Plus ça Change ...

Et pendant que Ciel Noir alla se rassassier, Étoile Foudroyante attendait. Au fond de lui, il ne pouvait nier la criante vérité du témoignage du guerrier. Il savait Arc-en-Ciel impitoyable, séditieuse, imbue d'elle-même et têtue - lui-même devait partager au moins deux ou trois traits de cette liste.

Mais de là à briser les règles du Code?

Arc-en-Ciel?

L'angora tricolore arriva en une seconde. Arriva après une éternité. Elle jaillit du tunnel à bout de souffle, tôt suivie par Coeur d'Artichaud qui cherchait Étoile Foudroyante du regard. Heureusement pour lui, ce-dernier n'avait pas bougé de la position où il s'était assit près de l'entrée, pour patienter.

— Étoile Foudroyante, tu voulais parler à Ciel ? lui demanda sa fille.

Il la revoyait chaton lui demander pourquoi les chats tombaient. Il la revoyait chaton, jeter des pierres et coller des plumes à un cadavre de souris pour tenter de le faire voler.

Son oreille se tordit vers l'arrière, assymétrisant son visage.

— Tu as quelque chose d’important à lui confier ?

Sa fille qui comptait une compagne, parmis ses paramours. Sa fille qui lui soutenait l'épaule, qui lui entourait la croupe de sa longue queue comme celle de feue sa mère. Sa fille complètement atypique mais dévouée. Sa fille avec qui il ne s'entendait pas toujours, mais qui ne lui dédaignait jamais une bonne séance de toilettage-potinage mutuel.

L'éclat dans son regard s'affadit. Sa bouche s'ouvrit d'elle-même, le discours monocorde.

— ...Plutôt, à te demander, la corrigea-t-il, faux-afable. Tu connais le Code du Guerrier mieux que quiconque, n'est-ce pas?

Sa fille qui avait griffé les seuls valeurs à laquelle elle s'accrochait, qui les avait laissé au bord de la mort comme sa malheuse victime--

— Rappelle-moi, de ces quinze règles, laquelle stipule de laisser un apprenti adverse au bord de la mort?...

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Rien à lui confier, mais plutôt à lui demander, affirma Étoile Foudroyante. La chatte tricolore plissa les yeux, un court instant. C’était ça, l’urgence qui ne pouvait attendre qu’elle finisse sa patrouille ? L’interroger sur le code du guerrier ? Pour une histoire dont elle ne se souvenait plus. Parce que vraiment, qui se souvenait de tous ses adversaires et surtout ceux qui avaient manqués de répondant ?

Retenant de justesse la moindre expression agacée sur son visage, la femelle ne put, cependant, empêcher sa queue de battre une fois contre le sol, tandis qu’elle s’assit. La discussion allait être longue, elle pouvait bien se mettre un peu à l’aise.

Ciel réfléchit à toute vitesse. Elle était presque sur de savoir le genre de réponse que son père attendait : probablement des excuses, pas une réponse directe à sa question. Mais, elle ne comptait pas s’excuser, elle n’avait fait que défendre son honneur. Mais surtout, comment le chef pouvait être au courant ? L’avait-il vue ? Probablement, il n’aurait pas attendu aussi longtemps pour la confronter, sinon. Quelqu’un d’autre l’avait vue, mais qui ?

Elle eût sa réponse dans une soudaine épiphanie. Ciel Noir était venue la voir juste après le combat, lui demandant l’origine de ses blessures, Ciel Noir qui avait, par la suite, insisté pour la suivre dans toute ses patrouilles, Ciel Noir que l’avait épié, avec plus ou moins de discrétion, Ciel Noir qui était bizarre depuis un moment. Ce devait être le guerrier qui l’avait vue et qui avait rapporté son combat et son issue. Elle ne voyait que ça. Pourtant, Étoile Foudroyante était connu pour se balader de branche en branche. L’aurait-il vue ? Dur à dire.

Le visage aussi neutre que possible, la femelle soutint le regard de son chef, pour enfin lui répondre :

- Quelle preuve as-tu que Ciel à « laisser un apprenti adverse au bord de la mort » ? Quel intérêt Ciel aurait à faire ça ? Et puis, entre nous, si Ciel se serait, elle aurait eût des blessures sur le corps, non ?
- Tu avais des griffures sur l’épaule, il n’y a pas si longtemps que ça.
- Parce que Ciel s’est coincée dans des ronces, ça lui arrive très régulièrement.

Qu’elle dit, en haussant les épaules, pleine de mauvaise foi. Sa voix restait neutre, ne trahissant aucune émotion, ni la colère, ni la tristesse et encore moins le remord. La seule chose qu’elle savait, c’est qu’elle n’allait pas passer un moment très agréable.

