[BATAILLE] Destin scellé - end

Si ses longues griffes entaillèrent avec une aisance incroyable, la peau fine de son adversaire, Fleur Cendrée ne comptait pas s’arrêter là. Dans son esprit dansait la folie Guerrière, cette folie qui poussait même le Guerrier le plus doux à devenir monstre assoiffé de sang au combat. Lutter pour son Clan, pour Oiseau Moqueur tout autant que pour le souvenir d’Etoile du Lion. Voilà ce qui portait la grise sur le champ de bataille. Elle était venue avec cette idée folle en tête que de disputer un affrontement sanglant. Tout dans son esprit était clair avant même d’avoir daigné poser une patte sur les rochers. Avec le Clan de la Rivière, avec Etoile de Corbeau et surtout avec Etoile de Suie, les choses ne pouvaient tourner qu’ainsi. Et elle le savait. Ce condensé de hargne, de soif de victoire, qui inondait son corps, qui coulait dans chacune de ses veines, lui imposait de telles manières bestiaires. Ses griffes qui s’étaient plantées dans l’épiderme du matou, laissant leur indéniable trace sur le corps de ce félin qui menaçait le Clan du Tonnerre, eurent la mauvaise surprise de se détacher de leur proie. Retrouvant en l’espace de quelques secondes l’air libre, laissant dans leur sillage un répugnant liquide rouge, elles finirent par se rétracter au contact froid et sec du sol. En moins d’une minute, la gloire venait de se tâcher pour Fleur Cendrée, l’avantage qu’elle avait perdu. De chasseur, elle devenait proie. Proie du doute. Si elle avait pensé pouvoir le retenir longtemps sur le dos, s’était sans compter sur la force que le Guerrier avait. Comment avait-elle pu penser qu’elle tiendrait bon ? Comment pouvait-elle songer à vaincre un félin qui avait l’air au summum de sa forme ? Elle qui n’était qu’aux prémices de la guérison. Elle qui, il y a quelques jours de cela, n’était qu’une ombre, un tas de poils sals, crasseux. Le lourd souvenir de ce passé trop proche assaillit un instant la grise. Un instant de trop. Et comme si le destin avait donné le mot à la face de poisson qui lui servait d’adversaire, celui-ci l’avait chargé et s’était saisit de son échine. Barbarement, sauvagement, l’autre la secoua sans ménagement. Si la lueur dans ses yeux prit une couleur de détresse, cela ne dura qu’un temps. Pas suffisant pour laisser une plaie profonde dans son esprit, elle retrouva la terre ferme, l’autre l’ayant tout bonnement relâché. Pourquoi agissait-il ainsi ? Pourquoi ne pas aller jusqu’au bout ? Pourquoi lui laisser une chance ? Elle ? Elle ne la lui laisserait pas. Pourtant, aveuglé par la soif de victoire, l’offensive qu’elle lança, fut lamentable et ne fit qu’effleurer sa cible. Son saut manqué se transforma en réception bâclée.

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