Nouveau Cobaye

La levée d'une brise berça les branches du sycamore. À son pied, leurs ombres dansèrent sur les pelages respectifs du bengal et de son petit-fils.

Le ronron, tout comme la blague, eurent l'effet escompté. Nuage de Tempête reprit maîtrise sur son soufle. La fatigue — le soulagement — avait, pour l'instant, éteint toutes les braises de sa colère.

— J'me suis trompé, en fait... On fait tous des erreurs.

Le bengal vrombit d'assentiment. Nuage de Tempête reprit aussi maîtrise sur son corps, reculant de la tête et du dos jusqu'à ce que ses jarrets et sa queue sertie d'anneaux ne rencontre le tronc de l'arbre. Debout sur ses quatre pattes, il profita de la distance pour affronter le bengal de l'intensité de son regard.

— J'osais pas te le demander, en fait... Mais je- Je serais vraiment honoré d'être ton apprenti.

Jamais Étoile Foudroyante n'aurait cru entendre de tels mots de la bouche de qui que ce fut. Au contraire de l'apprenti, il n'avait pas bougé, statufié dans sa position assise. Seule sa tête se versa d'un côté.

Qui, après tout, oserait s'empoisonner la langue en se faisant croire que Coup de Foudre put combler d'honneur qui que ce soit? S'entendait-il parler? Pire, le voyait-il vraiment? Plus tôt, bien avant qu'ils ne quittent la sécurité de leur palissade, quand Nuage de Tempête avait dressé sa tête dans la tanière des apprentis, il les avait remarqué.

Ces longs poils d'oreilles qui n'étaient pas sans lui rappeler les siens.

Il n'avait pas répondu assez vite, le courage de Nuage de Tempête s'essoufla aussitôt. Il ourla ses oreilles et fuit son regard pour marmotter:

— Puis, je te préfère en fait, j'apprends plus avec toi.

Étoile Foudroyante fronça les sourcils.

— ...Très bien. J'accepte de t'entraîner...

Il se trahit d'un sourire, se tassant sur lui-même. Après un trémoussement de la croupe, il bondit: un prodigieux bond digne d'une panthère qui le fit s'agripper au tronc pile au-dessus de l'apprenti. Ses griffes s'enfoncèrent bruyamment dans l'écorce. Il l'étreignit avec force, se tractant en hauteur, avant de pivoter son corps pour se soutenir le cul en l'air et la tête en bas.

— ...SI tu arrives à me suivre. ♡

Il griffa l'écorce pour redisposer une patte sous son menton, s'immobilisant dans sa position. On aurait dit qu'il s'y était collé, mais un oeil expert pouvait distinguer le tremblottement dans ses tendons et ses quadriceps à l'effort de se tenir immobile.

— Au lieu de me frapper ou frapper un camarade, laisse-moi te donner une vraie raison d'être en colère, Nuage de Tempête. Et si je te présentais au pire adversaire qui soit?

Je parle, bien sûr,

du poids — d'un habile jeu de pattes, le bengal pivota sur son axe pour se recalibrer la tête en haut — de ton propre corps.

Sans plus de préambule, il entama l'ascension de l'arbre. Il s'arrêta à un premier noeud de branches, où il se hissa et s'assied, sa queue ondulant dans le vide.

— Vas-y, je te regarde.

Par Rinkisha!

« ...Très bien. J'accepte de t'entraîner... SI tu arrives à me suivre. ♡ » L'habile félin, d'un bond, s'était hissé le long de l'écorce épaisse du sycomore. Tempête se retourna et dû lever la tête pour continuer de le regarder dans les yeux. Du même coup, il recula un peu sur la racine maintenant libre.

« Au lieu de me frapper ou frapper un camarade, laisse-moi te donner une vraie raison d'être en colère, Nuage de Tempête. Et si je te présentais au pire adversaire qui soit ? » Le Nuage l'observait avec une admiration parfaite, bouche-bée. Il savait que les chats du clan grimpaient, mais il les avait rarement vu à l'œuvre, au camp. Puis, simplement, il ne savait pas comment faire. De faire, la prouesse était d'autant plus retentissante !

