Les coucous ambrés [avec Étoile Foudroyante]

▬ Guerrière

Les coucous ambrés [avec Étoile Foudroyante] 26a1

Les coucous ambrés [avec Étoile Foudroyante] Ph2b

Sale bête.
Saleté de bestiole.

Lui, il s'est enfuit. Elle n'a même pas vu qui c'était, mais en tout cas, il n'est plus là.

Ça grince, ça suinte, ça lui rappelle qu'elle avait envie de bouffer, de se nourrir, de plus en plus, de dévorer. Encore, encore et encore.

C'est à cela que ressemble sa rage la plus sourde. C'est à cela que ressemble l'insatiable désir, celui qui grogne. Il gratte sous la porte en bois massif et elle se demande :

Mais pourquoi ?

Tout est perdu.
C'est fichu.
Sans son frère...

Où est le hibou noir, quand on a besoin de lui ?

*

« - Il a osé. »

Cette petite phrase continue à se murmurer dans sa barbe, elle s'étiole puis se réverbère tout contre les parois de l'antre des guérisseuses. Devient plus forte, prend de l'ampleur, fouette l'air en un véritable écho un cri presque. Presque. Presque ! Meurt à nouveau.

Comme une lionne en cage. Elle commence à tourner, à se retourner.
Elle est seule, dans cet abri de terre et de brindilles.

Oh oui elle lui a fait peur.
Cette lueur rouge dans ses yeux lui a fait peur. Les griffes sorties lui ont fait peur. La crinière sur sa nuque qui enfle – qui enfle, qui enfle, qui enfle, qui enfle tant ! – lui a fait peur.
Les deux maîtresses des lieux sont absentes, elles sont partis dans la nuit. Peu avant que le messager n'arrive en fait. Pour lui délivrer ces quelques mots qui forment une cacophonie étrange encore, à ses tympans.

Une silhouette soudain. Elle tranche sur le camp qu'elle perçoit un peu plus loin, derrière les herbes. Le Clan ; ils étaient tous très agités cette nuit, elle s'était demandé pourquoi.
C'est vrai ça, pourquoi donc ? Personne ne lui a rien dit. Elle n'avait pas vu son père. Encore moins Louve des Bois. Oups non, ne pense pas à elle où tu commenceras à grignoter tes propres os.
Puis le temps a continué de rouler. Les guérisseuses restaient absentes. Elles sont repassées, pressées, et n'ont rien dit. Puis sont reparties.
Puis vint minuit, la lune brillait tellement fort sur le camp, tout était si clair, mais quelque chose clochait. Crinière de Glycine n'était toujours pas venu la voir lui non plus, alors que depuis l'accident il aimait (?) dormir avec elle.
Oui vraiment, tout cela était étrange.

Puis finalement, un chat – qui donc, elle ne sait toujours pas – est venu la voir. Le soleil se levait lentement, l'aube arriverait bientôt. Il lui apportait à manger.

« - Tiens, je t'apporte ton repas.
- Haw qu'est-ce qu'y s'passe dehors ?
- Hein ? Bah... c'est pour les recherches. On s'est organisé toute la nuit, t'as pas vu ? C'était un peu le bordel du coup.
- Les recherches ? Quelles recherches ?
- Mais... Il était plein d'incompréhension, et surtout il avait l'air parfaitement con. Comment tu peux pas être au courant...
- Bah j'sais pas, s'était-elle énervée. Bon, il est où Crinière de Glycine ? Mon frère, qu'elle précisa quand même.
- Crinière de Glycine ? Ben justement... Il est parti, en fait... Chercher... tu sais bien, le hibou. »

C'était à ça qu'avait ressemblé leur dialogue.

