deux pattes dedans dans une première éclaboussure. Rien. Sa queue se mit à s'agiter comme celle de Vent du Nord, plus tôt, et il retenta le manège. De loin on voyait le bengal mulotter dans la flaque. Furieux, féroce, puis de moins en moins énergique, de plus en plus las et mou, jusqu'à se tenir les deux pieds dedans, immobile et haletant.

Même s'il avait raison, il ne pouvait rien faire.

Même s'il avait raison, il vivait ici, maintenant, c'était sa réalité et il ne pouvait rien faire.

Alors il plongea le nez dedans et but au travers de sa propre image avec la rage de vouloir avaler et absorber toute l'existence de sa dimension parallèle.

Puis il se mit en marche. Il marchait sur trois pattes, parfois quatre, quitte à ce que la douleur ne libère des endorphines auxquelles il n'avait pas eu droit depuis longtemps, se laissant engourdir avec une sorte de petit plaisir illicite qui lui rappelait ses bien plus jeunes années. À l'époque où il était encore un blanc-bec. À l'époque où il suivait encore Étoile de Suie. À l'époque où il était encore son jouet à mâcher et son bon-coup, le chat qu'elle avait été déçue de ne pas avoir eue le droit d'appeler "Plan Cul". D'yeux lumineux percèrent le brouillard en faisant tourbilloner la condensation autour du bengal, et un, puis deux monstres passèrent leur chemin, disparaissant au loin.

Sa patte écrasa une autre flaque. Étoile de Suie n'était plus, alors ce Coup de Foudre-là non-plus.

Les temps se raffraichissaient.

L'hiver les traquait et il ne fut pas déçu d'atteindre la forêt en voyant les premiers rayons percer l'horizon. Les gamins devaient dormir - et lorsqu'il mit les pattes entre les premiers arbres du chablis, séparant l'accotement du Chemin du Tonnerre de la forêt plus dense, son front s'arrêta sur celui d'un autre chat, et le bengal leva d'yeux fatigués, croisant le regard de sa fille-adoptive, Nuage de Source, ainsi que toute l'inquiétude qui brillait dedans.

Source dut le réceptionner avant qu'il ne s'effondre par terre, et l'épuisement, autant physique qu'émotionnel, lui fit reperdre la notion du temps et de l'espace░░░ses pattes marchaient l'herbe░░░░il se rappelait d'avoir marché celle des Quatre Chênes░░░Le pavot░░░Source le soutenait de la tête et d'une épaule░░░non - il était affaissé dans les plumes exotiques et les passiflores de son nid. Il avait froid l'instant d'avant... et maintenant il était au chaud, contre des corps qui ronronnaient. À ses yeux les pelages se confondaient, et sa conscience lui fila entre les griffes, mais cette nuit-là, il avait marché le chemin du tonnerre en colère, requérant des réponses à ses questions... et à l'aube, en s'assoupissant, il ne lui restait plus rien.

Plus rien qu'un bruit sourd dans l'oreille, qui sifflait comme le vent entre les branches dénudées.


Mais un rien, un vide, un manque


ça ne demandait qu'une chose et c'était qu'on le remplisse.


Cette nuit avait planté une graine entre les deux oreilles du bengal; il ne lui restait plus qu'à percer la surface au grand jour et de se laisser croître. Comme toute petite pousse d'idée elle serait fragile, au début, et il était évident qu'il ne se rétablirait pas tout de suite, mais,

ça viendrait.



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☆ All I Did was Ask Questions

You told me " You’ll never find an answer "

So,

I've decided I'll make my Own

And,

I've decided You won't like It


Début de la Saison des Grands Froids 2019-2020 - COUP DE FOUDRE vs LES ÉTOILES, ainsi que VENT DU NORD
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