[Bataille] Que la vengeance parle. ft Groupe 2 - end

HRP :

Nuage d'Épervier avait quitté le Camp le cœur léger. D'ordinaire, le brun n'aimait guère laisser sa fratrie seule la nuit : il dormait mille fois mieux une fois blotti contre les pelisses familières de ses frères et sœurs. Mais ils grandissaient et bientôt les cinq félins devraient se satisfaire d'une vie purement individuelle, détachée de la protection habituelle du cadet. Et Nuage d'Épervier aussi devrait s'y faire : il ne pouvait pas contrôler sa famille, même pour la protéger. Néanmoins, ce soir le fils du lieutenant était permis d'assister à une partie du test de Nuage de Soleil. En effet, la rouquine s'approchait de son baptême de sentinelle ! Il était ravi d'être autorisé à soutenir son amie durant l'évaluation mais aussi se sentait-il chanceux d'avoir un aperçu de ce que serait sa propre évaluation. Bien qu'il était plus veux que la rouquine, ses blessures avaient retardé son apprentissage et ainsi, il était un vieil apprenti.

Mais la joie fut de courte durée. A peine le groupe eut-il atteint les abords de la frontière avec le Clan de l'Ombre qu'une masse de matous bondit sur la patrouille du soir. Dans l'affolement, Nuage d'Épervier reconnut la voix de son meneur qui ordonnait : « Clan du Vent, défendez-vous de toutes vos griffes ! Plus vite on en aura fini avec eux, plus vite on pourra aider les autres au Camp ! » Ses muscles bandés, l'apprenti d'Éclat d'Argent ne savait où donner de la tête : ses camarades disparaissaient un à un sous les corps musculeux des guerriers ennemis. Bientôt, il fut à son tour malmené : un coup de griffe atteint sa joue avec succès, y laissant une plaie profonde. Pourtant, il ne se retrouva pas plaqué au sol, privé de liberté de mouvement. Aussitôt, il fit volte-face : prêt à affronter l'idiot qui osait le défier cette nuit.

Mais très vite, sa joue se mit à saigner abondamment, au moins assez pour troubler sa vision du côté gauche. Pas le temps de tergiverser : son adversaire se réceptionnait tout juste au sol. Aussi vif que ce qu'on attendait d'un membre de son Clan; l'Épervier se jeta à son tour sur l'ennemi, feulant rageusement. Ses griffes antérieures dégainées, le jeune mâle visait la tête massive de l'Ombreux. Il l'atteint d'un bond habile, assénant sans pitié de multiples coups de pattes et de crocs sur le haut du crâne, endommageant les oreilles de son assaillant. Il profita de la confusion de l'ennemi pour le pousser, déséquilibrant le grand roux qui lui faisait bientôt face, une lueur enragée dans les yeux. Lorsque le malheureux releva la tête, quelques gouttes rouges et poisseuses dégoulinant, Nuage d'Épervier arrêta son action et se figea. Nuage Embrasé. C'était l'apprenti du Clan de l'Ombre qu'il avait croisé à la frontière, moins d'une lune plus tôt ! L'imposant mâle était devenu son ami dès lors, et le brun ne put se résoudre à l'attaquer de nouveau. Profitant de l'éclairage lunaire, les deux apprentis se scrutèrent un court instant.

« Nuage Embrasé, c'est moi ! C'est Nuage d'Épervier, tu te rappelles ?! Oh je suis désolé, je t'ai pris pour un apprenti quelconque. »

Il se détendit. Il faisait là une grave erreur; croire que le rouquin serait aussi amical que lui était sans doute très naïf. Mais Nuage Embrasé ne pouvait pas lui faire de mal, pas vrai ?

HRP:

La bête rousse ne semblait pas réceptive : se gonflant davantage, devenant plus impressionnant encore que d'ordinaire, elle accusait le coup, aveuglée par son propre sang. Nuage d'Épervier aussi souffrait d'une vision brouillée, mais seulement à gauche. Son œil droit lui, lui permettait d'identifier sans erreur son ami du Clan rival. Mais Nuage Embrasé ne montrait aucune pitié, il n'écouta -n'entendit ?- pas les cris du félin brun. Énorme masse de muscles et de poils, l'Ombreux se jeta sur le Venteux, plongeant sous son poitrail pour prendre la gorge du malheureux entre ses crocs pointus. Mais là fut l'erreur du monstre : sa taille, sa carrure qui lui apportaient puissance lui conféraient également une vitesse et une agilité insuffisantes. Nuage d'Épervier bondit aussitôt, quoique surpris ses réflexes martiaux lui sauvaient la mise en ce moment ! Le fils de Cobra Royal protégea ainsi donc sa gorge, mais exposa l'une de ses pattes postérieures, qui ne put échapper à la gueule dangereuse de son ennem-... ami. Intercepté en plein vol, Nuage d'Épervier chuta violemment, se réceptionnant maladroitement sur ses cicatrices aux antérieures. Il libéra un gémissement plaintif, tandis que sa patte arrière droite était toujours en proie aux crocs puissants de Nuage Embrasé. Une fois les deux félins au sol, le brun se mit à gigoter pour avoir un visuel de la situation : son ami ne lâchait pas sa patte ! Il feula alors, pris par la douleur et la colère :

« Nuage Embrasé, lâche-moi ! C'est Nuage d'Épervier je te dis, arrête !! »

Dans sa voix subsistait une touche de désespoir : pourquoi son ami ne le laissait-il pas en paix ?!
Alors qu'il attendait la réaction du roux, Nuage d'Épervier se retenait de donner de violents coups de griffes à l'aide de sa patte arrière gauche libre dans le museau de son assaillant. Il ne voulait pas se battre contre le monstre roux; ils étaient amis. Mais pendant combien de temps encore son instinct se tiendrait-il tranquille ?