Un silence suivit son insinuation.

Tout comme son père, Arc-en-Ciel se garda calme et en contrôle.

— Quelle preuve as-tu que Ciel a « laisser un apprenti adverse au bord de la mort » ? Quel intérêt Ciel aurait à faire ça ? Et puis, entre nous, si Ciel se serait battue, elle aurait eût des blessures sur le corps, non ?

Le regard du bengal quitta l'angora; sa progéniture s'ouvrit le bec, une patte dans lle tumulte, l'autre en dehors.

— Tu avais des griffures sur l’épaule, il n’y a pas si longtemps que ça.
— Parce que Ciel s’est coincée dans des ronces, expliqua la guerrière, ça lui arrive très régulièrement.

Un chassé de la queue la trahit, mais il ne pouvait pas condamner un chat pour un tic.

... Encore moins sa fille.

— Tu dois avoir raison.  Ça doit être que des rumeurs.

Et c'est en Miroir à la mauvaise foi d'Arc-en-Ciel qu'il s'enjoliva d'un sourire glacial.

— Heureusement pour nous, lui dit-il, la bonne humeur accérée comme les griffes dans leurs fourreaux, les chefs des autres Clans me connaissent bien depuis que nous entretenons des alliances! Je n'ai qu'à leur rendre visite.

À quel Clan appartenait la victime, Ciel Noir?

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Les deux restaient calme, Arc-en-Ciel comme Étoile Foudroyante. Elle ne se trahissait pas. Sauf quand elle lâcha un soupir dégoûter quand son père mentionna ses « alliances » avec les autres chefs. Des alliances, évidemment. Elle n’y croyait pas un traitre mot, c’était juste un fantasme dans l’esprit de son père. Alliance ou pas, si un matin, un clan aurait envie de leur mettre des claques, il n’hésiterait pas. Elle le savait. Mais elle avait parfois l’impression d’être la seule.

Le chef se tourna vers Ciel Noir, qui n’avait rien loupé de l’échange, pour lui demander le clan de l’agressé. Le jeune guerrier mit un léger temps avant de répondre, le temps de remuer son souvenir, et dire que le novice appartenait au Clan de l’Ombre. Il en donne même une description, un peu vague, certes, mais mieux que rien : un apprenti noir tigré de blanc. Finalement, la chatte tricolore soupira longuement d’agacement, avant de poser sur père des yeux plein de colère.

- Très bien. T’as gagné. Effectivement, Ciel à frappé un apprenti de l’Ombre et l’a laissé là. Et alors ?

Dans son dos, des hoquets de stupeur retentissent. Cœur d’Artichaut et Sève de Sapin, notamment, qui n’étaient pas au courant. Après un court échange de mots, la femelle brune se leva et s’éclipsa dans la forêt. Surement qu’elle allait chercher Tache de Poire ou Pierre Plate, qui se devait d’être présents. Avec son aveu, la chatte tricolore ne s’en sortirait pas si bon compte.

- Tu sais pourquoi j’ai fais ça ? Parce qu’il s’est moqué du Clan. Peut-être que la réputation du Clan ne t’importe pas, puisque t’aime bien te cacher derrière des alliances qui n’existent que dans ta tête, mais pas moi. Je supporte pas qu’on manque de respect au Clan. Maintenant, il saura pour la prochaine fois.

Qu’est-ce que ça l’énervait, de devoir justifier ses actes, alors que n’importe qui aurait pu faire pareil. Sa queue remuant clairement d’agacement, avec toute la mimique colérique au visage, la femelle avait perdu patience ainsi que son masque de marbre. Ça l’énervait vraiment.

- Des fois, j’ai l’impression d’être la seule personne sensée dans ce Clan. Pourquoi je continue à me battre pour ce Clan de merde quand je vois le remerciement que j’en retire ?

Elle prononça ses mots plus pour elle-même que pour réellement provoquer quiconque. Mais elle s’énervait.

Malgré sa position assise, le bengal avait le dos droit, et souple. Il n'hésiterait pas une seconde à se dresser sur les quatre pattes et entraver Arc-en-Ciel s'il lui prenait l'envie de s'attaquer au témoin. La crainte de se faire attaquer de ce-dernier était légitime, surtout en devinant la montée de colère qui prit sa fille lorsqu'on lui décrit sa victime, et qu'on lui donna son Clan d'Origine.

Il venait de l'Ombre: Étoile Feulante était désormais mêlé à cette histoire.

Bien qu'ils avaient partagés un écureuil et une session parfaitement platonique de jeux, Étoile Feulante était aussi le Géant responsable d'exécuter les membres de son propre Clan.

— Très bien. T’as gagné. Effectivement, Ciel à frappé un apprenti de l’Ombre et l’a laissé là. Et alors ?

La révélation, dite comme si de rien n'était, suscita du mouvement aux oreilles longues qui avaient choisies d'écouter leur confrontation. Étoile Foudroyante ne se laissa pas distraire pour autant, observant, sans ciller, sa fille défendre l'immondice de son action.

— Tu sais pourquoi j’ai fais ça ? Parce qu’il s’est moqué du Clan.

À l'instar d'Arc-en-Ciel: Et alors ?

— Peut-être que la réputation du Clan ne t’importes pas, souligna à juste titre sa fille, puisque t’aimes bien te cacher derrière des alliances qui n’existent que dans ta tête, se fit-elle croire ensuite, mais pas moi. Je supporte pas qu’on manque de respect au Clan. Maintenant, il saura pour la prochaine fois.
— Ce n'était pas qu'une simple baffe, Arc-en-Ciel.

On ne parlait pas de la fois où, petit, un Glycine courroucé avait griffé son museau au jeune Tempête. Il l'avait blessé au coeur, alors Glycine, en retour, l'avait blessé au nez. Ce genre de blessures, Étoile Foudroyante la jugeait justifiée. Surtout qu'elle était plus d'ordre esthétique qu'handicappante.

"Laisser un apprenti au bord de la mort" n'était plus simplement de la violence cordiale.

La longue queue soyeuse d'Arc-en-Ciel battit au sol. Elle leva le nez, ronfla de ce-dernier, se prenant des grands airs comme si toute cette confrontation, à ses yeux, n'était qu'une cruelle perte de temps.

— Des fois, maugréa-t-elle, j’ai l’impression d’être la seule personne sensée dans ce Clan. Pourquoi je continue à me battre pour ce Clan de merde quand je vois le remerciement que j’en retire ?
— Ohhh, la seule personne sensée, mm? le singea aussitôt son chef, roulant les yeux au ciel. Il tempéra son sarcasme, veillant plutôt à lui ouvrir les yeux par des faits indéniables. Tu rejetes toutes mes décisions, mais vois-en les fais: je n'ai jamais conscrit le Tonnerre à se battre dans des guerres inutiles.

Ses sourcils se froncèrent, parant son visage d'un masque de sévérité.

— Et, inversement, nos adversaires ne sont jamais venus nous envahir chez nous.   Ni l'Ombre, ni le Vent, ni la Rivière.

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La femelle souffla d’agacement quand son père l’imita, roulant les yeux au ciel. Mimique qu’elle imita, lui renvoyant son agacement au visage. Qu’est-ce qu’elle en avait marre, c’était toujours le même cirque, ici. Je t’en foutrais, moi, du « Gna gna gna Ciel, l’époque d’Etoile de Suie, elle est révolue et bla bla bla le passé au passé, place à l’avenir ». Mon cul sur la branche. Quand le bengal lui démontra que, grâce à sa politique, ils n’avaient pas été envahis par aucun des autres clans, la femelle ne put retenir un rire, complètement moqueur.

- Ouais, j’imagine que les agresseurs de Nuage de Tempête de Nuage de Glycine les ont attaqués en signe d’amitié fraternelle. J’espère qu’ils ont partager une proie après ça, sinon ils ont pas respecter les codes de l’amitié.

Goguenarde, elle continua de ricaner un long moment. C’était, à son sens, la pire idiotie qu’elle ait entendu aujourd’hui. Étoile Foudroyante avait simplement eût de la chance, de pas s’être fait attaquer. Elle ne connaissait que peu les autres meneurs, mais elle savait que l’un était pas enclin à les attaquer, la deuxième était trop stupide pour ça et pour le troisième, puisque son chef à elle se tapait le lieutenant du troisième clan, il y avait forcément un lien de cause à effet. Toute façon, ils sont tous étrange dans les autres Clans. Et encore, le Clan de la Rivière était le moins étrange.

- Soyons sérieux, un petit peu. Tu penses peut-être que je me méfie trop des étrangers, mais toi tu leur fais trop confiance. Avec tous ce qu’ils ont pu faire, tu continue de tendre la joue, je comprends pas ce que tu cherches en faisant ça. C’est vraiment stupide, en fait.

