Museau d'argent [avec Lune]

▬ Guerrière

Un grondement, sourd et grave, s’échappe de sa gorge. L’œil acéré, la guerrière se glisse, tout contre ses appuis, si basse, et elle file comme l'ombre qu'elle est.

*

Il neige. Le nez en l'air, Luciole des Bois inspire longuement, laisse le froid lui glacer les poumons. Les premières gelées sont toujours ainsi ; elles enserrent les cœurs, font paniquer les reines et les anciens, endorment le monde. La forêt n'est plus qu'un songe lorsqu'elle laisse son regard retomber entre les arbres.

La guerrière s'en va loin du camp, parfaitement seule. Elle voulait emmener Nuage de Chacal avec elle, mais le petit a été affecté à la patrouille de l'aube par la lieutenante ; lorsqu'elle s'est réveillée, ils étaient déjà sur le départ. Après tout, ce n'est pas plus mal. Un peu de calme n'est pas de refus pour Luciole.
Machinalement, sans vraiment y penser, elle incise la gorge du pigeon. Le sang emplit sa gueule, couvre l'odeur de la glace.
« Pourquoi est-ce que ça pue autant ? » pense-t-elle tout en se relevant.
Soudain, Luciole se dresse, immobile et droite comme un i, les oreilles pointées vers l'avant. Sa mâchoire se serre, faisant craquer les os, éclater les tendons, et ses yeux se fendent sur un point. Là, un museau d'argent ; elle est certaine de l'avoir vu fureter entre les feuilles mortes. Et cette odeur pénétrante...
Le renard.
Son sang ne fait qu'un tour, son cœur bat si fort contre son poitrail. Doucement, elle recule, parce qu'elle sait que seule elle a peu de chance de gagner. Maintenant dissimulée par les fourrés, elle court enterrer sa proie, puis, elle se laisse emporter par son devoir. Elle n'a toujours vu que ça, dans sa vie, de toute façon.

La femelle fait demi-tour, il va falloir jouer serré. Rapidement, elle contourne la clairière dans laquelle elle se trouvait quelques instants plus tôt, se tapit observe. L'air est stagnant, rien ne bouge.
Luciole ne comprend pas. Elle est certaine de l'avoir vu, l'odeur du sang devrait l'avoir attiré, non ? Nerveuse, la femelle se dirige jusqu'aux buissons desquels elle a pu voir le museau dépasser, cherche des indices, et...

Rien.
Pas la moindre trace. Pas de touffes de poil accrochées aux branches non plus.
Aurait-elle rêvé ? Pourtant, elle peut encore sentir son fumet. Lointain, c'est vrai, mais elle sent bel et bien quelque chose.

Luciole des Bois lâche un soupire las. Elle est trop tendue en ce moment, « En ce moment ? ».

Néanmoins, méfiante, la femelle décide de suivre l'odeur qui l'a tant alertée. À grands pas, les traits tirés par la concentration, Luciole s'éloigne vers les frontières.

*

L'odeur devient de plus en plus forte. Cette fois, elle ne peut pas se tromper ; un renard est passé par ici il y a peu et il faut absolument qu'elle s'assure qu'il ne reviendra pas vers les terres de l'Ombre.
Vivement, la femelle traverse le chemin du tonnerre et, arrivée de l'autre côté, elle lève son regard en direction des Quatre Chênes. Le brouillard s'est levé, enrobant les géants de bois ; leur fantomatique majesté n'est plus qu'une ombre sombre, dissimulée derrière le voile pâle. D'un mouvement léger de la tête, elle s'incline, comme pour excuser sa présence.

Il n'est pas loin. Elle en est certaine, elle ne peut pas se tromper. Il faut juste s'assurer qu'il s'en va, loin, loin de chez elle. Après quoi elle pourra rentrer faire un rapport à Grassette Tremblante.
Oui c'est tout, il faut juste vérifier. Faire attention, ne surtout pas se mettre en danger.
Mais Luciole des Bois ne comprend pas. L'odeur est partout, elle l'enveloppe tout entière, tellement que même elle, puissante combattante, sent ses poils frétiller sur son dos. Comment est-ce possible ? Il n'y a pas de directions précises, pas d'empreintes... rien. Juste cette odeur particulière qui l'a mené jusqu'ici.

