L'Amitié C'est Surfait [Feat. Rouge Pivoine] -end

- Ce qui m'intéresse, ce qui m'intéresse murmure-t-il avant de se piquer avec sa plante. Et quoi, il a ramassé une ortie ? Ce n'est pas très malin ... Je fais mine de regarder ailleurs mais j'aperçois un rameau sur fond blanc, je n'ai aucune idée de ce que ça peut être. Les plantes, ce n'est pas mon rayon.

- -Ce qui m'intéresse c'est de jouer à toutes sortes de jeux avec toutes sortes de chats.

Je frémis des moustaches. Si réponse plus vague il peut y avoir, je ne sais pas laquelle. Cela dit, cela m'informe un peu plus sur le personnage : s'il n'est initialement pas là pour s'amuser, il ne dit pas non à un peu de divertissement. Je sens des poils me frôler le museau, je recule légèrement la tête avec un sourire amusé.

- ...Ouuu de chattes ♡
- Tu ne doutes vraiment de rien, toi ...

Cette fois-ci, ce n'est pas un reproche. Nous jouons enfin au même jeu.

- Alors tu ne vois sans doute pas de problème à ce qu'on joue à action ou vérité ?

Je le contourne en quelques pas vifs, je me mets face à lui, les yeux rivés sur sa plante qui ploie sur le poids de la neige. Pitoyable. Ma patte gravite autour d'elle, comme une buse prête à piquer vers sa proie.

- Tu commences. Action ou vérité ?

— « Tu ne doutes vraiment de rien, toi ...
— Tu n'as pas l'air ennuyée ~ »

Tout en se penchant, Coup de Foudre entreprit de creuser un cercle autour du végétal et donner un coup de patte pour lui enlever toute la charge dessus, ce qui l'aida à se redresser - heureusement pas d'un seul coup! Coup de Foudre aurait décollé à la verticale, sinon! Non, le prêle se redressa avec lenteur, presque timidement, révélant au grand jour aux yeux des deux chats ses épines flasques dépourvues de leur rigueur d'été. Vraiment, c'était à se demander comment le bengal avec fait pour s'y piquer plus tôt... Il fit la moue.

— « ...Ugh.   Pitoyable.
— Alors tu ne vois sans doute pas de problème à ce qu'on joue à action ou vérité ?

...Heureusement qu'il avait quelqu'un pour le divertir. Il répondit donc en vrombissant d'assentiment.

— « Tu commences. Elle enchaîna, profitant du cercle de dégagement pour aisément le contourner et se mettre devant lui.

Action ou vérité ?
— C'est évident, non?  Avec quoi d'autre comptes-tu me remplir les pattes? ~ Il ricana, remuant ses épaules avant de secouer doucement sa tête.

Manquerait plus que tu me fasses bouffer des épines, ha hah hah! »

À faute de grives on mange des merles, mais il n'avait pas envie de s'avouer vaincu tout de suite.

Doucement il leva une patte pour appuyer dessous l'un des poignets de la chatte du bout de ses phalanges, sans sortir les griffes, veillant à le lui faire plier pour lentement la dérober de son appui et se permettre de l'écarter de son chemin, s'avançant d'un pas vers le plant. Il la relança d'un signe de tête comme quoi pas d'inquiétude! il jouerait en même temps.

- C'est évident, non? Avec quoi d'autre comptes-tu me remplir les pattes? ~

Je hoche la tête sur le côté, je n’ai pas vraiment compris. Sa tête de diablotin remue, et il complète par : « Manquerait plus que tu me fasses bouffer des épines, ha hah hah! » Je regarde à nouveau son rameau flétri. Je ne m’inquiète pas trop de ce que cette plante pourrait lui faire, vu son état. Je me méfierais plus de moi, à sa place.

Sans crier gare, il fait ployer une de mes pattes. Je m’enfonce dans la neige et m’exclame alors, à la fois agacée et moqueuse : « Bah te gêne pas joli cœur ! » Je fais rouler ma tête vers la gauche en le regardant, son intérêt pour ce bête rameau m’intrigue. Trouvant un appui plus sûr, je me redresse en approchant mon museau d’une de ses oreilles.

