Après la tempête

Le temps s'était calmé mais les ravages de l'orage étaient visible partout sur le territoire. L'eau stagnait partout, des plantes étaient couchées, chassées par le vent, il y avait quelques arbustes déracinés. Bref, ça n'avait pas été pour rire cette tempête. Nuage de Nacre boitait avec Orage d'Or vers le camp. Ils avaient été soignés par Vent du Nord, mais la femelle sentait la douleur revenir et lui brûler la cuisse. A peine de retour au camp, elle prit congé du mâle brun foncé. Elle devrait aller voir Jolie Rafflésie ou Grande Digitale, mais elle était si fatiguée ... Et Petite Fourmi devait être mort d'inquiétude.

Elle se dit qu'il vaudrait mieux d'abord aller rassurer son mentor puis aller dormir un peu. De toute façon, elle avait encore une partie du cataplasme que Vent du Nord lui appliqué la veille. Heureusement qu'elle avait été là d'ailleurs ... Claudiquant dans le camp, elle se dit que tout était aussi calme qu'avant leur départ. Et pourtant elle était certaine que les chats étaient partis à leur recherche. C'était surement pour cela qu'il faisait si silencieux. Elle regrettait d'être partie avec Orage d'Or, mais elle n'aurait jamais pu imaginer ce qui allait se passer. Se devait être une patrouille tout ce qui a de plus normal, pas l'enfer qui se déchaine sur les deux chats de l'ombre.

La douleur la força à s'arrêter. La blessure n'était pas grave et était propre. Mais c'était le tout qui rendait ça douloureux. La plaie était peu profonde mais elle était encore humide de la veille, elle avait froid et sa fourrure était dans un état pitoyable. Ses coussinets étaient blessés, brûlés par la course qu'ils avaient du faire et ceux qui étaient épargné étaient gercés à cause de l'eau. Elle avait besoin d'une journée de repos qu'elle était certaine qu'on lui accorderait après tout ça.

APRÈS LA TEMPÊTE

ft. Nuage de Nacre & Petite Fourmi

Le ciel s'était couvert rapidement en fin de journée; il était rentré de sa patrouille de chasse avant le début de la tempête. C'était comme si les éléments se déchaînaient, que le Clan des Étoiles les punissaient. Qu'avaient-ils fait? Était-ce à cause des actes récents, la mise à mort de Branche Pâle, les prophètes, ou tout simplement le sang et les larmes que tout un chacun faisait couler sans le savoir? Ils avaient passés la soirée à renforcer les tanières et combler les trous que le vent causait en arrachant les ronces et les feuilles. Ils s'étaient tous mit à couvert, mais après l'appel, deux personnes étaient manquantes. Nuage de Nacre, et Orage d'Or.

C'est après être venu à la rencontre de Petite Fourmi, que la tension grimpa rapidement dans l'esprit de Brasier Caniculaire. Le guerrier n'avait pas vu son apprentie depuis le début d'après-midi, elle avait été placée dans une patrouille avec Orage d'Or. Le visage du roux s'était distordu dans une grimace de colère et de panique. Alors, ils s'étaient éclipsés du camp dans la seconde, prévenant Grassette Tremblante qu'ils allaient à la recherche de Nuage de Nacre. Ils avaient bravés la tempête, frappés par la pluie et le vent. Mais ils ne s'étaient pas arrêter, ils n'avaient pas prit une seule pause durant leur recherche.

Toute la nuit, du coucher du soleil au levé de ce dernier, ils avaient siphonnés le territoire de long en large; si bien que Brasier Caniculaire n'avait plus senti ses pattes et ses coussinets; engourdies par le froid et gercés par la pluie. Ils s'étaient ouverts, laissant son sang dans son sillage. Mais jamais, ils ne s'étaient arrêtés. Des coups d'œil complices; un commun accord de garder le silence, car ils n'avaient le temps de converser. L'heure était grave, et le rejeton des flammes imaginait déjà le pire.

Il la voyait; elle et son pelage de neige, lui et son regard éteint. Il ne pouvait s'empêcher de l'imaginer à sa place; son corps distordu dans la mort, sa gueule entrouverte et moussante, ses yeux sans éclat. Et si elle finissait comme lui? Et s'il n'avait rien pu faire, encore une fois? Pourrait-il se pardonner? Pourrait-il y survivre encore? Cette peur panique le poussait à continuer de courir, à continuer d'épier chaque buisson et chaque arbre; en vain. Ils n'avaient rien trouvés, pas une piste, pas une trace. La pluie avait tout effacé, l'odeur de leur propre tension couvrait sa truffe. Ses yeux étaient brumeux, il cillait à plusieurs reprises dans l'espoir de l'apercevoir; saine et sauve.

Mais ils n'avaient rien trouvés; et bien que la nuit touchait à sa fin, que la tempête se calmait, ils ne faisaient pas demi-tour. Brasier Caniculaire refusait. Il refusait de l'abandonner elle aussi. Et Petite Fourmi en faisait tout autant. Leur pelage était sale; dégoulinant de boue et d'eau; se mélangeant à la terre meuble et au gouttelettes de sang que le roux abandonnait derrière lui. Il avait l'impression de ne plus rien entendre tant le vent lui hurlait dans les oreilles. Il s'était fait griffé le visage par les branches et les épines, son poil était troué par endroit, emmêlé par d'autres. Il avait prit les plus grosses bourrasques pour protéger son camarade; creuser leur passage dans les endroits épineux.

Finalement, la tempête s'éloigna, et le calme revint. Seul le bruit de la pluie les accompagnait, le vent était retombé. Et pourtant, ils ne s'étaient pas arrêtés. Il était essoufflé, son cœur lui serrait, ses poumons le brûlait. Ses muscles étaient engourdis, crampés. Ils faisaient peine à voir; ils avaient bravé l'enfer, et pourtant ils n'avaient rien trouver. Seulement, quand l'idée d'abandonner naissait dans son esprit; il put sentir une odeur qu'il connaissait. Un coup d'œil à Petite Fourmi, ils étaient d'accord, c'était la trace de Nuage de Nacre.

Dans une course folle, nourrie par l'espoir, ils étaient de retour au camp. Franchissant l'entrée dans un bond, il la vit enfin. Elle et son pelage nacré; en bataille, abîmé, couvert de pansements et de cataplasmes. Son sourire rassuré disparu aussi vite qu'il était arrivé.

« - Nacre! Tu vas bien! » S'approchant dans une foulée, abandonnant son sang dans son passage, il arriva à la hauteur de l'apprentie. « - Mais.. Qu'est-ce qui t'es arrivé? T'étais où? On t'a cherché toute la nuit! » Et ça se voyait.

Etudiant son pelage, il détaillait ses plaies et ses blessures; elle était salement amochée, claudiquante et malmenée. Lui, n'était pas mieux, ses coussinets dégoulinaient de sang, sa fourrure était arrachée par endroit, son visage était couturé de multiples petites coupures, ses yeux étaient cernés par la fatigue, il était trempé et couvert de boue, presque tremblant. A vrai dire, Petite Fourmi n'était pas en meilleur état; et Nuage de Nacre semblait encore pire. Et pourtant, il était si rassuré de la voir ici, vivante.