Nouvel Eden [Coup de Foudre] - END

Nouvel Eden

Elle ferma les yeux, doucement. Elle se sentait plus comprise que jamais, plus libre aussi. Oui, s'était décider. Dès que Nuage de Menthe aurait le savoir nécessaire pour recevoir son nom, elle stopperait cette vaste mascarade. Et alors, le clan saurait que Nuit Hivernale était innocente mais que la birmane voulait partir. oui, le clan aurait à redire de son propre nom. Secret. Quel choix parfait pour la siamoise. Mais elle s'en moquait. Car elle pourrait vivre sa vie. Il lui faudrait juste aller voir son oncle, lui en parler. Lui avouer. Et s'assurer qu'il accepterait cela. Tout cela. Car la nouvelle serait comme un incendie. Dévastateur. Et lui seul aurait la décision final sur son sort. Elle soupira doucement. Elle avait encore un peu de temps. pour que son apprentie ne soit plus apprentie, pour mettre en place les choses de façon à ce que ce soit plus facile pour le clan. De comprendre pourquoi, comment. D'essayer en somme.

Folie. Oui Elle regarda son compagnon et une étincelle amusée passa dans son regard. Folie Secrète où Secret Fou ? Elle ronronna et ses moustaches vibrèrent en réaction. Firmament. Un choix si mauvais finalement mais comment sa mère aurait elle pu savoir que la siamoise se tournerait vers les cieux pour finalement s'en détourner avec force. Parce que dans le ciel nocturne brillait aussi la lune et sans doute leurs ancêtres avaient ils fricoter plus qu'il ne l'avoueraient finalement, avec les adeptes de l'astre changeant. Ils étaient gangrené par leur ennemi, partageant le vaste céleste avec eux. Et possiblement finalement, les terrains de chasses éternels. Et pourtant, elle avait comprit que jamais il ne se remettraient en questions. Oui, jamais le Clan des Étoiles ne lui pardonnerait. Et comme la toison lui avait tourner dos, elle se détournait d'elle.

Leur contact, les branches sous leurs pattes, les ronronnements mêler. Tout lui apportait du réconfort, du bien-être. Tout la poussait à accepter que sa vie de guérisseuse arrivait à son crépuscule et qu'un nouveau jour devait se lever. Parce que sinon, elle serait amer, emplit de regret. Et elle refusait de finir sa vie en ayant garder pour elle tant de chose. En se rongeant elle-même de l'intérieur. Et la caresse du bengal la sorti de ses pensées.

- Du temps, je crois que j'en aurai à tuer.

Elle retint un rire. On l'éviteraient comme une pestiférée. Bec et Braise. Et Roux. Elle se recula un tant sois peu pour observer son comparse.

- Panda Roux est déjà presque comme un fils. Et Bec, elle avait une bonne relation avec Bec. Il pourrait accepter comme elle-même avait accepter qu'il garde pour lui ses secrets. Quant à Braise, il lui suffirait d'annoncer à la guerrière qu'elle aurait pour la nuit une amie de plus contre laquelle dormir et une de plus pour partager sa toilette. Finalement, Firmament aurait des proches. si toutefois, ils réagissaient comme elle le pensait. Mais elle chassa tout ça de sa tête et, offrant une lèche sur la tête du matou, elle le planta là pour poursuivre sur sa branche, jusqu'au point final, bien avant le bout. Son poids étaient de trop. Mais elle s'assit là, au bord du danger.

- Je veux finir la formation de Nuage de Menthe avant tout. Mais ... Je veux aussi passer du temps avec toi.

Et tout en fixant l'horizon, ses oreilles tournées vers l'arrière et le guerrier, elle souriait.

— « Du temps, je crois que j'en aurai à tuer.
— « Ça c'est si rien ne te tue avant, glissa Coup de Foudre en s'armant du même demi-sarcasme que son amie, en n'insinuant rien toutefois de plus qu'un malin tour de mots.

Elle répondit que « Nuage Roux était déjà presque comme un fils », pour elle, et il s'en ravit, car Nuage Roux était un fils à part entière pour lui! Ils s'admiraient mutuellement maintenant - lui pour sa perspicacité, Roux pour son expérience. Si Nuage et Chance la rejetaient complètement (et si elles décidaient de le rejeter lui aussi) alors tant pis ; il ne pouvait pas s'imposer dans le choix de ses enfants. Le Clan était suffisament grand pour leur offrir toute une variété de figures-parentales-adoptives -- enfin, si personne ne se laissait dissuader par leur statut "d'enfants maudits".

