J'en rêvais || Pelote - END

Les récents événements m'avaient un peu bouleversés, il faut le dire. Cette retombée dans mon passé, que je pensais enfoui loin de moi maintenant, m'avait mis mal à l'aise. J'étais vite rentré chez moi, et avait quémander des caresses à mes bipèdes durant plusieurs jours, sans oser ressortir. C'est que j'étais méfiant maintenant. Et s'il était vivant? Ou l'un d'eux? Cette idée me faisait froid dans le dos.

Toutefois, j'avais décidé de ne pas les laisser à nouveau hanter ma nouvelle vie. Mon objectif était simple. Découvrir la vie. Découvrir les multiples facettes de ce qu'est l'amitié. Je l'avais déjà bien compris, ce concept n'avait pas une unique définition. Il s'adaptait à chaque rencontre.

C'est d'un pas franc que je sortis de ma maison. Le petit bipède me regarda avec des yeux ronds, auxquels je répondis par un doux ronronnement. Et oui, votre pelote ressort! Toutefois, je resterais maintenant sur mes gardes, au cas où...

Alors que je traversai la route juste devant chez moi, un matou, à la pelisse sombre s'avança vers moi, d'un pas hésitant. Un fort fumet de poiscaille s'en dégageait. Je posais mes yeux curieux sur il... elle? et les laissai se balader sur son corps, sans l'ombre de la moindre gêne alors que la demoiselle miaulait:

- Excuse moi je t'ai confondus avec quelqu'un que je connaissais, il s'appelle Déchet mais vous devez pas être amis avec les solitaires vous, chats domestiques.

Dé... chet? Cela faisait bien longtemps que l'on ne m'avait pas nommé ainsi... Mais pour une fois, cette partie de mon passé n'était pas mauvaise. Je n'étais pas sûre de la reconnaître, mais des chats noirs, sentant fort le poisson, il ne devait pas y en avoir trente six milles non? Je m'élançai vers elle, pour l'empêcher de partir.

"C'était bien moi, Déchet. "

Je ronronnai légèrement.

"On m'appelle Pelote maintenant! C'est moins... moche?"

Je lui fis signe de me suivre, afin que l'on s'asseye dans un coin un peu plus tranquille que le carrefour où elle m'avait croisée.

"Tu es bien... Nuage de Nuit c'est ça?"

Si c'était bien elle... Je serais si heureux de la revoir, elle à qui je devais tant. Sans elle, jamais je n'aurais pu retrouver Perce Neige. Je serais mort de faim, tout simplement.

Son sourire réchauffa mon petit coeur, et m'arracha même un léger ronron. Une fois installés, la demoiselle me répondit:

- C'est bien moi. Enfin on me nomme Belle-de-Nuit maintenant que je suis guerrière. Mais dis moi, tu t'es vachement remplumé depuis notre rencontre, je suis plutôt heureuse qu'il ne t'es rien arrivé depuis ! Et la personne que tu cherchais, tu as réussis à la retrouver finalement, j'avais presque peur de te laisser seul la dernière fois.

Oh, belle de nuit... C'est un joli nom, avec de jolis sons. Je m'empressai de le lui faire remarquer, avec ce sourire innocent et jovial. Il sonna plusieurs fois dans ma tête, amplifiant à chaque syllabe mon sourire déjà grand. Puis, je répliquai gaiement:

"Oui je l'ai retrouvée! J'étais si heureux de revoir Perce-Neige... C'est mon amie!"tiens, la promesse de la femelle au pelage ébène tinta dans les oreilles. Suivant cette pensée et changeant de sujet, je repris:

"Mais elle non plus ne savait pas vraiment chasser... Et j'étais un peu malade, et elle n'arrivait pas vraiment à réparer tout ça même si elle s'y connaissait en plantes... Finalement je suis allé trouver refuge chez des bipèdes qui m'ont soigné et nourri... il faut dire que y'avait du travail aha!"