Et maintenant que l'aube est là, que le messager est parti, un nouveau chat fait son apparition.
Là, au pas de l'entrée. Elle le regarde, mais aurait voulu que ce soit quelqu'un d'autre. Parce que non, non ce n'est pas Glycine.
Sans son frère, il ne reste rien du colosse d'argile ; la formule d'alchimie est ratée, elle s'effrite. Elle est prête à se briser, à tomber en lambeaux, petits laids et friables.
L’œil de Nuage de Feuille brille dans le jour naissant. Elle n'a pas le droit d'être debout pourtant elle se redresse lentement, comme si elle s'apprêtait à accueillir le nouveau venu. Sa respiration est discrète, ses oreilles sont tendues. Les billes bien ouvertes, le visage impassible. Elle n'est pas tellement menaçante en réalité ; mais quelque chose dérange, dans son aura répugnante. Un petit instant, la chatte le regarde dans les yeux, sans que ces derniers ne disent rien. Puis ils redescendent, lentement, comme s'ils admiraient la silhouette face à eux.
Ils passent dans le creux de l’œil, sur la petite muqueuse rose, glissent le long de la joue jusque dans le cou, rebondissent entre les poils sombres et trouvent le poitrail clair qui, lui aussi, respire lentement. Tout doucement, ils continuent leur chemin jusqu'à atteindre les os formant la pointe du coude, mais dans le sens du creux. Enfin, ils atteignent le bas des pattes. Dans le même temps, sa propre tête est descendue elle aussi. Ça étend un peu son cou, il se tord en une forme souple.

Ses pupilles se font plus grandes, plus rondes. Là, derrière Étoile Foudroyante, il y a ces coucous d'un or qui s'ambre au soleil levant ; ils se balancent avec paresse.

HRP:

HRP 2:

◊ Meneur

HRP:

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☆ Les Coucous Ambrés ☆
Lune 40 - [INNONDATION] Saison de LA FLOTTE BORDEL -
ÉTOILE FOUDROYANTE avec NUAGE DE FEUILLE
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— Putain.

Il était trop tôt le matin pour ces conneries, et il était trop tôt pour que son murmure pourtant tout bas ne tonne pas au sein de l'antre des guérisseurs. Il n'aimait pas y être (chaque fois qu'il y venait c'était une autre histoire, surtout près de l'herbier, surtout depuis son duel contre... Nuage de Ciel ) mais après avoir entendu la nouvelle, puis, après avoir été prévenu de la disparition, et, enfin, après avoir fait d'un et d'un deux et s'être dit qu'il était le mieux placé pour faire office de messager, Étoile Foudroyante s'était choisi agneau de sacrifice en se traînant les pieds vers la blessée dans sa convalescence.

—...Quand on m'a raconté l'histoire, j'y ai pas cru.

Il était surtout trop tôt pour lui de se parer de quelconque politesse ou d'amabilité. Les guérisseuses n'y étaient pas, et tout le Clan, sinon le guerrier qui venait d'apporter à Nuage de Feuille son repas, était ou bien assoupi, ou bien hors du campement, à flairer la trace du grand-frère disparu. Même Oeil de la Tempête faisait partie de la battue, laissant derrière son chef qui se retenait de ne pas bâiller aux oiseaux-chanteurs de bonne heure.

Pour ce qui était de la bonne humeur...

— Tu te portes comment?

Ses paupières s'étaient plissées, assombrissant ses yeux, glissant ses yeux d'une entaille à l'autre sur sa bouche - lui rappelant les marques d'Étoile Feulante - ses yeux cafardeux - lui rappelant ceux de Rossignol après son accident - et les estafilades filandreuses à ses flancs - lui rappelant aussitôt celle de son frère, horizontale, s'étirant comme les bandes de son motif en marbrures. Étoile Foudroyante tiqua de la langue, secouant sa tête, compatissant d'avance qu'elle aurait à porter le fardeau de toute cette visibilité une fois guérie.

Quelle terrible et malheureux gâchis.

Au moins elle avait encore une chance de guérir. De reprendre du poil de la bête. (D'éventuellement) regagner la communauté. On lui avait dit qu'elle arrivait à même à aligner quelques mots, et il se demandait si elle avait étendu son vocabulaire un peu plus qu'à simplement affirmer "non".

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Merci Volga!!! :keur:

▬ Guerrière

« - Putain. »

Oho, c'est le cas de le dire.
Mais oui c'est ça. Bien sur. C'est vraiment le cas de le dire.