... Qui sait, peut-être que Raton-Laveur les prendrait sous son aile pour se venger de ce qu'il avait fait à Source (c'est à dire qu'il l'avait prit sous SON aile en l'adoptant.) La pensée le fit tout autant à demi sourire qu'elle, et si tous les deux semblaient plongés dans leurs réflexions, Fifi garda bien sûr les siennes secrètes en distrayant le bengal à l'aide d'un coup de langue sur son museau. Elle le déstabilisa juste assez pour s'éloigner, et leurs deux branches ployantes respectives se relevèrent - celle de Coup de Foudre la première car la siamoise marcha sa branche jusqu'au bout où elle pencha, souple peut-être, mais pas pour longtemps.

— « Mprr-- _mprr-- mprr-
— « Je veux finir la formation de Nuage de Menthe avant tout. Mais ... Je veux aussi passer du temps avec toi.

Elle regardait au loin mais sans complètement s'être détourné de lui, à en croire par ses oreilles qu'elle tenait vers l'arrière, toute ouïe à ses mots. Il dut se remettre de son attaque physique - déjà qu'il retenait à sa tête de s'égarer trop loin dans des images et des sensations trop familières.

— Eh bien,... Il commença, se hissant sur sa branche par le dos en arc, d'abord, avant de tendre sa patte dans le vide et de descendre sur la branche de la siamoise, trouvant à ses babines un sourire de gratitude qui s'entrouvrit d'espièglerie, faisant pétiller l'iris de ses yeux comme deux anneaux de soleil:

— Tu sais où me trouver! ♡ »

En lui donnant un petit coup de patte dans le dos pour la taquina il lui leva soudain la croupe, s'applatissant ventre contre écorce, remuant l'arrière-train, puis il fit mine de tester ses appuis sur la branche - le poids exercé dessus la fit descendre de bas en haut et son sourire n'en finissait plus de s'agrandir.

— « Un...

Fifi aurait tout le temps du monde à tuer pour recouvrer la confiance de ceux du Clan et de ses filles mais en attendant...

— Deux... (il gloussa)

En attendant, il lui donnait libre-accès à sa tanière - cette même renardière qu'elle avait décidé d'emménager à sa guise armée de sa jalousie et de ses griffes. Sauf elle il n'avait plus vraiment d'amis au Tonnerre alors...

— Trois!

Coup de Foudre se décrocha de la branche d'un bond comme un tremplin et se jeta dans le vide en l'étreignant de toute ses forces entre ses pattes. Si le vertige fut court, comme la chute, il n'en fut pas moins électrisant en le poussant à rire à gorge déployée sans ne se soucier de quoi que ce fut d'autre. Le vent dans ses babines, ses moustaches dans ses yeux, son poil se gonflant à la verticale et sa queue décrivant un tour le forçant à étirer ses pattes et à se réceptionner sur celles d'avant en premier, il quitta leurs rêves d'altitude pour bien littéralement retomber sur terre et lever le nez, ronron en gorge. Les rayons d'or l'aveuglèrent, tout était comme trop beau pour être vrai, mais avec des Si on refaisait le monde et que tout chat en soit témoin c'était ce qu'il comptait.

Nouvel Eden

La siamoise n'avait pas répondu au jeu de mot de son camarade, car si elle avait bien comprit que jamais il ne lui souhaiterai rien de tel, elle s'en était senti refroidis. Mais ce froid là était passager. Et à présent, elle le sentait changer de branche, tout en l'écoutant, et en s'accrochant subitement, les oreilles vers l'arrière au possible, se demandant à quoi il jouait a secouer cette satané branche a ce point ! Et ses appuis eux, n'étaient pas des plus sures au vue de la position qu'avait adopté son comparse. Voilà qu'il voulait jouer a sauter dans le vide ! S'était elle qui avait fait ça la première fois !

- Oh non ...

Le deux la fit plonger ses griffes plus loin dans le bois, provocant un bruit sec fort inquiétant dont elle ne put se soucier néanmoins. Un cri lui échappa quand elle sentit le félin quitter l'arbre, l’entraînant dans sa chute. Le souffle du vent, l'air frais charger de parfum, le chant lointain des oiseaux. Et le sol. Son instinct la poussa et elle plaça ses avants de tel sorte qu'ils lui servent d'amortisseur. Ses pattes ployèrent naturellement au contact du sol toutefois si son arrière suivit bien le chemin, elle bascula de côté peu après, s'étalant dans l'herbe tendre.

- Foudre !

Elle le chercha du regard, là, allongé de tout son long, laissant retombé sa tête dans les pousses douces et tendre du printemps, riant à son tour. Un long ronronnement de satisfaction montant dans sa gorge. Elle sortis peu après ses griffes pour "masser" l'air devant elle, geste des chatons contre le ventre nourricier pour aider le lait à surgir devenu symbole du plaisir ressenti. Bientôt elle ferait des choix. Où plutôt, elle appliquerait ses propres décisions. La siamoise ferma les yeux, profitant du soleil sur son pelage, profitant de l'instant. Puis doucement elle murmura.

- J'étais comme un oiseau, privé de ses ailes ...

Oui, et voilà qu'elle apprenait à s'en servir. Pour côtoyer le ciel et lui montrer qu'elle ne se laisserait abattre.

— « Foudre! »

Sa vision redevint nette et il eut tôt fait de remettre son attention dans l'herbe, plus particulièrement où la siamoise était tombée, couchée de tout son long après sa chute impromptue. Leurs regards se croisèrent et ils éclatèrent de rire ensemble.

Pendant que son amie prenait ses aises dans l'herbe, ronronnante comme lui, étirant ses pattes et boulangeant le vide dessous tous ses coussinets, le bengal se laissa tomber assit sans la moindre réserve, adossé au tronc de l'arbre, voûtant la nuque pour se donner quelques coups de langue sur le poitrail et dans le cou, puis l'épaule, repliant une patte pour l'approcher de sa bouche et terminer sa lapée sur le bout de ses griffes en se pourléchant les babines après quoi.

Il tiqua d'une oreille en l'entendant murmurer, lui jetant un coup d'oeil un peu las:

— « J'étais comme un oiseau, privé de ses ailes ...

Il eut un sourire.

C'était bien ce qu'il se tuait à lui dire, non?

Quand au début de son apprentissage elle s'était aussitôt blâmée de la mort de Petit Ver et de Petite Améthyste et qu'elle croyait qu'il s'agissait d'un signe des Étoiles qu'elle n'en faisait pas assez.

« Tu comptes porter des poids morts encore longtemps? » Il lui avait demandé. « Fais-tu confiance à la branche, ou à tes pattes? »

Car peu importe le nombre de prières dédiées aux branches ne les empêcherait pas de casser ; peu importe le nombre de prières dédiées aux Étoiles n'empêcherait pas les chatons de mourir. Elle n'y était pour rien et n'avait pas à s'accabler de regrets.

Après la mort d'Étoile de Suie, elle avait cherché à le faire basculer du côté de ses croyances, en lui disant qu'il s'aveuglait à ne pas croire aux Étoiles. Il y croyait - il avait vu leur pouvoir, après tout, pendant la Sanglante Assemblée, en voyant tous les chefs ressuciter au moins une fois (quatre fois pour Étoile de Suie) - là n'était pas le problème:

« Je ne suis pas aveugle » il lui avait répondu.

« Je trouve absurde que vous deviez dédier non seulement vos pensées mais aussi vos corps à des morts, sous prétexte qu'ils doivent rester "purs".   Non, pas absurde.    Complètement pervers. »

Et Firmament, Nuage à l'époque, lui avait reproché de ne pas comprendre son sacrifice.

Et elle avait raison.

À l'époque comme aujourd'hui, Coup de Foudre ne pouvait pas comprendre l'étendue de son sacrifice. Il ne pouvait pas comprendre sa joie de rencontrer son frère jamais-né dans les Étoiles, de porte-paroler leurs ancêtres et de les cotôyer dans ses rêves à chaque fois qu'elle s'endormait. Il ne pouvait pas comprendre - mais il voyait les dommages que causait tout ces sacrifices.

Comment parfois elle ne dormait pas car elle s'inquiétait trop. Comme sa propre mentor lui rendait la tâche difficile. Comment le Clan du Tonnerre la traitait de "brouteuse d'herbe" et se détournerait d'elle à la moindre erreur.

Ou bien il était dangereux - et il consentait de l'être, il se savait volage et opportuniste et n'ignorait pas son calcul/gains omniprésent - ou bien les Étoiles, leurs Ancêtres, n'aimaient pas ses avancées et ses idées nouvelles et depuis la tragédie des Lunar Pods, se sentaient maintenant menacées par le concept. Tellement qu'elles avaient tenté d'effrayer Firmament à l'aide de la vision d'un arbre noir et foudroyé. Mais lorsque sa folle de mère, Coeur de Serpent, était morte, c'est vers lui que la siamoise était allée, et c'est avec lui qu'elle se percha dans arbre pour vivre toute sa peine et pleurer.

Après son baptême de guérisseuse, c'est lui le premier qui sut son nom, et elle vint à sa tanière pour le lui dire, et démêler ses sentiments et lui à peu près bafouiller une déclaration en se sentant coupable de ressentir autant de choses pour lui et il craqua:

« Je tiens à toi aussi, tu sais? Tu veux pas en rester là?

Sans fétichiser ta culpabilité? Pour une fois Fifi? Sans t'interdire de vivre? »

Et quand elle et Raton-Laveur avaient dit qu'ils devaient se pardonner leurs "erreurs", peu après avoir su pour leurs portées à venir respectives, Coup de Foudre leur avait dit que « ... Ce ne sont pas des erreurs. »

Car pour Coup de Foudre, Secret du Firmament n'avait jamais mal fait. Elle n'était pas aussi mauvaise que voulait leur faire croire le code du Guerrier, ou le Code des Guérisseurs, ou le Code des Étoiles ou je ne sais quel Code visant à l'opprimer ; toute sa souffrance était systémique, c'est à dire que sa graine se trouvait dans la façon dont leurs Clans étaient construits et les tabous qu'ils s'étaient inventés, laissant ces-derniers s'enraciner à même leurs fondations en ne les contredisant jamais, en ne prenant jamais la peine de les questioner.

D'ailleurs, personne ne lui avait jamais demandé.

Pourquoi sa tête était cassée?

Car c'était la tradition des nouveaux apprentis de sortir dehors faire leur veillée après leur baptême - et ce, même au beau milieu d'un blizzard.

« Combien de fois je dois t'aider à t'ouvrir les yeux sur l'immoralité des Étoiles qui jouissent à te torturer ? »

Lunes après Lunes après Lunes, il s'était intéressé à Fifi pour ses talents de chasseuse, pour tester sa loyauté à ces lois arbitraires, mais il ne pouvait s'empêcher de ressentir de la pitié pour celle qui était devenue son amie en la voyant s'entêter à suivre des paroles depuis longtemps obsolètes, rien que pour plaire à des morts. À autant plaire aux morts elle ne se permettait même plus la vie. Et pour lui, dont la vie lui avait été presque complètement ravie, une nuit de blizzard, il trouvait inadmissible qu'elle se gâche tout alors qu'elle avait encore toute sa tête.

Secret du Firmament n'avait peut-être plus de visions, elle voyait désormais encore mieux qu'avant, et à son doux murmure, le bengal s'entendit pousser un soupir de soulagement, simple, duquel il aurait été impossible de penser qu'il portait des Lunes et des Lunes et des Lunes en poids d'histoire qui venait de lui alléger les épaules et le dos et qui donnèrent une douceur diffuse à son sourire, à l'ombre d'un jeune arbre de la forêt symmétrique.

— « ... On respire mieux, non?

Il avait l'impression - non. C'était plus qu'une impression. Il respirait mieux, ses voies étaient dégagées, les odeurs du verger lui picotaient les narines et ses cordes vocales vibraient sans le son d'un ronron, reposant sa patte pour regarder le ciel délesté de tout nuage et de toute Étoile en cet après-midi ensoleillé. Juste deux chats dans un verger.

Qui ramassaient des plantes.

Qui parlaient.

Qui vivaient.

Nouvel Eden

Si le bengal l'avait entendu, il ne répondis pas. Pourtant, dans sa tête, elle poursuivit la mélodie. S'était parce qu'il était là que l'oisillon avait décider de quitter le nid. Parce que lui savait voler qu'elle faisait le pari fou de le suivre. Parce que le nid devenait trop petit aussi et moins douillet. Elle avisa le matou du regard, il était pensif, elle le vit et elle laissa sa tête retomber dans l'herbe, refermant les yeux. Ce qu'elle était bien, là, sous sa garde. Avec lui et lui seul. Il lui faudrait bientôt, dans une lune, deux peut-être, détruire un peu de ce calme. Et se plonger dans la tourmente. Mais ce serait la dernière fois. Ensuite elle serait libre. A condition que son oncle accepte la vérité et qu'il tolère qu'elle reste dans le clan. Oh pour ça, elle resterait, quitte a accepter toutes les tâches des apprentis. Que pourrait elle attendre de mieux ? Mais voilà, Coup de Foudre tenait à elle alors s'était un sacrifice minime pour pouvoir passer ses nuits près de son compagnon.

Mais il y aurait tant de choses. ses enfants, le reste du clan. Tant de venin potentiel. Et elle serait presque seule pour y faire face. Lentement, elle se redressa de nouveau, s'étirant pour rejoindre le bengal et s'allonger aux pattes de ce dernier. pour profiter du soleil, de sa présence. sans un mot. Ils s'étaient pour l'heure tout dit. Il était là et s'était tout ce dont elle avait besoin. Oui. Là et elle n'en demandait pas plus. Bientôt ils iraient récupérer les remèdes et rentrerait au camp. Bientôt elle devrait veiller à ce que Nuage de Menthe soit digne des étoiles. Parce que elle n'y était pas et ne l'avait peut-être jamais été. Peut-être même n'avait il jamais accepter le nom que sa mère lui avait choisi. Un sourire triste affleura sur sa face. Le destin était il tout tracé ? Elle espérait que non. Car elle voulait avoir à vivre avec Foudre, librement. Parce que la liberté, s'était ce qu'il lui avait offert. une liberté pourtant douloureuse.

THE END