Prévention (avec Petite Braise) - end

« - Ah bon ! Tu me menaces, maintenant ! » 

Sa voix était narquoise, et désagréable, comme d’habitude. Petite Braise n’appréciait pas ce vilain matou. Alors qu’il luttait pour se redresser, avec ses paroles toutes aussi lourdes que son geste, Feuille de Houx lui renfonça le visage dans le sol. Le rouquin toussa, essayant de ne pas s’étouffer dans la terre. Petite Braise comprenait ce que tentait de faire le matou, mais ce n’était pas son père, ce n’était personne et il n’avait aucun droit sur le petit. Il luttera, et se battra jusqu’à ne plus pouvoir. Son instinct lui dictait de lutter s’il en avait encore la force. C’était une tête brûlé, un chieur plus que résistant, on pouvait comprendre qu’il tiendra tête à ce qui lui semble plus faible que lui, et seulement lorsque la branche sera prête à craquer, il penchera pour continuer à vivre. Même si le noiraud y mettait toute la volonté du monde, il ne pourra pas le pousser à s’excuser si le rouquin ne se sent pas sans échappatoire. Si vraiment il sentait la caresse de la mort sous sa gorge, il comprendrait qu’il doit écouter pour vivre, car l’instinct de survie est plus fort que tout. Il ne connaissait pas la chevalerie dont Feuille de Houx était si fier de possédé, il connaissait juste la sauvagerie de la nature. Il n’avait reçu aucune réelle éducation, c’était un enfant sauvage perdu au centre de cette société qu’il ne comprenait pas.

« - C'EST COMPLÉTEMENT INADMISSIBLE ! Tu t'imagines vraiment qu'on va te laisser continuer à te comporter comme ça sans rien dire ? Tu t'imagines vraiment que tu es libre de te moquer des ordres que les guerriers te donnent ? C'EST PAS COMME CA QUE CA SE PASSE ICI, petit IMBÉCILE ! » 

La voix stridente et crissante du noiraud fit trembler les tympans du chaton, qui serrait les dents face à cette voix, hérissait le poil de dégoût. Il continuera à agir comme son instinct lui dicte, il n’a pas reçu l’apprentissage que les chatons reçoivent logiquement dans le clan, il était laissé seul à lui-même. Alors que le noiraud le secouait comme un cocotier, le chaton siffla entre ses crocs, ignorant les remarques du matou noir, plantant ses griffes en aiguilles dans le sol pour s’agripper à ce qu’il pouvait. Il tiendra bon, il refusait de lâcher prise.

« - Tu vas t'excuser POUR DE VRAI et tu vas me promettre que désormais tu ne blesseras plus jamais d'autres chatons. MAINTENANT ! »

Le rouquin cracha au visage du noiraud, refusant de se plier à ses ordres. Le Clan des Étoiles savaient que même s’il promettait, la promesse était déjà brisée d’avance. Petite Braise maintenait son choix, luttant face au guerrier qui faisait le triple de sa taille et de son âge. Fouettant sa longue queue rousse au sol, le petit tenta de se débattre, avec une vigueur qu’il ne se connaissait même pas, en vain. Si Feuille de Houx voulait que ça rentre, il fallait alarmer son instinct.

« - T'es idiot, de pas m'écouter. » 

Le mâle sombre se stoppa, et essuya le crachat minuscule que le rouquin venait de lui envoyer. Ce n’était pas pour autant qu’il lâchait son emprise. Il maintenait encore le petit au sol, qui se débattait comme un diable.

« - Ce qui va se passer, c'est que des gens plus motivés que moi viendront régler pour de bon les problèmes que tu vas causer au Clan. Du moins, je l'espère pour toi... »

Si seulement il savait. Le chaton n’écoutait pas une seule parole du guerrier, il était trop préoccupé, il voulait fuir, se cacher, survivre. D’un côté, sa lucidité lui criait qu’il n’était pas en danger, pourtant son instinct lui hurlait de fuir. Petite Braise pouvait tout de même remarquer l’air triste et grave qui se dessinait sur la face de son adversaire.

« - Bref... J'vais te laisser te faire bouffer par un autre. J'ai mieux à faire que de perdre mon temps avec toi, si tu veux crever. »

Sa voix se marquait d’une pointe de fatigue, comme s’il abandonnait finalement ce qu’il avait entrepris. Etait-ce de la lâcheté ? Avait-il finalement peur des répercutions de ses actes et paroles ? Le poids appuyant sur le dos du petit se relâcha, et enfin il put prendre une grande bouffée d’air. D’un signe lent de la tête, le chat noir lui montra la direction du camp. " Et puis après tout, j'suis pas ta mère. Grouille-toi. " Avant même qu’il ne puisse finir sa phrase, le rouquin détala comme un lièvre. Il n’attendit pas son reste, et dans sa fuite, il hurla sur le guerrier.

« - Le ciel te tombera sur la tête ! Va au diable ! »

De ses paroles, il maudissait le guerrier. Pour lui, ce guerrier de la Forêt Sombre se prendra les foudres du Clan des Étoiles pour s’en être pris à un chaton qui ne peut se défendre. Le code du guerrier le stipule, il y a interdiction de s’en prendre à des petits. Alors où était passer cet esprit chevaleresque dont Feuille de Houx se ventait tant ? Avait-il fuit, lui aussi ? Dans sa course, le rouquin ne remarquait même pas que le guerrier le suivait à distance, alors il continuait de le maudire de sa petite voix, crachant des insultes dont il ne comprenait même pas le sens. «  Le Clan des Étoiles se vengera, de toute façon ! Tu auras tout ce que tu mérites ! » Il s’interpellait lui même, ne hurlant pas aussi fort que lors de son premier blasphème.