« - … Quand on m'a raconté l'histoire, j'y ai pas cru. »

Quelle histoire. Quelle histoire ? Qu'est-ce qu'il baragouine dans sa vieille barbe ?
Il n'y a pas d'histoire. Mais qu'est-ce qu'elle aimerait que tout soit faux. Irréel. Un rêve.

Nuage de Feuille demeure immobile, pas un geste, à peine un souffle. Elle regarde seulement les fleurs au loin, entre les pattes de son chef. Son cœur se serre, parce qu'en l'instant elle aime cette couleur autant qu'elle la déteste.

« - Tu te portes comment ? »

Elle remonte sur lui ; elle capte ses yeux qui, eux, la scrutent sans gêne. À leurs tour, il semble passer en revu sa fine silhouette, analysant poil par poil le corps de Nuage de Feuille. Bien qu'il y ait quelque chose en plus, maintenant. Elle ne s'en formalise pas. Il peut bien la mater autant qu'il veut, être dégoutté, amadoué, admiratif ou n'importe quoi d'autre, elle s'en contrefiche. Ça ne fait pas parti de ce qui est important pour de vrai.

La question reste en suspend un long moment. Feuille l'a entendu pourtant. Ce n'est pas comme si elle n'avait pas envie de répondre ou qu'elle brûlait terriblement de le faire... ce n'est, ni l'un, ni l'autre. Aucun des deux, ou les deux.
Ses lèvres se pincent, en même temps que ses sourcils se froncent. Mais ça ne dure pas longtemps ; une petite fraction avant que cette face de poupée ne reprenne les commandes de son petit minois fatigué et mignon.
Sa tête basse, elle la redresse. Le geste est d'une lenteur extrême ; comme si on la tirait, avec un fil, pour la forcer à se rapprocher de la hauteur d’Étoile Foudroyante. Une petite araignée marionnettiste se trouverait-elle quelque part, juste en haut ?
Il ne se passe rien du tout. Les corps semblent calmes. Même les billes de jades le sont ; elles sont muettes. Malgré l'aura sale de l'apprentie, malgré cette petite lueur infime ; les billes se contentent d'être là, jolies mais privées de parole.
Et pourtant. Il y a comme une tension, électrique.

HRP:

EDIT : WTF pourquoi Foudre s'appelle l'égorgé wsh

◊ Meneur

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Mal, bien, comme-ci-comme-ça, pas du tout, laisse-moi tranquille, même "non"... Elle aurait pu lui dire n'importe quoi, mais c'est bien sûr quand il avait l'impression qu'elle avait trouvé sa langue que Nuage de Feuille s'était aussitôt retrouvée à la perdre. Étoile Foudroyante lâcha le souffle de la fin d'un rire, pour lui même plus que pour elle, faisant face à ce corps frémissant aux yeux cafardeux par lesquels il ne vit aucune compréhension quant à sa question. La pauvre... Sacré choc, hein?

Ce devait être normal. On parlait d'une Étoile Filante, on parlait d'une chatte qui s'était décrochée du ciel, et qui était tombée sur terre. Ce n'était pas anodin.

Ce n'était pas tous les jours qu'un hibou emportait une apprentie-guerrière comme repas.

Une oreille le trahit en s'assymétrisant sur sa tête, se pivotant et s'aplatissant, tandis que l'autre demeura droite et attentive. N'empêche, ce n'était pas une raison de s'extasier pour autant. Grand friand des presque-morts sensationnalistes, Étoile Foudroyante avait suffisamment de jugeote - et, avouons-nous-le, suffisamment de mauvaise expérience - pour réaliser que la situation ne se prêtait pas vraiment aux mots. Alors tandis qu'une tension s'électrisait dans les pattes de sa petite fille (...), la sienne s'essouffla, il coupa le jus, et tout son poids s'en alla dans la flexion de ses postérieurs pour s'asseoir, tout simplement.

Et d'un geste aussi simple, il pencha sa tête, renvoyant une autre question, sans voix, sans mots, à la blessée, se contentant de cligner les paupières à la pénombre du matin.

