Tenter d'appaiser les coeurs - Coup de Foudre - end

Cette discussion risqué de s’éterniser. Louve des Bois a clairement du mal à s’exprimer et ne sait pas par où commencer. Coup de Foudre tente de lui sortir les vers du nez car, visiblement, le mâle n’a pas envie de mener la discussion. La guerrière aimerait pouvoir dire de but en blanc ce qu’elle cherche à savoir mais … même elle ne le sait pas vraiment. Le mythe qu’elle a créée autour de l’absence de sa mère l’empêche d’avancer au quotidien. A force d’y penser, elle s’est crée une véritable obsession. Obsession. Ca me rappelle quelqu’un.

« - Mm, tu trouves ? Moi, j'ai plutôt l'impression de voir une chasseuse devant sa proie mais qu'au lieu de fondre dessus, elle reste complètement paralysée. »

C’est frustrant. Il a toujours réussi à me lire. Plus la discussion avance, plus elle réalise que son père la connaît plus que ce qu’elle pense. Le sourire du guerrier disparaît et il relève sa tête après avoir brisé quelques os de la souris. Le regard du père reste planté dans celui de la fille. Louve des Bois est muette face à lui. Les mots lui manquent. Cette situation la frustre et l’énerve grandement.

« - C’est fou de ne pas réussir à trouver les mots quand je suis face à toi. C’est plus simple dans mon nid, n’en doute pas. Je pense qu’avant de parler de paternité ou de mère, il faut parler de toi. Il faut que je te comprenne. Quand j’y parviendrai, tout sera plus simple. »

La femelle assume a demi-mot de ne pas être elle-même face à son père. De ce qu’elle comprend, son père ne veut pas cette discussion profonde : il attend la première opportunité pour fuir. Louve des Bois ne compte pas rester sans réponse à ses questions et poursuit :

« - Qui es-tu réellement ? »

Elle fait face au matou, la tête haute.

HRP:

— « C’est fou de ne pas réussir à trouver les mots quand je suis face à toi.

Face à lui, ou plutôt face à tout ce qu'elle s'imaginait de lui?

Bien que cette révélation se fasse dans la frustration Coup de Foudre répondit par un sourire indifférent, se régalant de cette ambivalence malgré lui. De l'ambivalence, au moins, c'était familier.

— C’est plus simple dans mon nid, n’en doute pas. Je pense qu’avant de parler de paternité ou de mère, il faut parler de toi. Il faut que je te comprenne. Quand j’y parviendrai, tout sera plus simple. »

Tiens, ça aussi, c'était familier. Sans cacher son désabusement Coup de Foudre se permis de pousser un bruyant soupir à la demande de Louve. Il fit mine de lever les yeux au ciel - ce n'était pas seulement à cause d'elle. Ce n'était pas seulement à cause d'elle, c'est juste qu'à chaque fois, lui rappeler sa "différence" quand aux autres chats du Clan ne faisait que creuser davantage le fossé. C'était presque drôle de réaliser que Louve s'était délié davantage la langue lorsqu'il était coincé dans les proies de la pile que lorsqu'ils étaient assit pour manger.

— « Ton père, non? C'est ce que tu veux entendre?

Qui il était "réellement". Quelle idée simpliste.

— Ou peut-être que tu préfères "je peux être n'importe qui, tant que ça sert mes intérêts" ?

Le bengal secoua sa tête, veillant à prendre une inspiration et retrouver sa contenance. Je suis pas rien qu'une chose, Louve. Tout ce que j'ai fait est "réel", alors tout ce que je suis? Je t'ai dit plus tôt que tu peux me définir comme ça te chante.

Il haussa les épaules:

Te gêne pas, tout le monde le fait. »

Ce qu'il fallait démontrer... non?

Et avant même de s'en rendre compte Coup de Foudre tapait de sa queue dans l'herbe. Ce qui l'en sortit fut la voix de Louve, à côté:

— « Hé. Excuse-moi … Je suis maladroite. Je ne veux pas appuyer sur ta différence mais simplement la comprendre pour que nous puissions passer de meilleurs moments ensemble. »

Et il constata peut-être au relenti la tension dans ses propres épaules, ses oreilles pivotées vers l'extérieur, affûtant son profil, et la taille des pupilles dans ses yeux. Il les contracta en reprenant maîtrise de soi, mais quand même, il ne s'était pas attendu à... D'habitude,...

— « Pour moi, elle n’est pas un problème, lui dit Louve, et toute réflexion chez Coup de Foudre mourrut. Elle avait posé son nez mouillé contre son épaule et c'est bien connu: l'eau était conductrice d'électricité. « Mais … Je me dis que si je comprends ton fonctionnement, je pourrai t’épauler et peut être mieux comprendre l’ensemble de tes décisions. »

Elle s'était tue et il avait cessé de taper.