C'est alors qu'elle vogue entre les racines, hésitante, que son cœur fait un arrêt. Un geste, un mouvement, du bruit, juste là, à côté d'elle, ça la toucherait presque, c'est derrière cette racine là. Son pelage se gonfle et, instinctivement, Luciole bondit, toutes griffes dehors, les crocs en avant.

« - Ah ! Quoi ?! »

Elle crie, écarte vivement les pattes – quel beau réflexe ! – et manque de laisser tomber complètement sa masse sur...
Un tout jeune chat. Un tout jeune chat, au museau d'argent.
Son nez tout contre le sien, les yeux dans les yeux, toute contorsionnée entre les racines, elle ne peut que laisser passer le silence.

○ Aspirante

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☆ Museau D'Argent ☆
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À sa défense, il avait beaucoup plus neigé dernièrement qu'au début de la saison, et à cause de ça, les limites du territoire étaient plus difficiles à distinguer... Elle avait beau avoir soulevé son museau pour renifler les fruits pourris des Trois-Pommiers, Lune s'était un peu égarée lorsqu'elle s'était mise à la poursuite d'une proie. Il faut dire qu'elle s'amusait, aussi: d'abord elle sprintait pour effrayer l'oiseau, le faisant s'envoler, puis elle repérait où il allait se poser et elle répétait l'expérience. À chaque sprint un nuage comme une poudre de neige; elle riait à gorge déployée, trahissant sans cesse sa position.

Dans la purée de pois qui s'était soulevée depuis son départ, elle crut reconnaître la silhouette des Trois-Pommiers, du moins jusqu'à ce que l'un d'eux ne se dédouble dans l'angle. Pire encore, en s'approchant, chaque tronc de ces Trois-Pommiers (plus un) se mit à enfler et grossir et envahir le ciel, et plus elle s'approchait moins elle comprenait la distance qui la séparait de ces arbres qu'elle était pourtant censée connaître. Lune plissa le nez, cherchant à renifler au travers du froid; en vain. Sa curiosité piquée (son intérêt pour l'oiseau envolé), elle s'abaissa, son ventre brinqueballant rasant la neige, et souleva haut les coudes afin de s'approcher du phénomène. Quelque chose clochait, et Lune ne savait pas encore quoi, mais elle irait au bout du problème.

Le "bout du problème" fut un croc-en-jambe. Pépiant de stupeur, Lune roulé-boula sous des racines sortant de terre, se hâtant de soulever toute sa masse sur ses quatre pattes et s'ébrouer de sa plongée enneigée.

C'est à ce moment qu'un fantôme fendit le brouillard en pépiant à son tour:

— Ah ! Quoi ?!

La silhouette de Lune gonfla trois fois son volume. Elle dévisagea la dame dont le nez mouillait le bout du sien.

— N... Non! Une patte vive et courroucée tapota le nez étranger. ...Non, non! Non non et non, qu'elle répéta, la peur lui ravissant tout ses mots.

Suivant un ou deux petits coups répétés visant à pourfendre l'étrangère, Lune prit vite place au haut de la racine, s'arc-boutant sur les quatre pattes, cherchant à cacher derrière elle tous les poils de sa queue hérrissée.

— Non! On ne fait pas ça! Vous avez jamais entendu parler d'une bulle personnelle ou quoi!

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Museau d'argent [avec Lune] Pas_la_griffe_la_plus_aiguisee_de_la_patte_by_louaseau_dgi6ump-fullview.png?token=eyJ0eXAiOiJKV1QiLCJhbGciOiJIUzI1NiJ9.eyJzdWIiOiJ1cm46YXBwOjdlMGQxODg5ODIyNjQzNzNhNWYwZDQxNWVhMGQyNmUwIiwiaXNzIjoidXJuOmFwcDo3ZTBkMTg4OTgyMjY0MzczYTVmMGQ0MTVlYTBkMjZlMCIsIm9iaiI6W1t7ImhlaWdodCI6Ijw9NDg5IiwicGF0aCI6IlwvZlwvNGRlNjg5NGYtYTNjMS00MWE3LTliMDMtZDI3YTYzOTAwYWQ2XC9kZ2k2dW1wLWZkNzE4MmI5LWM2OTItNDFiNi1hNzJlLWUxNjdjYWMzZThjMi5wbmciLCJ3aWR0aCI6Ijw9MzYwIn1dXSwiYXVkIjpbInVybjpzZXJ2aWNlOmltYWdlLm9wZXJhdGlvbnMiXX0

Sujet: Re: Museau d'argent [avec Lune] 04.12.23 22:21

Le membre 'Lune' a effectué l'action suivante : Don des étoiles

'Attaque - Autre' :

▬ Guerrière

Le temps s'était arrêté et, maintenant, de stupeur elle se gonfle, la petite chose. Ce petit nez rose et frémissant, cette expression apeurée qui lui vole son visage et surtout cette voix d'enfant qui ne fait que répéter :

« - N... Non ! ...Non, non ! Non non et non. »

Luciole ne se réveille que lorsqu'elle se prend plusieurs pichenettes en plein dans le nez.

« - Aïe, aïe... ! Lâche-t-elle tout en reculant sa tête bien trop grosse par rapport à ce petit bébé là. »

Lorsqu'elle rouvre les yeux – une patte massant son museau, toujours à moitié coincée entre les racines – elle les lève en direction du chaton, vraisemblablement aussi en colère qu'apeuré, qui la domine depuis la haute racine lui servant de retraite.

« - Non ! On ne fait pas ça ! Vous avez jamais entendu parler d'une bulle personnelle ou quoi ! »

Bouche-bée, Luciole des Bois se sent plus bête et abasourdie que jamais. Vivement, elle se relève, se secoue en vitesse comme pour se débarrasser et de la neige et du ridicule qui lui couvre le dos.
Et, en douceur cette fois-ci, elle dépose ses grosses pattes antérieures à côté de la petite à qui elle s'empresse de s'adresser :

« - Oh pardon, pardon... Je ne voulais pas te faire peur, je t'assure. Est-ce que tu vas bien ? Est-ce que je t'ai fais mal quelque part ? »

Son visage, qu'elle coince entre ses pattes – si bien qu'elle doit lever les yeux haut pour la regarder elle – ne reflète que de l'inquiétude et de la culpabilité ; les oreilles couchées, elle laisse ses pupilles inspecter la petite créature sans oser s'approcher plus, de peur de l'effrayer à nouveau.

HRP:

○ Aspirante

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'Fallait utiliser le nom des autres quand on leur adressait la parole, Lune le savait bien, mais en dévisageant la coupable elle se rendit compte que son nom, ben elle le connaissait pas.

Ce qui... n'était pas si spécial. C'était un peu impossible de se rappeler de tout le monde. Genre Mouche et son Oiseau Oiseau, Tonton qui habite la Cabane tout près (il n'était pas de la Tribu mais pour Lune c'était tout comme), sa maman Vent du Nord, Monsieur Flair, M'dame Violette, Oreille Rigolote (et toutes ses blagues rigolotes), M'dame Cendrée, Écarlate, puis Nuage de Pie Nuage d'Araignée Nuage Silencieux et Silex, quoi.

— Oh pardon, pardon... s'excusa la dame dans toute sa patience et gentillesse, mollifiant momentanément la plus jeune. Je ne voulais pas te faire peur, je t'assure. Est-ce que tu vas bien ? Est-ce que je t'ai fais mal quelque part ?

Perplexe, Lune recula sa tête, tombant de si haut des nues qu'elle aplatit son gros arrière-train sur la branche.

— Euuhh...

Un souvenir tenta de se creuser quelque part derrière ses yeux. Un souvenir qui lui glaça le sang - un souvenir qu'elle ne voulait pas se rappeler, et donc, un souvenir qui se fit ensevelir sous une montée de colère.

— C'est... C'est pas de vos affaires, d'abord!

Non, non, car cette dame, aussi gentille soit-elle, était avant tout une étrangère, et voilà que toutes les leçons de Maman Vent revenaient la prévenir. Lune se cramponna à sa racine.

— Et pis d'abord, vous êtes QUI? Et puis vous faites QUOI, parce-que j'vous ai jamais vue et ici c'est MON chez-moi, pas chez vous!

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▬ Guerrière

La petite enragée est comme soufflée, si bien qu'elle s'assoit, d'abord sans parler. Luciole des Bois dresse ses oreilles dans sa direction ; visiblement elle va bien, mais elle ne peut s'empêcher d'être inquiète.