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Merci Volga!!! :keur:

▬ Guerrière

Étoile Foudroyante s'assoit. Le geste est si simple, si facile, sans pression et sans réflexion ; mais elle n'y répond pas pour autant. Non, Nuage de Feuille reste debout, elle a l'impression que ses coussinets fondent. Que, petit à petit, ses pattes se trempent dans le sol, coulent à l'intérieur pour s'y figer et s'y loger ; se fossiliser.
La tête de celui d'en face tombe sur le côté. Ça, elle l'imite, elle le fait déjà tout le temps. Elle se penche, donc, mais avec un petit décalage contrôlé. Le monde se renverse et les quatre billes s'observent en silence.

Un souvenir la traverse, soudain. Comme une pensée fulgurante et fugace. Elle revoit tout ces yeux d'or et d'ambre qui l'ont toujours et toujours regardé. Son père, son frère, sa mère, Tempête de Suie. Et lui aussi, il l'a regardé quelques fois, comme maintenant. Nuage de Feuille ne sait pas si elle déteste être regardée. Là, tout de suite, elle voudrait simplement que tout s'arrête de tourner, revenir en arrière. Là où elle s'est loupée. Pour rattraper Glycine, oui c'est ça ; quand ils n'étaient encore des enfants. Le cajoler, fixer ses yeux, lui dire que ça ira et qu'elle n'avait jamais voulu tout ça.
Ce morceau de seconde disparaît et la voilà de nouveau là, dans le regard du manitou du Tonnerre. Une unique fois, elle cligne des paupières, se demandant ce qu'il peut bien voir, de son côté.

Sa gueule s'entrouvre, mais se mouve à peine. Comme si elle était crispée. Mais les sons qui en sortent sont assez fluets, agréables à l'oreille, doux et gentils.
Ce ne sont que des sons.

« - Qu'est-ce que tu fais Étoile- ? »

Le nom ne se finit pas mais l'interrogation, elle, si. Abrupte.

HRP:

◊ Meneur

HRP:

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Bizarre, quand même, pour un miroir même entaillé d'avoir un miroir lui faire face. Tout deux ont la tête penchée pour renvoyer une interrogation muette à l'autre. L'interrogation se perd dans la traduction - s'inquiète-t-il de son état, tente-t-il de lui tirer les vers du nez sur ce qui s'est passé, s'interroge-t-il seulement sur quel est le nom de l'apprentie?

Même elle, après le passage d'un ange, semble avoir oublié le sien.

— Qu'est-ce que tu fais Étoile- ?

L'écorchage de son nom est au moins familier, même s'il ne lui est jamais arrivé qu'on ne le réduise qu'à son rôle (même si personne ne l'ait jamais vraiment trouvé légitime dans ce-dernier).

Je ne sais pas ce qui est pire. Avoir évité la mort, ou plutôt qu’elle m’ait évité elle.

— ...Je suis venu voir comment tu allais, Nuage de Feuille.

Il penche sa tête de l'autre côté, sans cacher son amusement dans l'ondulation de sa queue.

— Tu t'étires bien. Tu as retrouvé toute ton amplitude articulaire, alors?

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Merci Volga!!! :keur:

▬ Guerrière

« - … Je suis venu voir comment tu allais, Nuage de Feuille. »

Il a hésité. Il n'a pas répondu tout de suite, et l'apprentie l'a senti. Elle a envie de lui demander pourquoi, en crachant. Peut-être que ça lui ferait fermer les yeux.

« - Tu t'étires bien. Tu as retrouvé toute ton amplitude articulaire, alors ? »

Ah, alors tu veux voir ? Tu veux voir c'est ça ? Jusqu'où elle va, mon amplitude articulaire ?

Non.
Il faut respirer. N'oublie pas de respirer, n'oublie pas que tes griffes...

Nuage de Feuille ouvre la gueule, la referme sur un petit sifflement court et aigu. Sa queue a un soubresaut, elle commence à bouger, puis vient claquer le sol par deux fois, derrière chacune de ses pattes. Elle sent que ça gronde, que ça monte.
La tension s'esquive elle-même, s'étire et forme des craquements crissants. Raclent les vagues du remous gastrique, raclent les vagues de son monstre ; dans le ventre il y a cette tempête bizarre et rougeoyante, elle ne veut entendre ni le rire ni l'agonie du roi de la peur. Son bec noir et crochu se cachant derrière l'écran de vapeur bouillante.