- Tu m’expliques ta lubie pour les guérisseuses en poème.

Je fais une toute petite pause avant d’ajouter :

- Et tu me fais un compliment, ça ne peut faire de mal à personne.

Plutôt que de la faire reculer elle se laissa faire en s'asseyant, la langue néanmoins toujours aussi piquante:

— « Bah te gêne pas joli cœur ! Et entre les épines de ses mots ou ceux des rameaux du prêle, il préférait de loin les premières, aussi un sourire goguenard lui prit aux babines et il détourna ses yeux pour croiser son regard du sien:
— Oh excuse-moi, tu préfères que je te pousse dans la neige? ~ »

Emporté autant par le jeu que par cette chimie qu'ils se construisaient à deux, sa queue se recourba derrière comme pour profiter du nouvel espace qu'elle lui avait libéré et il put pencher la tête pour, enfin, pas admirer, mais considérer le pitoyable végétal de toute sa hauteur, sans la moindre obstruction devant. II abaissa la tête, s'esquiva d'un contour par le côté en cherchant sur toute la tige ne serait-ce qu'un seul rameau récupérable.

À côté, son interlocutrice s'était relevée dans son somptueux manteau noir pour d'un élan se glisser le museau dans l'intimité de son oreille:

— « Tu m’expliques ta lubie pour les guérisseuses en poème.
Bien sûr il la tiqua, écartant la tête, les yeux rieurs:
— « PPFff--!     En poème..!!
— Et tu me fais un compliment, ça ne peut faire de mal à personne.
— Ha hah, très bien! »

Qu'est-ce qu'il y avait sur le territoire du Clan de la Rivière pour rendre ses chattes aussi enclines à jouer avec lui? Même dans leurs "sales bois" Raton Laveur n'était pas aussi réceptif, et Raton Laveur était sensé être un ami. Un ami! Et où cette amitié l'avait mené...

C'est donc pour son divertissement à elle qu'il exagéra son ton, abaissant la pente de son dos en étirant bas ses postérieurs derrière pour se donner un air de théâtre:

— « Les guérisseuses sont des chattes, et   il reprit son tour du prêle de longues allonges, reprenant son méticuleux examen depuis le haut, en étirant le cou « j'aime me mettre à deux pattes » jusqu'en bas, en s'abaissant, le ventre rasant le sol, « sur le dos des chattes. »

...

Il hoqueta - sa tête manqua de près d'aller se mettre le nez dans les épines aussi il tituba sur-place en se rééquilibrant à la prochaine montée d'esclaffées:

— « pFf Ha^HAH Hah ha-aah! Une patte sur les yeux, dodelinant sa tête en riant, il l'abaissa un peu signe qu'il avait fini mais sitôt fait c'était reparti: Ha hah _HAAAH Hee ^{hee !!}   Son poème était aussi pitoyable que le prêle! Aucune présence, aucune éloquence!

Et lui n'avait plus aucune contenance « Hee hee^{eee! hee-}hoOO » il contrôlait avec peine son air et ses sursauts et dut tout taire en expiant son souffle par le nez, par saccades. Allez. Il enfonça ses coussinets dans la neige, arqua son dos pour s'étirer - du Cran -- oh! Il en allait oublier son compliment :

— « Ahhh, pour une belle inconnue dont je ne sais presque rien, tu as plus de mordant que les guerrières de mon Clan, ha hah! ♡

Vous êtes toutes comme ça ? »

De mordant.

Sans ne rien perdre de son sourire, Coup de Foudre cligna des paupières, suivit des yeux le ploiement du prêle jusqu'à son pied et se coucha lentement le ventre dans son ombre car il savait maintenant quoi faire et quoi cueillir dessus. Ses moustaches tiquèrent avec le coin de ses babines, puis il pencha discrètement sa tête d'un côté, ensuite de l'autre, sortant les griffes dans la neige, testant les appuis de ses pattes tout en gardant une oreille sur les réponses de la Noire Chérie et ses défis.

- Ha hah, très bien!