« - Euuhh... »

Ah, ce qu'elle est mignonne, cette petite là ! Du moins, c'est la pensée qui traverse Luciole avant qu'elle ne recouche ses oreilles, reculant un peu sa tête et perdant son sourire, face à la colère nouvelle qui fait frétiller le pelage et les moustaches du chaton.

« - C'est... C'est pas de vos affaires, d'abord !

La guerrière peut presque entendre battre son cœur, et elle voit bien ses pattes maladroites s'accrocher du mieux qu'elles le peuvent à la racine.
Bon. Il semblerait qu'elle lui fasse peur. C'est très embêtant, parce que Luciole voudrait l'examiner pour être sur qu'il n'y a pas de bobos physiques... Sauf qu'un petit qui a peur, comme n'importe qui, il vaut mieux lui laisser un peu d'air.

« - Et pis d'abord, vous êtes QUI ? Et puis vous faites QUOI, parce-que j'vous ai jamais vue et ici c'est MON chez-moi, pas chez vous ! »

Luciole se décale sur le côté ; ses pattes toujours accrochées, elles aussi, à la branche. Se voulant la plus amicale possible, elle laisse ses oreilles revenir sur le haut de son crâne, sa queue se mouve en un doux balancier, son œil est clair tout comme sa voix presque murmurée :

« - Ah oui, tu habites ici ? »

Elle pose sa question sans accusation. Mais Luciole n'est pas idiote, elle sait très bien que cette enfant ne vit pas aux Quatre Chêne. Ça se serait su, d'une manière ou d'une autre, si une chatte ou un couple s'était installé avec des enfants, proche des grands arbres. Surtout que la petite doit tout juste être en âge d'être apprentie donc... Cela signifierait que, depuis six lunes déjà, une famille aurait fait son nid dans le coin et le Clan de l'Ombre l'ignorerait ? Autrement dit : c'est impossible.

« - C'est un peu bizarre, je viens souvent au pied de ses grands arbres et je ne t'ai jamais vu pourtant ! Tu es sur que tu ne t'es pas trompée ? »

Luciole lui sourit avec toute la gentillesse du monde, espérant paraître un peu plus sympathique à ses yeux puisque, vraisemblablement, elle n'est pas là où elle devrait être.

« - Tu sais, si tu es perdue, tu peux me le dire. Pour me faire pardonner, je t'aiderai à retrouver ton chemin ! Qu'est-ce que tu en dis ? »

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○ Aspirante

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Malgré toutes les lois de la politesse qui auraient dues être de son côté, l'étrangère refusa catégoriquement de répondre à sa question.

— Ah oui, tu habites ici ? qu'elle lui retourna. C'est un peu bizarre, je viens souvent au pied de ces grands arbres et je ne t'ai jamais vu pourtant ! Tu es sur que tu ne t'es pas trompée ?
— ...Par-DON?

Malgré le grand sourire que lui fit l'étrangère (et malgré son envie irrépréssible de l'imiter) Lune choisit de se renfrogner et répondit à cette outrance en tirant la plus longue gueule de sa vie. Et puis, ça voulait dire quoi, qu'elle l'avait jamais vue? À cause de la neige? Parce-que maintenant Lune se camouflait trop dedans...?

— ...Non, je me trompe pas!

Sauf que l'étrangère renchérit!

— Tu sais, si tu es perdue, tu peux me le dire. Pour me faire pardonner, je t'aiderai à retrouver ton chemin ! Qu'est-ce que tu en dis ?

Ce qu'elle en disait? Ce qu'elle en disait c'était de bien sortir les dents et d'un crachat distinct!

— Mais j'ai pas besoin d'aide! s'impatienta Lune. À son insu, elle s'humecta nez et babines d'un-deux-trois coups de langue. Même que je parie que c'est VOUS qui êtes perdue et vous, vous... Vous essayez de me faire porter la faute, en fait!
Lune se souleva sur ses deux pattes, aplatissant solidement celles d'en avant pour peser l'accusation. Exactement comme le fait Nuage de Pie!!

Porter la faute, c'était un peu comme de la fiente d'oiseau: très drôle quand elle tombait sur le nez des autres, beaucoup moins quand elle s'écrasait sur le sien...

