[BATAILLE] Destin scellé - end

Le choc fut terrible. Sincèrement, Aigue-Marine ne comprit rien à ce qui lui arriva. Elle se retrouva clouée au sol, plaquée avec force et maintenue par les pattes finalement pas si faibles que ça de Poil de Carotte, le guerrier roux contre lequel elle se battait. Un frisson interminable parcourut l'échine de la guerrière tandis qu'elle luttait pour ne pas laisser le Clan des Étoiles faire défiler sa vie devant ses yeux. Elle refusait que celui-ci soit son dernier instant, ou même sa défaite : elle devait vaincre, elle devait absolument prouver qu'elle valait quelque chose, c'était une question d'honneur, pour la place qu'elle tenait dans son Clan, mais surtout, c'était une question de vie ou de mort pour elle : elle ne tiendrait pas plus longtemps si faible, si peu confiante. Il fallait absolument qu'elle revive.
Son adversaire avait réussi à la déstabiliser et à lui griffer le ventre. C'était une douleur qu'Aigue-Marine n'avait jamais connue jusque-là, et elle comprenait pourquoi son mentor lui avait toujours appris à défendre coûte que coûte cette partie-là de son corps. Ça faisait atrocement mal.

Mais plus que l'anéantir, cette douleur la réveilla. Et plus que simplement la réveiller, elle la survolta. Sans trop savoir comment, la guerrière au poil brun réussit à se défaire de l'emprise de son assaillant et se redressa, menaçante. Dans son regard se lisait une détermination sans faille. Et une assurance qu'on ne lui connaissait pas.

La nouvelle Aigue-Marine était née.

Sans attendre plus longtemps, elle se précipita sur Poil de Carotte et plongea au sol avant que celui-ci ne puisse parer son attaque. Alors qu'elle glissait au sol, elle se tourna sur le dos, prenant le risque de découvrir son ventre, et lorsqu'elle parvint à son but - c'est-à-dire, être au-dessous du ventre du guerrier du Tonnerre - elle sortit les griffes et les crocs et attaqua avec toutes les forces que son corps détenait. Elle griffa tant et si bien qu'elle se retrouva bientôt aveuglée par le sang qui coulait du ventre de l'ennemi. Elle entendait ses cris de douleur et de rage et hésitait : continuer encore et encore, jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus pour x raison, ou s'arrêter maintenant et mettre son ventre à l'abri ?
Elle choisit de se retirer : elle savait que la force n'était pas son atout principal, et elle ne saurait peut-être pas se libérer à nouveau d'une éventuelle emprise du guerrier. Elle se faufila à quelques pas de Poil de Carotte.

La surprise serait sa meilleure alliée dans cette bataille. Et ça allait plutôt bien pour elle.
Pour l'instant.

Dernier dé.

Poil de Carotte sentit le corps de la guerrière qui bascula sous l'effet conjugué de son poids et sa force d'impulsion. Ne croyant pas à sa chance, il profita de la peau du ventre ainsi dévoilée pour la lacérer de toutes ses forces.
Son adversaire cria, plus de rage que de douleur lui sembla t-il et le repoussa férocement.

Son regard reflétait maintenant une froide détermination qui fit frisonner le chat roux. Voilà à quoi il l'avait poussée en la poussant dans ses retranchements.
Vive comme l'éclair, elle lui passa sous le ventre avec une rapidité étonnante malgré sa patte blessée et lui donna un puissant coup dans le ventre.

AAAARGHH !

Le félin en eut la respiration coupée. Ses oreilles tintèrent tant la douleur l'avait sonné. La scène semblait semblait irréelle. Son propre sang qui maculait de pourpre son pelage feu lui semblait étranger.
Reprends toi !
Le rouquin secoua la tête pour revenir à lui. La blessure de son ventre le lançait atrocement. Il entendait les cris des combattants. L'odeur du sang était plus forte qu'au début. La bataille toucherait bientôt à sa fin. Il devait asséner un dernier coup à son adversaire. Ses muscles épuisés n'avait aucune envie de lui obéir.

J..j Je ne veux rien regretter !! piaula t-il en réponse à sa dernière menace.

