Il l'avait entendue plus tôt.
Une... deux...La cadence était différente, plus tôt, sa respiration courait sur des pattes qu'il peinait à rattraper avec les siennes.
Une... deux...Mais cette fois, du haut de ce capot, le nez pointé vers le ciel, sa respiration amblait à peine, la queue haute, attendant que Rusty le rejoigne sans se presser, sans le devancer, sans même le fuir.
De rare concert entre corps et coeur, Rusty ne pensa plus à rien, accompagnant son souffle dans une promenade familière, sans panique ni peur ni périls. Le ciel, bien au delà de son simple petit corps de chat, ne le jugeait plus autant qu'il le couvait du regard, lui confiant à l'oreille que lui comme Tonton avaient accomplis ce qu'il avait tant appréhendé tout ces cycles durants, et qu'à la tombée de la nuit, il ne restait plus qu'une seule mission à Rusty:
rentrer à la maison.— Je crois...
Même s'il murmurait, le silence de la nuit portait sa voix, claire et limpide.
Au pied du véhicule où il était monté, Tonton patientait, en silence, observant, tout comme lui, la toile sombre et perpétuelle de ce ciel de nuit. Si les flocons continuèrent leur lente descente dans leurs poils, le temps, lui, se suspendit en l'air, éternisant le moment.
— Je crois qu'j'me suis trompé, Tonton--
Mais alors qu'il dit ces mots, la porte qu'on avait repeinte s'ouvrit grande sur un cadre de lumière orangée, découpé par la silhouette opaque d'un bipède. La silhouette se mouva comme un reflet trouble sur l'eau.
Un regard croisa le sien.
— ▀▀▀▀ ! ██▀▀▀██ ???
Tout comme le temps, Rusty se suspendit, statufié, rondissant toute la courbe de son dos du haut du capot de la voiture. On le pointa d'un bâton-guide - non, d'une main, de doigts, et à la première silhouette se joint une seconde, plus petite, à la voix fluette et enthousiaste. Rusty ne bougeait plus, ne respirait plus, ne réfléchissait plus; son poil ne s'était pas soulevé mais les pupilles dans ses yeux, elles, s'étaient complètement dilatées, avalant toute leçon qu'il avait pu apprendre en ce jour.
Car on avait ouvert la porte.
Car sa maison n'avait jamais été les escaliers, la fenêtre ou le jardin.
Sa maison - son nid douillet, le dossier du canapé du salon, son arbre à griffer, ses jouets, sa gamelle les couvertures la boîte à sons Gregory Sa Fille le fracas d'Ustensiles (?) voilà ce qu'il voulait rééellement retrouver, voilà où ses pattes tentaient de le mener, voilà où il avait laissé son coeur derrière - ou du moins un partie, un éclat, une
poussière, inextricablement reliée comme le spectre d'un collier à son cou, ou d'un harnais, sur lequel on reserrait la laisse.
...U-une...