Prévention (avec Petite Braise) - end

Hier, il s’était battu pour la première fois de sa vie. Et il avait gagné. D’un côté il était heureux de sa victoire mais d’un autre il était déçu de la facilité avec laquelle il avait défait son adversaire. Petit Pin. Quel vermine celui-là ! Qu’il ne s’approche plus du rouquin parce que ce dernier lui découperait les oreilles ! Petite Braise se sentait puissant, fort et dominant. De sa litière de déporté, il fixait le jeune tuxedo qu’il avait affronté, dont le visage était couvert de quelques toiles. La griffure que le rejeton des flammes lui avait porté n’était pas très grave ni profonde. C’était désagréable, mais c’était comme ça que l’on apprenait à vivre. Il méritait cette blessure pour son affront envers le rouquin. Le demi-ombreux glissait son regard dans la pouponnière, évitant de croiser celui de Fine Terre, qui se foutait de ses actions et de ses gestes. Qu’il blesse un camarade ne l’inquiétait pas du moindre. Sa seule préoccupation était Petite Cendre, délicatement lovée contre son ventre chaud.

Un grand chat noir rentra dans la pouponnière, on pouvait lire la détermination sur son visage, avait-il un problème ? Il était mécontent et ça se sentait à des kilomètres à la ronde. Il salua une reine, Rivière Silencieuse si les souvenirs du rouquin étaient bons. Il lécha l’oreille des trois chatons, dont Petit Pin. Lorsque son regard se glissa sur la blessure du petit, le guerrier fit demi-tour, portant ses paroles à Fine Terre. Son mécontentement s’était rapidement transformé en furie. Il s’adresse à la reine terreuse avec un ton impitoyable, susurrant ses jurons pour que les autres chatons ne puissent l’entendre, même Petite Braise ne put l’entendre. Fine Terre ne dit mot, se taisant pour attendre la suite des reproches. Le seul mot que le rouquin puisse entendre était ‘Jamais’ sur lequel le guerrier avait appuyé avec colère. Avec un sang froid hors du commun et pourtant ordinaire pour Fine Terre, la reine dénonça le rejeton des flammes d’un geste du museau. Ce mouvement fit frissonné le petit orphelin, les ennuis s’annonçaient pour lui comme l’orage s’annonce lorsque les nuages deviennent gris.

Les prunelles émeraudes glissèrent dans les orbites de verres du guerrier, scrutant le petit rouquin seul d’un œil mauvais. Il décrivait chaque parcelle de son corps. Devait-il fuir ? Était-il menacer ? Pourquoi ses camarades de clan ne le protégeaient pas ? C’était un ennemi ! Sûrement un guerrier du Clan du Tonnerre, venu pour abattre le rouquin ! C’était donc vraiment sa faute si Cœur de Tournesol était décédée ? Est-ce que le Clan des Étoiles envoyait un félin de la Forêt Sombre pour réparer les péchés du fils des flammes ? Devait-il se repentir et demander le pardon aux ancêtres ? Les questions le tourmentaient et lui donnait la tête qui tourne.

« - Viens par là, toi, on sort un peu.  »

Les paroles du bourreau résonnèrent dans les oreilles en satellites de Petite Braise, l’extirpant de ses pensées. Il allait devoir faire face à ses actes et se repentir. La voix grinçante du guerrier dressa les poils de l’échine du petit rouquin, qui se glissa lentement de sa litière, la queue basse, les yeux fixant le sol. Il allait quitté le Clan de l’Ombre, être chassé, exilé, forcé à aller chasser sur les terres mortes de la Forêt Sombre. C’en était fini de lui. Il ne pouvait refusé, il n’avait pas le droit de faire demi-tour et de prendre ses pattes à son cou. S’il faisait ça, il signait son arrêt de mort.

Le petit devait limite courir pour pouvoir suivre la cadence rapide du guerrier d’ébène, qui sortait du camp d’un pas rageur. Petite Braise hésita de lui préciser qu’un chaton ne devait quitter le camp, mais il se rappela que la faucheuse face à lui était là pour l’emmener dans la Forêt Sombre, il n’avait pas le choix ni le luxe de lui parler. Il faisait des petits bonds chancelants à chaque pas, tentant de ne pas perdre son guide, à bout de souffle. Il n’avait pas peur, il était juste déçu que sa petite vie se finisse si vite. Lui qui voulait devenir lieutenant, puis chef, retrouver sa mère, rendre son clan fier. Il avait échoué.