Il s'élança une dernière fois vers elle. Chaque mouvement entraînait le suivant avec une inquiétant facilité.
La machine infernale était lancée.
Poil de Carotte bondit en face de la femelle et arma sa patte. Il la détendit comme un ressort, décrivant une trajectoire circulaire cherchant à donner un bon coup à la tête de la guerrière.
Cherchant à la mettre hors d'état de nuire, définitivement.

Aigue-Marine : 130 / 200
Poil de Carotte : 130 / 200

Par le plus grand des hasards, elle parvint dans sa chute à toucher juste assez Étoile du Corbeau pour le faire reculer quelques secondes, probablement plus par surprise que réelle douleur. Au moins, cela lui permit de trébucher en paix: déjà que manquer de s'affaler au sol n'était pas glorieux, au moins elle s'évitait la douleur d'être contre-attaquée dans ce moment de faiblesse. Lorsque le noiraud ramena son regard sur elle, Étoile de Suie avait retrouvé son équilibre, quoique devenu fortement précaire de par sa patte blessée. N'osant pas la poser au sol, de peur de recommencer sa connerie précédente et s'appuyer dessus, elle la tenait contre son poitrail, redirigeant son poids sur ses autres membres épais. Une chance que si elle savait bien faire une chose dans la vie, c'était se camper bien fièrement sur son territoire et ne céder pour personne. Parce que sous les assauts répétés d'Étoile du Corbeau, tout autre félin n'aurait pas fait long feu. Elle-même en pâtissait, haletant lourdement. Sous son pelage épais, des picotements lui signifiaient que des crocs avaient réussi à taillader sa chaire. Au moins, son poils retenait toute coulée de sang, lui permettant de se concentrer sur ses attaques sans glisser dans son propre sang.

Rageant depuis sa perte d'équilibre, elle tentait d'accrocher Étoile du Corbeau du revers de la patte, mais celui-ci avait trop de souplesse pour réellement encaisser les coups de la meneuse. Elle-même étant bloquée dans sa position, elle se sentait comme un souriceau dans son terrier, entouré de tout bord par des chats affamés. Mais, loin d'avoir la faiblesse dudit souriceau, elle restait tout de même brandie sur place, attendant qu'Étoile du Corbeau commette une maladresse pour le harponner. Esquivant ses coups, le mâle finit par heurter son épaule, ses griffes acérées s'enfonçant dans la chaire de l'écaillée. Pas assez pour lui causer une béante blessure, mais assez pour lui arracher un feulement. Une chance que son gras et sa toison la protégeaient assez pour lui éviter d'avoir la carotide déchirée par le coup. Après avoir avalé quelques bouffées d'air et serrés les dents pour contrer la douleur, la féline décida enfin de se mettre en branle. Usant consciemment, mais stupidement, de sa patte blessée, elle fit un bond vers l'avant pour se remettre à la portée d'Étoile du Corbeau puis, profitant de son élan, se hissa sur ses pattes arrières. Le mâle était grand, mais elle tout autant; elle lui tomba sur la gueule, cherchant à le renverser. Le noiraud tint malheureusement bon sous son assaut, mais elle eut au moins le plaisir de lui écraser sa patte dans le visage avant de retomber au sol. L'impact sur la terre lui arracha une grimace. Cette putain de patte ne manquerait pas de lui causer des problèmes. Mais, au moins, elle avait rattrapé sa faiblesse de plus tôt, tant pis pour les dommages créés à son propre corps.

─ Pas mal combat, sale blaireau, mais ça te gagnera pas nos rochers, gronda-t-elle férocement.

En vrai, les prouesses au combat d'Étoile du Corbeau étaient franchement mieux que "pas mal", mais évidemment, l'écaillée préférerait perdre toutes ses vies plutôt que de l'admettre en face de l'ennemi. Malgré sa dernière attaque qui avait porté fruit, Étoile de Suie ne pouvait se voiler la face. Le matou l'avait surclassé. C'était à se demander où était sa prétention de plus tôt ─ quoique Étoile de Suie n'avait aucun doute qu'elle reviendrait rapidement, si la Rivière venait réellement à gagner la bataille. Trop absorbée par le combat pour porter attention à ce qui se passait aux alentours, elle ne pouvait même pas dire qui avait l'avantage, de son clan ou des envahisseurs. Quel déshonneur ce serait, que perdre non seulement sa première bataille, mais en plus une portion importante de leur territoire. Que les Étoiles en soient témoins, elle ne pouvait laisser cela arriver.

hrp: