[INONDATION] Mot ? Lit ! | ft Sirocco

MOT ? LIT ! - LUNE 39 - AGE 55 L.


Comment dormir sur ses deux oreilles quand on savait qu’il y a quelques jours, la Tribu avait pris sous son aile un pauvre chaton trempé et à la patte en sang ? Heureusement que la présence de Maman était douce et m’aidait à trouver sommeil. Je lui avais également partagé mes interrogations. Est ce que le chaton ira bien ? Vent du Nord l’avait bien soigné ? C’était des questions un peu inutiles car bien sûr que j’avais confiance en la soigneuse de la tribu. Le petit ira bien. Maman me demandait si mon inquiétude ne viendrait pas d’une certaine compassion ? En effet il y avait plusieurs aspects que je partageais avec le petit. On se retrouve d’un coup tout seul alors qu’on n’est qu’un chaton, on est loin de notre maman et on est blessé à la patte. Au moins niveau patte, il s’en sorti bien mieux que moi.

Ce jour-là, ça faisait une semaine qu’il était là. J’avais compté les jours pour savoir à partir de quand ce serait acceptable de le voir. Moi à l’époque, les jours qui ont suivi mon accident, c’était impossible de m’approcher. Je ne voulais pas embêter ce pauvre chaton comme on m’avait embêtée. Mais voilà, ça faisait donc sept jours et le petit tricolore pointait déjà son nez dehors de temps en temps, boitillant à travers le camp. Je décidais d’aller le voir. Lentement je me levai, me tirai longuement pour réchauffer mes muscles avant de commencer mon chemin tout en trainant avec attention mes pattes arrières. Pas de skate depuis l’inondation, ce serait bête et inutile, je n’avais pas envie de m’embourber et de demander à Lavande ou Écarlate de me sortir de mon embardée toutes les dix minutes. Bref. Les pattes arrières dans la boue, je m’avançais vers le buis qui abritait les reines et chatons. Le nouveau venu en était le seul occupant. D’une voix douce, je m’annonçais :

" Hey, salut toi ! Comment ça va ? "

Molly
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Deux grands yeux bleus, prêts à observer tout ce qui passera par l'entrée de la tanière, m'accueillirent. Puis, une suite de gestes imprévisibles s'enchainèrent. Couché, puis ça s'étirait avant de sauter sur ses quatre pattes ! Mes oreilles se redressèrent bien droites, prouvant ma légère surprise face au chaton de quelques lunes. Une bonne surprise cependant, il ne semblait pas souffrir en marchant, il savait utiliser sa patte, et sa démarche claudicante mais bien déterminée avait un côté attendrissant. Ce n'était pas la même chose que les enfants de Vent du Nord quand ils étaient chatons, bien plus bruyants en moyenne ! Et très expressifs, quand je comparais mes souvenirs à ces grandes billes qui me détaillaient. J'attendais sagement la réponse à ma question -qui brusquerait un chaton en convalescence- et ce que j'obtenu fut des gazouillis joyeux lorsqu'il me toucha du bout de sa patte blessée. Mon visage se resserra en une expression surprise, yeux à leur tour grands ouverts, oreilles toujours droites comme des branches et la bouche prenant le moins de place possible sur mon museau. Est-ce que Maman m'avait déjà parlé de chatons qui chantait comme un oiseau ? Des bavards, des timides, des muets.. mais pas des gazouilleurs. Je penchai ma tête sur le côté. Au moins ça sonnait joyeux.

" Ah, j'entends que tu as l'air content ! Tant mieux. " miaulais-je en détendant mon visage dans un sourire, ravie de le savoir entre de bonnes pattes.

Car ce n'était pas entre les mains des Bipèdes que moi chatonne j'aurais piaillé avec gaieté. Si malgré les conditions dans lesquelles ont l'avait retrouvé et désormais dans lesquelles il vivait, il était heureux, c'était déjà ça de gagné. Je ne le redirai jamais assez, nous n'étions jamais aussi bien qu'en compagnie d'autres chats. On ne traumatisait pas les chatons en les arrachant à leur maman. On récupérait les séparés malgré eux. Au fond, je me demandais si lui aussi.. comme moi..

" Tu verras, on est gentil, quand tu seras guéri, on retrouvera ta maman. "

Paroles peut-être un peu vite promises, mais je ne pouvais m'en empêcher. Combien de fois j'aurais voulu qu'on me dise ça quand j'étais toute seule dans ma cage blanche chez le soigneur des Bipèdes, ou alors quand j'attendais dans le jardin de ceux qui m'avaient récupérée et que des voyageurs passaient.

On retrouvera ta maman.

Et je l'avais retrouvée au final. Donc on pourra retrouver la sienne qui sait ? Même si ça prend des dizaines de dizaines de lunes comme moi.

