A petit pas, Whisky s'approche lentement du salon, le couloir est étroit et les cachettes n'y sont pas nombreuses. Pourtant, il se méfie un peu ; il n'a pas encore vu Coca, il ne sait pas où est passé la femelle au caractère agressif. Son poils frôle le mur, il tente de se fondre dedans, mais c'est peine perdu : il est trop coloré et le mur est blanc. Jusqu'à présent, il a réussi à esquiver son tyran, a garder ses distances avec elle. Il entend Cookie se déplacer dans la cuisine, ses griffes mal coupées grattant le carrelage dès qu'il y pose la patte, il ne doit donc pas avoir de danger. Il bouge ses oreilles, tentant de percevoir le moindre bruit suspect, mais non. Elle doit être dans une des chambre. Il se détend, son poils redescend et il met enfin un pas dans le salon. Et c'est là, du coin de l'oeil, qu'il la voit. Elle est couchée, prête à bondir, dans l'angle mort, et elle se met à pousser un grondement avant de passer à l'attaque.
Le soleil est haut dans le ciel quand le bruit de la course poursuite éclate dans le salon, Whisky détalle comme un fou, le coeur battant, la peur dans les tripes, alors qu'il saute par dessus la table basse. Il entend la femelle le poursuivre et il accélère, s'engage dans le jardin, s'imaginant y être en sûreté. Mais, quand il tente de ralentir un peu, il sent le poil de sa camarade sur le bout de sa queue et il est obligé de faire un bond en avant pour éviter le coup de griffe qu'elle ne manquera pas de lui donner. Instinctivement, il court jusqu'à la barrière et saute dessus, ses pattes arrière raclent le bois ; dans sa précipitation, il n'a pas su juger suffisamment son saut. Le souffle court, il entend la femelle lui cracher dessus, folle furieux, mais elle ne tente pas de sauter le rejoindre. Il est déjà étonnant qu'elle aie mis la patte dehors, elle qui est plutôt chat de salon...
- La prochaine fois que tu croises mon chemin, je t'arracherais les moustaches ! hurle-t-elle à son encontre.
Il frémit, le pelage ébouriffé. Il voit Cookie qui déboule dans le jardin et qui vient taquiner Coca, pensant à un jeu. Whisky l'en remercie intérieurement, le chien lui offrant une bonne diversion pour filer en douce. Il saute de l'autre côté de la barrière et s'éloigne de sa maison, la peur encore dans le ventre. Pourquoi ne le laissait-elle pas tranquille ? Il ne comprendra jamais cette chatte !
Il zigzague entre les bâtiments, évite ceux qui possèdent un chien, et renifle patiemment son environnement. Ici aussi, c'est nouveau pour lui, mais sa première sortie s'était plutôt bien passée, du coup... Il peut sans doute franchir une des barrières et débouler dans une nouvelle zone, n'est-ce pas ? Et c'est ce qu'il fait, se retrouvant devant une nouvelle maison de deux-pattes. Il cligne des yeux, un instant inquiet, mais la curiosité le pousse à farfouiller la zone, il ne remarque pas tout de suite la boule de poil qui s'y trouve déjà et quand il l'aperçoit, il est plus choqué qu'apeuré ; qu'est-ce que c'est que ce machin qui entoure son corps ? A-t-elle besoin d'aide ? Est-elle prisonnière ? Il s'en approche à petit pas, aplatit dans l'herbe, pour se montrer le plus inoffensif que possible. Cookie le fait mieux, mais Whisky l'a bien observé quand il joue avec des petits de Deux-pattes. Il s'arrête à bonne distance, observe de droite à gauche pour déterminer s'il y a un danger, mais il lui semble que non.
- Heu... Salut ? Est-ce que je... peux t'aider ? Y a ce truc, là, qui... M'a pas l'air bien sympa pour toi... Je peux peut-être t'en libérer ?
