[Naissance] Bienvenue au monde ! -end

Papillon Blanc émergea doucement, au beau milieu de la nuit. Depuis la confirmation de sa grossesse, elle rêvait sans cesse de petits morts-nés, d'un Pluie Battante éploré et d'un Cœur de Bruine ricanant. Heureusement, nombreuses étaient les femelles qui comprenaient l'angoisse de la première mise-bas et la rassuraient constamment. Cela dit, elle aurait préféré pouvoir continuer à dormir près de son époux, et elle n'allait pas réveiller une reine, déjà épuisée par ses enfants, simplement pour lui dire que tout se passerait bien ...

Elle se leva délicatement, grimaçant sous le poids de son ventre, puis mit une patte hors de la pouponnière. La blanche vérifia discrètement qu’Écho des Ruisseaux ne traînait pas aux alentours, puis trottina vers la tanière des guerriers. Le guérisseur était très attentionné mais Papillon Blanc commençait à être réellement lasse de toutes les directives qu'il lui donnait en tant que future mère. Sortir la nuit n'allait pas tuer ses enfants ... Elle commençait juste à avoir assez mal et sentait son ventre tirer. Peut-être que c'était juste parce qu'elle avait mal dormi ...

« Pluie Battante ? »

Elle se coucha à côté du tigré.

« J'ai encore fait ce cauchemar ... Tu sais ... Celui où les petits ... »

La future reine soupira longuement, épuisée par la grossesse et ces cauchemars à répétition.

« Et je t'avoue que j'ai assez mal ... »

Elle se roula en boule, surprise par la douleur qui semblait augmenter au fur et à mesure.

« Vraiment mal, en fait ... »

Ah! Mes yeux s'ouvrent d'un coup. Hagard, mon regard se pose tout autour de moi. Ah. Je suis dans mon Antre. Je soupire et ferme de nouveau les yeux. Cela fait un bon moment que je ne dors plus convenablement. Et encore ceci est un euphémisme, un doux euphémisme. Aucune de mes nuits n'a été complète. Au mieux elles sont hachées, au pire blanches. Et la raison est simple. Papillon Blanc. Enfin ce n'est pas la femelle en elle-même mais plutôt son ventre. Enfin ce que contient son ventre. Et je ne parle pas du poisson qu'elle a avalé hier, mais bien des chatons qu'elle porte, les enfants de Pluie Battante et elle. Et comme chaque gestation, elle m'angoisse. Chaque fois que je regarde la femelle blanche, un autre visage se superpose, celui d'une femelle bien différente, toute en couleurs. Aigue-Marine. La nuit, lorsque mes yeux se ferment, je retourne là-bas, sur les lieux de mon premier accouchement. L'odeur du sang partout. Le rouge sur mes pattes, sur l'herbe, partout. Le bruit des combats et le sang. Et à chaque fois je me réveille en sursaut. Les premières nuits, je n'ai pu m'empêcher de courir vers la Pouponnière, où Papillon Blanc réside depuis environ une Lune, à ma demande, pour vérifier que tout va bien. Et à chaque fois, je retourne à mon Antre, rassuré. Jusqu'au rêve suivant. Je sais que je me montre tyrannique, plus que n'importe qui, en envoyant Papillon Blanc à la Pouponnière aussi tôt, en l'empêchant de sortir du Camp, en la cloîtrant à la Pouponnière la nuit, mais je ne peux faire taire cette boule d'angoisse dans mon ventre. Je ne veux pas qu'elle sorte et qu'au mieux elle mette bas à ses petits sans assistance, comme ma mère, au pire qu'elle se fasse attaquer par un chat ennemi ou errant ou pire, un renard ou un blaireau ou encore un Bipède. Je ne veux pas qu'il lui arrive quelque chose. L'amour entre ces deux-là est tellement beau, tellement pur, je ne veux pas qu'il soit sali, en aucun cas. Ils sont un couple marié par amour, un amour fou que certains n'apprécient pas, mais je ne veux que leur bonheur, car ils le méritent après tout ce qui est arrivé. Je veux que leur chemin soit baigné de soleil et aussi heureux qu'il puisse l'être. Je veux que rien ne leur arrive. La lueur que je remarque dans leurs yeux quand l'autre est là, c'est juste magique, magnifique, plus beau que n'importe quoi sur cette terre.

