Dompter le Danger ft. Coup de Foudre - end

« ... Ni sur son meneur
- Pfff- » tendu et répond du tac-au-tac : « Quand ça t'arrange! »

Sans doute qu'avec neuf vies, il aurait effectivement pu se jeter sous un Monstre pour sauver Nuage de Rossignol. En attendant, il demeure un inconscient dont l'audace ne connait aucune limite.

« Je ne veux pas qu'une situation pareille ne se reproduise. »

Cœur de Puma fulmine, agacé par la maladresse des mots de son "meneur". La mort de sa fille et l'épine qui lui tord le cœur depuis des jours; une situation.

« Qui sait combien de meneurs avant moi et personne ne s'est jamais intéressé aux Monstres du Chemin?! Ha hah hah, et c'est ma tête qui est cassée? »

Il roule des yeux, sa patience s'essouffle. Tout ça pour en revenir encore et encore à cette même discussion.

« Et pourtant, tu sais quoi ? Ils sont tous allés chercher leurs neufs vies. Alors tu as raison; tu fais un "meneur" pitoyable. Peut-être que quand tu te seras décidé à rendre visite à nos ancêtres tu pourras te permettre de te jeter sous les Monstres pour sauver les prochains. Qui sait? Peut-être même que leur sagesse te permettra de ne pas désigner d'horrible mentor comme ta fille. » Il scruta le bengal un instant comme pour s'assurer le piquant de ses mots. Alors, fixant rapidement ses pattes sombre avec un mépris non dissimulé il finit : « Je t'interdis de salir la mémoire de Rossignol. Ni toi ni Source de Secrets n'êtes coupables. Je veux souffrir seul. »

Le vétéran se détourne alors de son supérieur tandis que d'un signe de la queue, il annonce son départ.
Tout a été dit, non ?

HRP:

Était-ce de sa faute si cette même discussion revenait encore et toujours. N'était-ce pas le signe qu'elle était à la racine de leurs malheurs? Correlation n'explique pas Causation, certes, mais.

— Je t'interdis de salir la mémoire de Rossignol. Ni toi ni Source de Secrets n'êtes coupables. Je veux souffrir seul.

Piqué au vif, Coup de Foudre raidit le dos et fusilla des yeux le guerrier qui avait seulement insinué que Coup de Foudre blâmait Source de Secrets. Et puis il cilla, et ses oreilles s'abaissèrent de chaque côté de sa tête en faisant l'algebre dedans. S'il se blâmait d'avoir choisie Source de Secrets plutôt que lui-même pour mentorer la défunte —

— Je— tout comme elle, sa justification mourrut.

L'électricité dans ses yeux retomba, ternissant la couleur. Puma lui avait tourné le dos mais avait eu la décence de le saluer de la queue, marquant la fin de cet échange, mais.

— Je suis désolé... Le pire, c'est qu'il le croyait.

Je suis désolé, il répéta d'un murmure, n'ayant plus d'autres mots capables de récupérer la conversation.

La faute lui revenait, Coeur de Puma s'offrait en coupable, et Coeur de Puma voulait souffrir seul, quelque chose qui était si familier à Coup de Foudre qu'il n'arrivait pas à le comprendre maintenant qu'il y faisait face. C'était bien plus facile de souffrir pour les autres, mais qu'en était-il de ceux qui souffraient pour lui?

Le concept goûtait la viande avariée. Il ne se sentait pas digne de ce genre de sacrifice inutile; Coeur de Puma semblait, pour une rare fois, être sur la même longueur d'ondes que lui... Le deuil rendait les chats exactement comme lui.

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☆ Dompter le Danger ☆
^{(timeline nébuleux au cas où) Saison Chaude 2021 - COEUR DE PUMA et COUP DE FOUDRE
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Et puis ce fut terminé.

L'insecte démesuré passa son chemin, et Coup de Foudre, assomé par le confort de la chaleur, leur atypique odeur et le ronron dix fois plus intense de l'insecte comparé à celui qu'il forçait au Chemin du Tonnerre, perdit une seconde, deux, peut-être trois, à tituber lentement sur ses pattes, comme transi d'un sentiment post-coït. Il se secoua tout en trottinant, l'intensité de l'expérience l'ayant agréablement engourdi.

La vache.

Ça lui faisait le coup à toutes les fois, et il ne s'en lassait jamais, mais... la Vache.