Elle était maladroite? Il était mal-à-l'aise. Ça ne lui avait jamais dérangé d'être défini entre les branches par quiconque voulait déformer l'image à son nom mais Louve des Bois voulait voir au travers. Elle était prête à repousser la glace dont il se servait pour lui refléter ce qu'elle voulait. Mais c'était sa glace, ou plutôt c'était tout ce qu'il était, si elle lui enlevait...

— « Je m’embrouille … »

Bruyamment, le bengal ronfla du nez. Il retint à ses yeux de faire le tour des nuages en allant plutôt les fermer, serrant ses paupières au point de faire ressortir ses pattes d'oies sous son poil.

— « Non, enfin, ce n'est pas seulement toi.  Bordel-- »

Sa queue recommença son manège, et lorsqu'il ouvrit les yeux il accusa le mouvement d'un regard implacable. Si seulement il avait le pouvoir de s'intimider lui-même: sa queue s'était immobilisée (consciemment? inconsciemment?) mais sauf quelques minutes de répit elle reprit.

— « J'ai un blizzard dans la tête.

Qu'il détestait dire cette phrase. Qu'il détestait parler de sa faiblesse. Qu'il haïssait devoir se rappeler à chaque fois que malgré quoi, il avait eu des proches, qu'on l'avait aimé, que malgré tous les vents hurlants dans sa tête il n'en était pas moins chat que tout les autres. Qu'être synthétique ne faisait pas de lui une cause perdue.

Je ne ressens pas la peur; la plupart de mes décisions se font dans cette optique. Quand j'ai dit au Clan que je leur laisserais me prendre une vie, c'était par garantie. Je sais qu'on ne me fait pas confiance - je n'en suis pas digne. Mais je suis prêt à tous vous montrer la hauteur de mes ambitions, quitte à devoir ressuciter devant vous. Oui, je l'ai dit pour choquer, mais pas seulement.

Il souffla son air. Ok. Ça, c'était dit.

Bec et Source sont les seuls à vraiment savoir ce qu'il en est. Ciel était mon apprentie, nous nous sommes déjà battus, demande-lui de te parler de nos entraînements. Sinon, Brisé est tellement survolté que mon incapacité à l'imiter lui fait penser que je me fiche de vous.

Sa queue tapa fort: je ne me fiche pas de vous.

Et bien qu'il ne feulait pas, bien que son museau ne s'était pas déformé en retroussant les babines, bien qu'il ne montrait pas l'émail de ses crocs, son inexpressivité faciale n'arrivait pas complètement à contenir la colère qui bouillait dans ses veines. Je ne sais pas comment agir, c'est différent. Le plan c'était de vous élever ensemble, le plan c'était-- Fifi, elle au_rait, il buta sur son mot, sa vision s'embrouilla.

En baissant les yeux il constata la présence de ses griffes, crispées dans sa pauvre proie, avec la même force qu'il retenait ses souvenirs de feue sa meilleure amie. Feue la chatte qu'il avait voulu embobiné, feue cette chatte dont il s'était lié d'amitié, feue cette chatte qui avait tout voulu savoir sur lui, et feue cette chatte qui malgré toutes les promesses et les nuits et la réceptivité et cette volition à marcher à deux dans la voie catastrophée d'un amour sans romance, cette chatte qui était morte quand même.

Et Coup de Foudre ne voulait jamais, jamais en parler.

Ou peut-être que c'est qu'il voulait en parler tout le temps. Il voulait en parler à en perdre sa voix et comme ça le Clan du Tonnerre serait enfin débarrassé de sa langue (fourchue?) (d'argent?) (pendue?)

— « ... Ça m'énerve quand vous me posez des questions sur elle. Vous ne l'avez même pas connue. Vous savez rien - comment vous pouvez penser que-- il secoua sa tête. Non, ce n'est pas de votre faute.

Je m'emporte, vous n'y êtes pour rien. »

HRP:

HRP:

— « Merci pour toutes ces confidences Foudre. Pour être franche, je ne sais pas trop par où commencer. J’attends cette discussion depuis … Tellement longtemps.
— Nrrfh.

Coup de Foudre haussa les épaules, quoi qu'un peu sèchement. Elle attendait cette discussion - elle et toute sa fratrie, mais il insitait à dire qu'ils s'en seraient mieux tirer en ne sachant jamais. Ce n'était qu'une infime petite partie de, -- m'enfin, il n'avait même pas commencé à lui dire que--...