La deuxième raison de ma fatigue réside en un Guerrier bleu tigré. Non, je ne parle pas de Cœur de Bruine, bien que je l'ai encore entendu peste aujourd'hui sur l'heureux couple. Non je parle bien de Pluie Battante, mon Aide et le futur père des Petits de Papillon Blanc. Je crois qu'il est l'un des seuls chats ici à accepter ma décision d'enfermer Papillon Blanc au camp. Il est, au moins, aussi stressé que moi et son stress s'ajoute au mien. Depuis que la mise bas est proche, il ne se passe pas un jour sans qu'il ne vienne me voir, pensant que le travail a commencé. Il débarque comme un renard dans mon Antre, criant que ça a commencé. Chaque fois, je prends le paquet d'herbe préparé à l'avance lors de mes si nombreuses insomnies. Je cours jusqu'à la Pouponnière. Mais jusqu'à présent ce n'était que des illusions nés de l'angoisse d'un futur père. Si je peux comprendre les sentiments du Guerrier, j'apprécie moins de me faire réveiller la nuit, de me faire interpeller bruyamment et de courir jusqu'à la future Reine. Cela m'épuise, je ne suis pas un bon Guerrier formé à courir dans tous les sens. Mais bon, laissons tout cela de côté. Il faut que je dorme pour être en forme au moment venu. Je me relève juste un instant pour aller tremper une boule de mousse dans l'eau pour Hibou Nocturne. Je ne peux malheureusement pas le laisser s'abreuver dans la petite flaque de mon Antre, ce n'est pas possible. Je revois ensuite le paquet d'herbe que je prépare en prévision de la future naissance. J'enlève une petite brindille un peu trop sèche, mais dans l'ensemble tout va bien, le paquet n'a pas bougé. Je retourne me coucher, me roule en boule avant de pousser un petit bâillement. Mes yeux se ferment et les ténèbres m'accueillent. Dormir, je veux juste dormir. Je commence à sombrer et cette fois, il n'y a pas de sang. Je vais peut-être pouvoir dormir. Je ne rêve que de ça. Dormir...

- ÉCHO DES RUISSEAUX ! VIENS ! JE CROIS QUE LES CHATONS ARRIVENT ! JE SAIS PAS CE QUE JE DOIS FAIRE !

Je fais un bond! Ma respiration est haletante et je regarde les yeux écarquillés, le pelage ébouriffé, le félin qui vient d'arriver. Je ne tarde pas à le reconnaître. Pluie Battante, encore. Je tente d'assimiler ses paroles que je connais pourtant par cœur. Avec un calme venant de la lassitude je fixe un instant le félin tournant en rond dans mon antre. Je n'ai pourtant pas besoin d'un dénivelé ici. D'un calme à toutes épreuves, je saisis entre les crocs le petit paquet prévu à cet effet, avant de me lancer dans la nuit, en direction de la Pouponnière. Sur le chemin, le félin tigré ne cesse de me noyer sous ses questions. Pavot? Il n'en trouverait pas par ici, à moins de ne pas vouloir être là pour la naissance. Prêle? Je ne crois pas que sa compagne soit enrhumée. Je lève les yeux au ciel. L'angoisse fait devenir mon Aide stupide. Comme beaucoup de mâles en fait. J'entre dans la Pouponnière et me dirige vers la seule Reine du moment. L'odeur lactée est un peu présente, signe que la mise bas est proche. L'angoisse commence à poindre dans mon cœur. Je m'approche rapidement, ignorant comme je peux la voix de Pluie Battante. Prenant soin de ne pas la blesser, je touche son ventre à quelques endroits, avant d'observer la femelle. Un peu de liquide coule. Ils arrivent! Calme il faut que je sois calme! Je me tourne vers Pluie Battante et lui demande d'une voix plus aiguë que d'ordinaire:

"Un bâton, va chercher un bâton, pour qu'elle puisse mordre dedans! Les chatons arrivent vraiment cette fois! File!"