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Me voilà du coup dans ce nouveau nid géant tenu par les Bipèdes. Même s'ils avaient l'air très gentils, je restais sur mes gardes. Rien ne m'était arrivé de bon avec eux depuis qu'ils m'avaient séparée de Maman. Déjà, pour commencer, et bien ils m'avaient séparé de Maman, et c'était déchirant. Ensuite, j'ai été dans un lieu inconnu, puis un Monstre m'a mangée, et j'ai perdu mes deux pattes arrières suite à ça. Je suis longtemps restée dans cette cage froide et blanche, qui sentait les produits de Bipèdes. Enfin, ils m'avaient sortie plein de fois, mais qui avait le coeur à courir sans ses pattes arrières ? On m'a transportée dans maints et maints nids, mais les Bipèdes ne savaient quoi faire avec un chat si mou. Mou, molle, molly. A force de n'avoir que pour seule compagnie ces effrayants animaux sans poil, je comprenais les sons qu'ils produisaient. Pas ce qu'ils disent bien sûr, mais je reconnaissais qu'on disait "Molly" à mon égard. D'autres chats qui étaient dans les cages froides voisines, qui connaissaient les Bipèdes depuis encore plus longtemps que moi et comprenaient quasiment leur langage, me le confirmèrent. Molly.
Molly.
" Molly ? "
Mes oreilles remuèrent. J'étais tant perdu dans mes pensées, et aussi dans ma vie en général, que je n'avais pas fait attention qu'un des Bipèdes qui m'avaient emmenée dans leur nid m'appelait. Je les regardais quand on m'appelait, car je savais que cela suivait souvent une approche de leur part. Je devais les garder à l'oeil, normalement pour fuir, mais comment faire avec juste deux pattes ? Donc je les surveillais, j'avais encore dix griffes pour me défendre au cas où.
Le Bipède me déblaterait plein de choses que je ne comprenais évidemment pas. Je fixais ses énormes pattes supérieures, voir si on allait encore m'attraper. Après tout, j'avais tant du mal à me déplacer qu'ils me portaient tout le temps. Attention, je n'étais pas incapable de me trainer avec mes pattes avant. Elles étaient même capable de me porter sur quelques longueurs de chats. Mais bon, j'étais facilement rattrapable. Du coup, comme je m'y attendais, le Bipède tandis ses grosses pattes pour m'attraper. Je miaulais désespérément pour lui faire comprendre que je n'aimais pas ça, mais si moi j'avais fais l'effort de comprendre deux trois de leurs sons, eux ne comprenaient fichtrement rien de mes miaulements ! Quelles sales bêtes ! Je ne les aimais pas, elles me terrorisent !
Me voilà enfermée dans une chose qui m'était totalement inconnue. Ca me serrait la taille et le torse. Mais le pire, c'était ces pattes de monstre qui étaient attachées à moi ! Quoi, c'était la répercussion que mes pattes arrières aient été mangé par un Monstre, j'en devenais un moi aussi ? Je fis un saut de panique, mais tout cela était solidement attaché. Ces pattes étaient mes pattes désormais. Je continuais de me débattre par panique, donc le Bipède décida de me mettre dehors, sans doute pour que je n'abîme pas ses affaires avec mes gestes de griffes paniqués. Me voilà dehors, sur le sol fait d'arbres plats*. Tout leur territoire extérieur était comme ça. Pas d'herbe, juste les arbres plats par terre et des plantes mises dans des trous de terre. Etrange. Mais au moins, le Bipède n'était plus près de moi. Je pouvais donc mettre toute mon attention sur... ces.. pattes... choses...
" Heu... Salut ? Est-ce que je... peux t'aider ? Y a ce truc, là, qui... M'a pas l'air bien sympa pour toi... Je peux peut-être t'en libérer ? "
Une nouvelle voix me refit sursauter. Mais qu'avait le clan des Etoiles de me donner autant de peur ce jour-ci ? Mamie Désert, tu pourrais avoir pitié de moi ! Je levais la tête et je vis la bouille d'un grand chat beige tacheté de brun. Presque comme moi, cependant il avait plein plein plein de petites taches et il était affreusement grand ! Mais entendre une voix de chat, une voix de chat gentille, j'éclatais un larme. Ca faisait longtemps qu'un chat s'était inquiété pour moi.
" J...Je sais paaassss. M-mon Bipède m'a mis ces pattes de Monstre et.. et je suis c-coincééééeeeee ! " miaulais-je dans toute la tristesse du monde.
*les arbres plats, c'est juste un plancher ! _________________
La petite ne l'a pas entendu arrivée, elle sursaute, et Whisky s'en veut. Elle semblait surprise quand son regard se pose sur lui, mais qui ne le serait pas devant un inconnu qui pénètre son territoire ? La femelle lui ressemble un peu, mais elle est plus tigrée que tacheté et plus jaune que beige. Mais ils ont tous les deux les yeux verts, une ressemblance qui ne manque pas de titiller l'intérêt du matou.