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▬ Guerrière

La petite chose blanche et grise crache soudainement, montrant ses petits crocs pointus ; toujours aussi furieuse, il semblerait que Luciole ne soit pas des plus convaincantes.

« - Mais j'ai pas besoin d'aide ! Même que je parie que c'est VOUS qui êtes perdue et vous, vous... Vous essayez de me faire porter la faute, en fait ! »

Les yeux de Luciole s'arrondissent. Lui faire porter la faute ? C'est vraiment l'impression qu'elle donne ?
La petite chatte se soulève pour aplatir ses pattes avant tout en scandant, accusatrice :

« - Exactement comme le fait Nuage de Pie !! »

Évidemment, Luciole des Bois n'a aucune idée de qui peut bien être Nuage de Pie. Mais la petite a l'air bien jeune, mis à part sa famille elle ne doit pas encore connaître grand monde... alors il est plus probable que cette personne qui la tourmente tant soit son frère ou sa sœur.
La guerrière se recule, pour s’asseoir calmement. En douceur, sans le moindre geste brusque, elle passe un coup de patte sur les mèches rebelles qui lui coiffent le crâne avant de laisser retomber ses iris vertes dans ses jumelles.

« - Je ne voulais pas que tu te sentes coupable, je ne pense pas que tu ais fais quoi que ce soit de mal. Et je n'ai absolument pas l'intention de te gronder... »

Juste un instant, ça ne dure vraiment pas longtemps, mais la respiration de la guerrière se coupe. Elle avait oublié, elle s'est laissée déconcentrer. Comme un flash, la raison de sa venue aux Quatre Chênes lui revient en mémoire : le renard.
Mais Luciole des Bois est fidèle à elle-même. Ce petit grésillement de peur, visible dans ses yeux, se meurt dans l’œuf. Oui, il y a un enfant avec elle, un enfant qu'elle ne connaît pas qui plus est. Il va falloir jouer serrer et ça, Luciole elle sait très bien le faire.

« - En fait... elle chuchote, se penche vers la petite, comme pour lui livrer un secret. Je suis ici pour une mission top secrète. Mais je suis pas très douée, je me suis foirée et tu m'as vue... T'es vraiment trop forte dis donc ! Dis-moi, grande héroïne dont j'ignore le nom, peut-être pourrais-tu m'aider dans ma tâche ? ♪ »

Si elle parvenait à transformer cette situation en un jeu, les choses deviendraient soudainement nettement plus faciles, c'est certain.
Luciole des Bois a la sensation d'étouffer. L'odeur qu'elle a senti précédemment est toujours présente, elle lui prend la gorge. Et pourtant rien, rien dans son attitude ne laisse deviner qu'elle est effrayée, par cette épée de Damoclès planant au-dessus de leurs têtes.

HRP:

○ Aspirante

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L'étrangère sortit de sa bulle personelle (ENFIN!!!) en s'éloignant et en s'asseyant non-loin de la racine, tous ses longs poils en ciel d'aube épousant les formes de son corps avec une grâce qui eut l'effet comme d'une piqûre sur la petite bengale.

— Je ne voulais pas que tu te sentes coupable, je ne pense pas que tu ais fais quoi que ce soit de mal. Et je n'ai absolument pas l'intention de te gronder...

Irritée pour une raison qui lui échappait, Lune abaissa le popotin, gardant toutefois très haute sa tête juste pour toiser l'étrangère quelques secondes de plus.

Bien!

Parce-qu'elle avait rien fait de mal, d'abord!

Et de toute façon, même si elle avait voulu la gronder, elle n'aurait pas pu. Elle n'était pas sa mère, et tout le monde sait qu'il y avait juste sa mère qui pouvait la gronder!

Sa queue (courte, au poil compact) tapota l'écorce avant de vite lui entourer les pattes qui s'étaient refroidies suivant cette brève montée de colère.

— En fait... Je suis ici pour une mission top secrète. Mais je suis pas très douée, je me suis foirée et tu m'as vue... T'es vraiment trop forte dis donc ! Dis-moi, grande héroïne dont j'ignore le nom, peut-être pourrais-tu m'aider dans ma tâche ? ♪

Lune détourna le nez, ponctuant le mouvement d'un "Hmph" boudeur. Malheureusement, tout l'orgeuil dans lequel elle pouvait se bouffir ne pouvait lui enlever sa caractéristique la plus apparente. Lune était une enfant, et, malgré toutes les bonnes intentions de leurs parents, tous les enfants étaient maudits d'une instatiable curiosité.