Je le regarde en remuant des moustaches de contentement. Un instant, j'ai un léger remord. Selon l'usage, j'aurais dû le renvoyer de son côté de la frontière ... Mais bon, les règles sont faites pour être disons ... contournées. Je le raccompagnerai à la frontière ... plus tard ...

- Les guérisseuses sont des chattes, et j'aime me mettre à deux pattes sur le dos des chattes.

Un petit rire m'échappe. Il n'est franchement pas fait pour les arts dramatiques ... Il doit être d'accord avec moi, car il s'ébranle en un fou rire incontrôlable, lui qui avait un air si composé la première fois que mon regard s'est posé sur lui. Puis je repense vaguement à son drôle de poème, pour le moins ... suggestif.

A deux pattes sur le dos des chattes, hm ?

- Ahhh, pour une belle inconnue dont je ne sais presque rien, tu as plus de mordant que les guerrières de mon Clan, ha hah! ♡ Vous êtes toutes comme ça ?

Je hausse les épaules, l'air de dire « qui sait ? ». Je suis ravie qu'il se prenne au jeu – et aussi du compliment.

- En tout cas, Rouge Pivoine est comme ça.

Je le regarde, les yeux pétillants. Je me penche un peu vers lui, puis murmure, l'air de lui faire une grande confidence :

- J'adore parler de moi à la troisième personne.

Je me redresse en arquant le dos, réfléchissant à ce que je vais pouvoir investiguer chez lui. Je hoche la tête d'un côté, puis de l'autre. Autant rester dans le thème, non ?

- Vérité. Ton nom, et celui de toutes tes conquêtes.

HRP :

HRP:

Elle était si volontaire à jouer! Et par là j'entends qu'elle ne cultivait plus la même méfiance qu'au début - quelle belle évolution! C'était rafraîchissant. En répondant à sa question d'un frivole petit haussement d'épaules, elle s'attira plus de points auprès du bengal car il reconnut chez elle le même opportunisme (enfin, pas le même) qui l'habitait lui.

— « En tout cas, elle fit, ravie, Rouge Pivoine est comme ça.
Et tandis qu'il était occupé à analyser le pied du prêle elle descendit sa tête à sa hauteur pour lui faire part d'un pas-si-secret que ça:
— J'adore parler de moi à la troisième personne.
— Pff-hff ! Je relance en pariant même que tu adores parler de toi tout court ~  le titilla un Coup de Foudre accroupi, lui rendant son sourire complice.

Rouge Pivoine se redressa en s'étirant le dos, dégageant l'espace au bengal qui sentit son cœur battre plus vite à la tâche qu'il allait devoir accomplir. Qu'est-ce qu'il ne faisait pas pour sa guérisseuse... il monta prudemment une patte pour écarter un rameau d'un soubresaut et propulsa sa tête vers l'avant - ses dents allèrent racler la robuste tige au centre et il serra les mâchoires pour la mordre, arquant son dos et Cr-

— « Vérité.

--RR--

Ton nom, et celui de toutes tes conquêtes.
— --QFhuoi!

Brusquement sa tête se redressa d'un à-coup et le bengal rentra vite son menton dans le cou en titubant pour s'extirper du plant car déjà il avait les pattes dans sa face pour se débarrasser des épines qui s'étaient collées dedans-

— « Bor^{del d}e--!

Il tituba debout sur deux pattes, s'asseyant dessus en battant vivement de la queue « boulot de merde!-- » « Si c'était pas!-- » il se débattit farouchement avec lui-même avant d'abattre la dernière épine de toute sa force dans la neige, tout muscle campé:

--MAIS  QUOI!! »

Il lui cracha en la surplombant mais sans le moindre poil hérissé, tiquant d'une paupière, irrité, et couchant une oreille sur le côté. « Huff...   Hrrff...   Hufff... » il souffla comme un buffle, secoua sa tête avec vigueur et se rassied afin de se lécher la patte, entreprendre une toilette rapide. ... Et décocher un rapide coup de coude à la responsable de son désagrément, l'accusant d'un regard en coin, le sourire un peu forcé et réprobateur mais vite éclairé d'auto-dérision:

— « Ch'te jure, il maugréa, avant soupirer et d'abaisser les épaules.