Le petit chat était fébrile, mais il se tenait toujours droit sur ses pattes et les oreilles hautes, à son habitude, toujours aux aguets, prêt à fuir si la faucheuse face à lui décidait de l’abattre. Il savait que sa vie prendrait fin dans la seconde, et qu’il n’avait aucune chance si il voulait affronter son adversaire. Si le matou ébène s’attaquait à lui, il devait fuir et vite. Le matou face à lui était bien sur ses pattes, droit et haut. Il appuyait ce sentiment d’impuissance et de crainte, jouant avec. Il ébouriffait sa pelisse, marchant vite avec de grandes foulées, lançant des regards furieux au petit rouquin. Quand le guerrier se stoppa, le rouquin fit de même, n’ayant pas une grande distance derrière lui. Il était massif et plutôt haut pour son âge, donc ses pas se faisaient grands eux aussi. Lorsqu’il se rendit compte que ses pas étaient hésitants, le rouquin se reprit en main, secouant sa tête pour se remettre les idées au clair.

« - On va faire simple, petit. Je vais te raconter une histoire. » Les mots du noiraud étaient secs, et il avait consciemment appuyé sur le « petit », tentant d’ébranler le rouquin. Qui reprenait patte sur ses émotions, reprenant son habituel silence et visage fermé. Une nouvelle histoire ? Super ça ! Espérons que ce soit une inédite, car Petite Braise avait sûrement entendu toutes les histoires. Le ton du noiraud forçait le rouquin à enregistrer ce qu’il allait dire, mais il se désintéresserait sûrement si il la connaît déjà.

« - Tu vois, le chef de notre Clan, c'est Étoile Maudite. Et bien je crois qu'il faut que tu saches une chose, à son sujet. Plusieurs fois déjà depuis qu'il est chef, il a mis à mort des tous jeunes apprentis devant le Clan de l'Ombre tout entier. C'est arrivé deux fois, pour être exact. »

Elle n’était pas inédite, cette histoire. Le rouquin le savait bien, de par les récits. Tout ça n’était pas nouveau à ses oreilles. Son intérêt se détachait au fur et à mesure que les mots quittaient la bouche du guerrier. Petite Braise comprenait que par sa façon de parler, le messager de la mort essayait de l’impressionner. Mais l’âge grandissant du chaton lui donnait une maturité toute autant grandissante.

« - La première fois, une apprentie nommée Nuage d'Hermine a décidé de faire du mal à un autre apprenti, Nuage Ensoleillé. Tu n'étais pas né à cette époque. Mais tout le Clan s'est mis d'accord pour convenir qu'il était hors de question qu'elle reste en contact avec les plus jeunes des nôtres. Tu comprends n'est-ce pas ? Si elle s'était déjà amusée à leur faire du mal, elle aurait pu recommencer, et nous, les guerriers, nous sommes là pour les protéger. »

Il n’était pas né, mais cette histoire était si fraîche que le rouquin ne pouvait qu’en avoir entendu toutes les lignes. Comprendre ? Il l’avait déjà compris bien avant que le guerrier ne commence à le dire. Ça ne l’intéressait pas, il connaissait cette histoire. S’il le pouvait, il zapperait cette chaîne pour trouver une autre histoire plus inédite. L’histoire de ces apprentis lui étaient connue, celle de Naange, l’ancien apprenti-guérisseur assassin d’Etoile du Serpentaire, l’ami de Nuage d’Hermine, qui reçut le bourrage de crâne du Serpentaire, et qui assassina son propre amant sous la panique et la colère.

« - Enfin bref, il fallait nous débarrasser de Nuage d'Hermine. On s'est demandés s'il ne fallait pas mieux la bannir tout simplement du Clan, et puis... on a compris que ça l'aurait tuée de toute façon. Alors au lieu de la bannir, on l'a tout simplement exécutée. On lui a ouvert la gorge, et elle est morte. Et maintenant, le Clan des Étoiles l'a jugée, et elle croupit dans la Forêt Sombre. »

Nuage d’Hermine ne méritait pas de se retrouver à la Forêt Sombre, selon le rouquin. Mais selon le code du guerrier, toute vie est précieuse et il est donc interdit de tuer de sang-froid. Pourtant, c’est ce que faisait les félins de la forêt, entre eux ou envers les autres. Le sang coulait dans la forêt et nourrissait les racines des arbres de sa teinte pourpre, c’était encré dans le passé et le présent, et le restera dans le futur. On ne change pas les racines des choses.