Les yeux de la chatte, justement, s'humidifient et elle éclate en sanglot. Il couche les oreilles en arrière instinctivement, choqué par son malheur alors qu'elle couine ne pas savoir ce qu'est les deux pattes de monstres sur son flanc. Whisky s'approche à petits pas, oubliant d'observer les alentours, pour venir donner des coups de langues affectueux sur les joues de la petite femelle terrifiée. Il tente de sécher ces gros larmes qui s'écoulent joyeusement sur son pelage, n'imaginant pas laisser cette boule de poile dans cet état. Son collier tinte légèrement sous ses gestes un peu brusquent, preuve qu'il est un domestique. Son comportement également, alors qu'il nettoie doucement la tête de la chatte.
- Ca va aller, je suis là... Si je peux t'aider, je le ferais, c'est promis.
Il arrête le toilettage pour observer les roues du monstre accrocher à elle. Il tourne doucement autour d'elle, renifle le dispositif sans comprendre, puis remarque que la domestique a encore des pattes arrières. Du moins... Des restes de membres. Il les observe, approche son nez pour le flairer également, curieux. Est-ce que les pattes du monstre attachées à elle n'étaient-elles pas là pour remplacer ses pattes manquantes ? Peut-elle courir comme un monstre, à présent ? Elle tient debout, c'était sans doute un très bon début.
Il se remet devant la petite femelle, s'assit, sa queue un peu courte tapotant le sol plat, qui ressemble étrangement au sol de son propre salon. Il a l'habitude d'évoluer sur ce type, contrairement à la terre qui lui offre parfois quelque mauvaise surprise...
- Ils ressemblent un peu aux pattes du monstre-à-deux-pattes* qu'utilise mes deux-pattes pour nous promener, Cookie et moi et ça lui permet d'aller plus vite. Est-ce que tu as déjà essayé de marcher avec ?
Il se souvient très bien ce type de monstre. Au départ, il en avait été effrayé, mais Cookie avait pris la peine de le rassurer et de le guider ; l'astuce était de ne pas être trop proche des pattes, elles pouvaient faire assez mal. Peut-être peut-il aider la petite à s'habituer à elles ? Ou alors, il pourrait croquer dans les lanières, là, ça ne semble pas si compliqué... Un bon coup de croc, un peu de patience, et il ne devrait pas mettre longtemps à la libérer, mais elle risquerait de ne plus pouvoir tenir debout... Et encore moins se déplacer avec facilité... Crotte de souris !
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*Monstre-à-deux-pattes, c'est un vélo ~
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Le chat inconnu s'approcha de moi pour sécher mes larmes. Ces coups de langues répétés me rappellent les derniers que j'avais reçu, ceux de ma mère, et je tentai de me calmer. La seule différence si je voulais fermer les yeux pour imaginer que ma mère était là pour me consoler, c'était le tintement du médaillon du chat tacheté. Il proposa de m'aider, mais moi-même j'étais perdue sur ce que je devais faire. Le domestique fait un tour autour de moi, pour analyser cet étrange dispositif. Quand il s'arrêta un moment sur ce qui restait de mes pattes arrières, je fus soudainement gênée et je ramenais ma queue tant bien que mal sur mes flancs.
A la fin de son observation, il me confia que cela lui rappelait les Monstres-à-deux-pattes. Je me retournai sur mon arrière-train pour vérifier. En effet, les pattes ne sentaient pas comme celles des gros monstres. Elles puaient et étaient très grosses. Celles-ci étaient moins effrayantes et de la taille de petits monstres-à-deux-pattes que les petits Bipèdes utilisaient, avec leur long cou*. Le mâle me demanda si j'avais essayé de marcher avec. A part la chute effrénée entre l'intérieur du nid et ici, non pas vraiment. Je bougeais un peu mes pattes arrières, rien ne se produisit. Ce n'était donc pas fait pour fonctionner à leur place. Mais que je m'agitais, je sentais que ça ne tenait pas en place. Une mauvaise cambrure, et les pattes partaient dans la mauvaise direction. Mais peut-être je pourrais les forcer à me suivre..
Les pattes tremblant de moins en moins, je décidai de me tirer en avant, comme quand je trainais l'arrière de mon corps. J'y mis la force habituelle, pour tirer mon poids, cependant les pattes de monstres ne me résistèrent pas du tout et me voilà lancée vers l'avant ! Ma seconde patte n'étant pas prête pour faire son prochain pas si loin, je me ramassai. Tête par terre, et monstre parti en arrière, me voilà dans une belle position.