Molly
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Je lachais un petit rire quand le chaton imitait ma tête penchée sur le côté. Malgré mes promesses qu'il irait mieux et qu'on retrouvera sa maman, je restai dans le silence face à ce chaton. Ah, il doit être tellement secoué de se retrouver loin de tout ce qu'il connait... J'essayais de lire ses expressions le plus possible, vu l'absence de mots, mais j'obtenais beaucoup d'yeux plissés, d'incompréhension peut-être ? Il ne me comprenait pas ? Ou il doutait de mes paroles, vu qu'il les avait plissé au maximum quand je parlais de sa maman. Peut-être était-ce un sujet sensible. Surtout pour un chaton qui avait d'autres inquiétudes. Car là, il était clair qu'il avait envie d'une tout autre chose que de parler promesses : jouer. Claudiquant, il fit le tour de mon corps pour m'attaquer le dos ! Je miaulai brièvement de surprise.

" Eh ! "

Attaquer dans le dos c'était mesquin, surtout quand ton adversaire avait deux pattes en moins ! Après c'était gentil, Maman m'avait dit que les petits, ça jouait tout le temps donc je devais être prête à cette idée que je n'allais pas avoir de longues discussions passionnantes sur les leçons de ma maman avec lui. Quand j'avais quitté notre tanière, ma Maman me héla de jouer avec le plumeau de ma queue si jamais je voulais faire plaisir au petit. Nous allions essayer ça du coup ?

" Aha, tu veux m'attaquer ? Prends garde ! "

Et si je n'avais plus de pattes arrières pour répliquer, ma queue par contre était toujours bien présente et en plumeau -chose qu'avait souligné ma maman-. Je la courbais donc pour que le bout de celle-ci vienne titiller la truffe de mon petit adversaire. S'il voulait jouer, on allait jouer ! J'étais venue pour voir s'il allait bien et lui faire plaisir après tout. Je voulais que ce petit ne se sente pas tout seul comme moi je l'avais vécu.

Molly
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Le petit dégringole de mon dos quand ma queue vint le surprendre, mais cela ne le découragea pas, déjà tout arcbouté pour se battre contre son nouvel ennemi. Je faisais aller ma queue de gauche à droite, l'abattant de part et autre du chaton pour l'exciter et le dépenser. Malgré sa patte enroulée dans une couche de toile d'araignée, il n'avait pas perdu son énergie inépuisable, grande marque de fabrique des plus petits. L'éternelle question était "où allaient-ils chercher toute cette énergie ?" Lorsqu'il se rassembla sur lui-même pour ensuite sauter au cou de ma queue, je ne pu m'empêcher de m'inquiéter pour cette patte blessée. Comment le faire jouer sans le faire sauter ? Oh, j'ai trouvé ! En le maintenant à terre bien sûr ! Pauvre chaton, son ennemi allait bientôt avoir du renfort.

Alors que son attention est redirigée vers le plumeau de poils, mon corps se rapprocha par derrière, je levai la patte et.. je la glissai en dessous du petit tricolore ! D'un mouvement souple, je prenais appui sur son ventre pour le faire chuter sur son dos et une fois qu'il était couché sur son dos, je frottai vivement ma patte sur son ventre.

" Aha ! Je suis pleine de ressources ! J'ai tenu tête à maints Bipèdes après tout ! Prends ça ! "

Molly
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Le chaton rit comme je n'avais jamais entendu un chat rire, se rapprochant plus de cris aigus que des rires habituels. Ses petites pattes tentaient de se battre contre la mienne qui écrasait -délicatement mais fermement- son ventre blanc. Le chaton qui avait gardé un visage si inexpressif, comme si seulement la neutralité était possible, des bribes de joie se dessinaient sur son museau. C'était contagieux car je souris plus qu'avant également. Même si la parole n'était pas possible avec le chaton trouvé dans l'eau, il restait bel et bien un chaton, il voulait juste jouer. Vu toute la journée que j'avais devant moi, et l'antre vide du petit, ça allait être une sacrée session de jeu ! Mais ma nature bavarde reprit le dessus. Je levai de temps en temps vivement ma patte en l'air, pour surprendre le petit tricolore, avant de l'abattre de nouveau sur son ventre.

" Oh non, un guerrier aux mauvaises intentions veut te manger le ventre ! Du secours, il nous faut du secours !"

"J'attaquais" son ventre de plus belle. Mes moustaches s'agitaient au fur et à mesure que mes pensées défilaient avec ma fausse attaque.

" Mais ne t'inquiètes pas ! Il y aura toujours un membre de la Tribu pour t'aider, et Vent du Nord pour te soigner~ "

Je tirai la langue et fis un mouvement de patte vers l'extérieur. Ah, mais Vent du Nord ne devait plus être là vu les minutes qui s'étaient déjà écoulée. Je réfléchis. Hmmm. Je pointais d'abord sa patte blessée enroulée dans des toiles.

" Un bobo ? "

J'aplatis mes oreilles avec la patte pour mimer le manque de ces appendices de notre soigneuse.

" Vent du Nord ! "

Molly
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