« - La deuxième fois, tu t'en souviens peut-être... Quoique… Quoique non, tu devais être tout petit. Bref, Nuage de Manchot a essayé, lui aussi, de faire du mal à des jeunes protégés du Clan. Des chatons. Et lui aussi, il a été exécuté, pour la même raison. »

Il hésitait, sûrement hésitant face à l’âge du rouquin qui semblait plus vieux qu’il ne l’était. Et pourtant il s’en souvenait, de vagues bribes de souvenirs à propos de ce guerrier à la pelisse si particulière lui traversait l’esprit. Cet apprenti avait voulu mettre fin à la vie de deux chatons impurs, Nuage du Muguet et Nuage de Crocs, qui étaient encore chatons en ce temps. Le rouquin ne les connaissait que de vue, et s’il savait que dans le futur, ces sangs-pourris deviendraient de proches connaissances.

« - Alors maintenant, petit, réfléchis bien. Parce que le Clan tout entier sait que tu t'amuses toi aussi à faire du mal à des chatons. Ceux qui devraient être tes camarades. Tu as envie de finir comme Nuage de Manchot et Nuage d'Hermine ? Tu as envie, toi aussi, d'être tué et envoyé dans la Forêt Noire ? »

S’amuse ? Pourquoi lui remettre la faute dessus ? C’est Petit Pin qui s’est attaqué à lui en premier, s’amusant à l’humilier, le mettre au défi. Le tuxedo était centre de tout ses problèmes, et le serait sûrement encore plus dans l’avenir, si Petite Braise le savait.. Il profiterait de l’autonomie de sa langue, parlant et riant à tout va. Mais ça, il ne le savait pas, il n’a pas connaissance de l’avenir. Seul les étoiles l’ont. Le rouquin ne put répondre à la question du noiraud, qui était bien évidemment rhétorique.

« - Et bien tu as intérêt de ne jamais plus blesser qui que ce soit de notre Clan comme tu l'as fait, c'est clair ? »

Le rouquin courba une de ses babines, montrant ses petits crocs blancs. Blesser qui que ce soit ? Il n’a pas débuté cet affront, ce n’était pas sa faute, il l’a terminé et avec fierté. Il avait tout de même accompagné son petit camarade juste après, ne voulant le laisser agoniser au centre du camp. Et c’était lui qui se prenait le gourou de ses camarades ? C’était inégal, et désagréable.

« - Je n’ai pas commencé cet affront, ce n’est pas moi le responsable. J’ai juste terminé ce dans quand on m’a lancé. Je l’ai accompagné chez le guérisseur, j’aurai très bien pu le laisser crever au centre du camp. » Et il l’aurait bien mérité, il pensa ces derniers mots bien assez fort, mais il n’aurait pas eu l’irrespect de les dires. Chaque vie est précieuse. Il n’a pas déroger au code, il n’était pas en tort.

Le petit rouquin était redevenu lucide, il savait que son camarade n’avait lui non plus aucun droit sur sa vie et sur sa mort. Il ne pouvait pas porter la main sur le lui, il n’en avait pas le droit. Il n’était pas non plus un envoyé du Clan des Étoiles, ni de la Forêt Sombre, ça, c’était simple à le comprendre une fois qu’on voyait qu’il parlait plus qu’il n’agissait. Un bavard égocentrique, c’est comme cela que le voyait le chaton. Il connaissait ce matou, c’était Feuille de Houx, matou qui avait redressé Feulement Nuageux lors de ses écarts. Petite Braise n’avait pas peur de lui, il n’était même pas impressionner. Son changement de comportement était soudain et vif, mais lorsqu’on prend conscience d’une chose qui nous effraie, on ne peut plus avoir peur.