« Je parle, bien sûr, du poids de ton propre corps. » Il s'était retourné, agile. Tempête discerna le gonflement des muscles et comprit une seconde que la tâche n'était pas si aisée pour Foudroyante.

Et le félin se hissa à la première branche, observant de haut le jeune Nuage.

« Vas-y, je te regarde. »

Du reste, il sembla à Tempête que Foudre devait être soumis différemment à la gravité. Il ne comprenait déjà pas comment le bengal était capable de se maintenir à la seule force de ses griffes contre le tronc. Et, un léger malaise l'envahit quand il sentit qu'il était temps pour lui d'essayer.
Faire ses preuves, hein ? Il s'en savait assez peu capable. Était-il déjà incapable d'adresse sur terre qu'on lui demandait de jouer aux écureuils !

Il recula cependant, fronçant les sourcils d'un air déterminé et concentré. Il plaqua son ventre contre la racine, agitant son corps de droite à gauche comme lorsque l'on chasse une proie et, subitement, il bondit en avant.
Il était gauche, maladroit et même le bond qu'il faisait témoignait de l'absence de conscience de sa propre taille. Sa queue le gênait et il atterrit gauchement sur le tronc. Ses griffes s'enfoncèrent dans l'écorce et il glissa, entraîné par son poids, vers le bras. L'écorche contre ses coussinets lui arracha une grimace et s'il tâcha d'écarter au maximum ses doigts, quelque chose semblait le gênait.

Quelque chose d'autre que sa propre maladresse. Un peu comme s'il ne parvenait pas à écarter suffisamment les coussinets.

Son arrière-train toucha la racine, il serra la mâchoire. Frustré, il essaya de s'agripper et de se hisser avec ses pattes avant, poussant sur les arrières. Son ventre râpait l'écorce, lui arrachait des soupirs d'efforts, mais il ne parvient qu'à s'élever de quelques centimètre à peine.

Bien sûr que la tâche semblait insurmontable — il ne lui avait rien dit. On n'avait pas enseigné à Nuage de Tempête une bonne position de propulsion, on ne lui avait jamais donné de pointeurs quant à comment s'agripper avec les griffes, et visiblement on ne lui avait jamais dit comment profiter du balant de sa queue.

À première vue, cette-dernière lui causait des tonnes de soucis.

Parfait.

L'exercice n'était après tout pas de réussir, mais de persévérer. De s'adapter face à l'impossible. De se battre, véritablement, contre son orgeuil et sa volonté. Là : il venait de glisser, trahissant sa frustration par un mouvement vif, des dents serrées, et un va et vient de la queue. Même sans le surplomber de la cîme de l'arbre Étoile Foudroyante se régalait de sa position. Il était aux premières loges pour voir tout, absolument tout, ce qui faisait tiquer son (?) apprenti.

— Plus je te regarde, plus je remarque la vitesse de ta colère. Tu permets...?

Étoile Foudroyante contracta ses pupilles dans ses yeux, se braquant au rebord de sa branche pour s'y percher et s'écrier:

— BEN ALORS???  J'ai vu des chattes aux palmes aux pattes grimper plus vite que ça, Ha ha hah! Qu'est-ce qui te freines comme ça, me dit pas que tu abandonnes!?

Par Rinkisha!

« Plus je te regarde, plus je remarque la vitesse de ta colère. Tu permets...? » Se moquait-il ? Il était excessivement dur, pour lui, de grimper sur ce tronc et, en plus, Foudre se permettait de parler de sa colère. Comme si cet exercice n'était pas assez du-...

« BEN ALORS??? J'ai vu des chattes aux palmes aux pattes grimper plus vite que ça, Ha ha hah! Qu'est-ce qui te freines comme ça, me dit pas que tu abandonnes !? » Tous les muscles de Tempête se contractèrent. Ses pupilles se dilatèrent. Sa mâchoire se serra à en grincer des dents et ses oreilles se plaquèrent contre son crâne. Il lança un regard fou de rage sur son nouveau mentor, poussant malgré lui un léger grondement de frustration.