" Ouuuuch, c'est... c'est moins dur que prévu mais pas facile non plus.. "
Je tentais de me relever, mais cette fois-ci, les pattes de monstre ne voulaient plus rester en place ! Si je poussais sur mes pattes avant, la force m'emportait en arrière ! Coincée, je couinai à ma seule aide disponible :
" Dis, tu pourrais les tenir à leur place pendant que je me relève? .. s'il-te-plait ? "
Car ma maman m'avait appris les bonnes manières, à utiliser avec les chats gentils.
La petite chatonne teste le dispositif. D'abords, elle tente avec ses pattes arrières, mais rien ne semble fonctionner ainsi. Seules ses moignons gigotent dans le vide, mais il y a bien un petit tremblement des roues, mais rien de concluant. Whisky est prêt à lui dire d'essayer autre chose, mais elle le fait d'instinct, commençant à avancer d'une patte pour tester la démarche normale. Au départ, il n'y a rien de problématique, il peut voir que les roues bougent et avancent, mais la femelle a donné trop d'élan à son corps et le dispositif ne semble pas avoir de freint. Elle finit cul par dessus tête, dans une posture des plus élégantes. Whisky s'inquiète pour la petite, s'approche d'un pas, mais s'arrête alors qu'elle lui dit que c'était moins dur que prévu, malgré sa belle gamelle. Il ronronne et l'observe tenter de se redresser, en vain, l'engin semblait ne pas vouloir tenir tranquille à présent qu'il était en marche. Au moins pourrait-elle s'en servir pour bouger plus facilement !
Cela dit, elle n'y arrive pas seule, elle l'appelle à l'aide, miaule de détresse et Whisky se rapproche doucement, soucieux de ne pas contrarier le petit monstre ; il ne voudrait pas qu'il se sente effarouché et qu'il empêche la petite chatte de marcher convenablement. Une fois à côté d'elle, il renifle les roues et grimace un peu, ne sachant pas comment les maintenir en place sans y planter ses crocs, mais il a peur de l'endommagé ; ses deux-pattes n'arrêtent pas de lui interdire de mordre dans les choses intéressantes... A la place, il vient attraper la nuque de la petite pour la redresser, ses crocs se plantant en douceur dans la zone de chaire sans l'entailler. Il sait que c'est là que sa mère, autrefois, le prenait pour le déplacer facilement d'un bout à l'autre de la maison. Il doit faire attention de ne pas trop relever la tête pour qu'elle ne se retrouve pas à pendre les pattes dans le vide, lui qui est si grand.
- Voilà, tu devrais pouvoir réussir, maintenant !
Ce n'est qu'un blabla sans queue ni tête qui sort de ses babines, les mots coupés par le petit pelage de la femelle. Il ronronne, tout fier de pouvoir l'aider et il ne la relâche qu'une fois qu'il est certain qu'elle est stabilisée. Sa queue bouge de droite à gauche alors qu'il offre quelque coups de langues d'encouragement sur l'épaule de la chatonne pour qu'elle ne se démoralise pas.
- Si tu tombes, je serais là pour te redresser ! Alors marche sans crainte !
Le voilà qui ronronne comme un tracteur, avant de se souvenir d'une chose importante, une chose qui lui semble important de savoir :
- Comment tu t'appelles, au fait ? Moi, si jamais, je suis Whisky ! J'habite pas trop loin, je pourrais te rendre visite souvent, si tu veux !
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Molly ☼ MembreAdministratrice
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Les crocs qui prirent doucement la peau de mon cou me ramenèrent soudainement treize lunes en arrière, encore, quand c'était ma mère qui le faisait. Avoir un contact doux avec un chat après tout ce temps me ramenait toujours à elle dans mes pensées, car elle avait été la seule à avoir été douce auparavant. Me voilà dans une ascension soudaine, mais quel bonheur d'avoir mes pattes contre mon sol sans ma tête avec. Le grand chat dit d'abord des paroles quasiment incompréhensibles -on ne parle pas la bouche pleine !- puis j'eux droit à quelques lèches sur mon épaule. Il me miaula un encouragement en plus de cela, et je fis un petit signa affirmatif de la tête, toujours peureuse de retomber.