— Déjà je te dis merci ; merci d’avoir cédé à mon pseudo-caprice après de longues lunes d’attente. Je ne comprenais pas ce qu’il t’empêchait tant de te confier. J’ai insisté et j’ai été égoïste. On ne m’y reprendra pas à deux fois. Grâce à cette discussion j’ai compris … J’ai compris que tu as le même soucis avec nous que j’avais avec toi : tu ne sais pas comment t’y prendre.
— ...

Il risqua un regard vers Louve, mais la lueur qui brillait dans ses yeux lui fit détourner les siens à nouveau. À défaut de pouvoir la regarder en face il se tourna à demi, lui présentant une partie de son dos, mais pour étirer sa queue et et lui effleurer la patte par le bout. Un... contact, si on voulait, moins direct que l'était un nez froid et mouillé sur sa peau mais un contact quand même pour signifier qu'il n'avait pas complètement envie de fuir ce qu'ils-- enfin, tout ça, quoi.

Aujourd’hui je pense avoir compris et je ne te harcèlerai plus avec ces questions sur Maman, sur ta façon de penser ou les autres éléments que nous avons pu aborder.

Le tension dans les épaules du bengal s'allégea distinctement, un soupir lui échappant sans qu'il n'ait le temps de le retenir.

Je vais arrêter d’essayer de comprendre et je vais me contenter d’accepter tout ça.
— ...

C'était ça le truc, il ne voulait pas qu'elle arrête. C'était cette curiosité, pas nécessairement à son égard, mais plus au sens général, qu'il avait voulu cultiver dans chaque enfant de ses trois portées confondues. Apprendre à poser des questions. Apprendre à confronter leurs peurs. Apprendre à confronter leur père.

Tu connais ma loyauté, avec ces paroles tu peux être sûr qu’elle t’est dirigée jusqu’à ce que mort s’en suive. J’ai envie de te faire confiance : tu es mon père et mon meneur. Je me dois de t’être loyale.
— Je ne suis pas encore meneur, de grommeler Coup de Foudre, s'accrochant à cette toute petite occasion de faire le malin.

Il entendit prendre son souffle, il s'entendit prendre le sien, et si Louve avait les épaules légères, lui ressentait un poids qu'il avait depuis trop longtemps ignoré.

— Maintenant que tout a été dit, j’espère que nous arriverons à passer plus de temps ensemble … Et du bon temps, Papa ?

Bien que Louve semblait prête à passer à autre chose (qui aurait pu croire que quelques mots qu'on lui avait arraché de la bouche lui suffisait pour combler ce vide parental qu'elle avait ressenti depuis qu'elle était chaton?) Coup de Foudre n'avait toujours pas rentré les griffes. En fait, elles étaient tellement crispées dans sa proie que même ses antérieurs en tremblotaient.

— ...Tu sais ce qui m'énerve le plus? Il lança à la cantonade.

Maintenant qu'elle lui avait arraché les mots il ne se retenait plus, quitte à faire mauvaise figure, en public, assez loin de la pile de proies pour ne pas être vu par tous mais le dégagé de la clairière, le ciel ouvert au-dessus, l'opressant à cracher la suite.

— Pourquoi on me pose toujours des questions sur Fifi? Oui, c'est votre mère, et c'était mon amie, mais ce n'est pas la seule. Tiens, par exemple, pourquoi personne ne me demande de parler de Museau Bleu?

Ou de Waffle?

Ou et puis merde, de Raton-Laveur!?

Pareil qu'avec Étoile de Suie, c'est parce-qu'elles sont vos mères? Ça les rend plus "importantes"??

Louve alla donner un coup de museau contre sa joue et toute la tension alla faire se soulever son échine sous son poil. Aucun autre son ne sortit de sa gorge: Coup de Foudre, dans un élan de frustration (et bizarrement, d'affection) rendit à Louve des Bois son contact par un vigoureux coup de front contre le sien, se hissant sur quatre pattes en écartant d'un mouvement leste la souris à ses pieds.

Il demeura immobile pour profiter d'un souffle ou deux, son nez tout près du sien. Puis il s'écarta, appuyant son épaule contre la sienne. Il lui fit ressentir, par le contact, sa propre grande inspiration. Il lui fit entendre par sa voix le masque qu'il se mettait délibérément - cette glace qui reflétait au Clan l'apparence d'un bout-en-train à la langue pendue.

— Ça va, Louve, te sous-estime pas comme ça. Tu me soûles déjà moins que Ciel.

Et tant qu'à être honnête...

Je te jure que si je l'entend encore une fois vanter le Code du Guerrier, je m'en fiche, je trouve un moyen de la marier avec.

Il exagéra un soupir, mais bien qu'il regardait ailleurs, bien qu'il fuyait ses yeux, étrangement pudique, l'ombre d'un sourire restait accrochée à ses babines.