Le rouquin fit un pas en avant, mettant au défi le noiraud. Il se tenait droit, fièrement, les épaules carrés et les pattes bien ancrées au sol. Il n’avait pas peur du matou, et n’aurait plus la crainte de l’affronter. Il fuirait bien évidemment, car l’instinct est plus fort que la raison. Il agitait sa queue, non pas dans l’inquiétude, mais dans l’affront. Il tenait tête au guerrier, et en vue de l’introspection qu’avait pu faire le rouquin, il savait que les personnes avec ce caractère égocentrique détestaient être mit au défi et que l’on remettent leurs paroles en question. Il agita une de ses oreilles, dans un geste vif, attendant la colère de son voisin avec hâte. Il avait ce visage presque moqueur, toujours si ferme et sobre.

Il voyait le dégoût que lui portait le guerrier. Il détestait ça, voir même il haïssait ça. Pensait-il que le rouquin se hissait au rang de victime ? Quel toupet ! Petite Braise n’était pas une victime, il savait que sa vie commençait difficilement, il n’avait pas été bercer dans la chaleur et l’odeur de sa mère, il n’a jamais vu le sourire de son père, il n’a jamais vu les yeux doux de sa mère. Il ne la connaît même pas et pourtant celle qu’on lui attribut est au Clan des Etoiles. Sa nourrice ne peut même pas le regarder, il grandit loin de sa sœur qui semble ne pas lui porter d’attention. Et son futur est tâché lui aussi, son visage si inconscient qui sera bientôt déchiré en deux par des cicatrices profondes. S’il savait ça, il aurait cracher à la gueule du matou noir qui se prenait pour plus qu’il n’était.

Après ses courtes phrases, le mâle ébène secouait sa tête, dans un geste lent et méprisant. S’il avait été plus âgé, Petite Braise lui aurait certainement sauter au visage. Les félins comme lui étaient de la plus grande vermine. Ils faisaient les beaux, se pavanant avec fierté, mais dès qu’un combat à mort débute ils sont rapidement à bout de souffle. Ça pour chanter ses propres louanges il a les poumons pour ! Mais pour se battre, c’était autre chose.

« - Si tu l'avais tué, ton cas aurait déjà été réglé depuis longtemps, sois-en sûr, mais ne va pas t'imaginer que parce que tu nous l'a seulement blessé on oubliera tout, hein. Qui qu'a commencé, tout le monde s'en moque, les gamins sont tous les champions pour pleurer que c'est jamais leur faute, mais tout le monde sait très bien ce que tu as fait, et ça suffit amplement. »

Que comptait-il faire de toute manière ? Le foudroyer de son regard ou lui trancher la gorge avec son beau pelage propre ? Petite Braise n’avait pas peur, et son visage dur le prouvait. En plus de ça, le matou ne savait pas parler, « Qui qu’a commencé », on dirait un chaton à la cervelle de souris, il savait se faire beau mais manier les mots étaient un travail plus complexe pour le noiraud bavard. Les champions pour pleurer ? Le chaton ne s’est jamais plaint, il n’a jamais pleurer ou demander de l’aide. Il est toujours resté seul dans sa merde, et il continuera de garder sa fierté. « Tout le monde », la moitié du clan devait se foutre éperdument d’une petite gueguerre entre chatons. Seul Feuille de Houx et les membres de sa famille de timbrés s’intéressaient à ça. Avaient-ils peurs que l’honneur de leur petite famille de consanguins ne soit bafoué parce que Petit Pin c’était fait battre ? C’est pas parce que l’égocentrique noir avait grandit dans les jupons de sa maman que tout le monde devait être éduquer de la même façon.

« - Bref, j'espère que t'auras au moins retenu la leçon. »

Le rouquin pesta entre ses vibrisses, arquant son corps dans une pose féline, s’asseyant avec une lenteur presque malsaine. Il savait que ce dialogue prendrait du temps. Son voisin parlait trop, beaucoup trop pour ne rien dire. Il ne l’intéressait pas. Il fit danser sa longue queue rousse sur le sol, caressant les feuilles mortes, cadavres de l’hiver, avec le bout de ses poils. Il secoua l’une de ses oreilles, faisant valser son regard sur les alentours, ne portant pas attention au guerrier. C’était un chaton rêveur, il fallait être intéressant pour.. l’intéresser.

« - Tu peux arrêter tes discours inutiles et déjà-vus, je sais ce que j'ai fais et je l'assume. En tout cas, Petit Pin, lui, l’a bien retenu la leçon. »

Il ne se plaignait pas de sa situation, ni même des reproches qu’il se prenait. Il se foutait des conséquences et voulait juste vivre sa vie loin des autres. Tout le monde le sait, et pourtant le félidé tuxedo qui servait de neveu au noiraud avait déroger à la règle. Il faudra bien qu’un jour cette famille consanguine comprenne qu’elle n’est pas au dessus des avertissements. Tout le monde savait que Petite Braise n’était pas approchable, et maintenant ‘tout le monde’ en avait la certitude.

Le petit rouquin se redressa sur ses pattes, et avec une poussée de maturité, il s’apprêta à rebrousser chemin, pour quitter la clairière au centre des pinèdes et rentrer au camp, tout seul, comme un grand, tel un malandrin. Comme on le dit, quand les racines sont tâchées, les pousses le sont aussi. Certains sont taillés dans du mauvais bois.

Le noiraud leva la patte dans le ciel, au dessus du crâne du rouquin. Telle l’épée de Damoclès, qu’il ne pourrait que côtoyer dans le futur de sa vie. Ce geste menaçant, qui lui fit serrer les dents en attendant le coup tomber. Cette instant sembla durer des heures, et quand Petite Braise se tenta à entrouvrir un œil, et remarqua que son voisin n’avait pas agit. Et pourtant, son impulsion fit envoyer la patte du noiraud sur le crâne du rouquin. La pression qui s’exerçait sur sa tête était de plus en plus violente, tellement que le chaton bascula en avant, heurtant son menton au sol. La douleur résonna dans tout son crâne, vibrant dans son corps. Le petit tenta de se redresser, mais il était immobiliser au sol. La peur semblait grimper de nouveau dans son petit corps frêle.

« Si un de nous deux est bien placé pour donner des leçons, c'est sûrement pas toi. Alors dis-moi, t'es toujours sûr que tu regrettes rien ? Tu sais, moi, je suis là pour protéger les chatons, et si tu ne te dépêches pas de me convaincre que tu vas les laisser tranquille, je n'aurai aucun remords à t'empêcher de nuire. Ça fait aussi partie de mon travail. »

La voix du guerrier était sèche, elle prouvait une volonté de blesser. Pourtant, le rouquin ne réagit pas, restant au sol, n’ayant pas d’autres choix. Il savait que s’il se débattait, le sol embrasserait ses babines, et il s’étoufferait dans la boue. C’était un vent de fierté qui grimpa dans le petit, qui lâcha un soupir bruyant, prouvant son ennuie face à son voisin. Et face à ce geste, le noiraud poussa sur la pression, enfonçant encore plus le petit dans la terre. C’était douloureux, et cette vive chaleur grimpa dans son visage, contrastant avec le froid de la terre qui embrassait son visage.

« Bon écoute petit, si tu veux pas bouffer de la terre, tu as intérêt de commencer par t'excuser. Quand un guerrier enseigne, on le respecte et on l'écoute. Et on le remercie de bien vouloir perdre du temps avec un bon-à-rien-sauf-à-bouffer-de-la-terre de ton espèce. C'est la moindre des choses. »

Le rouquin lâcha un faible rire, sûrement de douleur, ou d’affront. Le rejeton des Flammes ne réagissait pas, ne pouvant articuler dans le sol. Il glissa l’une de ses pattes près de son visage, et tenta de presser dessus pour au moins répondre à son voisin.

« - Excusez moi. »

Dit-il d’un ton faible et étouffé. Il s’excusait, mais il allait rétorquer à son voisin. Il n’avait pas dit son dernier mot. Il voulait juste que le guerrier lui lâche la grappe. Et il savait que dans tout les cas, si il allait poucave comme la petite traînée qu’il était, ce serait le guerrier en faute, et non lui.

« - Sachez que si je n’ai le droit de blesser un chaton, vous c’est encore pire. »

Souffla-t-il rapidement, tentant de lutter face à la pression de la patte du guerrier. Il ne pouvait vraiment faire face à son camarade, mais il tentait au moins d’articuler pour lui répondre comme l’effronté qu’il était. Alors il lâcha de nouveau la lutte, s’étalant lentement sous le poids de sa patte, mais luttant tout de même pour ne pas s’étouffer dans la terre.