Le savoir pas loin au cas où je refais un mauvais pas me conforta que je ne risquai pas de rester esclave de ces pattes de Monstre jusqu'à ce qu'un Bipède vienne à moi. J'étais bien plus à l'aise avec un chat sympathique que je connaissais depuis quelques secondes que ces effrayants Bipèdes. Donc je dosai mieux mes pas, et surtout, je devais aussi faire attention à mon dos pour que ces pattes rondes ne s'enfuient pas. Doucement cette fois, je me mis à marcher, et les pattes de Monstre me suivirent sans me jouer de tour. Après tout, ce n'était que des pattes, c'était effrayant d'imaginer qu'on les avait arracher à un petit Monstre pour me les passer, mais au fond, je me dis que c'était deux pattes contre deux pattes ! Commençant de mieux en mieux à maitriser le déplacement, je m'autorisai un virage lent pour revenir face au chat tacheté qui se présentait. Whisky, je ne savais pas d'où venait son nom mais il sonnait énergique et rafraichissant comme lui.
" Enchantée, les Bipèdes m'ont appelée Molly, du plus loin que je me souvienne. "
Petit Désert était le nom donné par ma maman et uniquement ma maman. Puis souvent, les autres chats ne comprenaient pas ce nom. "Ridicule" "Arrête de blaguer, c'quoi ton vrai nom ?" Donc à force je fus habituée à directement donner mon nom Bipédien.
Mais outre ça, il vivait pas loin et c'était chouette ! Si ces Bipèdes me renvoyaient pas trop vite cette fois, je pourrais me faire des amis, comme ce gentil chat. Je fis quelques autres pas devant lui.
" Regarde Whisky, c'est bon, les pattes m'obéissent ! C'est drôlement plus facile que de trainer tout mon corps avec mes pattes de devant ! "
Je me serais même sentie capable de courir dans le monde entier à la recherche de Maman, mais la bourde de tantôt ne me quitta pas. Si je tombais ou glissais avec ces pattes, seule, je serai coincée. Bon, au moins, je me déplaçais mieux dorénavant, et plus vite ! C'était malheureux tout de même que ce soit un objet de Bipède qui m'y aidait. Je refixais les pattes un moment et me demandai jusqu'où elles m'obéissaient. J4optai pour une marche arrière. Prudence. Et.. victoire !
Une fois sur patte, Molly retente sa chance. Elle arrive mieux à doser sa force et à dompter les roues qui la suivent tranquillement, cette fois. Whisky l'observe, émerveillé, pouvoir marcher, comme s'il assistait aux premiers pas d'un chaton. Un chaton adulte cela dit. Elle avait beau être plus petite que lui, il remarque qu'elle n'est pas aussi jeune qu'il l'aurait cru.
Elle arrive à se tourner vers lui, un miracle ! C'était lent, mais Whisky avait été prêt à la récupérer si elle venait à basculer. Mais non, elle gérait comme un vrai félin ! Il ronronne, la félicitant par ce biais avant qu'elle ne se présente à son tour. Molly. Intéressant ! La phrase qui suit le laisse toute fois perplexe : du plus loin qu'elle se souvienne ? Elle n'a donc jamais changé de foyer entre sa naissance ou ne sans souvient-elle pas ? Whisky sait qu'il portait un nom différent quand il était un jeune chaton, mais il ne s'en rappelle pas non plus. Il faut dire que ça remontait à des lunes !
Molly s'avance un peu, miaule, fière d'avoir dompter ses roues récalcitrantes. Il ne peut s'empêche de l'imaginer sans, devant utilisant ses pattes avant pour se traîner d'une zone à l'autre. L'horreur ! Elle était petite, sans doute légère, ça n'aurait pas été compliqué, du moins, un peu moins que si c'était lui qui devait ramper. Il ne veut jamais vivre cette expérience !
- Bravo Molly ! Miaule-t-il pour la féliciter, heureux de pouvoir aider cette jeune chatte à retrouver un peu le bonheur, à défaut de vraies pattes arrières.
Et là, elle se met à tester la marche arrière. Qui fonctionne ! Whisky bondit sur ses pattes, tourne autour de la chatte, ronronnant comme un monstre au démarrage, frottant son pelage contre lui sien avec délicatesse, mais enthousiasme.
- C'est génial ! Tu vas pouvoir te déplacer bien plus facilement, maintenant ! Et peut-être même courir, qui sait ?