Je lâchai un petit rire quelque peu gêné voir même honteux. Et oui, honteux d'avoir été blessé, honteux d'avoir eu tant d'infections, et d'avoie demandé tant d'aides à autrui.

"En tout cas merci encore pour ton aide, je ne sais pas ce que je serai devenu sans toi... "Mes yeux brillaient de reconnaissance, et appelaient à développer une nouvelle amitié entre les deux interlocuteurs.

La demoiselle sourit. Mon coeur se réchauffa, et je me mis à ronronner doucement. Elle prit la parole:

- Pas besoin de beaucoup de reconnaissance mon petit Pelote. Après tout je n'ai joué que mon rôle de chasseuse même si ce n'était pas pour mon Clan. Dans tous les cas, tant que je suis en dehors du territoire j'ai bien le droit de faire ce que je veux avec qui je veux.

Mes oreilles frétillèrent, et se balancèrent dans des mouvements subtils d'avant en arrière, témoignant de mon incompréhension totale face aux histoires de clans. Les lunar pods avaient un fonctionnement tellement différent. Et moi aujourd'hui, j'étais juste... libre. Je pouvais toujours faire ce que je voulais, avec qui je voulais et ce... tout le temps? Toutefois, je me contentais de sourire et d'hocher la tête, bien trop content de l'entendre parler. Eh puis, elle se rendait pas compte de l'importance de son geste pour moi. Peut-être n'était-ce rien pour elle. Chez les LP, la nourriture était rare et sacrée... Alors jamais m'avait-on nourri alors que j'étais à la limite de la mort... Peut-être ma génitrice de temps à autre? Pour ses enfants à venir, fallait que je survive... Mais jamais seulement par bonté comme l'a fait Belle-de-Nuit. Un très bon nom.

- Pelote, ça a une quelconque signification ? C'est carrément étrange comme dénomination, non ? Enfin je ne veux pas dire que c'est moche mais ça sonne bizarre. D'ailleurs je suis curieuse de savoir comment se déroule ta vie dans cette vie. C'est tout de même un autre monde que notre chère forêt.


Oh, elle ne savait pas. J'eus un sourire rayonnant, qui laissa presque aussitôt place à une moue concentrée. J'avais froncé les sourcils, et mon regard était devenu vague.Il fallait être précis. Comment expliquer ce qu'était une pelote? J'eus un mouvement de regard circulaire, mais impossible d'en trouver dans la rue. Peut-être si elle m'accompagnait vers chez moi... ?

"Eh bien je peux te montrer! Tu peux venir dans mon jardin, et je rentre chez moi et t'en ramène une ! C'est un jouet tout rond, super rigolo à poursuivre! "

Je me mis à me m'imiter en train de jouer avec une pelote de laine, dans le vide. Je bondissais, puis courais, puis m'éclatais par terre et roulais... Bon, il n'y avait pas de mur par ici, mais sinon, j'aurais pu montrer comment on se prenait un mur... Le tout avec classe!

"Sauf si tu veux rentrer chez moi d'ailleurs! si une fenêtre est ouverte tu peux! Comme ça tu pourrais essayer!"

Je lui fis un large sourire, jovial. J'étais surexcité à cette idée.

"Et je te raconte ma vie en marchant vers chez moi! Mais il faudra que toi aussi tu me racontes la tienne... D'ailleurs, j'ai pas tout compris vos histoires de clans machin chose... "

Je lui souris, et en vint à lui donner un coup de tête affectueux, accompagné d'un ronronnement...

Spoiler:

Elle se mit à ronronner encore plus fort, ce qui me fit vombrir de bonheur. Je me sentais bien dans sa douce fourrure. C'était si.. agréable, que de faire un câlin à son amie.

- Bon euh... Je veux bien te suivre dans ton "jardin" Pelote mais seulement dans une zone couverte et bon dieux jamais je ne pourrais mettre une patte dans ta maison ! Non pas contre toi mais je ne suis pas à l'aise de pénétrer dans un lieux clos comme ça.