« - Ahhhhh ouii, tu trouves ? »

Les mots s'étirent un peu, ça pourrait ressembler à une chanson.

« - Mais... »

Les pupilles s'arrondissent.

« - Là, tout de suite, tu n'as pas mieux à faire ? »

Elle croque sa lèvre, puis la pourlèche, avant d'immobiliser encore sa statue.

« - Hawww... non, vrrraiment. Il n'y a pas mieux à fairrre que venirrr me voirrr ? »

Les paupières ne clignent pas et,
La prochaine fois qu'elles le feront... elle pourrait bien s'en mordre les os.

◊ Meneur

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Comme pour lui en faire la démonstration, l'apprentie ouvre sa gueule, la referme, siffle, et agite sa queue. Tout en faisant la moue, Étoile Foudroyante hoche la tête, croyant que tout ce manège ne sert qu'à lui montrer l'étendue des dommages.

— Ahhhhh ouii, tu trouves ?

Il hoche à nouveau la tête, en la redressant cette fois, ignorant la menace qui plane dans la chansonnette qu'elle lui pousse. Ce n'est pas qu'il ne l'a pas repérée - son oreille bat l'air, interdit - tout simplement qu'il aime affronter cette électricité avec une pure et totale indifférence.

— Mais... Là, tout de suite, tu n'as pas mieux à faire ?
— Hm?

Elle est nerveuse, sans quoi elle ne se mordrait pas de la sorte, et ne ramènerait pas sa queue vers elle. Celle-ci est maintenant si longue qu'elle ressemble à une liane dégarnie, trahissant le moindre petit soubresaut d'énergie en elle. Il compatirait presque: sauf partager sa longueur, la sienne est un portrait craché.

— Hawww... non, vrrraiment. Il n'y a pas mieux à fairrre que venirrr me voirrr ?

Que c'est étrange.

Un sourire point aux lèvres du bengal, qui plisse les paupières en guise de gentille réprobation, comme premier avertissement.

— Il semblerait que tu m'aies trouvé de nouvelles responsabilités, Nuage de Feuille. Très bien : où me préfèrerais-tu?

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Merci Volga!!! :keur:

▬ Guerrière

Le visage en face se transforme. Nuage de Feuille guette les moindres changements. Quelque chose qui pourrait lui faire croire qu'il a une bonne raison d'être là plutôt qu'ailleurs. À faire ce pour quoi il a reçu neuf vies. Oh, mais c'est vrai qu'il en a perdu une il y a peu ; est-ce qu'on perd en responsabilités, au fur et à mesure que les souffles s'envolent, s'égrainent comme les grains du sablier de sang ? Si son esprit n'était pas aussi accaparé en l'instant, elle lui poserait sans doute la question.
Mais là, là...

« - Il semblerait que tu m'aies trouvé de nouvelles responsabilités, Nuage de Feuille. Très bien : où me préférerais-tu ?
- De « nouvelles responsabilités »... mmroui, c'est ça. »

Cette fois elle imite le sourire. Mais il est faux, elle le sait et le sent ; elle ne l'a pas suffisamment soigné. Ce n'est pas grave, les enseignements paieront un jour.

Son dos se dresse, tout doucement. La crête commence à être visible ; ça, elle le fait exprès. Parce que putain ce qu'elle a envie d'éclater. Gronde son cœur cloqué et depuis toujours malade d'amour ; mais bon sang, mais pourquoi ?
Pourquoi est-il... ?

« - Je le sais, il me l'a dit l'autre. Pour la disparition. »

Les yeux se réduisent d'un seul coup, à deux fentes.

« - De mon frère, précise-t-elle, au cas où. Toi... tu es le chef, hein ? Alors dis-moi. »

Son ton était doux, si gentil et chantant comme un petit oiseau. Mais là, Nuage de Feuille laisse retomber sa voix ; elle dégringole dans les notes graves. C'est vrai qu'elle mue, ces derniers temps, mais ce n'est pas que ça.