Il força une nouvelle fois sur ses pattes avant pour tenter de s'agripper et de grimper, poussa sur les arrières et il décolla un peu du sol. Puis, ses membres tremblèrent violemment et il força, poussa encore, s'acharna. Il ne monta pas plus, son corps était trop lourd et il retomba en glissant, l'écorche se détachant un peu sous ses griffes.
Quand son derrière heurta la racine, il grogna une nouvelle fois. Sa queue s'agitait de droite à gauche, impatiente. Ses oreilles tiquaient, mais il ne dit rien. Il ne se plaignit pas.

C'était à lui d'y arriver, après tout. Il n'y avait aucune injustice là dedans, s'il ne parvenait pas à grimper, c'est simplement qu'il ne le faisait pas assez bien.

Alors, il recula une nouvelle fois, agita son arrière train avant de bondir et, comme la première fois, il ne prit pas une suffisamment bonne prise. Il sauta plus haut, certes, mais il ne resta pas bien longtemps perché. Ses doigts, en s'écartant, laissèrent un instant voir l'héritage de sa mer. Les palmes que Tempête avait apprit à oublier l'empêchait vraisemblablement de prendre prise et, cette fois, il ne glissa même pas.
Il ne parvint juste pas à s'accrocher, alors, il du bondir vers le sol pour ne pas bêtement tomber et il atterrit maladroitement sur la racine. Ses pattes glissèrent un peu et il manqua de tomber plus bas, sur le sol.

Une fois debout, il avisa le tronc, les sourcils froncés, la queue battante. Il faisait une pause, ses muscles lui faisaient déjà mal.

Et cette fois-ci, il tenta de réfléchir à la question.

La réaction fut immédiate. La colère de Tempête se transforma en véritable furie qui s'empara de lui, l'emportant à s'acharner de tout son soûl contre l'écorce du tronc. Étoile Foudroyante souleva sa tête tout en la penchant pour se donner un meilleur angle de vue à la scène, poussant un sifflement impressioné. Ce n'était pas seulement pour exacerber l'humiliation: cette pique de colère était réellement fascinante. Nuage de Tempête était un individu bien plus réceptif qu'il ne l'avait pensé. Le voir, comme ça, dénudé de ses belles paroles et de ses belles morales nourrissait malgré lui ce plaisir pervers qui n'avait jamais quitté Étoile Foudoyante depuis son propre apprentissage, après que sa tête ne se soit gelée pour de bon.

Il notait trois défauts flagrants dans la technique de Tempête. D'abord, qu'il tentait de grimper par la force, pas par l'adresse. Ensuite, que son corps n'était pas adapté à la grimpette avec ses palmes (mais qu'à cela ne tienne, Source avait du mal à grimper mais elle savait faire. Tout comme quand il l'avait appris à feue Museau Bleu, aux Quatre Chênes). Ce serait un handicap qu'il devrait apprendre à contourner, ou à optimiser. Pareil avec le troisième défaut, sa longue queue, dont il ne semblait pas encore savoir comment se rééquilibrer avec.

Étoile Foudroyante serra ses dents sur un sourire carnassier, ronronnant malgré lui. Tout simplement fascinant. Il regarda son apprenti s'accrocher, glisser, tenter un superbe bond en hauteur et pourtant échouer à trouver des appuis. Nuage de Tempête se retrouva au sommet de la racine qui sortait, trébucha, et se prit la neige au nez. Étoile Foudroyante se garda de s'esclaffer à voix haute, mais pas de glousser.

Il se coucha sur sa branche gelée, épiant de haut l'apprenti en train de prendre une pause.

— Ooh, quelle concentration. À quoi tu penses? lui lança le bengal d'en haut, retenant tout ses conseils tant qu'on ne les lui demandait pas.

Par Rinkisha!

« Ooh, quelle concentration. À quoi tu penses ? » Il se moquait, encore. Le jeune chat, en bas, ne comprenait toujours pas pourquoi il faisait cela. Sans lever le museau, ses yeux se posèrent sur lui, accentuant le côté assassin de son regard.

