How did it all come to this ? | ft Vent, Em, Pluie, Harfy, Saumon, Cobra et Rosée - abandon

Il grogna bruyamment en comprenant le petit manège de la féline grisâtre. Cette saleté comptait lui faire la peau, à commencer par celle de son flanc ! Lui qui venait tout juste d'enfoncer maladroitement ses griffes à travers la peau fine du visage de la femelle, devait à présent bondir avec autant d'agilité qu'un nouveau-né pour esquiver une contre-attaque.

Seule compensation dans cette histoire : une triste goutte de sang perlant sur la face de son ennemie. On était loin d'une balafre à vie mais ça suffirait à ces rats des landes pour se souvenir à qui ils avaient à faire !

« T'en veux une autre, intrus ?! »

Qu'elle en veuille une ou non, Saumon Vif n'en avait rien à faire. Lui, ça lui faisait du bien. C'est tout ce que son esprit malade était capable de constater à cet instant. Avare de plus de plaisir, le haut-perché se lança dans un nouvel assaut, incapable de retenir ces pulsions malsaines. Elle n'était pas du Tonnerre, mais elle représentait le regard plein de jugements des Landes. Peut-être que s'il avait été complètement fou, il aurait songé à lui crever les yeux pour qu'elle ne puisse plus jamais regarder son Clan avec médisance ? Mais non, Saumon Vif n'était pas fou. Il était juste mort de peur.

Grommelant dans ses moustaches, il bondit, toutes griffes dehors sans même prêter attention à une éventuelle réponse verbale de la part de la guerrière adverse. Aussi rapide que le prédisait son nom, le matou au menton blanc se jeta à nouveau sur l'épaule de la féline en espérant y planter ses crocs. Dans sa gourmandise, le guerrier inexpérimenté n'avait pas songé à protéger son propre corps et ainsi, alors qu'il venait de sous-estimer la réactivité d'une chasseresse du Vent, il avait également mis à disposition sa propre épaule.

HRP:

How did it all come to this ?

Le Cobra le sentait, son adversaire en avait cure du temps qu'il espérer gagné mais, feulant à demi, il ne perdait pas pour autant le nord. L'autre le poussait vers la rivière, doucement et le serpent laissa la manœuvre prendre, reculant, peu à peu. Puis, sentant l'autre se tendre, il fonça droit vers le matou de la rivière mais au lieu de charger vraiment, il envoya de sa patte avant de la boue au visage du borgne puis il pivota son arrière train au dernier moment et glissa sur le sol boueux. Ses pattes avant agrippèrent la patte arrière de son ennemi et il le tira vers lui afin de lui faire perdre l'équilibre, espérant ainsi lui plonger le museau dans la boue. Assez vif, il s'écarta ensuite, estimant en avoir fait bien assez.

- T'en fais pas le poisson, je connais le chemin. Oh et ... Passe le bonjour à ton chef, parce que vous êtes peut-être les suivants, qui sait ...

Il fila ensuite à la poursuite de ses propres camarades, trop heureux de cet altercation. Tâche d'If se faisait là des ennemis de plus et lui, cela l'arrangeait. Même si, il devait bien l'avouer, cette retraite avait un gout de défaite, l'autre, quoi que handicaper par son œil mort, avait une force qui, si le serpent avait tarder à réagir, se serait retourner sur lui, l'écrasant sous ce guerrier tigré. Il secoua la tête, chassant ses mornes pensées. Il été peut-être parvenu à accroître les tensions et pour l'heure, cela pouvait suffire ...

Dans les yeux de cette apprentie, des rivières de souvenirs s'élançaient sans protection, des discussions sous des arbres anciens, des soirées passées à parler avec une fratrie qu'elle avait probablement eu. Une sœur, un frère, des rires et des sanglots, des coups de pattes amusés et certains énervés, des amours, un mentor, un clan uni sous un même cœur qui battait. Dans les yeux de cette apprentie, il voyait une féline qui avait un brillant avenir devant elle, des hauts et des bas comme les grandes collines des immenses pics, des songes d'anciens sentiments qui auraient brillés une seconde avant de s'éteindre. Dans les yeux de cette apprentie, il s'y voyait lui-même, reflet de la vie qu'elle avait eue et monstre formé d'une masse opaque de sang et de poils entremêlés, horrifique être se plantant devant la jeune femelle.

désolé
aurait-il voulu
lui dire

mais après
tout il n'était
qu'un monstre

Motivé par la protection d'une grande âme qui n'était même pas de son clan, il avait essayé de l'attaquer pour la protéger, ne créant que le malheur par ce geste qui avait voulu être bon. Une vie valait-elle mieux qu'une autre ? En posant son regard trouble sur la masse orange de l'apprentie, il n'était plus sûr de ce qu'il avait fait pour essayer de défendre la lieutenante de la rivière. Elle aussi avait un avenir, une famille, des rêves, des promesses et des joies à vivre; de quel droit avait-il pensé pouvoir s'orner pour jouer de ses griffes une musique macabre sur les fils de sa vie ? Qu'est-ce qu'il se serait passé s'il avait continué à abattre ses pattes, à tournoyer et planter ses crocs férocement dans la chair de celle qui n'avait rien demandé ? Il avait derrière lui des lunes d'apprentissages, un bagage bien présent sous son air petit et fragile… Où était donc passé ses belles paroles et songes d'une paix entre les clans ? Certainement pas dans le sol imbibé de sang.

- Laisse, Nuage d'Émeraude. Assez de sang a coulé maintenant. Ils vont s'en aller.

les oreilles du jeune mâle captèrent l'éclat
l'ombre d'un adieu, le début d'une perle
échappé au sol, ce si beau brillant trésor
sans rien pour le rattraper que cette douleur

sourde

- La chair à corbeaux te salue. Cette querelle stupide n'a que trop duré. Nuage de Vent, nous rentrons.

Un petit coup sur son épaule le força à se sortir de sa torpeur, ses yeux embrassant en silence tout ce qui se passait devant lui. Rosée Nocturne commençait déjà à s'éloigner de la scène d'horreur, tournant le dos aux acteurs qui avaient constitués celle-ci; la petite femelle rousse et sa mère, côte à côte, laissant un enfant coupé des liens reposer en silence sur le sol froid. Étendu sans rien pour le cacher sur cette vulnérabilité, ses prunelles cherchèrent une quelconque réponse dans ceux de sa mère, sans trouver rien d'autre qu'un voile difficile à transpercer de sa volonté. Allait-il pouvoir, un jour, être du même côté que celle qu'il aimait tant ? Il espérait tant que ce stupide, stupide voile puisse enfin tomber pour révéler toutes les natures et, en même temps, celle qui animait les deux cœurs battant à ce même rythme particulier.

lentement, il se leva, blessé
laissant, dans chaque foulées
les traces des discussions arrachées
des rires, des pleurs, des sourires

il allait continuer sans se retourner
regarder par devant, ne pas confronter
son regard de glace gelé, imbibé
non, il se refusait cette embardé

rester sur le bateau, ne pas tomber
rester parmi les siens, ne pas hurler
retenir les mots de museau bleu et
tenter de, lentement, respirer

il en était
capable