« - Pourquoi es-tu là devant moi... »

Le sourire s'affaisse tout d'abord, puis les babines se relèvent et dévoilent les dents en une grimace incontrôlable et, ah-

Voilà sa tête qui claque et la chaleur l'enveloppe toute entière, suinte des pores de sa peau pour entrer à nouveau. Ça déborde de partout ! De partout et les flots jaillissent en écrasant le monde. La porte s'est ouverte Nuage de Feuille, et tu hésites entre contrôler ta rage ou la laisser le dévorer, comme Ciel a dévoré sa vie. La voici grognant en un cri qui enfle, avec la voix d'un garçon :

« - Alors que tu devrais ramener MON FRÈRE PAR LA PEAU DU COU ?! QU'EST-CE QUE TU FOUS ?! »

Pour qu'il ne soit pas encore là.

« - QU'EST-CE QUE T'AS BRANLÉ ?! »

Pour qu'on dégringole comme ça.

« - RETOURNE FAIRE TON PUTAIN DE TRAVAIL ! »

Parce que moi, on m'a privé d'ailes ; clouée au sol. Mais je ramperai et tu le sais, alors vas-y avant que je ne me râpe la peau.

HRP:

◊ Meneur

HRP:

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☆ Les Coucous Ambrés ☆
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C'est plutôt surprenant. Il s'était attendu à la voir en pleurs, ou à la voir sonnée, ou à la voir cachée - pas furieuse. Quand elle lui sourit, il se demande, dans un coin de son esprit, si aujourd'hui il ne reverra pas Feu Étoile de Cendre, aux Étoiles.

Il ne se rappelle plus si c'est sa vie ou celle de feu Étoile Masquée qui lui a été donnée après l'autre...

— Je le sais, il me l'a dit l'autre, lui dit-elle, dressée, tout comme sa crête dorsale qui se soulève à feu lent. Pour la disparition. De mon frère. Toi... tu es le chef, hein ? Alors dis-moi.

Mais Étoile Foudroyante ne dit rien. Nuage de Feuille, en plus de lui trouver de nouvelles responsabilités, semble aussi lui avoir trouvé un nouveau rôle. Heureusement pour elle, cette nouvelle position de "bouc-émissaire" est littéralement la raison pourquoi il s'est pointé le nez dans cette antre.

— Pourquoi es-tu là devant moi...

C'est alors que tout l'air aseptisé s'embrase.

— Alors que tu devrais ramener MON FRÈRE PAR LA PEAU DU COU ?! ! lui hurle-t-on dessus. Elle est sauvage, elle montre les crocs, tout son poil s'est hérissé à l'hirsute comme le fait celui, négligé, de son père. QU'EST-CE QUE TU FOUS ?! l'accuse-t-elle, mais le bengal ne cille pas.

— QU'EST-CE QUE T'AS BRANLÉ ?! l'insulte-t-on ensuite.

Et puis sa voix s'éreinte sur le dernier mot qui lui reste.

— RETOURNE FAIRE TON PUTAIN DE TRAVAIL !

Putain mais ça claque. N'importe qui de normal aurait sans doute pris mouche!

L'idée lui arrache un sourire, pointu et inégal.

L'ouragan est passé, et lentement, le bengal se permet un geste, celui de lever une patte postérieure, puis, de tordre son cou, et avec négligence se grattouiller la démangeaison dans son oreille. Les poils carbonisés brinquebalent et volètent dedans, se dépeignant sans qu'il ne prête l'effort de soigner ses apparats.

— Tiens donc... Quelque chose me dit que tu n'as pas envie que je sois ici...

Elle voulait quoi, qu'il la rassure? Qu'il lui explique calmement qu'une patrouille se chargeait de flairer les frontières du mieux qu'ils le pouvaient et qu'aucun d'eux n'était assez con pour nécessiter sans cesse les yeux de leur Chef sur leurs culs? La moue qu'il fait est moins impressionnée que la suivante, prenant plutôt les traits d'un enfant qui boude.

— J'en serais presque vexé!

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Merci Volga!!! :keur:

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