Branche paternelle | Feat Fifou - abandon

« Le super pouvoir, haha! Non non, tu te méprends, et c'est pour ça que je ne veux pas que tu sois comme moi. »

Des milliers de questions tourbillonnaient dans la tête de la petite, telles de petites fourmis. Boule de Neige, innocemment, ne comprenait guère l'importance de ne pas ressentir certaines émotions. La peur était quelque chose d'inutile, à ses yeux. Ce n'était qu'un sentiment déplaisant et qui laissait de lourdes séquelles. Pourtant, son père savait beaucoup de choses et était bien plus expérimenté qu'elle. D'un regard curieux, elle jeta ses yeux bleus dans ceux de son père et écouta attentivement ses dires.

« C'est comme si mes émotions étaient des fourmis, euh, qui se dispersaient tout le temps. Petites, moindres, aucune cohésion entre elles. Aucun impact sur toute la surface de mon corps qui les surplombe. Mais toi et tes soeurs avez toute votre tête. Vous pourrez avoir peur pour l'autre, développer le courage de vous entre-aider, vous soucier de vos camarades, rire lorsque quelque chose vous amuse et vous laisser affecter jusqu'à en pleurer! Tu es un chat, ma Neige. Et tu grandiras chat. »

Les yeux brillants, elle ne sut que répondre. Je suis un chat... Et toi ?
La petite remua les moustaches. Elle avait appris à ses dépends que différent ne signifie pas mauvais. Son père en était la preuve vivante. Il était différent... Mais il n'en était pas moins plus chat que certains de son Clan. Souvent, le mauvais chat n'est pas celui dont on croit. Différent signifiait aussi souffrance... Et ça, elle l'avait compris aussi.

« Moi je fais semblant de l'être. »

Boule de Neige regarda autour d'elle. Y'avait-il d'autres fourmis différentes dans le monde ? Combien de Coup de Foudre souffrait d'être différent ? Tant de questions qui n'auront sûrement jamais de réponses, sauf si elle les cherche elle-même. Et c'est bien ce qu'elle a l'intention de faire. Que préférait-elle ? Une branche paternelle belle, remplie de milliers de fleurs, mais qui n'est en réalité qu'une fausse branche... Ou une vraie branche, qui ne ressent pas grand chose, mais qui est vivante. Cette question trouva une réponse. Elle avait toujours connu la réponse. D'une voix calme et basse, elle murmura.

"- Moi, je t'aime pour ce que tu es, Papa... Tu n'as pas besoin de faire semblant, avec ta famille..."

Sur ces douces paroles, elle se colla au pelage de Coup de Foudre, en ronronnant légèrement, très légèrement, pour entendre encore le vent siffler dans les branches au-dessus d'eux. Certaines branches étaient plus belles que celle sur laquelle ils étaient. Pourtant, sa branche, elle l'aimait... A ses yeux, elle était meilleure que toutes ces branches bien décorées... C'était peut-être ça, le véritable amour. Aimer pour ce qu'est le guerrier à l'intérieur. Peut-être que c'est ce que Nuit Hivernale a finalement compris...