Et dire que ce sont les deux-pattes qui les lui ont donnés ! Ils sont l'incarnation de la bonté ! Pouvoir faire remarcher normalement un chat qui ne le pouvait pas, c'était un vrai miracle ! Whisky s'étonne toujours de leurs prouesses.
- D'ailleurs, comme as-tu perdu tes pattes arrières ?
Il se pose devant elle, ne voulant pas qu'elle se torde le cou pour l'apercevoir, la question étant un peu égoïste ; il ne voulait pas se retrouver dans le même pétrin qu'elle. Les erreurs des autres pouvaient le faire avancer. Et puis, il pourrait également éviter les sujets blessants pour elle, peut-être même arrivera-t-il à la faire sortir de son territoire pour la faire voyager un peu dans le quartier. C'est mieux de savoir où elle a été si gravement blessé pour ne pas lui donner de souffrance futurs en ne l'emmenant pas sur le lieu de l'accident.
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Molly ☼ MembreAdministratrice
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Whisky s'enthousiasma pour moi, et il fit un bond de joie lors que je lui ai montré que je savais reculer également. Ses ronrons étaient si contagieux que je me laissais ronronner également. Un ronronnement de bonheur, pour changer de ceux de peur ou de douleur. J'eu un spasme de surprise quand il frotta son corps contre le mien, puis me laissai me détendre grâce à sa bonne humeur. Si tous mes nouveaux voisins étaient comme lui, je pourrais peut-être espérer oublier ma tristesse. Mais jamais j'oublierai ma maman, non. Le grand chat supposa que j'allais pouvoir courir bientôt, je grimaçai. Courir hein ? Je n'y avais plus cru depuis longtemps.
" On verra si je me rappelle encore comment courir. Là dernière fois, ça remonte à mes 3 lunes... "
Le vent dans mes poils était bien une sensation que j'avais oublié, outre les fois où le temps était capricieux bien sûr. Mais disons que jamais je n'ai pensé pouvoir courir un jour. Allais-je y arriver avec cet engin ? Après tout j'étais tombée lorsque j'ai voulu faire un pas trop grand. Je continuai à faire la moue, peu convaincue de réellement pouvoir recourir. Mais les doutes du futur furent coupés court par l'horreur du passé. Comment j'avais perdu mes pattes ? Cette question, je l'avais entendue maintes fois, cependant j'étais toujours aussi triste quand je devais l'expliquer. J'abattis mes oreilles en arrière.
" L-les Bipèdes... Je les déteste, j'ai tant perdu de leur faute.... D-d'abord ils m'arrachent à ma maman, p-puis je suis trimballée dans un monstre, dans un nouveau lieu avec pleins d'odeurs inconnues et effrayantes. Mais quand j'ai voulu m'enfuir, les... les m-monstres m'ont rattrapée et ont mangé mes deux pattes arrières... "
Je reniflai, des larmes étant vite revenues.
" Je voulais j-juste retrouver ma maman, mais maintenant c'est p-plus possible ! Je dois être à des dizaines de forêts d'elle ... "
Et j'allais cacher mon chagrin en enfouissant mon visage sur le torse de mon nouvel ami. Oui, oui je pouvais me déplacer plus facilement. Mais au fond, pour aller où ?
Sa question atteint Molly, il peut le voir à ses oreilles qui se rabattent, à ses yeux qui deviennent comme hantés, son accident galopant devant son regard. Elle lui explique que se sont les bipèdes - sans doute les deux-pattes - qui lui ont fait tout ça. Il grimace, ne pouvant imaginer qu'ils puissent être si horribles, mais il ne l'interrompe pas, préférant écouter jusqu'au bout sans faire de jugement pour l'instant, cela viendrait après.
Une phrase le fait pourtant tiquer un peu plus. L'idée que la mère de Molly n'est pas avertie sa fille qu'elle risquait d'être emmenée loin d'elle dès qu'elle en aurait l'âge. Ses propres parents l'ont annoncé à Whisky quand il était une petite boule de poils, il n'a eu donc aucune peur, aucune crainte. Là, la petite chatte semblait sincèrement choqué que les deux-pattes l'ont récupéré à sa mère. Sans doute la maman n'a-t-elle pas voulu inquiéter sa petite, voir qu'elle lui pose des questions qu'elle-même ne pourrait pas répondre, mais tout de même ! Pour le domestique, le comportement de la chatte était incompréhensible.