Il se pourlécha les babines par deux ou trois fois, s'assurant que les épines n'avaient pas percé de vaisseaux sanguins mais heureusement il ne s'agissait que d'épines, et non d'aiguillons de hérisson, et son sourire s'affûta en se rappelant une certaine histoire qui lui avait été racontée par un certain concubin...

Allez, il se lança:

— « ...Coup de Foudre, et une légère brise se leva, faisant osciller le prêle comme s'il essayait de porter son attention sur la marque de dents qu'il avait laissé dans la gaine de sa tige. Mais prêle-va-te-faire-foutre car il prenait une pause, en ce moment. Se léchant à nouveau la patte, insouciant:

Et il est hors de question que je t'étale le nom de toutes mes aventures sans d'abord avoir le nom de toutes les tiennes, Rourouge. ♡

L'un de ses jeux d'observation préférés était de voir combien de temps ses interlocuteurs prenaient avant de lui demander son nom - certains oubliaient parfois de le faire complètement! Ou bien c'était parce-qu'il avait réussi à gagner leur confiance, ou bien (comme pour Nuage d'Émeraude par exemple) il avait laissé une si forte impression sur l'autre qu'ils n'avaient pas réussi à lui demander. Chaque jour il perfectionnait son simulacre de bonhommie et de familiarité afin d'étendre son réseau de liens et chaque jour il se ressassait leurs noms pour ne pas les laisser succomber aux morsures de sa mémoire défaillante.

Sinon, il avait Source pour s'en rappeler à sa place. Rouge Pivoine le captivait car elle avait non seulement réussi à outrepasser cette première impression d'intimidation, elle lui avait demandé son nom indirectement, par la voie d'un jeu, et il en raffolait.

- --QFhuoi!

J'opine du chef, l'air de dire : eh oui, c'est l'heure de passer aux confessions ! Je ne porte pas beaucoup d'espoir dans la manœuvre, mais qui ne tente rien n'a rien. Je l'observe se débattre, jurer, se tordre dans tous les sens pour une stupide racine, tout en ponctuant ses actions d'onomatopées comme « oh », « joli ! » ou « dommage ... ».

- Si c'était pas!--
- Pour ta guérisseuse chérie ?

Bon, c'est la seule information que j'ai, je ne peux le charrier que sur ça. Ce serait bien plus drôle de voir Orchidou se battre avec une bête plante, j'aurais bien plus de blagues à faire ... Soudain, il me bouscule, l'air contrarié, je fais les gros yeux.

- Beh dis !

Il retourne cependant bien vite à sa besogne, et je le laisse faire, me promettant de lui faire comprendre plus tard qu'on ne me bouscule pas, même pour rire.

- ...Coup de Foudre

Je hoche la tête d'un côté puis de l'autre avec une moue pensive, appréciant la nouvelle comme s'il me demandait si la souris que je mangeais était à mon goût.

- Et il est hors de question que je t'étale le nom de toutes mes aventures sans d'abord avoir le nom de toutes les tiennes, Rourouge. ♡

Je hausse un sourcil amusé et vaguement scandalisé par le surnom, puis m'exclame en souriant, taquine :

- C'était bien la peine de te vanter de tes exploits pour finalement me répondre ça, Foufoudre …

Néanmoins, je réfléchis. Combien ? Je ne compte pas. Je le faisais, au début, puis j'ai commencé à simplement apprécier le moment présent : découvrir quelqu'un, sentir que nous nous rapprochons, échanger des mots doux … et cela pour chaque félin qui passe entre mes pattes. Certes ils sont nombreux, mais jamais je ne mens avec mes sentiments. Je me lasse peut-être juste un peu vite … Je dis ensuite, l'air boudeuse :

- Tu ne réponds qu'aux questions qui t'arrangent … ce n'est vraiment pas du jeu. Comment espères-tu qu'on apprenne à se connaître si tu n'es pas honnête ?

Je n'espère pas réellement qu'il soit sincère … mais je pense qu'il a conscience de cela. Alors je considère cette relation toute fraîche comme un jeu auquel il vaut mieux être prudente. Le grand méchant loup pourrait toujours me croquer à un moment ou l'autre …

— « C'était bien la peine de te vanter de tes exploits pour finalement me répondre ça, Foufoudre …
— Je t'en prie, ha hah !