Puis je me tourne vers la femelle, passant doucement ma queue sur son ventre. J'inspire puis expire doucement pour me calmer. Il faut que je sois calme, vraiment calme. Pluie Battante sera assez stressé pour deux et Papillon pourrait aussi l'être, normal pour une première portée. Ma voix tremble un peu quand je prends à nouveau la parole.

"Ça va aller Papillon Blanc, tes petits vont arriver. Si tu as mal, dis le moi tout de suite. Pluie Battante sera bientôt à tes côtés. Çà va aller, tout se passera bien. Je suis là, je t'aiderai. Ca ira, tout va bien se passer."

Papillon Blanc serrait les dents en fermant les yeux, dans l'espoir que les contractions qui agitaient sa maigre carcasse et la douleur qui la parcourait cesseraient tôt ou tard. Les pupilles noyées de bleu fixèrent Pluie Battante d'un air grave, juste au moment où celui-ci lui suggérait de rejoindre la pouponnière - cette fois-ci, c'était la bonne.

Une fois allongée dans la pouponnière, la nouvelle reine sentit l'angoisse mais aussi le soulagement la prendre à la gorge et ravala ses sanglots en attendant le retour du guérisseur et de son mari. C'était maintenant, elle le savait. Elle allait les voir, enfin, ces petits qu'elle avait portés près de son cœur si longtemps, enfin Pluie allait pouvoir les toucher lui aussi, enfin ils pourraient tous respirer le même air, partager des regards, des sourires ... A quoi allaient-ils ressembler ? Est-ce qu'ils seraient plutôt comme Pluie, plutôt comme elle ? Le sentiment qui l'agitait était à mi-chemin entre la panique et l'excitation et elle ne pouvait s'empêcher de penser, mais au moins elle avait moins mal.

Elle poussa un soupir tremblant lorsqu'elle entendit la voix familière d’Écho des Ruisseaux. Elle sentait qu'on la touchait et ouvrit les yeux. Pluie Battante n'était pas encore là ... elle avait hâte de voir sa tête paniquée, pour se moquer un peu de lui et se détendre.

« Ça va aller Papillon Blanc, tes petits vont arriver. Si tu as mal, dis le moi tout de suite. Pluie Battante sera bientôt à tes côtés. Ça va aller, tout se passera bien. Je suis là, je t'aiderai. Ça ira, tout va bien se passer.
- Ça va ... Je pensais que ce serait encore pire hahaha ... Je te crois, ça se passera bien, tout le reste s'est bien passé ... »

Elle tentait de s'installer, avec des gestes hésitants, incapable de savoir dans quelle position elle aiderait le mieux les petits à sortir. Son cœur s'accéléra quand elle sentit le travail vraiment commencer. Ses dents grinçaient les unes contre les autres, elle sentait son corps parcouru par les contractions qui amenèrent bientôt son premier enfant et son placenta à l'air libre.

« T'es le premier ... bravo mon petit cœur. »

Elle léchait le pelage poisseux du chaton, les yeux plein de larmes et d'étoiles. Son petit ! Son petit à elle, à elle et Pluie ! Elle tenta de ne pas s'éparpiller en coupant le cordon ombilical et déchiquetant le placenta, attendant toujours un peu anxieusement le prochain petit. Elle savait que tout pouvait encore mal tourner, mais elle tendit le nez vers Pluie Battante, l'air de lui dire : regarde ce qu'on a fait !

Bienvenue au monde !

Ce que dormir était agréable, ses pattes se tendait parfois, avant de se repliés de bonheur sur sa frimousse endormie. Petite Sangsue rêvait de poisson, de jeux, de chats appréciant ses câlins. Parfois, elle bougeait, gémissait, repousser l'une des pattes de son frère, se lovait un peu plus contre le ventre de sa mère. Mais son sommeil était là, serein, jusqu'à ce que ses oreilles captent du bruit, des voix. Le sommeil se refusa a la quitter de suite et il fallut du temps avant qu'elle ne baille, relève la tête, ouvre la bouche et la referme, comme une carpe, pour qu'elle émerge de ce monde si délicieux. Dès lors, ses petits yeux d'or remarquèrent de l'agitation et, se redressant lentement, elle mit un temps a comprendre.

