Petite Glycine || Vilain petit canard

• Âge : 00 lunes
• Sexe : ♀
• Genre : ♂
• Clan : Tonnerre
• Rang : Chaton
• Sang : Pur

Il n’y a pas vraiment grand chose à dire : toute l’histoire reste à écrire. Même l’histoire de ses parents est assez banale, en soi : deux amis qui se rapprochent un peu trop physiquement et lui et sa sœur en constituent les conséquences. Pour l’instant, les instants les plus incroyables, les plus trépidants de la vie de Petite Glycine se limitent à son premier cri, sa première tété, ou alors la première fois où il a ouvert les yeux. Une histoire de chatons parmi tant d’autres.

Chaque chose doit rester à sa place. C’est comme ça qu’on évite les problèmes — c’est vrai, parce qu’on lui a dit. Et au final, c’est logique : si on ne dérange pas l’ordre, alors il n’y a pas de raison que tout parte en cacahuète. Mais pour Petite Glycine, ça part mal dès le départ. Les choses ne sont pas vraiment dans l’ordre avec son corps, et il n’ose pas vraiment le dire à voix haute parce que c’est un peu blasphématoire apparemment, mais il croit que les Étoiles se sont trompées. Elles lui ont donné un corps de fille, alors que c’est un garçon. Il ne comprend pas pourquoi tout le monde s’obstine à lui dire « elle » quand c’est en réalité « il » et c’est très clair pour lui — ça l’a toujours été. Une évidence à laquelle il n’a jamais douté — et au fond en quoi c’est si grave que son corps ne suive pas la logique ? Eh bien le problème, c’est que ça bouleverse l’ordre logique des choses. Petite Glycine aimerait bien rester à sa place, mais il ne la trouve pas, alors ça rend les choses un peu difficiles. Il la cherche, désespérément — peut-être un peu vainement. On n’a jamais vu de chat avec une erreur de corps à la naissance dans le Clan du Tonnerre. Alors il faut s’adapter, se faire tout petit et parfois se recroqueviller pour réussir à rentrer dans la place qu’on lui laisse le temps d’un instant. Certains diront de lui qu’il est un lâche, parce qu’il ne s’impose jamais — pas même face à l’injustice, ou en tout cas pas pour l’instant. Il ne veut pas de problèmes, il ne veut pas faire pleurer ça sœur (et, haw, ça c’est difficile), il ne veut pas bouleverser l’ordre plus qu’il ne le fait déjà en existant.
Et pourtant, il aimerait bien une petite place lui aussi. Petite Glycine veut des amis — il en veut plein, des copains. Parce que c’est rigolo, et que rire ça fait du bien. C’est l’un des rares moments où ça lui fait aimer son visage parce que personne ne sourit et ne rit mieux que lui dans le camp.
Lorsqu’il est énervé, contrarié, en colère, il garde tout pour lui dans un petit coin de son cœur, il continue de sourire (il n’a pas vraiment le choix de toute façon) et il part se mettre dans un coin. Pas de vague, pas la peine. On ne va pas en rajouter. Il veut être un bon fils (ou une bonne « « fille » », pour maman), être un bon élément de son Clan et juste vivre une belle vie avec pas trop de problèmes dedans. Une vie qui lui fera dire que c’était cool en fait, quand même, quand il sera vieux et tout croulant et tout. Mais bon pour ça, il faudrait qu’il apprenne à s’affirmer davantage.

Quand les Étoiles se sont penchées sur ce chaton, il est probable qu’elles aient rit. Comme perdu par accident au milieu des adorables bouilles des nouveaux nés, le visage de Petite Glycine se détache du reste. Un sourire vide y est figé, comme gravé dans le marbre. Les lèvres sont trop courtes pour pouvoir se toucher, les dents trop longues pour régler le problème. La gueule toujours ouverte malgré lui, elle s’assèche comme un désert, lui donne soif — et s’il ne fait pas attention, le peu d’eau qu’il lui restait s’échappe dans des filets de bave. En dépit de sa souffrance, Petite Glycine ne dit rien. Il sourit, car c’est tout ce qu’il sait faire — et tout ce qu’il mérite, aussi, car il l’a bien compris : c’est le devoir des plus laids de rester en retrait.
C’est tout de même ironique quand on est membre d’une famille composée de certains chats les plus beaux et séduisants de la forêt d’être aussi vilain. De sa famille maternelle, il n’a hérité que du pelage sur son corps : la couleur et les motifs qui parcourent ses flancs, son dos… rappellent sans aucun doute ceux de Coup de Foudre et Louve des Bois. Pour le reste, c’est une autre histoire : autant dire que personne n’a de doute sur l’identité du paternel. Le même visage blanc, les mêmes yeux rieurs ambrés qui viennent souligner davantage ce maudit sourire. De qui vient cette couleur lilas, en revanche ? Difficile à dire. Sans doute un ancêtre très, très éloigné, bienheureux d’être mort depuis assez longtemps pour ne pas avoir à être associé à un chat que la beauté semble avoir évité comme la peste. Cette crinière épaisse qui orne sa nuque pour descendre jusque son ventre est peut-être la seule chose dont il est fier : on lui a dit qu’elle rappelait celle des lions, ces puissants ancêtres de couleur sable que certains auraient aperçu il y a des Lunes de ça, dans d’étranges cages sous un chapiteau qui n’était pas resté dans la forêt très longtemps. Propre aux mâles, elle a au moins le mérite de rappeler aux ignorants qu’il en est un, lui aussi. C’est d’ailleurs de cette crinière que vient son nom : Glycine. Une fleur qui, ironiquement, symbolise pour certains la beauté.

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