Les Étoiles n'étaient rien comparées aux Monstres et aux Forces de la Nature. Le Monde Physique, la Chair de la Réalité, était une merveille, quand on avait le luxe de pouvoir l'observer d'aussi près. La Vie - Vivre, avoir un corps fonctionnel, le sang affluant dans les veines, était une merveille, qu'on s'le répète, et Coup de Foudre poussa un soupir satisfait en permettant à Puma de voir ce rare apaisement, dénudé de toute parure, de toute exagération, de toute inhibition. Qui il était vraiment, et ce qu'il savait faire.

Injustement, le flash dissimule la scène et bientôt un voile blanc prive le balafré du spectacle qu'il s'est tant convaincu à regarder. Une pointe de colère s'immisce en lui; pourtant il ne cille pas. Et en un éclair, le Monstre lui passe devant, rugissant follement avant de s'éloigner comme s'il ne venait pas d'engloutir son presque-chef.

Avec lui, le silence ramène la silhouette de Coup de Foudre. Ce dernier titube un peu, complètement sonné. Autour d'eux, la forêt reprend sa mélodie nocturne; les insectes grouillent à nouveau, les chouettes hululent au loin et les rongeurs fouillent l'herbe comme si de rien n'était.

Cœur de Puma reste planté là. Il se demande comme c'est arrivé, ce jour-là. Est-ce que le cri agonisant de Nuage de Rossignol a perturbé la mélodie diurne; les insectes ont-ils grouillé? les grives ont-ils chanté? les rongeurs ont-ils fouillé l'herbe comme si de rien n'était?
Il lui faut un instant avant de percuter.

En fait, la mélodie ne s'est jamais arrêtée.

Le soupir d'aise de Coup de Foudre le ramène au présent. Le bengal s'étire encore sur la roche noire, engourdi de l'expérience.
Cœur de Puma se sent sonné à son tour. Une grosse fatigue lui tombe sur les épaules et il ne trouve aucun mot pour le mâle charcoal.

Faut-il apprendre à passer sous les Monstres ? à sauter par-dessus les Gorges ? à chevaucher les blaireaux ? à respirer dans la vase ?

Il ne sait pas.

Il aimerait qu'on lui apprenne en tous cas... il aimerait qu'on lui apprenne à vivre après ça.

la mélodie ne s'est jamais arrêtée


Merci encore à Frui.

Sans tambour ni trompettes, Coup de Foudre alla choir à côté du guerrier en deuil, et pour un temps, la nuit, le frémissement du vent dans l'herbe, l'odeur du bitume au passage d'un monstre et celle de l'hummus de leurs terres sauvages, là derrière, les enveloppa et les fit se taire.

VRRAAAOUMMM

Même le grondement des monstres prit part à l'espace. Pour Coup de Foudre, il en avait toujours fait partie, surtout depuis le début de ses expériences sur le chemin, mais Coeur de Puma, à ses côtés, ne se tendait plus à chaque passage et ne prenait plus la peine de suivre du nez le soleil dans leurs yeux. Il avait du cesser de les compter. Il avait du se rendre à l'évidence. Que c'était injuste, mais qu'ils n'étaient que des chats, et que la Nature et ses Monstres n'étaient au final qu'une part d'eux.

Comme l'était la tristesse.

Comme l'était le deuil.

Fallait-il dompter le danger ou fallait-il se dompter soi-même, et l'accepter?

Coup de Foudre ne dit rien, se disant, à l'instant, que tout les mots du monde n'auraient pas suffi à guérir Coeur de Puma de sa peine. Seul le temps pourrait la soulager, mais Puma n'en était pas à sa première peine, et la perte de sa compagne lui avait été tout aussi difficile que l'était en ce moment celle de sa fille. Et quand bien même il parvienne à se relever sur ses pattes, à se les traîner vers un futur incertain, à seulement réussir à se reconstruire, eh bien, il aurait toujours un peu mal.

Des trous restaient, sur le corps, les coeurs.

Coup de Foudre baissa les yeux sur sa propre patte et la cicatrice dedans, avant de la replier sur celle à bout portant à son poitrail, la couvrant, l'enveloppant, fermant ses yeux à la nuit en disparaissant complètement à l'aide de sa pelisse sombre, se plongeant pour la énième fois dans son deuil à lui.

Deux prochains monstres, il se dit.

Deux prochains monstres, et il rentrerait avec lui.


Deux devinrent trois, trois devinrent cinq, et une dizaines de tracés lumineux prirent tout le temps du monde pour filer sous ses yeux avant qu'il ne mette terme à leur observation, raccompagnant son camarade au campement.

HRP: