[BATAILLE] Destin scellé - end

Si toute la hargne se ressentait dans son action, si toute la bonne volonté du monde s’était éprise de sa mâchoire sous la forme d’un claquement froid et sec de crocs, l’autre trouva rapidement le moyen de se défaire de l’emprise fluette qu’avait eu la Guerrière grise sur lui. Si un cri de douleur perça de la gueule de l’autre, Fleur Cendrée ne l’entendit pas de cette oreille. Sourde à la douleur, aux lamentations et aux supplications lorsque sa famille et son Clan étaient en danger, elle était bien capable des pires sévices, pourvu que l’autre ne touche pas à un poil de ceux qui à ses yeux étaient précieux. Si elle ne portait pas chacun des membres de son Clan haut dans son estime, à commencer par Etoile de Suie, elle refusait de souhaiter la mort de l’un de ses camarades. Pas de préméditation, pas une once de méchanceté dans son esprit, les pattes ancrées dans le sol, la tête bien fixée sur ses épaules, elle n’était pas de ce genre de félin. Elle réglait les problèmes en parlant, en discutant et en trouvant des accords communs, pas en se débarrassant de ses opportuns opposants, elle n’avait de toute façon pas le physique et le mental pour, trop accroché au Code du Guerrier et aux rites instaurés depuis sa naissance dans son esprit, comme étant tout simplement le Graal et la seule parole de vérité. Abandonnant quelques courtes secondes le regard court et arrêté qu’elle avait sur son adversaire, qui était parvenu à mettre une courte distance entre eux, elle chercha dans la foule le bicolore qui l’avait sorti de son état de léthargie et de la détresse dans laquelle elle sombrait un peu plus chaque jour. S’il n’avait pas été là, elle ne se battrait pas aujourd’hui pour les siens, pour défendre son propre territoire. Elle eut à peine le temps de l’entrevoir roulé au sol avec une boule de poils noire avant qu’elle ne reçoive un lourd retour à la réalité et à son adversaire sous la forme d’un coup de patte qui la heurta en plein visage. Feulant la rage d’avoir été ainsi surprise et assaillit, elle jeta un regard mauvais à son adversaire, dont l’oreille saignait. N’hésitant pas une seconde, ne désirant être plus prise au dépourvue, elle se jeta sur le matou. Le choc la propulsa contre son pelage gris-bleu, tombant à la renverse, elle saisit la chance opportune de le plaquer au sol, plantant ses griffes dans le corps du mâle pour tenter au mieux de le maintenir ainsi.

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Si elle comptait sur sa petite ruade pour se dégager du félin bicolore et de son petit pic pour le forcer à l’affronter, rien ne loupa. Elle sentit l’autre se tortiller lamentablement, à la manière d’un minable vers, sous son action. En viendrait-elle à bout ? Si l’autre était bien plus imposant, s’il avait bénéficié de la première offensive, la furie noire ne comptait pas lui laisser la victoire. Hargneuse comme jamais, rageant contre sa propre bêtise, contre elle-même pour s’être ainsi laissée surprise, elle relevait déjà des yeux assassins sur le Guerrier bicolore. Si le sourire que l’autre affichait aurait put déstabiliser quelques félins, Charbon Ardent ne faisait décemment pas partis de ceux-là. Elle se fichait royalement de l’état d’esprit ou quand bien même de la façon de penser de l’autre. Sur le champ de bataille, comme dans la vraie vie, rien e tout cela n’avait réellement de sens. Peu importe de la manière par laquelle on arrivait à ses fins, la volonté suffisait à elle seule à faire de grandes choses. La boule de poils noirs aspirait, elle, à de grandes choses, à de grandes victoires et elle ne la laisserait pas au premier venu. Ce félin avait beau paraître sûr de lui, elle lui arracherait ce sourire, le transformerait en une grimace de douleur, elle lui ferait payer son affront et l’affront de ses camarades. Elle allait reprendre ses rochers à ces sacs à puces. Persuadé de lutter pour le bien commun et pour son propre bien être, la Guerrière ne tendit même pas l’oreille lorsque l’autre articula de faibles mots. Elle n’écouta même pas ce qu’il tentait d’insinuer, bien trop concentré sur son corps qui fuyait de sous son étreinte d’un instant. S’il pensait pouvoir heurter la touche sensible de la boule de nerfs qu’il avait devant lui, le bicolore en était bien loin et la petite furie comptait bien le lui faire comprendre. L’autre s’échappa bien trop rapidement de sous son corps, elle n’avait pas l’avantage de la taille, ni même de la force. Pourtant, elle ne broncha pas lorsque l’autre la chargea, crocs et griffes dehors. Elle se contenta de l’accueillir comme elle le ferait avec n’importe quel félin étranger. Les poils et les muscles gonflés, ses crocs trouvèrent l’épaule du Guerrier et avec l’élan que ce dernier avait pris, elle tenta de l’envoyer au sol avec tout le poids de la détermination qui faisait rage dans son regard et dans ses tempes. Elle exultait, le sang coulait, elle avait une prise sur ce chat, elle ne le lâcherait pas.

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La bataille faisait rage autour du matou. Il ne faisait attention à rien d’autre qu’à la femelle devant lui. Il s’était élancé vers elle. Cherchant par tous les moyens de l’atteindre. Il voulait gagner. Il voulait voir le Tonnerre triomphant encore une fois pour ces rochers. Leurs rochers. Jamais il ne voulait revoir les chats dégoulinants d’eau du Clan frontalier sur leurs terres. Ils comprendraient bien un jour à force d’échec, que les Rochers du Soleil sont la propriété du Clan du Tonnerre. Il jeta un bref coup d’œil pour vérifier que Fleur Cendrée s’en sortait. Une seconde d’inattention. Le coup d’œil de trop. La femelle noire s’était jetée sur lui et avait planté ses crocs dans son épaule et l’avait propulsé au sol. Le sang giclait. La douleur le fit frissonner. Mais il se ressaisit rapidement. Il allait tirer avantage de cette situation bien délicate. Etant positionné sous la femelle charbonneuse, il tenta le tout pour le tout. Il martela la femelle à coup de pattes arrière tout en tentant de se dégager. Il savait qu’il souffrirait sûrement en rentrant au camp. Il tentait de ne pas écouter sa douleur dans l’épaule, les crocs de la femelle toujours plantés à l’intérieur. Il savait qu’il continuerait tout de même de se battre jusqu’à remporter la bataille.

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