Oui, comme il était vilain de lui donner l'eau à la bouche avec ses insinuations, mais sans étancher sa soif en répondant directement à ses questions! Son petit air boudeur le charma car une part de lui savait qu'elle jouait la comédie.

Il voyait au travers de son jeu comme dans une source d'eau claire, mais ça ne lui empêchait pas d'apprécier toute la mécanique mentale de sa stratégie derrière. Il se laissa fasciner. Était-ce une marque d'ambition? Les chats insatisfaits de leur position dans leur Clan étaient-ils plus enclins à développer des comportements manipulateurs afin obtenir ce qu'ils voulaient? Douces Caresses qui avait son propre agenda, "Petit Serpent" qui visait le sommet - et Rouge Pivoine, elle, qu'est-ce qu'elle désirait?

— Tu ne réponds qu'aux questions qui t'arrangent … ce n'est vraiment pas du jeu.
Il remua des épaules, déjà pris d'un petit rire moqueur. Oups! Il se redressa, les yeux rieurs. Elle aussi avait vu au travers de lui?

— Comment espères-tu qu'on apprenne à se connaître si tu n'es pas honnête ?
— Rourouge, tu te trompes! Il passa sa patte sur son joli minois à lui, l'écarta et jeta un coup d’œil dessus - bien, pas de trace de sang.

Un nouveau coup de langue pour atténuer la douleur des épines qui s'était réduite à plus grand chose qu'un petit fourmillement dans le museau. Ce n'est pas une question d'honnêteté, vois le plutôt comme ça : même si je réponds à ta question, tu ne me croirais pas.

Il lui jeta des miettes de pain, des indices quant à ce qui se cachait derrière ses sourires.

— Si je te dis Étoile de Suie, la tyran responsable d'avoir donné l'ordre de kidnapper les chatons et de s'allier aux Lunar Pods, sa compagne Vent du Désert, la compagne de cette-dernière, sous-entendant par le même fait qu'il n'était pas le plus loyal animal, l'ancien domestique Graine de Tournesol, non seulement un mâle mais au sang pourri (du moins selon les critères claniques) de surcroit, ma Guérisseuse,... revêche mais pas moins à son affaire, comme quoi ni sa personnalité ni sa position d'interdit aux yeux des Étoiles ne l'avait rebuté ou dissuadé dans ses avances.

Il se lécha la patte en fermant les yeux, haussant haut ses sourcils sur cette mine de rien:

— ...Et ça, ce n'est qu'au Clan du Tonnerre. »

Sa queue alla taquiner la patte puis le poitrail de sa "complice" à côté.

- Rourouge, tu te trompes!

Je souris, compatissante. Je ne me trompe jamais.

- Ce n'est pas une question d'honnêteté, vois le plutôt comme ça : même si je réponds à ta question, tu ne me croirais pas.

Je hausse à nouveau les sourcils, l'air de dire : « essaie voir ! » Je ne crois de toute façon pas tout ce qu'il dit, mais ce qui m'amuse, c'est le jeu de détective que je dois mener. Est-ce qu'il ment ? Si oui, pourquoi ? Quel intérêt a-t-il à me cacher la vérité ? Et surtout, qu'est-ce qu'il essaie de cacher ? Cette dernière question est sans doute le trésor que je cherche à atteindre. Cela dit, il doit être un très fin menteur pour accepter de jouer avec moi sans avoir peur de se confondre.

- Si je te dis Étoile de Suie, sa compagne Vent du Désert, l'ancien domestique Graine de Tournesol, ma Guérisseuse, …

Mes pupilles s'étrécissent d'intérêt. Je bats lentement des paupières pour cacher ce réflexe qui me trahit. Si c'est vrai, c'est un gros morceau. Mais comment séparer le bon grain de l'ivraie ?

- Et ça, ce n'est qu'au Clan du Tonnerre.

Je repousse doucement sa queue qui remonte vers ma gorge d'un geste de la patte.

- Et ton tableau de chasse à la Rivière ne s'agrandira pas pour l'instant, mon chaton.