Il abaisse ses oreilles sur son crâne quand elle parle des monstres qui lui ont dévoré ses pattes. Etait-elle allée sur la route sans regarder et qu'un des monstre soit passé à ce moment précis ? Pauvre petite. A 3 Lunes, c'est logique que la peur l'ait empêchée de se tenir tranquille. Et il doute fortement que la maman de Molly lui ait expliqué le fonctionnement du chemin qu'emprunte les monstres, déjà qu'elle ne lui a pas parlé d'une potentielle adoption...
Des larmes brillent dans les yeux de Molly et, alors qu'elle se plaint, qu'elle gémit, elle vient enfuir sa truffe dans son poitrail. Whisky se laisse faire, venant lui lécher le sommet du crâne pour tenter de l'apaiser, pauvre chatte endeuillé. Il ronronne lentement, tout bas, cherchant à la calmer alors qu'une question lui trotte dans la tête : Pourquoi parlait-elle de forêt plutôt que de maison ?
- Molly... Tu viens de dire Forêt... Tu viens de là-bas ?
Ca expliquerait que la mère de Molly ne lui ait pas parlé de l'adoption...
Il pose une patte amicale sur son dos, continuant à lui lécher le crâne avant de venir nettoyer ses joues quand elle le lui permet, forçant peut-être un peu le passage. Il la toilette efficacement, en douceur, comme le fait Cookie avec lui après une bonne balade. Il s'arrête d'utiliser sa langue et lui relève doucement le menton avec ses coussinets pour pouvoir l'observer dans les yeux, la tête penchée vers elle, les yeux brillants d'excitations.
- Tu sais, j'ai rencontré un chat à l'extérieur de la ville. Il s'appelle Lapin, un matou adorable, et peut-être qu'il pourra nous aider à savoir si ta maman vient de la forêt à côté ou de plus loin ! Oh, je pourrais aussi te raconter un peu plus sur ce félin, si tu veux !
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Perdu dans le court pelage du grand chat, j'aurais préféré rester là, à ne plus penser et à vivre comme ça. Mais Whisky n'était pas à court d'observation après toute l'histoire que je lui avais racontée. Malgré les pattes mangées par un Monstre et l'horrible enlèvement par les Bipèdes, il retint surtout que j'estimais que ma mère était loin dans une forêt que dans une maison. Pour un chat habitué aux Bipèdes, il était sûr que la forêt était plus mystérieuse qu'un Monstre. Je commençai un mouvement de recul pour pouvoir lui parler dans les yeux -ma maman m'avait élevée polie-.
" B-bah je, m-ma mam-" reniflais-je encore, entre des larmes.
Mais pas le temps d'articuler -ou d'essayer d'articuler- plus de mots. Une patte sur mon dos pour me caler et des lèches énergiques sur mes joues pour sécher mes larmes me firent garder le silence. Etant éternellement un bout de patte dans l'enfance arrachée trop vite, les attitudes maternelles envers ma personne me faisaient toujours tenir tranquille. Car quand maman m'attrapait par le cou, ou me toilettait, ou me séchait les larmes, elle me disait "Allez ma chérie, tiens toi tranquille pour maman". Donc je me tenais tranquille. Mon voisin releva ma tête et nos yeux brillants, lui de joie, moi de larmes, se croisèrent. Il disait avoir rencontré des chats de la forêt, dont un qui s'appelait Lapin. Plein d'espoir, il me dit qu'il pourrait lui demander de chercher ma maman. Mais cet espoir ne fut pas contagieux. Lapin, c'était un nom tout petit, un peu comme Whisky, Molly, Croquette, Douglas, donc pas du tout comme ceux des contes de ma maman.
" ... Je sais pas, j'y crois pas trop. Des forêts, il y en a tant, et il doit y avoir d'autant plus de chats qui y habitent. Et ma maman, si elle s'est enfuie comme elle me l'a promis pour me retrouver, c'est un chat dans une forêt. C'est trop infime... "
Mais le tacheté me proposa de me raconter des choses sur ce "Lapin". Pourquoi pas. Dans ma cage blanche, chez le coupeur-soigneur, plein de chats me racontaient des histoires pour me remonter le moral. Parfois ça marchait, parfois non. Ecoutons pour voir.
" Mais je veux quand même bien que tu me racontes qui est ce Lapin ! " miaulais-je avec une joie encore embrumée de tristesse.
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