Orion, un véritable gentlecat

La dernière fois que j'ai vu ma mère, je devais avoir environ 3 lunes. Chez les chats, certaines races sont rares, uniques, prestigieuses, à tel point que les bipèdes en font la main mise dessus, les élevant pour les vendre contre ces étranges bouts de papier verts qu'ils nomment l'Argent.

Moi, je suis un membre de cette race rare qu'on nomme les Ashera. Je n'ai jamais compris la différence entre les Ashera et les autres chats, néanmoins les bipèdes semblent y accorder un grand intérêt.

Ma mère est inscrite à ce qu'on nomme le Pedigree, c'est une sorte de groupement de bipèdes qui classe les chats comme moi comme étant de race pure souche et qui les regroupe de manière à prouver la pureté de l'animal. Je suis donc un représentant de la belle race, un chat de qualité et de luxe pour les bipèdes.

Je fus séparé de ma mère dès que je n'eus plus besoin de boire son lait. C'est une charmante famille de serviteurs bipèdes qui me prit. Les premiers jours furent assez compliqués, étant donné que je cherchais ma famille, mais je finis par m'habituer, comprendre que je ne les reverrais jamais, dès lors que ces bipèdes voulurent m'apprendre à faire le beau, m'asseoir avec fierté et faire des parcours tout en me nourrissant de la meilleure des mets : j'avais compris que j'étais dorénavant leur chat de compagnie, tout comme ils étaient mes bipèdes serviteurs.

Je n'avais qu'à me mettre un peu en avant pour recevoir de délicieux cadeaux. Un magnifique arbre à chat, de la bonne nourriture et la permission de gambader dehors, dans le jardin, pour me rouler dans l'herbe.

Un jour, ma curiosité ne fut que trop pesante pour mes permissions. Je me mis à me balader dans les prairies, joyeusement, ce qui affola mes bipèdes qui, dès mon retour, se jetèrent sur moi pour s'assurer que tout allait bien. J'aurai peut-être dû les prévenir avant de sortir du jardin.

Le lendemain, ils m'offrirent un somptueux et élégant nouveau collier avant de me laisser de nouveau sortir, si j'en avais envie. Je fus étonné qu'ils ne m'aient pas puni, mais je ne m'en plaignais pas. Je pris alors par réflexe de miauler trois fois de suite avant de partir, qu'ils sachent que je reviendrais ce soir. Les bipèdes sont idiots, ils ne comprennent pas notre langage, j'espérais qu'à force, ils apprennent que je les préviens que je reviendrais avant la tombée de la nuit.

Plus tard, ils finirent par installer une porte que je pouvais ouvrir en la poussant avec ma tête. C'était bien pratique en journée, ils devaient sûrement avoir la flemme de m'ouvrir la porte tout le temps. En tout cas, je ne comprenais jamais pourquoi ils ne la verrouillaient pas, des inconnus pourraient en profiter pour s'infiltrer dans ma demeure. Soit, du coup tous les soirs, je me perche sur mon arbre à chat pour surveiller l'entrée, au cas où qu'on s'infiltre chez moi.

Un jour, il y a peu, j'ai rencontré un autre chat dans ma balade. Si au début, j'étais choqué par son air sauvage, c'est bien son piteux état qui me perturba : il était couvert de cicatrices et semblait sale et remplit de bêtes qui s'amusaient sur son pelage. Bien que la curiosité me piquait, je ne pouvais pas me résigner à m'en approcher, il me faisait peur. Ainsi, j'ai fui le plus vite possible vers chez moi, espérant qu'il ne m'est pas suivi.

Ce n'est que pendant une insomnie nocturne, j'ai réalisé qu'il n'était peut-être pas méchant ? Ma curiosité naturelle à son égard était plus que présente : je voulais savoir pourquoi il était dans cet état, qui il était et où est-ce que se trouvaient sa demeure ainsi que ses bipèdes de compagnie. Je me suis dit que je devrais peut-être y retourner demain, pour répondre à mes questions, la nuit étant tombée, je préférais rester bien au chaud et en sécurité ici.