Je levai un sourcil interrogateur. Oh, je ne m'étais jamais fait la réflexion. Pourtant la réponse était évidente. Il est vrai que s'enfuir dans un lieu clos, d'autant plus inconnu était.. eh bien compliqué. Et c'est vrai que, parfois, mes bipèdes oubliaient de me laisser les portes ouvertes et que je restais coincé quelque part... Bonjour l'angoisse.

J'hochai vivement la tête pour lui montrer que je comprenais parfaitement sa position. En plus de cela, je rajoutai:

"Aucun problème!"

Je me décollai de son pelage pour prendre la route. En avant, marche!

"Alors, quoi de neuf par chez toi? Tu as grandi depuis la dernière fois... Tu es super jolie!"

Compliment tout à fait sincère, exprimé sans aucune gêne. La femelle était belle, c'était une information tout à fait factuelle. Il faut dire que la dernière fois que je l'avais rencontrée, je n'étais pas très... à même, de me rendre compte de la beauté d'autrui. Je dirais même, que je n'étais pas capable de grand chose, si ce n'est, de rien. A part manger.

Je souris de plus belle lorsqu'elle évoqua sa taille par rapport aux autres. Cela n'avait que peu d'importance. Peu importe sa taille par rapport aux autres, non? Tout était tellement plus beau quand on ne réfléchissait pas en terme de forts et de faibles. Parce que des forts, c'était des grands et costauds...

- Mais en parlant de changement ce n'est pas sur moi qu'il faut se pencher, regardes toi tu es magnifiquement structuré contrairement à notre dernière rencontre ! Et même avec tes cicatrices tu dois faire tomber tous les petits bipèdes à tes pattes avec ton regard adorable, j'étais étonnée quand tu m'as confirmé ton identité.

Ses remarques m'arrachèrent un rire. Un rire franc, sans complexe. L'idée de faire tomber les petites bipèdes à mes pieds étaient juste extraordinairement drôle. Je les voyais s'allonger au sol, se roulant pour réclamer des caresses. Cette idée était tout bonnement merveilleuse et cocasse, d'autant plus que... ce n'était pas complètement faux. Mes bipèdes m'ouvraient les portes quand je leur demandais, ils me caressaient quand j'en avais envie, etc. (Etrangement, je ne fus nullement confus ou gêné du fait des compliments que Belle de Nuit m'adressa... probablement parce que, je ne compris pas tout de suite qu'il s'agissait bel et bien de compliments. Sur moi.)


- D'ailleurs comment tu fais pour chasser avec ton collier ? Je n'ai jamais compris l'utilité de ce bout de tissu si ce n'est faire du bruit et nous donner des chances de s'étrangler !

Je pouffai, amusé.

"Ben faut le faire quand même pour s'étrangler avec ! Quand à la clochette... ben je ne sais pas chasser, donc la question ne se pose pas?"

Je tirai même la langue, malicieux.

"Et puis au moins, si je me perds - et la ville est tellement grande que ça ne peut qu'arriver - ben on peut facilement me ramener chez moi!"

Je souriai à nouveau.
Des odeurs très familières envahirent mes sens à ce moment-là. Je déportai mon regard de mon amie à notre environnement. Nous y étions presque! Je voyais ma maison de là.

"Regarde, ma maison est-là bas!"

Je la montrai de la patte, excité. J'accélérai alors l'allure, pour arriver très vite aux grandes palissades blanches qui délimitaient mon jardin. Je sautais alors au dessus, puis sautai à nouveau dans mon jardin. Il était encore beau, parsemé de fleurs que Fleur de Muguet plus tard, trouvera exotiques et de mille couleurs. C'était étonnant, je crois, à voir pour la première fois.

Je me retournai vers Belle de Nuit, sourire aux lèvres. Et curieux de voir l'expression de son visage lorsqu'elle découvrira ma demeure.