HRP:

— « Sacré Arc-en-Ciel. Elle n’en rate pas une ! Elle ne doit pas te lâcher avec ça : "Foudre ; tu DOIS aller chercher tes vies" ! »

Et Louve joua le jeu. Volontairement, elle s'était mise au diapason de son père en démontrant (quoique paradoxalement, ce sera élaboré ensuite) ce qu'elle était prête à faire en singeant la pauvre Arc-en-Ciel de sa très piètre imitation.

Louve imitait mal. Louve se moquait mal. Elle était trop droite, trop guerrière, trop Tonnerre, mais au même titre que son père elle faisait un effort pour tenter de voir les choses par ses yeux, et Coup de Foudre, eh bien, le voyait. Il n'avait pas besoin de le lui relever, sauf lorsqu'il en avait besoin il ne faisait pas part de ses observations. Que Louve sache qu'il sache ne concernait que Louve. C'était à elle de le remarquer (ou non).

Coup de Foudre:

— « Pfft! T'as oublié de répéter trois fois ton propre nom. *ahem* "Foudre, Ciel est venue te dire que selon le code du Guerrier, il te faut d'aller chercher les vies. D'ailleurs, Ciel tient à te rappeler que selon le Code du Guerrier- et c'était plus fort que lui, Coup de Foudre leva haut son menton, pointa des oreilles en avant en faisant rebondir les longs poils dedans et se dandina la croupe en se mettant à marcher plus haut qu'il ne l'était comme le faisait Ciel, qui se voyait déjà Étoile. Un Chef a jusqu'au crépuscule pour se trouver un lieutenant, c'est la LOI, Papa, tu dois la respecter! "

Et il trahit son rôle en se mettant à rire, en secouant sa tête, allégé par le faux-semblant. Il envoya un coup de queue joueur au nez de sa fille, se décalant d'elle après ses petits pas de princesse. Plutôt, il versa sa tête sur le côté, ses yeux brillant d'un éclait provocateur.

— Ça prétend vouloir me comprendre mais ça me dit dans le même souffle se ficher complètement des chats que moi j'ai aimés, hm?

Ok, ça ne fait rien; je me ficherai des tiens aussi.  C'est seulement juste, non? ♡ »

Un gloussement moqueur échappa au bengal qui dévisagea gentiment sa fille, la mettant au défi de lui prouver le contraire.

— « Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire, Louve des Bois se reprit, en fronçant les sourcils. Je ne prête pas d’intérêt aux guerriers des autres Clans, voilà tout. J’en connais quelques uns mais ils ne seront jamais mes amis ni même plus.

— Et pourquoi pas? La question, quoique remplie à craquer de sous-entendus et de non dits, fut aussi posée sincèrement, avec la réelle curiosité de connaître sa réponse.

— « Pour ce qui est des guerriers du Tonnerre, je m’y intéresserai désormais... Mais évite de te préoccuper de ceux que j’aime.
— « Ah, ne te méprend pas, je m'en fiche complètement, lui dit Coup de Foudre sans ne rien perdre de son sourire, soulagé de pouvoir être aussi honnête et cru qu'elle maintenant qu'elle se le permettait. Il haussa les épaules: Mais je sais faire un effort quand il le faut. Des fois, il faut accepter d'apprendre des choses dont on se fiche complètement, histoire de maintenir une bonne relation avec les autres.

Du moins, c'était son expérience.

Il se doutait que même ceux qui n'avaient pas d'éclat de Blizzard coincé dans la tête étaient forcés à de telles concessions. C'était ça de vivre parmis les autres. C'était ça, d'entretenir des relations positives ensemble. Se foutait-on de son gosse, à Ciel? Oui, définitivement; elle-même s'en foutait. Mais se foutait-on du petit lorsqu'on était à côté de lui? Non; parce-qu'il méritait au moins un minimum d'attention. Dans la même branche de pensée, il écoutait Lycaon lui parler de Boule Noire sans ciller même s'il n'en avait rien à faire, de ses histoires; tout simplement parce-que, pour Lycaon, c'était son expérience à lui, c'était son vécu, c'était ce dont il avait besoin d'exprimer et Coup de Foudre, qui faisait l'effort de le comprendre, s'efforçait aussi par conséquent à l'écouter.

CQFD.

— « Tu dois admettre que ta réaction est intéressante: tu as aussitôt pris mouche quand je t'ai renvoyé ton hypocrisie au nez, et c'est la mention de ceux que tu aimes qui t'ont fait te tendre, et non t'avoir dit que je m'en ficherais si tu comptais te ficher des miens.

Il y a un souci, Louve? ♡