Peut-être que c’était une politique qui lui échappait. Peut-être qu’elle n’avait pas les codes, pour comprendre. Peut-être qu’elle était bête. C’était peut-être ça, la clé du problème. Elle était bête. Elle préférais se dire ça plutôt que quelque chose échappait à son meneur qui paraissait si intelligent. Après tout, il parait que la pomme ne tombe jamais loin de l’arbre.

— Ouais, s'esclaffa Arc-en-Ciel, ses arguments lui roulant sur le poil comme de l'eau sur les plumes d'un canard, j’imagine que les agresseurs de Nuage de Tempête et de Nuage de Glycine les ont attaqués en signe d’amitié fraternelle.
— --...

Retenant momentanément son souffle, Étoile Foudroyante pencha sa tête, lui cinglant une remarque similaire.

— Tu veux dire, le gosse à Masque de Serpent? Tu penses qu'il n'est pas allé chercher la merde ailleurs par lui-même?

Ce fut à son tour de ricaner au supposé reproche de sa fille. C'était bien mignon de s'imaginer qu'il avait besoin de gérer toutes les blessures des chats qui allaient les chercher. Le problème restait le même, surtout qu'Arc-en-Ciel n'en était pas à sa première sanction.

Ni sa deuxième.

— Soyons sérieux, un petit peu.
— Hahah, mais bien sûr! Toi d'abord, Ciel.
— Tu penses peut-être que je me méfie trop des étrangers, mais toi tu leur fais trop confiance. Avec tous ce qu’ils ont pu faire, tu continue de tendre la joue, je comprends pas ce que tu cherches en faisant ça. C’est vraiment stupide, en fait.
— Tu vois, contrairement à toi, je n'ai pas besoin que tu me comprennes.

Quoi, voulait-elle vraiment qu'il lui explique la différence entre les chats qui se réunissaient aux Quatre Chênes et les sales étrangers qui venaient insinuer des idées d'auto-destruction dans leurs Clans?

— Entre ça et tout ceux qui m'accusent de tous les faire chanter,... Il haussa les épaules. Nooon, parlons plutôt de toi, hmm? Puisque c'est toujours de toi qu'il est question. Puisque, quand tu chasses, ce n'est pas pour nourrir le Clan, mais plutôt pour que le Clan te... félicite?

Devrait-on te féliciter chaque petit pet qui s'échappe sous ta queue, ma belle?

Étoile Foudroyante se leva.

—Tu ne sais pas te contrôler. Tu ne t'es pas contrôlée avec Rossignol, tu ne t'es pas contrôlée avec Source - son poil s'était momentanément soulevé sur son dos, seul relent de colère pure qui existait dans un corps où toutes les émotions ou presque n'avaient aucune circuiterie à courir - et une fois encore, tu as laissé la colère t'envahir parce-que, quoi, on a critiqué le Tonnerre?

Ou plutôt parce-ce que c'est toi, qu'on a critiquée?

Parce-que qu'on s'le dise franchement, tu t'en bats les couilles du Clan. Flocon d'Amour t'évites comme la peste car elle craint qu'un jour tu ne lui bondisse dessus; pareil pour Ciel Noir. Et tout tes charmants petits amis qui te tournent autour pour te grimper sur le dos - tu les écoutes, eux, quand ils te disent que tu vas trop loin?

Il inclina le nez vers le bas, carrant sa posture.

— Nannn mais soyons sérieux, un peu. Tu veux une critique? De quelqu'un qui te connaît, Arc-en-Ciel? Tu es un danger pour le Clan -- pas mieux qu'une apprentie qui se croit encore toute permise et qui pisse où elle a envie.

Ses pupilles se dilatèrent dans ses yeux, noircissant son visage. N'en avaient-ils pas déjà dit autant? Ne l'avait-il pas prévenue qu'il lui fallait ouvrir ses horizons au lieu de s'enfermer dedans? Que les sanctions de ses méfaits étaient bien réels? Pourquoi lui-même s'entêtait-il à croire en elle...?

— Si tu ne comptes pas me suivre au bourbier te plier aux pattes d'Étoile Feulante et prier sa merci, alors...

... Alors par les règles de ton précieux Code, je ne peux plus te protéger, et me verrai dans l'obligation de t'éjecter du Clan.

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La joute verbale semblait ne plus finir. Les deux parties avaient des arguments, quant à leur pertinence, c’est un autre débat. Arc-en-Ciel sentit son poil se hérisser quand le meneur lui ria au nez, arguant que Nuage de Glycine avait été cherché la merde tout seul. Pour la guerrière, ce n’était pas une raison suffisante. Nuage de Glycine comme n’importe quel autre membre du Clan méritait sa protection, peu importe qu’il soit en tord ou pas. Puisqu’il se donnait pour le Clan, la moindre des choses était de lui rendre la pareille. Et vraiment, si elle chopait celui qui avait fait ça au novice, elle lui ferait passer au très mauvais quart d’heure.

- Donc, tu estime que si quelqu’un agi mal au sein de ton Clan, tu le laisse ? Moi qui croyais que chaque membre devrait être protégé.

La guerrier s’efforça, autant que possible d’ignorer les piques lancée par son père, dont elle ne répondit que par des grognements. Autant pour Nuage de Rossignol, elle n’avait jamais regretté son acte, pour Source Fleurie, ça avait été une autre histoire. D’ailleurs, elle avait du mal à regarder sa sœur dans les yeux, à cause de cette cicatrice.

Ciel haussa les épaules quand ses convictions furent remisent en doute. Mais elle le redit encore une fois, le novice avait insulté le Clan et elle l’avait attaqué uniquement pour cette raison. Les autres pouvaient croire ce qu’ils voulaient, elle savait ce qu’elle faisait et surtout, elle savait pourquoi elle le faisait.

Mais alors, quand Étoile Foudroyante lui laissa le choix entre s’incliner devant le meneur de l’Ombre ou finir en exil, proposition qui provoqua chez Pierre Plate, qui venait juste d’arriver, une envie de bouger. La femelle bicolore allait protéger verbalement sa compagne, mais finalement la chatte tricolore ne lui en laissa pas le temps.

- Je n’ai jamais eût besoin de toi pour me protéger, je sais le faire seule. Donc exile-moi, parce que jamais je ne m’inclinerais devant un meneur adverse. Jamais.
- Non, tu ne le pense pas, Ciel. Je t’en prie, ne dit pas ça ! Ta place au sein du Clan vaut mieux que ça ! Ce ne sont que des excuses, tu n’es même pas obligée de les penser ! Tu ne peux pas rester seule dans la forêt dans ton état, je t’en prie réfléchis !
- TAIS-TOI ! Plutôt mourir que de m’incliner devant quelqu’un.

La fierté, c’est peut-être bien tout ce qu’il lui restait à l’heure actuelle. Pierre Plate sembla le comprendre et recula d’un pas, tête basse. Elle voulu supplier son meneur, lui demander un peu de clémence, mais elle savait que sa compagne n’accepterait pas.

— Je t'ai prévenu, Ciel.

Il avait cru en elle. Il avait cru qu'elle pouvait se redresser, qu'elle pouvait s'épanouir, baisser sa garde, s'accepter de jouer, de faire des échecs, de réfléchir avant d'agir.

Mais il faisait face à la même apprentie qu'il avait entraîné à se battre. Il ne faisait pas face à une Chatte et à toutes les couleurs de son ambition, mais à une gamine se bornant dans les valeurs d'une époque révolue. Étoile Foudroyante secoua sa tête.

Même l'intervention de sa belle-fille, Pierre Plate, ne suffit pas à calmer la furie qui se déchaînait dans le coeur de sa fille.

— Rend les griffes, et rachète-toi - je ne te le repéterai pas.

Une grande inspiration, qui gonfla ses poumons d'un air chaud et chargé. La lueur qui se ralluma dans ses yeux n'avait aucune chaleur - aussi impitoyable qu'elle dans sa droiture qu'il se cassait en quatre pour incarner, Étoile Foudroyante tonna pour une toute dernière fois, sans mesurer le moindre ion dans sa voix:

« Ravale ta haine, ou paies-en le prix.   Qu'est-ce que tu choisis? »

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Pierre Plate ne pouvait que regarder, dépitée, la joute entre sa compagne et son chef. Quand Étoile Foudroyante haussa encore la voix, la femelle bicolore plia ses oreilles en arrière, pour masquer le bruit. Elle n’aimait pas vraiment les cris. Mais Arc-en-Ciel resta de marbre. Elle ne broncha pas.

Tant dans le silence que dans sa posture. La femelle respirait l’effronterie. Jusque là rentrées, la femelle sortie les griffes quand son père lui demanda de les rentrer, en guise de provocation. Elle s’était relevée, bien campée sur ses pattes, fière, la tête haute, une légère crête dorsale se dessinant entre ses omoplates. Ses yeux verts fixement plantés dans ceux du chef.

Toujours sans dire un mot, sans répondre. Ou plutôt, c’était ça, sa réponse. Elle ne se soumettrait pas. Il faudrait l’y forcer, la faire ployer. Et dans son attitude, Arc-en-Ciel mettait Étoile Foudroyante au défi de réussir à la soumettre.