Je prends quelques secondes pour digérer l'information. Rien ne presse. Je pose ma patte et mes griffes sur son rameau laborieusement arraché à la terre. C'est avec quelques plantes vertes qu'il compte charmer sa guérisseuse ? Remarque, qui douterait d'un félin aussi affable et serviable … Peut-être que, comme toutes ses hypothétiques conquêtes, je ne me méfie pas assez et que je suis déjà prise au piège.

- Pourquoi je ne te croirais pas ? Je n'ai aucune raison de penser que tu mens.

Peut-être bien qu'il pourrait m'être utile … Pour Douce Orchidée … Après tout, je prends moins de risques s'il n'est pas de mon Clan. Mais il pourrait l'utiliser contre moi … Comment tâter le terrain ?

- C'est amusant que tu sois passé par presque toute la hiérarchie de ton Clan … Tu ne verses pas encore dans les lieutenantes ? Peut-être celles des autres Clans …

Je secoue la patte, désinvolte, puis je murmure : « qu'importe, après tout » comme si cela relevait de ses préférences personnelles et pas de l'affront ultime au Code du Guerrier.

- Dans tous les cas, ce serait ennuyeux que ça se sache … dis-je, plus comme une remarque que comme une menace.

HRP :

HRP:

Décidément ses révélations avaient plu à son interlocutrice. Elle tenta de reprendre sa contenance en clignant lentement des paupières, et Coup de Foudre profita de ce petit contretemps pour s'approcher d'un remuement du postérieur et tenter de monter sa queue plus haut sur la chatte - raté! Elle l'intercepta et refusa poliment son avance en l'écartant de la patte. Il eut la pointe d'un rire, consentant à reprendre sa queue en la balançant joueur vers lui.

— Et ton tableau de chasse à la Rivière ne s'agrandira pas pour l'instant, mon chaton.
— Qui te parle du mien? ♡

Qu'elle l'accroche au sien. Le joli-coeur du Tonnerre était plus que volontaire de se laisser glisser à ses pattes et se soumettre à toutes ses idées - surtout qu'elle semblait receler de secrets...

Il termina sa lapée sur sa patte pour tourner distraitement ses yeux sur le prêle pitoyable qui ployait, descendant sa tige jusqu'à ses marques de dents dessus. Rouge Pivoine, de son côté, mis la patte sur un de ses rameaux - un de ceux qui s'étaient précédemment collés à sa face.

— « Pourquoi je ne te croirais pas ? Je n'ai aucune raison de penser que tu mens.
Les yeux du Bengal reluisirent aussitôt:
— Comme tu n'as aucune raison de penser que je dis la vérité ~ »

Le sentiment était semblable à celui qu'il avait vécu sur la Rivière gelée : ils étaient deux chats sur la glace, l'un au-dessus, l'autre en dessous, à s'observer curieusement au travers de la surface translucide. Tout deux voulaient casser la glace pour atteindre l'autre mais par où commencer? Et surtout qui irait où? Lui sous son Eau, ou elle à sa Surface?

— « C'est amusant que tu sois passé par presque toute la hiérarchie de ton Clan … Tu ne verses pas encore dans les lieutenantes ? Peut-être celles des autres Clans …
— Ou les lieutenants, répondit distraitement le bengal en se grattant l'oreille d'une patte arrière.

Ni loyale aux Étoiles, ni loyale à son Clan vu la légèreté avec laquelle elle laissa tomber l'affaire. Il ferma les yeux un moment pour se gratter avec plus vigueur, cherchant à vasculariser ses oreilles et sa nuque au picotement de la friction afin de se préparer à une nouvelle attaque de piquants.

— « Dans tous les cas, ce serait ennuyeux que ça se sache …

...

Il cligna des paupières,

descendit sa patte, la suspendit en l'air le temps d'un tic d'oreille avant de la laisser retomber dans la neige d'un _plomf! et se pencher légèrement vers l'extérieur, s'ouvrant un peu d'espace pour dévisager de biais et d'yeux rieurs sa partenaire de jeu:

« Je rêve ou tu viens de me faire chanter?? »