Lune avait abaissé les oreilles, mais l'une d'elle refusa de s'aplatir complètement...

— ... C'est quoi, votre mission?

La purée de pois s'épaississait autour d'eux, ravissant à sa périphérie la silhouette de l'un de leurs trois (quatre?) pommiers. Bientôt sa vision ne se limiterait plus qu'aux contours des racines ainsi qu'à tous les pigments colorant le pelage de la belle étrangère... L'humidité dans l'air lui donna la chair de poule. Il s'agissait de son premier hiver, et le nez de Lune lui épargna l'odeur âcre qui se rapprochait lentement, assidûment, du parfum familier de l'écorce de leurs pommiers.

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▬ Guerrière

« - Hmph, lâche le chaton en boudant. »

Maintenant assise et l'air plus renfrognée que jamais, la petite semble être la proie d'un dilemme intérieur. À l'instant où Luciole des Bois se dit qu'elle devrait tenter une nouvelle approche, elle voit l'oreille – quelle traîtresse – s'accrocher à la curiosité. Bien droite, presque tournée vers elle. Un petit sourire se glisse sur les lèvres de la guerrière ; c'est gagné.

« - ... C'est quoi, votre mission ? »

Le sourire s'élargit. Pourtant, au fond d'elle, l'inquiétude gagne peu à peu le cœur de la femelle. Son nez se plisse, l'odeur du prédateur qui rode s'accroche et s'approche, lui prend les tripes.

« - C'est une mission de la plus haute importance ! En fait, je dois retrouver quelque chose. Ou plutôt... quelqu'un. Un MONSTRE ! Un vrai de vrai ! Très dangereux, moche et très MÉCHANT ! »

Exagérément, la guerrière étend ses pattes antérieures en une grande ouverture, en équilibre sur son arrière train, mimant la grosseur. Son visage théâtralise le danger autant que ses mots ronronnés, elle glapit avec sérieux et claque sa langue pour enfler le danger.
Rien ne pourrait trahir le jeu, absolument rien.

« - Malheureusement, j'ai perdu sa trace, je n'ai pas été assez méfiante... Mais il faut absolument que je le retrouve ! Je dois le faire fuir pour protéger mon peuple ! Car, en réalité, je suis la gardienne du Royaume Perdu aux abords des brumes, et c'est mon devoir d'éloigner les monstres de mon territoire. J'aurai besoin de quelqu'un de fort, de quelqu'un de vaillant, d'une princesse surpuissante pour me venir en aide... Il faudrait qu'elle se cache en hauteur, qu'elle observe attentivement les environs grâce à ses yeux de lynx capables-de-tout-voir et ainsi elle m'avertirait si elle voyait le monstre. Grâce à son aide... Oui, c'est certain, grâce à son aide je ferais fuir le monstre ! »

Quelle belle histoire, Luciole des Bois ferait sans doute une grand-mère idéale.
Un mouvement saccadé derrière elle, mais elle ne frémit pas. Elle sait déjà qu'il est là, non loin. Les a-t-il vu ? Non, le brouillard s’épaissit et les enveloppe, absorbant le monde.
Il n'y a pas de temps à perdre.
Luciole des Bois se penche un peu vers la petite et, se voulant la plus convaincante possible, elle roucoule :

« - Dis-moi... peut-être que ce serait toi, cette vaillante princesse qui pourrait m'aider à sauver mon royaume et à mener à bien ma mission ? ♪ »

Ses oreilles sont bien droites sur son crâne et elle semble parfaitement focalisée sur la petite étrangère. Pourtant, toute son attention se détache et s'évase dans son dos, parce cette ombre derrière le brouillard les guette et les toise, attendant le moment idéal.
Le sourire de Luciole des Bois n'est même pas crispé et elle attend, le verdict de l'enfant.

HRP:

» Monde de brutes (avec Museau Bleu) - end
» Le Vent effacera tout (avec Museau Pâle) -abandon
» Guet-apens that does happen (avec Museau Bleu) -abandon
» La lune est avec toi - Solo
» Aux vivants, la Lune reconnaissante (avec Déchet) - end