Papillon blanc, la jolie chatte qui dormait à la pouponnière semblait avoir mal. Pas comme sa mémé Turquoise. Se serrant à sa mère, la chatonne observa la chatte et le guérisseur, plus distante vis à vis du guerrier qui de toute manière, ressorti bien vite, courant comme ... un lapin ? S'ébrouant délicatement, la chatonne demanda alors, petite voix au milieu de la tension. Un gros dodo tu vas faire, Papillon ? Comme mémé Turquoise ? Un bruit, bizarre éveilla sa curiosité et s'approchant, quoi que restant à bonne distance, quittant à vrai dire a peine son propre nid, elle découvrit vite une boule gémissante entre les pattes de la nouvelle mère. Aussitôt, la Sangsue se mit à ronronner tout fort, comprenant presque qu'on ne voudrait pas qu'elle approche, à moins qu'elle n'est peur. Qu'importait, ce qu'elle voyait, s'était de nouveaux amis à câliner et son ronronnement joyeux, apaisant, s'étendit bruyamment, fond sonore d'une chatonne qui après avoir vu la mort, découvrait la vie.

Bienvenue au monde ! (7)

Pas trop d'insomnie ces dernières nuits. Il faut dire que tousser toute la journée était fatigant. Mais d'un commun accord avec Echo des Ruisseaux, pour ne pas contaminer les autres guerriers, je dormais dans sa tanière. Je n'oserais pas dire "encore". Ou si. Je passais encore la nuit dans son antre, me réveillant avec une boule de mousse humide pour ma gorge sèche à force de tousser. Je n'étais pas dupe, je toussais en dormant, ça inquiétait le guérisseur. Du coup, c'était lui qui ne passait pas ses nuits. A cause de moi, le chat qui devait s'occuper de tout le clan était trop fatigué. Car il s'occupait de moi. J'aurais bien été dormir quelque part seul pour ne déranger personne or même si je lui donnais trop de boulot nocturne à mon goût, je ne pouvais contester l'autorité du chat bleu tacheté.

En plus, Papillon Blanc attendait les petits de Pluie Battante, ce cher Pluie Battante. Elle était bien à terme, et j'accaparais l'attention du guérisseur ! Non, non, non. Ces vies qui allaient arriver étaient tellement plus précieuse que la mienne. Puis la tension se faisait sentir, le guerrier déboulait quasi chaque nuit pour nous alarmer d'une naissance fantôme. Cependant je ne pouvais l'en vouloir. Voir un chat si inquiet pour sa compagne était si... réchauffant pour mon petit corps malade. Et cette nuit, le même programme se passa. Enfin... je crois ? Echo des Ruisseaux partit dans la pouponnière. Je le regardais aller, et m'attendais à ce qu'il revienne comme les autres nuits, rassurant l'ami de ma Taupe au passage. Rien, il ne revenait pas cette fois - ci. Intrigué, un poil inquiété car je me sentais concerné par la naissance, si jamais ça allait mal car j'avais fatigué le soigneur...

Je m'approchais de l'antre des mères et des chatons, en gardant une distance de sécurité. A chaque fois que je venais trop près, je me souvenais de Petit Axolotl partit trop tôt, ou bien de Perche Farouche hurlant sur Patte Grise devenu Nuage de s'éloigner de moi. La voix du guérisseur était angoissée, il en fut peu pour que le plus très futur papa le soit aussi. Obéissant aux ordres précieux de celui qui s'occupait de sa femme, il ne lui fallut pas longtemps pour trouver le bâton qu'il fallait. Je le vis glisser de nouveau dans la pouponnière. Je me couchai à une queue de renard, voir deux pour être sûr. De là, je voyais un peu ce qu'il se passait, entendait aussi, mais sans briser ce cercle d'intimité.

Le travail fut bien fait, ou bien commencé en tout cas. Pas de cri, pas de panique, j'étais heureux pour ce couple. Ils méritaient que tout aille bien. J'entendis la voix de la mère, mes oreilles pointèrent vers l'entrée, curieux malgré moi et les limites de sécurité que je m'imposais. Un premier chaton ! De loin, je ronronnai rauquement, sans tousser. De toute façon je me serai retenu. Je ne voulais pas tousser dans le nid des chatons, surtout nouveaux nés ! Le nouveau père, lui, est très ému. Je ne voyais pas la petite boule de poil qui faisait tout son bonheur, mais j'entendis ce qu'il en disait.