Il sembla réfléchir, un instant, à ce qu'il allait répondre. Ce fut un peu comme s'il prenait très à cœur le vieil adage qui veut que l'on tourne sa langue dans sa bouche avant de parler. Lui, il faisait tourner les insultes dans sa tête avant de miauler. Ah ! Comme il rejetait le peu qu'il avait apprit, précédement ! Mais il fallait du temps pour enregistrer une nouvelle leçon. Après tout...

... C'est par la répétition que la matière enseignée devient le bien de l'élève.

N'est-ce pas ?

« C'est facile à dire, de là-haut. » Sa frustration était aussi gelée que le sol, il n'explosait jamais en flamme vibrante. Tempête portait bien son nom, il était, dans sa colère, aussi calme d'apparence qu'une Tempête de Neige au travers d'un abris, mais aussi violent en son fort que le blizzard.

Il soupira audiblement.

« Je n'ai jamais apprit à grimper ! C'est idiot de me demander de te rattraper sans me dire comment faire ! » Et il leva enfin le nez, agitant toujours aussi furieusement cette trop grande queue. Quel était au juste le but, hein ?

Lui faire perdre la chance d'être son apprenti ? Oh. Il se doutait bien que Foudroyante ne comptait pas réellement le refuser s'il échouait. Mais, au fond, rien n'était jamais sûr avec lui et c'est peut-être pour cela qu'il l'admirait tant. Il y avait toujours quelque chose de fascinant à ce qui est complexe, comme l'on se prend parfois à observer les nœuds des branches d'arbre, ou bien, les ramifications invisibles des flocons de neige.

— C'est facile à dire, de là-haut.
— Ha hah!

En effet. Son ton s'était tempéré, chose que dénota aussitôt le bengal en penchant la tête, s'amusant à observer son tout nouveau cobaye d'un angle comme de l'autre. Nuage de Tempête déversa toute sa frustration sous la forme d'un énorme soupir.

— Je n'ai jamais apprit à grimper ! se plaint-il en contrebas, les pattes dans la neige. C'est idiot de me demander de te rattraper sans me dire comment faire !

Étoile Foudroyante dévoila ses crocs sur un sourire aussi cuspidé qu'indifférent.

— Ok.

Ses pupilles se gonflèrent et il pencha la tête d'un crac, ondulant sa queue de régal.

— Maintenant que tu as exprimé un problème, plusieurs solutions s'offrent à toi.

Laquelle comptes-tu choisir?

Il réitéra, prenant le soin de peser la moindre syllabe:

« Je  te  regarde. »

« Maintenant que tu as exprimé un problème, plusieurs solutions s'offrent à toi. Laquelle comptes-tu choisir ? » Il ondulait la queue, moqueur. Il prenait plaisir à se moquer de lui, cela se voyait. Tempête se sentit idiot, soudainement bien trop bête. Comment croire une seule seconde que le bengal avait trouver d'autre intérêt envers lui que de se moquer, hein ?

Il serra violemment la mâchoire et plissa les yeux. Une oreille tiqua, il sentit sa respiration s'intensifier. Il ne comprenait pas où son grand-père voulait en venir et se sentir ainsi perdu, complètement stupide, débile et incapable le rendait surtout en colère. Il ne voulait surtout pas être tout cela. Il ne se pensait pas particulièrement malin, il savait qu'il ne l'était pas- Mais stupide ? Non. Non, juste... Borné, peut-être.

Il avança une patte, ferme sur ses appuis.

« Quel problème, en fait ?! » Il haussa le ton. « Que je ne puisse pas grimper ?! Je ne sais pas comment on fait, Foudre ! »

Et tel un fauve impatient, tournant dans sa cage, il détacha son regard du sien pour se détourner violemment. Il marcha vers le bout, plus fin et plus bas, de la racine. Puis, nouveau demi-tour, toujours aussi violent. Il était, pour une fois, précis dans ses gestes. L'on aurait pas put soupçonné le désordre de sa démarche.

La colère avait quelque chose de focalisant, chez lui.

Et lorsqu'il revint vers le tronc, il releva une nouvelle fois les yeux, accompagnant son geste du museau. Il fronça les sourcils dans une rare expression franche.

