« Un peu d'aide ne serait pas de refus. » [PV. Echo des Ombres]

Je me réveillai à l'aube, alors que le soleil venait juste d'apparaître. J'ouvris les yeux lentement et baillai un coup puis m'étira, patte par patte, prenant tout mon temps. Je voyais quelques félins, surtout des vétérans, manger dans la clairière, tout en parlant de tout et de rien. Je me levai, sortis et me dirigea vers le tas de gibiers, prit un mulot et retourna dans ma tanière. Je m'assis, seul, et dégustai mon festin et me lécha les babines. Hmm, un délice ce mulot. Je me passai quelques coups de langue sur mon pelage blanc comme neige et me relevai. Je me dirigeai vers mes plantes médicinales et vérifiai que j'avais tout ce dont j'avais besoin. Bon, il me manque du bouillon blanc, du cassis, de la framboise et des pissenlits. Une matinée cueillette s'impose ! Je pris mon " panier " en feuilles dans ma gueule et sortis de ma tanière. Je saluai ma chef et notre lieutenante puis sortit du camp et me dirigea vers Les Passiflores.

Je marchais lentement, reniflant un peu partout, pour voir s'il n'y avait pas de plantes intéressantes. Je m'arrêtais quelques secondes et arrachais la racine d'une plante qui me semblait être de la Racine de Glouteron. Hmm, plus rien d'autre d'intéressant en vue. Bon, tans pis, je continu mon chemin. Arrivé aux Passiflores je commence à fouiner un peu partout. Je sentis bon odeur entrer dans mes narines. Je la suivis et me retrouvais devant plein de Cassis. Ouh, je vais trouver mon bonheur ici, je le sens ! Je commençai à retirer le Cassis avec mes pattes quand j'entendis un buisson bouger près de moi. Je me stoppai, réécoutai. Quelqu'un est dans le buisson !

Je n'eus pas le temps de finir ma phrase qu'une chose se jeta sur moi et m'écrasa de tout son poids. Je pus entendre cette chose jurer :

Je poussai la " chose " en feulant. Je me relevai et me donnai des coups de langue sur mon pelage devenu tout noir. Je soupirai, déjà que mon pelage blanc est très salissant alors si tout le monde me pousse dans la poussière ! Après avoir rendu mon pelage aussi brillant qu'avant je levai les yeux pour découvrir celui qui s'était littéralement jeté sur moi. Je vis Écho des Ombres, notre lieutenante, qui me regardait, l'air amusée. Je ronchonnai. Toutes mes herbes étaient éparpillées. Crotte de renard, elle n'aurait pas pu faire attention ! Je me baissai et commençai à ramasser mes herbes.

Echo des Ombres trottinait, en faisant le tour du territoire. Elle n’avait pas comme intention de vérifier les frontières ou même de chasser. La journée était très belle, bien qu’elle vienne juste de commencer, et elle aimait profiter de splendides journées comme celle-ci. Le printemps ne tarderait pas et la lieutenante du clan de l’Ombre l’attendait impatiemment et était ravie de pouvoir assister à ce petit avant-gout.
Heureuse, elle courrait en direction des Passiflores, sans vraiment savoir pourquoi. Mais bon, pourquoi pas ! En plus, avec ce temps là, ça doit être très agréable. C’est une grande plaine ensoleillée, et à cette époque de l’année, certainement recouverte d’une herbe verte et de centaines de petites fleurs blanches, jaunes, rouges. Echo des Ombres courait maintenant, impatiente d’arriver à ce magnifique endroit, qui faisait bien heureusement partie du territoire de l’Ombre.
Elle arriva sur place quelques minutes plus tard, le souffle court. Elle s’arrêta près d’un buisson, juste avant d’entrer sur la clairière, pour reprendre sa respiration. L’odeur des fleurs était si forte qu’elle l’étourdissait. Elle ne perçut donc la présence d’un autre félin que quand ce dernier bougea ou émit un son qui alerta la lieutenante qui crut immédiatement à une incursion ennemie. C’est vrai que l’endroit était de temps en temps convoité par les autres clans. Elle se tapit silencieusement au sol, comprenant qu’elle avait été remarquée par l’individu à quelques pas d’elle. Echo des Ombres ne pourrait pas rester comme ça éternellement. Soit elle sautait sur le félin, soit elle partait en faisant comme si elle n’avait rien remarqué. Mais c’était peut-être de la fierté et l’honneur du clan qu’il était question. Elle ne pouvait pas prendre de risques. Un peu obligée de le faire, elle bondit sur le dos d’un matou crème de l’autre côté du buisson.

Crotte de souris ! feula t’elle

Elle se retira, un peu honteuse mais aussi un peu amusée, du dos du félin qui n’était autre que Noix de Coco, le guérisseur du clan de l’Ombre. Et dire qu’elle l’avait pris pour un ennemi !
Après avoir léché frénétiquement sa fourrure, le chat crème releva la tête et toisa durement sa lieutenante. C’est là qu’elle commença à être désolée. Quand elle vit toutes les herbes étalées au sol, près d’un petit récipient en feuille.
Tu pourrais faire attention quelques fois...

Un peu gênée, la femelle noire et blanche s’avança vers les feuilles et autres remèdes divers pour les rassembler et les ramener dans le panier tout en miaula amicalement :
-Excuse moi, je ne savais pas que c’était toi. Je pensais que c’était un intrus !

Je ronronna, amusé. Echo des Ombres m'aida à ramasser mes plantes. Je releva la tête, et lui fit un signe de tête, reconnaissant. Nous restâmes comme ça, quelques instants puis je secoua la tête. Gêné, je me donna quelques coups de langues sur le poitrail. La lieutenante pouffa de rire, et s'ensuit un véritable fou rire entre nous. Après quelques minutes à pouffer comme de vrais cervelles de souris, je me repris et inspira un bon coup. Un peu de sérieux, voyons... pensais-je. Je me releva, me donna quelques coups de langues sur le pelage puis grogna. Il allait bientôt être midi, mon ventre gargouillait et je n'avais presque rien dans mon panier. Je soupira et donna un coup de museau à Echo des Ombres. Celle-ci releva la tête et se leva. Je me dirigea vers le Clan, sans même regarder si elle me suivait. Des pas se firent entendre derrière moi, ce qui me convainc qu'elle me suivait. Je ralentis l'allure pour arriver à sa hauteur et je lui demanda :

La jeune chatte parut dans ses pensées... Je la laissai donc seule et trottinai jusqu'au camp. Lorsque je fus arrivé, je me dirigeai vers ma tanière, jetant quelques coups d'oeils derrière mon épaule, et posai mes plantes. Je soupirai. Je pense qu'il faudra que j'y retourne après... Je rangeai mes plantes et, lorsque j'eus fini, je me dirigeai vers le tas de gibiers pour prendre ma part. Je pris un rat et m'installai un peu plus loin. Avant de manger, je scrutai le ciel. Il était bleu, la neige commençait à fondre et le soleil était revenu. Je ronronnai de satisfaction puis attaqua mon rat... Alors que je mangeais, je sentis quelqu'un s'approcher et s'assoir près de moi. Je reconnus Écho des Ombres, elle me sourit et mangea sa part. Lorsqu'elle eut fini, nous fîmes la cérémonie du partage, comme on dit. On parlait de tout et de rien quand elle me dit :

Un ronron amusé se fit entendre. Noix de Coco remercia silencieusement sa lieutenante qui avait terminé d’amasser les plantes qu’elle avait fait tomber. Echo des Ombres sourit également. Le guérisseur était très gentil, toujours ouvert aux autres pour les aider, ou simplement pour discuter. Plusieurs minutes s’écoulèrent comme ça, se regardant l’un l’autre, sans un mot. La femelle bicolore trouvait le matou crème très gentil, cependant, ce silence commençait à se faire pesant, et même si il était son ami, ça la gênait. Noix de Coco, certainement aussi gêné qu’elle, commença à se lécher frénétiquement le poitrail. De l’air sortit rapidement du museau de la seconde, signe qu’elle pouffait de rire. S’en suivit un interminable fou rire entre les deux félins qui ne s’arrêta pas pendant quelques temps. Echo des Ombres, dont le corps était secoué de spasmes de rire, avait l’impression que cette hilarité ne s’arrêterait jamais. Et tant mieux ! Rares étaient les moments où elle retournait comme en enfance, il fallait donc en profiter.
Essoufflée, Echo des Ombres reprit lentement sa respiration et suivit son ami guérisseur quand celui-ci lui donna un doux coup de museau sur le flanc, l’invitant à le suivre. Elle se donna quelques petits coups de langue pour être un peu plus présentable et s’exécuta. Elle trottinait doucement derrière Noix de Coco, sans rien dire. Ce fut lui qui ralentit l’allure, pour se trouver à la même hauteur qu’elle. Tout en continuant de marcher à vitesse régulière, le matou aux yeux ambrés miaula doucement :
Tu as senti l'odeur de chats ennemis sur notre territoire ?

Echo des Ombres sourit. Non, elle n’avait rien senti. Mais comme elle était parmi les fleurs très odorantes, n’importe quelle odeur en aurait été camouflée. Dans ces circonstances là, le doute n’était pas permis. Imaginez si ça avait été un guerrier ennemi qui s’était introduit chez eux et que la lieutenante était partie sans rien faire ! Elle ne s’en serait pas pardonnée si les Passiflores étaient devenus territoire adverse.
Plongée dans ses pensées, elle ne se rendit pas compte que son ami était parti de l’avant, vers le camp qui s’approchait. Echo des Ombres se dit qu’il était rentré, et décida de faire pareil. Quand elle pénétra dans la combe, elle se dirigea vers la pile de gibier, la mi-journée était arrivée, et depuis le lever du soleil, elle n’avait rien avalé. Elle se choisit une souris et se retourna pour essayer de voir ce qu’il se passait dans l’antre de son ami. Elle le vit marcher à l’intérieur et le suivit. Quand elle pénétra dans l’antre, l’odeur de la multitude de plantes rangées un peu partout lui fit froncer le museau.
La femelle noire et blanche, son repas toujours dans la gueule, s’approcha de son ami qui était lui aussi en train de manger. Elle fit quelques pas de l’avant, puis la lieutenante sentit que le guérisseur l’avait entendue. Avec un franc sourire, la chatte s’approcha vers lui pour manger sa part à ses côtés. Les deux félins mangèrent en discutant de tout et de rien, puis Echo des Ombres se décida à se faire un petit brin de toilette. Puis soudain, après un grand moment de blanc, après que la lieutenante ait regardé l’antre sous toutes ses coutures, maintes et maintes fois, elle lâcha :
-Dis, tu ne te sens pas un peu seul ici parfois ? Parce que les malades ne sont pas souvent de bonne compagnie non ?

(Désolée du retard :p )