" Elle a les mêmes oreilles que Plume Argentée ! " miaula - t - il.

Je pris cette information et imaginai la petite avec les oreilles pliées de la tante aimante du guerrier tigré. Ma queue s'enroula sur elle même face à cette joie émanant de la pouponnière. Pluie Battante continua de parler, moins fort, comme si les paroles devaient être toutes légères et s'envoler dans le ciel. Pour moi, ce n'était que des bribes des paroles, mais ceux à ses côtés ont sûrement dû entendre...

" Parce qu'elle a les mêmes oreilles que Plume Argentée et parce que les Petites Oreilles sont auprès de moi, comme l'avait prédit Nuage de Taupe, cette chatonne s’appellera Petite Oreille. Son nom est un hommage à ma si chère amie perdue. "

Le calme du camp me permis quand même d'entendre des mots très importants pour moi. Nuage de Taupe. Mon coeur se serra. Qu- pourquoi parlait - il de ma soeur ? Automatiquement, je me levai et me rapprochait pour entendre la suite, absorbé par le nom de ma jumelle perdue dans les Etoiles. P-Petite Oreille, hommage à Nuage de Taupe et ses oreilles si petites, si mignonnes, même si elle ne voulait pas l'entendre. Ma gorge se serra et mes yeux s'embuèrent de larmes. Reniflant, je fis quelques pas en arrière. J'étais .. si touché .. J'essuyais mes yeux avec mes pattes, pleurant tout seul au milieu du clan, visible que par certains chats curieux de la naissance et de mes sanglots soudain. Je ne savais m'arrêter tant ... oh par nos Ancêtres.. ce geste était si beau..

" M*hic*-merci... " réussis - je à articuler entre deux sanglots.



Merci.

_{Hibou Nocturne}
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Présentation-Carnet


Des milliers de bisous sur les fesses d'Uwny ♥

- Ça va ... Je pensais que ce serait encore pire hahaha ... Je te crois, ça se passera bien, tout le reste s'est bien passé ... »

J'étais rassuré par l'état d'esprit de la Guerrière, au moins elle avait le moral et était optimiste quant à la réussite de la mise bas. Ça me changeait un peu de l'angoisse de son mari. Je la laissai se tourner dans tous les sens, elle devait trouver sa position qui lui serait propre, je ne pouvais pas l'aider pour ça. Je crus entendre la voix d'un chaton, Sangsue peut-être? Mais toute mon attention était concentrée sur la future mère. Pluie Battante revint enfin, avec le bâton demandé, que je tendais aussitôt à Papillon Blanc, en lui disant qu'elle pouvait mordre dedans si elle avait mal. Je posais ma patte sur son ventre, doucement, juste pour prévoir les naissances. Je murmurai à mon Aide de rester à côté de sa femme, de la rassurer, de n'importe quelles manières, tant qu'elle était détendue. Puis les contractions arrivèrent et le premier chaton vit le jour.

« T'es le premier ... bravo mon petit cœur. »

Elle léchait le pelage poisseux du chaton, les yeux plein de larmes et d'étoiles. Son petit ! Son petit à elle, à elle et Pluie ! Elle tenta de ne pas s'éparpiller en coupant le cordon ombilical et déchiquetant le placenta, attendant toujours un peu anxieusement le prochain petit. Elle savait que tout pouvait encore mal tourner, mais elle tendit le nez vers Pluie Battante, l'air de lui dire : regarde ce qu'on a fait !

Je la laissai lécher le chaton, la première, l'aînée de la portée. Elle ressemblait bien plus à son père qu'à sa mère, mais ses oreilles étaient différentes, repliées. Un peu inquiet, j'examinai un instant les oreilles avant de me rendre compte qu'il n'y avait pas de problème. Dans les prochains jours je m'assurerai qu'elle entendrait bien, mais l'heure n'était pas à ce genre de chose.

" Elle a les mêmes oreilles que Plume Argentée ! "

Je me tournai vers mon Aide, avant de me rappeler avoir entendu parler de cette Plume Argentée. Oui, c'est vrai, la petite avait ses oreilles. Et Plume Argentée était en parfaite santé. Un soulagement pour moi. Je ronronnai un instant avant de reposer ma patte sur le ventre de Papillon Blanc. Le temps entre deux chatons était variable et le deuxième pouvait venir n'importe quand.

" Parce qu'elle a les mêmes oreilles que Plume Argentée et parce que les Petites Oreilles sont auprès de moi, comme l'avait prédit Nuage de Taupe, cette chatonne s’appellera Petite Oreille. Son nom est un hommage à ma si chère amie perdue. "

Mes oreilles pivotèrent vers Pluie Battante et je ronronnai encore. Un bien bel hommage que celui-là. Nommer cette petite née d'amour en rappel à la meilleure amie de son père était quelque chose de... beau. Si beau en réalité. Je fis mon possible pour rester concentrer, mais je ne pus m'empêcher de me tourner vers l'imposante boule de poils calée contre Papillon Blanc.

"Bienvenue parmi nous Petite Oreille"

Puis sa ma patte le ventre se contracta et mon sourire disparut. Je me concentrai de nouveau et même si Papillon Blanc devait l'avoir senti, je marmonnai:

"Le suivant arrive!"

I've been waiting for you, Mamma Mia, here we come again ! OST

« Un gros dodo tu vas faire, Papillon ? Comme mémé Turquoise ? » entendit vaguement la femelle blanche. Elle rit nerveusement, songeant que ce n'était pas vraiment le moment idéal pour la comparer à une morte. Puis une voix, plus familière, s'exclama : « Elle a les mêmes oreilles que Plume Argentée ! »

Papillon Blanc renifla, un peu contrariée. Plume Argentée était une femelle bien trop inquiète et dirigeante, la nouvelle mère ne la portait pas spécialement dans son cœur. Mais, lorsqu'elle leva les yeux vers son époux, elle vit son regard bouleversé et ne put que s'en vouloir d'avoir eu de telles pensées.

« Parce qu'elle a les mêmes oreilles que Plume Argentée et parce que les Petites Oreilles sont auprès de moi, comme l'avait prédit Nuage de Taupe, cette chatonne s’appellera Petite Oreille. Son nom est un hommage à ma si chère amie perdue. »

La reine se contenta pour toute réponse, d'observer la petite boule aux oreilles repliées. « Petite Oreille ... » murmura-t-elle, songeuse et ravie. « C'est joli, ça lui va bien ... » Elle savait combien Nuage de Taupe avait été une amie précieuse pour Pluie Battante, et il ne lui vint pas à l'esprit de revenir sur la décision du tigré. Brutalement, ses traits se contractèrent et elle serra furieusement le bâton que lui avait finalement amené Pluie Battante entre ses crocs. Entre une nouvelle vague de larmes et un sourire tordu de douleur, deux nouveaux petits virent le jour. La gorge de Papillon Blanc se serra et elle ramena près d'elle les trois nouveaux-nés, frottant amoureusement sa tête contre eux en hoquetant :

« Plus je les regarde, plus je les aime ... tellement ... fort ... »

Elle observait Pluie Battante en pleurant d'un air confus, écrasée par l'amour qu'elle ressentait.

« Je vais toujours être là ... Je vais prendre soin de vous ... On sera les meilleurs parents, papa et moi ... »

La petite ... elle était blanche ! Et, oh, comme elle lui ressemblait à elle-même ... Elle n'avait jamais été aussi fière de sa pelisse et de son long corps tout maigre, qui était si joli et fragile, qui lui donnait tellement envie de la couvrir de toute son affection et tous ses beaux mots, autant que les deux autres petits boules de poils à ses côtés ...

« Je ... Je peux l'appeler Petite Moustache, Pluie ? Notre petit tigré ... Et le dernier ... Tu te souviens, ce jour où j'ai osé t'avouer un peu que je t'aimais ? Je t'ai dit que j'aurais bien aimé appeler un de mes petits Petite Griffe, Petite Vibrisse ou Petit Ventre ... J'avais complètement paniqué hahaha ... Mais ... Est-ce que tu voudrais bien que je l'appelle Petite Griffe ? Ça me ferait penser à ce jour où j'ai bien fait de prendre mon courage à deux mains ... »