« Alors qu'est-ce que tu attends pour me le dire, en fait ?! » Et, acide, il découpa chaque syllabe pour se faire bien comprendre : « Comment fait-on pour monter à l'arbre, Etoile Foudroyante ?! »

Regain de colère. Ça allait et ça venait — Nuage de Tempête se laissait presque entièrement consummer par celle-ci. Cependant, toutes les émotions avaient une utilité, et il était important de les laisser parler. Alors quand Nuage de Tempête haussa le ton, impuissant,

— Quel problème, en fait ?!

Étoile Foudroyante ne put s'empêcher de s'attendrir.

— Que je ne puisse pas grimper ?! aboya Tempête. Je ne sais pas comment on fait, Foudre !

Enfin il l'admettait. La bataille était à moitié gagnée - enfin, presque. Une remontée de colère le fit se distancer de l'arbre d'un swish serré de la queue. Étoile Foudroyante haussa ses sourcils en remarquant que sa carrure était sans défauts. C'est à dire, sans maladresse.

Hmm.

Après avoir fait les cent pas (bof, c'était plutôt quelques dizaines, au max), Nuage de Tempête revint au pied de l'arbre pour addresser directement le bengal haut perché.

— Alors qu'est-ce que tu attends pour me le dire, en fait ?!

Étoile Foudroyante pencha sa tête de l'autre côté. Crac.

— Comment fait-on pour monter à l'arbre, Etoile Foudroyante ?!

Sans le moindre indice de gloussement, il se pencha au-dessus de sa branche, et, le ton doux:

— ... C'est exactement ça, Tempête.

Lorsqu'on a problème, l'une des solutions est de demander de l'aide.

C'était si difficile de lui arracher ces mots de la bouche?

— Laisse-moi te retourner ta question: quel est  ton  problème?

Tu as remarqué quelque chose, dans tes échecs? Des tendances qui se répètent? Une lacune? Je t'écoute.

« ... C'est exactement ça, Tempête. » Tempête fronça les sourcils, déjà agacé avant même que le bengal n'ait finit de parler. « Lorsqu'on a problème, l'une des solutions est de demander de l'aide. »

Oh.

C'était donc ça.

Encore une de ses devinettes. Nuage de Tempête aurait dû s'en douter, depuis le temps. Le mâle rayé n'était pas facile à cerner, à comprendre et il ne rendait jamais la tâche aisée. Une conversation devenait à la fois passionnante, frustrante et terriblement instructive.

Mais Tempête ne se calma pas tout de suite, il conserva cette allure défensive, les sourcils froncés.

« Laisse-moi te retourner ta question: quel est ton problème ? Tu as remarqué quelque chose, dans tes échecs ? Des tendances qui se répètent ? Une lacune ? Je t'écoute. » Et si la rage de Tempête était vive, elle avait l'avantage de n'être pas persistante. Aussi, lorsque le rayé posa sa question, la colère s'enfuit aussitôt, laissant pleinement la place à Dame Réflexion.

Il n'avait plus besoin de s'énerver et, au fond, se poser des questions le calmait un peu. Alors, il observa un instant son nouveau référent, l'air perplexe, et il baissa les yeux vers le tronc. Il tenta de trouver la réponse, un instant et il finit même par s'asseoir.

son visage redevint calme et attentif, le même que celui qu'il lui avait offert la première fois qu'ils s'étaient vu. Cet air d'enfant trop calme et trop curieux, l'eau qui dort, en somme. Et il observait les zébrures de l'arbre, comme la terre qui craquelle, ces cicatrices naturelles dans l'écorce brune.

« Hm... » Il baissa la tête, glissa une patte sous son menton. « En fait je... J'ai l'impression d'être trop lourd. Je n'arrive pas à reste correctement accorché. Soit je glisse, soit je n'ai pas la force de me maintenir. » Et il releva aussi sec la tête. « Est-ce que je ne m'accroche pas comme il faut, en fait ? Dans ce cas là, il y a une position pour combler ma faiblesse ou je... Je dois devenir plus fort ? »

Oh. Ce serait vraiment long.